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chargée de cette pénible et honorable tâche dans l'absence de l'abbesse sa sœur. Angélique ne put obtenir de lui résigner son abbaye. Agnès eut le rare talent de se faire aimer et respecter de ses compagnes. Une fluxion de poitrinę termina sa carrière, le 19 février 1671, à 77 ans.

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Son esprit égala ses vertus. Elle composa dans sa retraite les ouvrages dont voici les titres : Le Chapelet secret du Saint Sacrement, Paris, 1663, in-12. -Avis pour persécution qu'essuya son couvent en 1664. — L'Image de la religieuse parfaite et imparfaite, Paris, 1665, in-12. -Les Constitutions de l'abbaye de Port-Royal, 1665, in-12. -Instructions religieuses. - Des Éloges, dans le Nécrologe de Port Royal. La première de ces productions fut le signal d'un combat d'opinions entre les prélats. L'écrit fut censuré par M. Hallier et quelques autres docteurs de Sorbonne. Mais l'évêque de Langres, alors supérieur de Port-Royal, fit revoir cet écrit par d'autres docteurs qui lui donnèrent leur approbation. Les avis étant ainsi partagés, l'affaire fut portée au tribunal du souverain pontife. Les juges déclarèrent que l'ouvrage ne serait ni censuré, ni mis dans l'expurgatoire, mais qu'il serait supprimé, pour empêcher les personnes peu instruites d'en faire un mauvais usage. En voyant tant de troubles pour si peu de chose, on serait tenté de désirer que le confesseur d'Agnès eût été aussi ignorant, et eût eu autant d'empire sur l'esprit de sa pénitente que celui de Sainte Thérèse. On peut se rappeler, en effet, que Sainte Thérèse, pour obéir à son confesseur, brûla son commentaire sur les cantiques de Salomon dont il fut scandalisé avant de l'avoir lu et même vu.

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ARNAULD, (MARIE-ANGÉLIQUE DE SAINT-JEAN) nièce des deux précédentes, et seconde fille d'Arnauld d'Andilly, naquit en 1624. Elle entra, dès l'âge de six ans, au monastère de Port-Royal. Ses tantes prirent soin de son éducation, et lui inspirèrent les heureuses qualités dont elles étaient douées. Elle s'énonçait et écrivait avec beaucoup de facilité et de pureté. Après avoir été, pendant vingt ans, maîtresse des novices, elle fut élue abbesse en 1678. Elle mourut dans la dernière année de son second triennal, le 29 janvier 1684.

On lui doit Conférences sur la règle de Saint Benoit, 2 vol.- Discours appelés Miséricordes, 1 vol.- Réflexions sur les avis que la mère Agnès avait écrits pour la persécution qu'essuya son couvent en 1664, in-12; Paris, 1737. Éloges. - Des Mémoires, des Relations édifiantes de la vie

de ses sœurs.

Des

AUBIN, (Madame) née à Londres, était fille d'un officier français. Réduite à l'indigence, elle n'eut d'autre ressource que de s'adonner à l'étude. D'abord elle essaya les forces de son esprit, par différentes petites brochures qu'elle fit paraître sous le voile de l'anonyme; enfin elle publia un roman, à la tête duquel elle mit son nom. Dans les premiers instans, cette production eut quelques succès; la froideur du public pour les volumes qui suivirent, lui fit briser ses pinceaux.

Madame Aubin, dans l'espoir de sortir de l'indigence, voulut courir une autre carrière. Elle composa des sermons. Ne pouvant trouver de prédicateur qui voulut les acheter, elle prit le parti de les prêcher elle-même. Une foule de personnes de l'un et l'autre sexe s'empressaient

de lui apporter leurs trente sols, pour entendre un discours qui durait environ trois quarts d'heure. Comme l'attrait de la nouveauté faisait le principal mérite de ses sermons, les auditeurs disparurent avec elle : cependant le succès se soutint assez long-tems, pour lui donner les moyens de se mettre au-dessus du besoin. A peine jouissait-elle des douceurs de l'aisance, que la mort vint terminer ses jours. Madame Aubin n'est pas la seule qui ait fait des prédications. Deux autres femmes se sont acquis, dans le même genre, beaucoup de célébrité: Madame de Brinon, première supérieure de la maison de Saint-Cyr, et Virginie de Negri, milanaise du 16o. siècle.

AUBRY, ( OLYMPE DE GOUGES, Dame) 'naquit à Montauban en 1755. Son éducation fut extrêmement négligée; mais la nature la doua d'un esprit facile et d'une imagination ardente. Sa beauté et ses succès dans la carrière des lettres, la placèrent parmi les femmes les plus intéressantes de son tems. A l'époque de la révolution, en 1789, elle se jeta dans le tourbillon de la politique. Bientôt l'enthousiasme de la liberté caractérisa ses écrits. Les sociétés populaires de femmes lui durent leur institution. Malgré son amour pour l'indépendance, elle demanda à la convention nationale qu'il lui fût permis de s'adjoindre au vertueux Malesherbes pour défendre Louis XVI. Le masque de vertu dont Marat et Robespierre se couvraient pour cacher leurs crimes, ne put lui en imposer. Elle se déclara ouvertement contre leur faction, et elle rendit publique l'horreur que ce parti lui inspirait. Avec cette courageuse conduite, elle ne pouvait échapper à la catastrophe qui termina sa vie. Le 12 brumaire an 2, elle fut traduite devant le tribunal révolutionnaire de

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Paris pour y subir son jugement. Le même jour elle monta à l'échafaud.

L'Homme

Elle a publié, sous le nom d'Olympe de Gouges, les ouvrages suivans: Le Mariage de Cherubin, 1785, in-8°. Cette comédie fut bien accueillie du public. généreux, drame en 5 actes et en prose, Paris, 1786, in-8°. Molière chez Ninon, ou les Siècles des Grands Hommes, pièce épisodique, en 5 actes et en prose. Lettre au Peuple, ou Projet d'une caisse patriotique, Vienne, 1788. Remarques patriotiques. · Mes vœux sont remplis, ou

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le Don patriotique, dédié aux états-généraux.

de l'Aveugle aux Français.

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Discours Séance royale: Motion de Monseigneur le duc d'Orléans, ou les Songes patriotiques, 1789. Lettre aux Représentans de la Nation, in-8°. L'Esclavage des Nègres, pièce représentée pour la première fois sur le théâtre de la nation, le 27 décembre 1790. Cette production n'est pas sans mérite. Ses Euvres, 3 vol. Adieux de Madame de Gouges aux Français et à M. Necker, 1790, in-8°. - Mirabeau aux Champs Élysées, in-8°. Dans ce drame épisodique elle a consacré son admiration pour Mirabeau. L'Entrée de Dumourier à Bruxelles, pièce de théâtre. Olympe de Gouges, défenseur officieux de Louis Capet, au président de la convention, 1792, in-8°. Quelques pièces de théâtre et différens écrits relatifs à la révolution.

le Salut de la Patrie, 1793.

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Les Trois Urnes, ou

AUCHI, (CHARLOTTE DES URSINS, vicomtesse d') fille de Gilles Juvenal des Ursins, épousa Eustache de Conflans, vicomte d'Auchi. Elle est auteur d'une paraphrase sur l'épître de Saint Paul aux Hébreux. Cette production n'a point été imprimée. Madame d'Auchi est morte vers l'an 1650.

AUN

AUNOY, (MARIE-CATHERINE JUMELLE DE BERNEVILLE, comtesse d') née en Normandie l'an 1650, était nièce de la savante Des Loges. Un heureux caractère et un esprit agréable firent rechercher sa société. Elle mourut à Paris au mois de janvier 1705.

Contemporaine de Madame La Fayette, et son imitatrice, elle ne l'a cependant pas égalée. Semblable à ces peintres, qui adoptent la manière d'un maître, et qui ne peuvent s'élever à la hauteur de celui qu'ils ont pris pour modèle, quoiqu'on leur doive des ouvrages estimables, Madame d'Aunoy a composé: Hippolyte, comte de Duglas, Paris, Barbin, 1690, 2 vol. in-12. Ce roman est marqué au coin de l'imagination et de la sensibilité. - Relation d'un voyage d'Espagne, Paris, Barbin, 1691, 3 vol. in-12; Paris, veuve Claude Barbin, 1699, 3 vol. in-12. Cette relation est écrite avec beaucoup de naturel • et d'enjouement. Des détails charmans et bien narrés, cela près d'un petit nombre que leur peu d'intérêt aurait dû faire supprimer; des portraits peints agréablement, des potions curieuses sur l'histoire, les lois, les mœurs et les coutumes du pays que parcourt Madame d'Aunoy, en rendent la lecture attachante. Les auteurs de l'Encyclopédie ont puisé dans cet ouvrage plusieurs observations dont ils ont enrichi leur dictionnaire. Mémoires de la cour d'Espagne, Paris, Barbin., 1692, 2 vol. in-12. Le style de cette production est correct. Les faits qu'elle y raconte peuvent intéresser ceux qui étudient les nations jusques dans les bagatelles. Nouvelles Espagnoles, avec des Lettres galantes, Paris, 1692, 2 vol. in-12. - Jean de Bourbon, prince de Carency, Paris, 1692, 2 vol. in-12. Cet ouvrage ne manque pas d'intérêt ; mais l'unité d'action ny est point exactement observée, et d'ailleurs on y

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