LA JEUNE VEUVE. La perte d'un époux ne va point sans soupirs : Le Temps ramène les plaisirs. Et la veuve d'une journée Que ce fût la même personne; On dit qu'on est inconsolable: a L'époux d'une jeune beauté Partoit pour l'autre monde. A ses côtés sa femme Lui crioit : Attends-moi, je te suis; et mon âme, Aussi bien que la tienne, est prête à s'envoler. Le mari fait seul le voyage. Il laissa le torrent couler. A la fin, pour la consoler: Ma fille, lui dit-il, c'est trop verser de larmes : Qu'a besoin le défunt que vous noyiez vos charmes? Puisqu'il est des vivants, ne songez plus aux morts. Je ne dis pas que tout-à-l'heure Change en des noces ces transports, Un cloître est l'époux qu'il me faut. Un mois de la sorte se passe ; Le deuil enfin sert de parure, Toute la bande des Amours Ont aussi leur tour à la fin : Dans la fontaine de Jouvence. Où donc est le jeune mari Bornons ici cette carrière : Il faut contenter son envie. J'y consens; peut-être ma veine En sa faveur s'échauffera. Heureux si ce travail est la dernière peine Que son époux me causera ! FIN DU LIVRE SIXIÈME ET DU TOME PREMIER. |