CONSEIL TENU PAR LES RATS. Un chat, nommé Rodilardus* Que l'on n'en voyoit presque plus, Non pour un chat, mais pour un diable. Le galant alla chercher femme, Pendant tout le sabbat qu'il fit avec sa dame, Dès l'abord, leur doyen, personne fort prudente, De sa marche avertis, ils s'enfuiroient sous terre ; Chacun fut de l'avis de monsieur le doyen : La difficulté fut d'attacher le grelot. L'un dit: Je n'y vas point, je ne suis pas si sot, L'autre Je ne saurois. Si bien que sans rien faire : On se quitta. J'ai maints chapitres vus, Qui pour néant se sont ainsi tenus; Chapitres, non de rats, mais chapitres de moines, Voire chapitres de chanoines. Ne faut-il que délibérer? La cour en conseillers foisonne : Est-il besoin d'exécuter? L'on ne rencontre plus personne. Dans Rabelais, Rodilard ou rongeur de lard. LE LOUP PLAIDANT CONTRE LE RENARD PAR-DEVANT LE SINGE. Un loup disoit que l'on l'avoit volé : Non point par avocats, mais par chaque partie. De mémoire de singe, à fait plus embrouillé. Répliqué, crié, tempêté, Le juge, instruit de leur malice, Leur dit: Je vous connois de longtemps, mes amis; Et tous deux vous paierez l'amende : Car toi, loup, tu te plains, quoiqu'on ne t'ait rien pris; Et toi, renard, as pris ce que l'on te demande. Le juge prétendoit qu'à tort et à travers Quelques personnes de bon sens ont cru que l'impossibilité et la contradiction qui est dans le jugement de ce singe étoient une chose à censurer mais je ne m'en suis servi qu'après Phèdre, et c'est cu cela que consiste le bon mot, selon mon avis. |