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Qui les croque, qui les tue;
Qui les gobe à son plaisir;

Et grenouilles de se plaindre,

Et Jupin de leur dire : Eh quoi! votre désir A ses lois croit-il nous astreindre?

Vous avez dû premièrement

Garder votre gouvernement;

Mais ne l'ayant pas fait, il vous devoit suffire Que votre premier roi fût débonnaire et doux : De celui-ci contentez-vous,

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d'en rencontrer un pire.

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Capitaine renard alloit de compagnie

Avec son ami bouc des plus hauts encornés :
Celui-ci ne voyoit pas plus loin que son nez;
L'autre étoit passé maître en fait de tromperie.
La soif les obligea de descendre en un puits :
Là, chacun d'eux se désaltère.

Après qu'abondamment tous deux en eurent pris,
Le renard dit au bouc: Que ferons-nous, compère?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi :
Mets-les contre le mur : le long de ton échine
Je grimperai premièrement ;

Puis sur tes cornes m'élevant,
A l'aide de cette machine,
De ce lieu-ci je sortirai.
Après quoi je t'en tirerai.

Par ma barbe, dit l'autre, il est bon; et je loue

Les

gens bien sensés comme toi.

Je n'aurois jamais, quant à moi,

Trouvé ce secret, je l'avoue.

Le renard sort du puits, laisse son compagnon,
Et vous lui fait un beau sermon

Pour l'exhorter à patience.

Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
Autant de jugement que de barbe au menton,
Tu n'aurois pas, à la légère,

Descendu dans ce puits. Or, adieu; j'en suis hors:
Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts;
Car, pour moi, j'ai certaine affaire
Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.

En toute chose il faut considérer la fin.

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L'AIGLE, LA LALE, ET LA CHATTE.

L'aigle avoit ses petits au haut d'un arbre creux,
La laie au pied, la chatte entre les deux :
Et sans s'incommoder, moyennant ce partage,
Mères et nourrissons faisoient leur tripotage.
La chatte détruisit par sa fourbe l'accord;
Elle grimpa chez l'aigle, et lui dit: Notre mort
(Au moins de nos enfants, car c'est tout un aux mères)
Ne tardera possible guères.

Voyez-vous à nos pieds fouir incessamment
Cette maudite laie, et creuser une mine?
C'est pour déraciner le chêne assurément,
Et de nos nourrissons attirer la ruine :

L'arbre tombant, ils seront dévorés ;

Qu'ils s'en tiennent pour assurés.
S'il m'en restoit un seul j'adoucirois ma plainte.
Au partir de ce lieu, qu'elle remplit de crainte,
La perfide descend tout droit

A l'endroit

Où la laie étoit en gésine*.

Ma bonne amie et ma voisine,

Lui dit-elle tout bas, je vous donne un avis:
L'aigle, si vous sortez, fondra sur vos petits.
Obligez-moi de n'en rien dire ;

Son courroux tomberoit sur moi.

En couche.

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