La mort de Jean lapin derechef est vengée. Du monarque des dieux enfin implore l'aide, Aussi ne les y prit-on pas. Leur ennemi changea de note, Sur la robe du dieu fit tomber une crotte: D'abandonner sa cour, d'aller vivre au désert; Le pauvre Jupiter se tut: Fit sa plainte, et conta l'affaire. On fit entendre à l'aigle, enfin, qu'elle avoit tort. LE LION ET LE MOUCHERON. Va-t'en, chétif insecte, excrément de la terre! C'est en ces mots que le lion Parloit un jour au moucheron. L'autre lui déclara la guerre : Penses-tu, lui dit-il, que ton titre de roi Un bœuf est plus puissant que toi; A peine il achevoit ces mots Que lui-même il sonna la charge, Fut le trompette et le héros. Puis prend son temps, fond sur le cou Le quadrupède écume, et son œil étincelle : rugit. On se cache, on tremble à l'environ, Et cette alarme universelle Est l'ouvrage d'un moucheron. Un avorton de mouche en cent lieux le harcelle, Tantôt pique l'échine, et tantôt le museau, Tantôt entre au fond du naseau. rage alors se trouve à son faîte montée. L'invisible ennemi triomphe, et rit de voir Qu'il n'est griffe ni dent en la bête irritée Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs, Comme il sonna la charge, il sonne la victoire. Quelle chose par-là nous peut être enseignée! V |