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norable, l'insertion au bulletin et l'envoi dans tous les départemens.

» La convention renvoye au surplus à son comité de salut public, la proposition faite par Clootz, d'ériger une statue à Jean Meslier, le premier qui ait eu la bonnefoi d'abjurer les erreurs religieuses ».

Pour l'intelligence de ce passage du décret dont il s'agit, il est nécessaire d'obser ver ici, que, dans le courant du discours de Clootz, dont nous n'avons rapporté qu'une foible partie, cet orateur avoit effectivement demandé qu'on érigeât une statue à ce Meslier dont il est question. Ce Meslier, fils d'un ouvrier en serge du village de Mazerny et ensuite curé du village d'Étrépigny, en Champagne, n'étoit si recommandable aux yeux de l'orateur du genre humain, que parce que ce prêtre avoit laissé, en mourant, un écrit ayant pour titre: testament de Jean Meslier, dans le quel ce pasteur, qui toute sa vie avoit mené une conduite irréprochable, déclamoit contre les dogmes du christianisme et cherchoit à en démontrer l'extravagance et l'absurdité.

Si le Prussien Clootz, qui se disoit oble et se qualifioit de baron, avoir eu le onheur d'éviter l'inquisition, les sbirres et es alguazils en pays étrangers, il n'eut pas celui d'éviter l'échafaud en France; Robespierre, qui n'aimoit pas la république française, et encore moins la république universelle, Robespierre, qui ne wouloit pas qu'on eût l'air plus patriote, plus populaire que lui, qui n'aimoit pas qu'on se singularisâr à son préjudice, parce qu'il étoit assez vain, assez pétri d'orgueil pour vouloir concentrer en lui seul tous les genres de célébrité, Robespierre, disons-nous, fit couper la tête au baron prussien, moins parce qu'il étoit noble, que parce qu'il vouloit être le restaurateur de la liberté du monde, et qu'il n'appartenoit qu'au tyran des comités de gouvernement d'avoir des idées neuves et des conceptions singulières.

Quoi qu'il en soit, tandis que l'armée révolutionnaire, bien équipée et bien payée, disséminée dans les environs de la capitale, y faisoit arriver un peu de bled et abattoit beaucoup de croix, Chaumette allant de

son côté aussi vîte en besogne que ce cam volant, s'occupoit à déprêtriser dans Par tous ceux des ecclésiastiques que la peu déterminoit à quitter la soutane. I1 6 ouvrir à la commune un registre sur leque on devoit inscrire les noms de tous les prêtres qui viendroient abjurer leur état. Un autre arrêté de cette commune ordonna ensuite la fermeture de toutes les églises; il cadroit parfaitement avec un décret de la convention, rendu la veille, qui accordoit une pension aux évêques, curés et vicaires qui abdiqueroient leurs fonctions ; et comment ces vicaires et ces curés ne les auroient, ils pas abdiquées, puisque, par goût ou par terreur, personne ne se rendoit plus ou n'osoit plus se rendre dans les églises dont les ministres en chef s'étoient avilis, dans l'espoir de se populariser et d'éviter la mort ou l'incarcération.

Déjà Gobel, évêque de Paris, suivi de son clergé, s'étoit présenté à la barre de la convention, et parlant en son nom, ainsi qu'en celui de ses vicaires, avoit remis ses lettres de prêtrise ainsi que les leurs sur le bureau, en déclarant qu'ils renonçoient

ous à l'exercice des fonctions du culte catholique. La manière dont cette remise de lettres de prêtrise s'étoit faite, étoit un ordre formel pour les autres ecclésiastiques d'imiter promptement l'évêque mé tropolitain.

En effet, quand Gobel se rendit à la Convention, il étoit escorté du départes. inent, de la municipalité de Paris, d'une nombreuse députation des Jacobins, et Forateur Momoro, un des chefs les plus ardens du club des cordeliers, portant lá parole, au nom de toute la députation, -avoit prononcé un discours d'une nouvelle espèce: « Citoyens réprésentans, avoit-il dit, vous voyez devant vous des frères qui demandent à se régénérer et à devenir hommes. Vous voyez l'évêque de Paris, ses grands vicaires et quelques autres prêtres qui, conduits par la raison, viennent se dépouiller du caractère que leur avoit donné la superstition. Ce grand exemple sera imité par leurs collègues. C'est ainst que les fauteurs du despotisme concourenç à sa destruction; c'est ainsi que bientôt la république française n'aura d'autre culiè

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que celui de la liberté, de l'égalité et l'éternelle vérité, culte, qui, grâce à ve immortels travaux sera bientôt unive sel ». Presque tous les prêtres qui étoier de la convention imitèrent à l'envi l'exem ple que venoit de leur donner Gobel e remirent sur le bureau leurs lettres de prêtrise.

A la suite du discours de Momoro, Chaumette avoit demandé à la convention qu'elle assignât, dans le nouveau calendrier, un jour quelconque, pour célébrer une fête en l'honneur de la raison. Peu de jours après, l'administration centrale du département présenta la pétition suivante, pour appuyer la demande du procureur de la commune: « La raison humaine est enfin régénérée, le fanatisme et la supersti tion ont disparu, la raison seule a des autels. Vous avez décrété que la ci-devant église métropolitaine de Paris 'seroit dorénavant consacrée à la raison; nous y célébrerons une fête en l'honneur de cette divinité le peuple vous y attend: la présence de la convention entière y est nécessaire, afin que cette fête ne soit point un acte

partiele

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