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mesnil sont ils allés ensemble à l'échafaud?

c'est parce que le premier fut assis sur un fauteuil parallèle et égal à celui du roi, et que l'autre a soulevé le parlement contre l'autorité du trône.

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» Des patriotes trompés croient que l'exmaire Bailly a été guillotiné, pour avoir déployé le drapeau rouge au Champ de Mars, c'est une erreur. On a puni Bailly d'avoir présidé à la fameuse séance du jeu de paume. Si cela n'étoit pas, tous les municipaux qui l'ont accompagné au Champ de Mars n'auroient-ils pas partagé le sort qu'on a fait éprouver à leur chef? On ne persuadera jamais que ce soit par des motifs d'humanité, que Robespierre et ses acolytes les épargnèrent.

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Voyez le prix que le général Custine a reçu de ses services; il étoit noble, il avoit servi la cause de la liberté, c'étoit un crime qu'on ne pardonnoit point à Coblentz. Voyez les généraux Biron et Beaubarnais qui désertèrent le parti de la cour, Four embrasser celui de la révolution ; l'échafaud fut le prix des blessures qu'ils avoient reçues en combattant à la tête des

Français. Le comte d'Estaing, qui avoit commandé la garde nationale à Versailles, éprouva le même sort.

"Est-ce pour maintenir ou pour venger la république que le 31 mai a eu lieu ; que l'on a envoyé, d'un seul coup de filet, trente-deux députés girondins à la mort, qu'on les a condamnés sans les entendre, parce qu'on n'avoit rien à leur reprocher? Non, leur véritable crime étoit de s'être dévoués au service de la cause du peuple, et d'avoir été en partie les fondateurs de la république; ils ont été jugés en France comme ils l'auroient été à Coblentz, ayant les émigrés pour magistrats.

Tous les gens excessivement riches, tous les porteurs d'un nom illustre n'ontils pas été envoyés à la mort ; et ceux qui ont échappé aux boucheries révolutionnaires, n'auroient-ils pas été massacrés sans le 9 thermidor? quel étoit leur crime? de n'avoir pas émigré. D'Orléans, tout immoral qu'il étoit, avoit-il démérité de la faction dominante ? non sans doute, puisqu'il étoit une des causes premières de l'antorité de ceux qui gouvernoient alors. Il

est donc évident que l'ordre de le faire périr partoit des puissances de Coblentz ; que c'étoit pour elles que travailloient les pourvoyeurs de la guillotine.

» Et ce malheureux Camille-Desmoulins étoit-il un contre-révolutionnaire, lui qui, depuis l'enfance, ne respiroit, ne rêvoit qu'indépendance et liberté ? La révolution. l'avoit trouvé républicain, il aimoit la république comme Cicéron aimoit sa patrie; il haissoit la tyrannie comme Tacite. Quel étoit donc son crime? Eroit-ce d'avoir réclamé des mesures de clémence? non; mais le 12 juillet 1789, il avoit donné au peuple le signal de la liberté, en arborant le premier la cocarde nationale; il avoit dirigé la multitude contre la Bastille. Toutes les boucheries révolutionnaires n'ont été que des hécatombes que la sottise et la trahison immoloient à la vengeance royale.

» Portez-vous, ajoute-t-on, portezvous un instant sur les terres calcinées de la Vendée ou vers ces lacs infectés du sang de la génération présente, qu'y verrez-vous ? des émigres, des royalistes, des prêtres

forcenés égorgeant des milliers de soldats français qui sont présentés à leur fer assassin par des généraux stupides qui ont or dre de faire égorger ceux qu'ils mènent au combat. Qu'y verrez-vous? le royalisme triomphant ainsi que le fanatisme; les cpmités de gouvernement entretenant ce chancre politique avec soin, faisant guillotiner les généraux qui remportent des victoires sur les Vendéens, faisant guillotiner Phelipeaux parce qu'il accuse les comités de soutenir les royalistes et de faire égorger les républicains par milliers dans ces épouvantables parages; et ces mêmes comités combler d'éloges, de grâces et de faveurs les officiers ignares, les brigands en chef qui menoient nos soldats à la tuerie, Ce n'est que depuis que ces comités infernaux de gouvernement ont été anéaptis, et que Robespierre et ses coopérateurs ont été guillotinés, que l'on a sérieusement travaillé à la destruction de la guerre de la Vendée ».

Telle est une partie des raisonnemens que font ceux qui prétendent que Robespierre et les comités de salut public et de

sûreté générale ne travailloient que pour le prétendant et satisfaire ses vengeances, Si l'on ajoute à cela le propos tenu par Collot d'Herbois au démagogue Arthur: Imbécille, crois-tu que nous travaillons pour l'égalité? Si l'on considère que plusieurs royalistes connus furent acquittés par la commission populaire émanée du comité de salut public, il est certain que ce systême prend une teinte de vérité. Le tems peur dévoiler de grandes choses à cet égard; nous convenons que, pour l'intelligence de toutes les monstruosités qui se sont passées, pour la satisfaction des contemporains et de la postérité peut-être, il seroit bien à desirer que l'on eût à cet égard des choses plus positives que ne le sont des conjectures.

11 est certain qu'on ne pouvoit supposer au prétendant, et à ceux dont il étoit environné, que des intentions très - hostiles contre les riches, et particulièrement contre les nobles qui n'avoient point été se ranger sous ses bannières pour groissir son parti; il est prouvé aussi qu'un roi, quand il s'agit de sa couronne, ne ménage pas plus

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