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reconnoissance des individus ; avant que le tribunal révolutionnaire eût constaté cette identité, il fut transféré, du comité de sûreté générale, dans les cachots de la Conciergerie l'identité constatée, bourreau s'empara de sa proie. Les principaux personnages qui accompagnèrent ce ścélérat au supplice furent: Payan, Fleuriot-Lescot, Couthon, Saint-Just, Vivier qui avoit présidé les Jacobins, le général Henriot, Coffinhal, l'ex-cordonnier Simon, celui-lä - même qué Chaumette avoir donné pour gouverneur au fils de Louis XVI, Forestier et plusieurs autres rebelles peu connus.

Le to thermidor, à quatre heures du soir, le cortége sinistre sortit de la cour du palais de justice. Jamais on n'avoit va une si grande affluence de peuple : les rues étoient engorgées: des spectateurs de tout âge, de tout sexe remplissoient les fenêtres de chaque étage des hommes étoient montés jusqué sur le faîte des maisons : l'alégresse étoit universelle; elle se mani. festoit avec une sorte de fureur. Plus la haine profonde que l'on portoit à ces scélé

rats

rats avoit été comprimée, plus l'explosion en étoit bruyante. Chacun voyoit en eur ses ennemis personnels: chacun applaudis soit avec ivresse et sembloit regretter de ne pouvoir applaudir davantage. Les regards s'attachoient sur-tout à la voiture qui traînoit les deux Robespierres, Couthon et Henrior; ces misérables, mutilés et couverts de sang, ressembloient à des bandits que la gendarmerie a surpris dans un bois et dont elle n'a pu se saisir qu'en les bles

sant.

les

Il est difficile de peindre la contenance de Robespierre. Le visage entortillé d'un linge sale et ensanglanté, ce qu'on apercevoit de ses traits étoit horriblement défiguré; une pâleur livide achevoit de le rendre affreux; soit qu'il fût accablé par douleurs que lui causoient ses blessures, ou que le souvenir de ses forfaits le déchirât, il affectoit d'avoir les yeux baissés et presque fermés. Prêt d'arriver au lieu de F'exécution, il fut tiré de sa léthargie par une femme qui fendit la presse, s'élança vers la charrette qui voituroit ce cannibale, 'attacha après un des barreaux et le mena Mm

çant de la main dont elle conservoit l'usage, lui cria: Monstre vomi par les enfers, ton supplice m'enivre de joie, Robespierre ouvrit les yeux et regarda tristement cette femme qui ajouta: Vas, scélérat, descends au tombeau avec les malédictions de toutes les épouses, de toutes les mères de famille.

Lorsque la charrette fut arrivée au pied de l'échafaud, les valets du bourreau descendirent le tyran et l'étendirent par terre jusqu'au moment où son tour vînt de recevoir la mort. On observa que pendant le tems qu'on exécutoit ses complices, il ne donna aucun signe de sensibilité ; ses yeux furent constamment fermés, et il ne les rouvrit, que quand il se sentit transporter sur l'échafaud. On prétend qu'en appercevant le fatal instrument, il poussa un douloureux soupir: mais il eut, avant que de mourir, une cruelle souffrance à endurer. Après avoir jeté son habit qui étoit croisé sur ses épaules, le bourreau lui arracha brusquement l'appareil qu'un chirurgien avoit mis sur ses blessures; la mâchoire inférieure se détacha alors de la supé

rieure et

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au

laissant jaillir des flots de sang, la tête de ce misérable n'offrit plus qu'un objet monstrueux et dégoûtant. Lorsqu'ensuite cette tête effroyable eut été coupée et que le bourreau l'eut prise par les cheveux pour la montrer peuple, elle présenta l'image la plus horrible qui puisse se peindre. Ainsi périt la bête féroce la plus carnacière, le plus monstrueux scélérat qu'ait jamais enfanté la nature. Les deux jours suivans éclairèrent le supplice de quatre-vingt-trois autres rébelles, presque tous membres du conseil-général de la commune, ou ses complices, pareillement mis hors la loi.

En laissant Robespierre sur l'échafaud, c'est peut-être ici le cas de parler un moment d'une opinion qui semble s'accrédi ter, depuis quelque tems, au sujet des massacres commandés par ce nionstre et les comités de gouvernement. On prétend que le grand nombre des assassinats des personnes marquantes, a été dicté par le prétendant et par l'autre frère de Louis XVI qui, de Coblentz où ils étoient réfugiés, donnoient alors des ordres aux tyrans qui

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dépeuploient la France. On prétend qu'il existe à cet égard des papiers très-instructifs, et des hommes sensés, qui ont été les témoins de toutes les horreurs, nous ont dit eux-mêmes, qu'ils ne doutoient point que Robespierre et ses complices, n'eussent été, dans leurs fureurs, les esclaves pu, si on l'aime mieux les agens de Monsieur et des émigrés ; que c'étoit réellement à Coblentz qu'avoient été prononcés la plupart des arrêts qu'une férocité stupide et aveugle exécutoit dans toute la France contre une foule de républicains, et que les anarchistes de l'an deux, en se couvrant du manteau du républicanisme, n'avoient été que l'instrument des vengeances et de l'am: bition des deux frères du dernier roi.

A l'appui de ce systême on nous dit: « Ne voyez-vous pas qu'on a poursuivi et égorgé de préférence tout ce qui, dans le principe, a pris part à la révolution, et particulièrement aussi tous ceux qui, devant émigrer par état, avoient refusé de le faire? Quel fut le crime de Chapelier si connu à l'assemblée constituante la nuit 4 août? Pourquoi Thouret et Despré

du

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