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mettre à exécution les maximes suivantes, qu'après sa mort l'on trouva chez lui écrites de sa main.

Il faut une volonté une. Les dangers intérieurs viennent des bourgeois. POUR VAINCRE LES BOURGEOIS, il faut rallier le peuple. Il faut que les SANS-CULOTTES soient payés et restent dans les villes. Il faut leur procurer des armes, LES COLÉRER et que l'insurrection s'étende de proche en proche sur le même pian. Il faut pros crire les écrivains comme les plus dangereux ennemis de la patrie; punir surtout LES DÉPUTÉS et les administrations coupables. Si les députés sont renvoyés chez eux, la république est perdue, its continueront d'égarer leurs départemens.

D'après ces lignes, tracées de la main du tyran, il ne reste plus de doute sur le projet qu'il avoit d'anéantir tous les riches pour consolider sa puissance, en faisant passer une partie de leur fortune dans les mains de ceux qui n'en avoient pas ; cette mutation des propriétés étoit un des ressorts les plus puissans de son pouvoir, puisqu'il attachoit à son char tous ceux qui n'avoient rien et qu'il promettoit d'enrichir il ne reste plus de doutes sur le prajet qu'il avoit de faire périr tous les députés ; ce projet étoit aussi bardi de sa

part qu'il étoit horrible; il étoit d'autanț plus hardi, que, pour le mettre à fin, il youloit se passer des autres membres des comités de gouvernement qu'il lui étoit important d'écraser eux-mêmes. Timide dans ses entreprises, il avoit balancé entre un nouveau 31 mai, ou un massacre en masse, Il avoit voulu d'abord se servir de la société des Jacobins pour faire décimer de nouveau la convention en insinuant à cette société d'aller à l'assemblée demander la tête de quatre ou cinq députés, qu'il appeloit des scélérats (1); mais reve

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(1) Par les quatre ou cinq scélérats de la Convention qu'il vouloit faire assassiner, Robes pierre n'auroit-il pas entendu parler des députés suivans, sur lesquels on trouva des notes écrites de sa main après le 9 thermidor. Voici ces notes.

Dubois Grancé est dans le cas de la loi du 27 germinal qui bannit de Paris ceux qui ont fait yaloir de faux titres pour usurper la noblesse. La preuve en est écrite dans Denizard. Cette circonstance n'a pas empêché qu'il ne restât en mission où il a usurpé toute la plénitude des pouvoirs nationaux; il ne vouloit pas prendre Lyon d'où il a laissé échapper Précy et ses complices.

mant à son idée première, il trouva plus opportun de frapper d'un seul coup la

Il ne figura jamais dans les deux assemblées, que comme partisan de d'Orléans, avec qui il étoit étroitement

lié.

Delmas est un ci-devant noble 9

intrigant taré. Il étoit coalisé avec la Gironde et intimement lié avec Lacroix. Ce ne peut être que par un revirement d'intrigue qu'il a paru se déclarer pour la Montagne dans l'affaire de Marat, dont il avoit été le persécuteur. Il s'est depuis intimement coalisé avec Danton; c'est lui qui, au tems de l'accusation portée contre ce dernier et ses complices, lutta scandaleusement contre le comité de salut public,

Thurio ne fut jamais qu'un partisan de d'Orléans. Son silence depuis la chûte de Danton et depuis son expulsion des jacobins, contraste avec son bavardage éternel avant cette époque. Il se borne à intriguer sourdement. C'est lui qui le premier fit une tentative pour arrêter le mouvement révolutionnaire, en prêchant l'indulgence sous le nom de morale, lorsqu'on porta les premiers coups à l'aristocratie. Il cabala d'une manière visible pour armer la convention nationale contre le comité de salut public, lorsque ce comité fit le rapport contre Danton, Chabot et autres.

Bourdon de l'Oise s'est couvert de crimes

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?

regardoit comme martyr de la liberté, dans le Panthéon destiné aux grands hommes qu'elle devoit être attaquée, violée, et entièrement massacrée, Les torches triomphales du jeune Viala, vont devenir les torches funèbres des représentans du peuple; et quand ce coup hardi aura été exécuté, un autre non moins audacieux, non moins nécessaire à l'affermissement de są puissance dictatoriale, doit avoir lieu sous peu de tems; c'est de distribuer des terres à une partie des habitans des fauxbourgs de Paris, d'éloigner de la capitale, ces habitans, dont l'immense population est tou jours dangereuse, et de réduire Paris à un tiers de son enceinte.

Faire changer les propriétés de main, venir à bout d'anéantir la moitié de la population de la France, abattre les comités de gouvernement, égorger toute la convention, pour régner seul, en s'envir ronnant d'un petit sénat, dont les places auroient été confiées à ses sicaires affidés; quelles ressources physiques et morales a donc ce brigand forcené, pour mettre à fin une entreprise aussi inouie? Ses res

bes sont creusés pour qu'on puisse y entasser en un moment des immensités de cadavres; la boucherie générale, commandée par ce tigre, doit avoir lieu le jour destiné à la célebration d'une fête en l'honneur du jeune Viala âgé de 13 ans, mort sur les bords de la Durance, par un accident ordinaire. Robespierre l'avoit fait déifier par la convention, et c'étoit au moment oùla représentation nationale déposeroit l'une de ce héros fabuleux, qu'elle

se promene sans cesse avec l'air d'un assassin 'qui médite un crime, il semble poursuivi par l'image de l'échafaud et par les furies.

Léonard Bourdon n'est pas mieux traité que le précédent dans les notes de Robespierre; entr'autres faits, il lui reproche d'avoir été le premier à avilir la convention par des formes indécentes, comme d'y parler le chapeau sur la tête et d'y siéger avec un costume ridicule. Ro. bespierre ne devoit pas être fâché de ce que Léonard-Bourdon avilissoit la convention par son costume, puisque lui vouloit la perdre, et que le moyen le plus efficace d'anéantir un corps quelconque est toujours de commencer par vilir. Mais cette inculpation n'étoit qu'un reproche apparent.

l'a

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