mouvoir toute la France à leur gré et lá mutiler par parcelles, Le même systême de délation qui pesoit dans l'intérieur de la république sur tous les citoyens, pesoit également aux frontières sur tous les officiers de pos armées; la vie leur étoit à charge, sur tout aux officiers supérieurs qui, voyant chaque jour tomber les têtes de leurs anciens amis, sous la hache révo Jutionnaire, ne cherchoient plus que la mort dans les combats. Quant aux soldats, ils furent plus heureux que nous sous le règne de la terreur; quels qu'aient été, leurs maux, leurs privations, leurs souf frances dans ces tems désastreux, ils n'ont point été torturés par les angoisses qui dé chiroient les citoyens dans l'intérieur. Ils n'avoient que l'ennemi à combattre, et ils étoient Français; ils ignoroient les abominations qui se commettoient dans leur patrie; on ne leur laissoit parvenir qu'un imprimé mensonger, fabriqué par ordre des comités de gouvernement, un im primé qui les mettoit si peu au courant des choses, que beaucoup d'entre eux après le 9 thermidor, rentrant un moment 2 dans leurs foyers, pour embrasser leurs parens, ne trouvèrent plus mi pères, ni mères, ni amis; pendant que ces braves versoient leur sang aux frontières pour le soutien de la liberté, les tyrans des comités, avoient, au nom de cette même liberté, fait disparoître leur famille du nombre des vivans. Depuis la fête à l'Etre suprême, et la loi Couthon qui l'avoit couronnée, que faisoient cependant ces comités de gou vernement, que faisoit Robespierre, que faisoit la convention? La convention Robespierre et les comités de gouverne ment, avoient tous un intérêt différent, marchoient tous à un but opposé; et tous étoient frappés de la terreur la plus profonde Robespierre vouloit à lui seuf écraser les comités de gouvernement et la convention, pour établir une puissance UNE, dont il étoit le type. Les comités vouloient écraser la convention qui les gênoit encore, et Robespierte qui les offusquoit ; et la convention froissée entre ces assassins, qui lui mettoient le poignard sur la gorge, de quelque côté qu'elle se retournât, ne cherchoit, à l'exception de quelques zélés Montagnards qu'elle renfermoit dans son sein, qu'à se tirer des serrés de ces vautours, ou à périr par un coup d'éclat. Étoit-ce pour flatter Robespierre, dont le plan d'élévation lui étoit connu ? étoitce au contraire pour lui tracer un plan, que quelque tems avant le 9 thermidor, Payan écrivoit à l'incorruptible: qu'il falloit qu'il se dépêchât de renverser Bourdon et ses complices; qu'il falloit qu'il fît périr tous les journalistes qui avoient eu la malveillance ou la lâcheté, lors de la discussion sur la fameuse loi du 22 prairial, de ne pas prendre la défense du tribunal révolutionnaire, de ne pas parler contre Ruamps, Tallien et autres, dans la crainte, en combattant les membres de la convention, de paroître attaquer la représenta tion nationale? « Apprenez à tous les citoyens de la France, continuoit Payan, en écrivant au nouveau Cromwel, qu'une mort infâme attend tous ceux qui s'opposeront au gouvernement; qu'ils tremblent! que les suggéreurs de rapports fassent des réflexions réflexions salutaires, et que le comité de salut public, acquierre, s'il est possible, et plus de force , et plus d'importance, et plus d'autorité; qu'il emploie toute la masse du pouvoir qu'on lui confie, au salut de la république; augmentons, augmen mentons cette masse, pour qu'elle écrase plus facilement. Toute l'autorité que nous gardons est inutile à la patrie, qu'elle aille se vivifier, s'utiliser au centre du gouvernement. Vous ne pouvez pas choisir de moment plus favorable pour frapper tous les conspirateurs; on sait que toutes nos victoires sont le fruit de vos travaux. Voulez-vous atterrer en même tems tous les malveillans et les députés ? remportez de grandes victoires dans l'intérieur; faites un rapport qui frappe à-la-fois toutes les conspirations ; décrétez des mesures salu taires pour les journaux ; que les fonctionnaires publics responsables, puisqu'ils sont les ministres de la morale, soient dirigés par vous qu'ils servent à centraliser, à uniformiser l'opinion publique, c'est-àdire le gouvernement moral, car vous n'avez encore centralisé que le gouverne Gg ment physique, il faut que tous vous aient envue. Faites, je vous le répète, un rap port vaste qui embrasse tous les conspirateurs, qui montre toutes les conspirations réunies en une seule que l'on y voie des Fayétistes, des Royalistes, des Fédéra listes, des Hébertistes, des Dantonistes et des Bourdons de l'Oise. Travaillez en grand ». Payan, en écrivant de la sorte à Ro bespierre, le prioit de brûler sa lettre g soit, nous le répétons, qu'elle fût con forme au plan que ce dernier s'étoit tracé, soit qu'il voulût la méditer, au contraire Robespierre la trouva trop précieuse pout la livrer aux flammes. Depuis long-tems, en effet, Robespierre songeant à céntraliser l'autorité en lui seul, cherchant à abattre les comités, après avoir abattu la convention; depuis long-tems, disonsHous, Robespierre avoit proposé aux comités de salut public et de sûreté génétale réunis, de suspendre les séances de l'assemblée et de dissoudre insensible ment la représentation nationale; il avoie éprouvé de la résistance dans ce projet, de |