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cluse; le cri de vive le roi se fait entendre dans l'enceinte de cette ville infortunée ; Maignet, représentant du peuple, en mis sion à cette époque dans ce département prend un arrêté par lequel il proscrit, nonseulement les habitans de cette commune, mais encore ceux des communes environ❤ nantes. Son dernier arrêté, en date du 17 floréal, condamne la ville de Bédouin aux flammes. Un arbre coupé pendant la nuit, cause la destruction de toute une ville, anéantit ses habitans et son commerce. Les coupables devoient périr sans doute, mais tous les habitans de Bédouin l'étoient-ils, puisqu'eux-mêmes allèrent porter à Maignet la première nouvelle du délit. N'importe, soixante pères de famille ont rougi l'échafaud de leur sang. Le signal est donné, et des incendiaires lancent la flamme de toutes parts; ceux des habitans qui ont évité la hache du bourreau, cherchent leur salut dans les montagnes voisines ; des pelotons d'hommes armés, épars dans la campagne, se font un jeu de leur donner la chasse à travers les rochers; ceux seuls peuvent leur échapper, qui sont par

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venus à s'enfoncer dans le creux des montagnes, après avoir vu la flamme ne leur laissant plus aucune retraite dans leur malheureuse patrie, L'incendie a tout dévoré, des enfans au berceau, des femmes enceintes, des vieillards. Ce malheureux pays avoit cependant fourni deux cent - soixante volontaires à l'armée. Leurs lettres à leurs palens contenoient les expressions de leur amour pour la république, long-tems après la destruction de leurs foyers, et le massacre de leurs parens. Après cette expédition, digne des peuples les plus barbares, l'audacieux proconsul condamne le territoire à une éternelle stérilité. Ici le délire le dispute à l'atrocité; ceux qui porent survivre à cette catastrophe, errèrent longtems dans les bois et les montagnes, n'ayant d'autre asyle que quelques trous crensés de leurs mains, et ne devant leur subsistance qu'à la pitié de leurs semblables, Robespierre est instruit de ces affieux évé nemens, on lui en peint l'horreur: Le comité est satisfait de la conduite de Maignet; telle est sa réponse.

Laguillotine étoit aussi à Paris en grande

activité des pétitionnaires demandoient impunément à la convention, que la mort fût à l'ordre du jour, d'autres envoyoient de l'argent pour entretenir le fer de la hache révolutionnaire, et payer les réparations dont il pouvoit avoir besoin, lorsque Ro bespierre, fort embarrassé peut-être de sa toute-puissance, et ne sachant déjà trop comment se maintenir dans le haut degré de pouvoir où il étoit étonné de se voir lancé, imagina un moyen d'entretenir ou rehausser l'état de son crédit : ce fût de faire arrêter et célébrer une fête en l'hon

neur de l'Étre suprême. C'étoit beaucoup d'honneur à Dieu, que Robespierre voulût bien s'occuper de lui, et la conduite que ce scélérat pervers tenoit dans ce moment, étoit bien opposée en apparence à celle d'un des membres de son comité de saluť public qui, peu de tems avant, s'étoit permis de dire publiquement, que Dieu avoit sagement fait de se tenir invisible; sar, lui représentant, n'eût pas manqué de le faire déclarer SUSPECT tout comme un

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la France, le restaurateur des principes religieux que la crainte comprimoit depuis long-tems dans les cœurs, Robespierre donc, s'étant réservé un rapport sur la nécessité d'instituer des fêtes nationales " osa, de sa bouche hypocrite, proférer à la tribune ces paroles remarquables, qui renfermoient sa propre condamnation. Nous rapporterons quelques-unes de ses phrases à cette occasion, parce qu'elles servent à faire connoître toute la scélératesse de ce tartuffe atrabilaire.

« Ne consultez, disoit-il à ses malheureux collègues, ne consultez que le bien de la patrie et les intérêts de l'humanité. Toute institution, toute doctrine qui console et élève les ames duit être accueillie, rejectez toutes celles qui tendent à les dégrader, à les corrompre. Ranimez, exalLez tous les sentimens généreux et toutes les grandes idées morales qu'on a voulu éteindre, rapprochez par le charme de l'amitié, et par le lien de la vertu, les hommes qu'ils ont voulu divi

ser ».

<<< Qui donc t'a donné la mission d'annoncer an peuple que Dieu n'existe pas ? (Qui donc ? toi barbare qui pouvois arrêter d'un mot la doctrine de l'athéisme; toi qui n'as laissé propager aux athées leurs principes que pour te fournit

un prétexte glorieux pour toi, de les écraser ensuite; toi qui n'as commencé à t'opposer aux progrès de leur doctrine, que quand les temples ont été ravagés et que l'or qu'ils receloient a été versé au trésor national pour servir à tes projets ;) qui donc t'a donné la mission d'annoncer au peuple que Dieu n'existoit pas ? A toi qui te passionnes pour cette aride doctrine et qui ne te passionnes jamais pour la patrie ? Quel avan tage trouves-tu à persuader à l'homme qu'une force aveugle préside à ses destinées et frappe au hasard le crime et la vertu ; que son ame n'est qu'un souffle léger qui s'éteint aux portes du tombeau ? ».

«L'idée de son néant lui inspirera-t-elle des sentimens plus purs et plus élevés que celle de son immortalité? Lui inspirera-t-elle plus de respect pour ses semblables et pour lui-même, plus de dévouement pour la patrie plus d'audace à braver la tyrannie, plus de mépris pour la mort et pour la volupté ? Vous qui regrettez un ami vertueux, vous aimez à penser que la plus belle partie de lui-même a échappé au néant. Vous qui pleurez sur le cercueil d'un fils ou d'une épouse, êtes vous consolés par celui qui vous dit qu'il ne reste plus d'eux qu'une vile poussière ? Malheureux qui expirez sous les coups d'un assassin votre dernier soupir est un appel à la justice éter. nelle, l'innocent sur l'échafaud fait pâlir le tyran sur son char de triomphe. Auroit-elle cet

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