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dans l'Etat la raison du Gouvernement, confondu mal à propos avec le Souverain, dont il n'est que le Ministre.

QU'EST-CE donc que le Gouvernement? Un corps intermédiaire établi entre le sujets & le Souverain pour leur mutuelle correspondance, chargé de l'exécution des loix, & du maintien de la liberté, tant civile que politi

que.

LES membre de ce corps s'appellent Magistrats ou Rois, c'est-à-dire, Gouverneurs, & le corps entier porte le nom de Prince*. Ainsi ceux qui prétendent que l'acte par lequel un peuple se soumet à des chefs n'est point un contract; ont grande raison. Ce n'est absolument qu'une commission, un emploi dans le quel, simples officiers du Souverain, ils exercent en son nom le pouvoir dont il les a faits dépositaires, & qu'il peut limiter, modifier & reprendre quand il lui plait, l'aliénation d'un tel droit étant incompatible avec la nature du corps social, & contraire au but de l'association.

J'APPELLE donc Gouvernement ou fuprême administration l'exercice légitime de la puisfance exécutive, & Prince ou Magistrat l'homme ou le corps chargé de cette administrationC'EST dans le Gouvernement que se trou

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vent

* C'est ainsi qu'à Venise on donne au collegue le nom de Sireniffime Prince même quand le Doge n'y assiste pas.

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vent les forces intermediaires, dont les rapports composent celui du tout au tout ou du Souverain à l'Etat. On peut représenter ce dernier rappoft par celui des extrêmes d'une proportion continue, dont la moyenne proportionnelle est le Gouvernement. Le Gouvernement reçoit du Souverain les ordres qu'il donne au peuple, & pour que l'Etat soir dans un bon équilibre il faut, tout compensé, qu'il y ait égalité entre le produit ou la puissance du Gounement pris en lui-même & le produit ou la puissance des citoyens, qui sont souverains d'un côté & sujets de l'autre.

DE PLUS, on ne sauroit altérer aucun des trois termes sans rompre à l'instant la proportion. Si le Souverain veut gouverneur, ou file magistrat veut donner des loix, ou si les fujets refusent d'obéïr, le désordre succede à la regle, la force & la volonté n'agissent plus de concert, & l'Etat dissout tombe ainsi dans le despotisme ou dans l'anarchie. Enfin comme il n'y a qu'une moyenne proportionnelle entre chaque rapport, il n'y a non plus qu'un bon gouvernement possible dans un Erat: Mais comme mille événemens peuvent changer les rapports d'un peuple, non seulement différens Gouvernemens peuvent être bons à divers peuples, mais au même peuple en différens tems. POUR tâcher de donner une idée des divers

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rapports qui peuvent regner entre ces deux extrê-
mes, je prendrai pour exemple le nombre du peu
ple, comme un rapport plus facile à exprimer.

SUPPOSONS que l'Etat soit composé de
dixmille Citoyens. Le Souverain ne peut être
considéré que collectivement & en corps: Mais
chaque particulier en qualité de sujet est consi-
déré comme individu: Ainsi le Souverain est
au sujet comme dix-mille est à un: C'est-à-dire
que chaque membre de l'Etat n'a pour sa part
que la dix-millieme partie de l'autorité souve-
raine, quoiqu'il lui soit soumis tout entier,
Que le peuple soit composé de cent-mille hom-
mes, l'état des sujets ne change pas, & cha-
cun porte égalément tout l'empire des loix,
tandis que son suffrage, réduit à un cent-mil-
lieme, a dix fois moins d'influence dans leur
rédaction. Alors le sujet restant toujours un,
le rapport du Souverain augmente en raison
du nombre des Citoyens. D'où il suit que plus
l'Etat s'aggrandir, plus la liberté diminue.

QUAND je dis que le rapport augmente, j'entends qu'ils s'éloigne de l'égalité. Ainsi plus le rapport est grand dans l'acception des Géo metres, moins il y a de rapport dans l'acception commune; dans la premiere le rapport considéré selon la quantité se mesure par l'exposant, & dans l'autre, confidéré felon l'identité, il s'estime par la similitude.

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OR MOINS les volontés particulieres se rapportent à la volonté générale, c'est-à-dire les mœurs aux loix, plus la force réprimante doit augmenter. Donc le Gouvernement, pour être bon, doit être rélativement plus fort à mefure que le peuple est plus nombreux.

D'un autre côté, l'aggrandissement de l'Etat donnant aux dépositaires de l'autorité publique plus de tentations & de moyens d'abufer de leur pouvoir, plus de Gouvernement doit avoir de force pour contenir le peuple, plus le Souverain doit en avoir à son tour pour contenir le Gouvernement. Je ne parle pas ici d'une force absolue, mais de la force rélative des diverses parties de l'Etat,

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IL SUIT de ce double rapport que la proportion continue entre le Souverain le Prince & le peuple n'est point une idée arbitraire, mais une conféquence nécessaire de la nature du corps politique. Il suit encore que l'un des extrêmes, savoir le peuple comme sujet, érant fixe & représenté par l'unité, toutes les fois que la raison doublée augmente ou diminue, la raison simple augmente ou diminue semblablement, & que par conféquent le moyen terme est changé. Ce qui fait voir qu'il n'y a pas une constitution de Gouvernement unique & abfolue, mais qu'il peut y avoir autant de Gouvernemens différens en nature que d'Etats différens en grandeur,

SI,

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SI, TOURNANT ce sistême en ridicule, on disoit que pour trouver cette moyenne proportionnelle & former le corps du Gouvernement il ne faut, selon moi, que tirer la racine quarrée du nombre du peuple; je répondroit que je ne prends ici ce nombre que pour un exemple, que les rapports dont je parle ne se mesurent pas seulement par le nombre des hommes, mais en général par la quantité d'action, laquelle se combine par des multitudes de causes, qu'au reste si, pour m'exprimer en moins de paroles, j'emprunte un moment des termes de géométrie, je n'ignore pas, cependant, que la précision géométrique n'a point lieu dans les quantités morales.

LE GOUVERNEMENT est en petit ce que le corps politique qui le referme est en grand. C'est une perfonne morale douée de certaines facultés, active comme le Sauverain, paffive comme l'Etat, & qu'on peut décomposer en d'autres rapports semblables, d'où nait par conféquent une nouvelle proportion, une autre encor e dans celle-ci selon l'ordre des tribunaux, jusqu'à ce qu'on arrive à un moyen terme indivisible, c'est-à-dire à un seul chef ou magi. strat suprême, qu'on peut se représenter au milieu de cette progreffion, comme l'unité en. tre la série des fractions & celle des nombres,

SANS nous embarrasser dans cette multipli

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