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Il répondit: Je n'y demande rien.
Une d'argent succède à la première :
Il la refuse. Enfin une de bois.
Voilà, dit-il, la mienne cette fois;
Je suis content si j'ai cette dernière.
Tu les auras, dit le dieu, toutes trois;
Ta bonne foi sera récompensée.
En ce cas-là je les prendrai, dit-il.
L'histoire en est aussitôt dispersée :
Et boquillons de perdre leur outil,
Et de crier pour se le faire rendre.
Le roi des dieux ne sait auquel entendre.
Son fils Mercure aux criards vient encor :
A chacun d'eux il en montre une d'or.
Chacun eut cru passer pour une bête
De ne pas dire aussitôt : La voilà!
Mercure, au lieu de donner celle-là,
Leur en décharge un grand coup sur la tête.

'Ne point mentir, être content du sien,
C'est le plus sûr: cependant on s'occupe
A dire faux pour attraper du bien.
Que sert cela! Jupiter n'est pas dupe.

GRECS. ES.-Cor., 44; II 44; Prov. grec:

Οὐκ αἰει ποταμὸς ἀξίνας φέρει.

LATINS. Faern., 95; Brus., 1. 2, p. 133; J. Posth., 44.
FRANÇAIS. Jul. Mach.-Rem., 13; Rab., prol. du liv. Iv; Guill. Haud.,

240; Bens., 91; Le Noble, 56.

ITALIENS. Ces. Pav., 96; Verdizz., 91.

ESPAGNOLS. Ysopo-Rem., 13.

ALLEMANDS. H. Steinh.-Rem., 13.

HOLLANDAIS. Esopus.-Rem., 13.

FABLE II. — (84.)

Le Pot de terre et le Pot de fer.

Le pot de fer proposa

Au

pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il feroit que sage
De garder le coin du feu ;
Car il lui falloit si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris seroit cause:
Il n'en reviendroit morceau.
Pour vous, dit-il, dont la

peau Est plus dure que la mienne,

Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le pot de fer;
Si quelque matière dure
Vous menace, d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.

Mes gens s'en vont à trois pieds
Clopin clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés

Au moindre hoquet qu'ils treuvent.

Le pot de terre en souffre: il n'eut pas fait cent pas,
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avecque nos égaux;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces pots.

GRECS. Æs.-Nev., 295.

LATINS. Av., 11; Faern., 72; Alciat., embl. 165.

FRANÇAIS. Jul. Mach.-Av., 9; Guill. Haud., 189; Eutrap., c. 2;

Bruscamb., p. 140; Bens., 102; Le Noble, 39.

ITALIENS. Ces. Pav., 4; Verdizz., 15.

ESPAGNOLS. Ysopo-Av., 9.

ALLEMANDS. Minn.-Zing, 77; H. Steinh.-Av., 9.
HOLLANDAIS. Esopus-Av., 9.

FABLE III.—(85.)

Le petit Poisson et le Pécheur.

Petit poisson deviendra grand,
Pourvu que Dieu lui prête vie.
Mais le lâcher en attendant,

Je tiens, pour moi, que c'est folie:
Car de le rattraper il n'est pas trop certain.

Un carpeau, qui n'étoit encore que fretin,
Fut pris par un pêcheur au bord d'une rivière.
Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin;
Voilà commencement de chère et de festin :

Mettons-le en notre gibecière.

Le pauvre carpillon lui dit en sa manière :
Que ferez-vous de moi? je ne saurois fournir
Au plus qu'une demi-bouchée.
Laissez-moi carpe devenir :

Je serai par vous repêchée,
Quelque gros partisan m'achetera bien cher.
Au lieu qu'il vous en faut chercher

Peut-être encor cent de ma taille

Pour faire un plat: quel plat! croyez-moi, rien qui vaille.
Rien qui vaille! eh bien ! soit; repartit le pêcheur :
Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur,
Vous irez dans la poêle; et, vous avez beau dire,
Dès ce soir on vous fera frire.

Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux Tu l'auras. l'autre ne l'est pas.

L'un est sûr,

GRECS. ES.-Cor., 124; II 124.

LATINS. Av., 20; Nic. Perg., 46; J. Posth., 107; P. Cand., 37. FRANÇAIS. Ysop.-Av., 12; Jul. Mach.-Av., 16; Guill. Tard., 20; Guill. Haud., 20; G. Corr., 70; Bens., 111; Le Noble, 68. ITALIENS. Guicc., p. 73.

ESPAGNOLS. Ysopo-Av., 16.

ALLEMANDS. H. Steinh.-Av., 16.

HOLLANDAIS. Esopus-Av., 16.

YSOPET-AVIONNET.

FAB. XII.

Du Pechieur poisson prenant.

Ci dit le compte que un vilain

Qui bien savoit pechier a l'ain, '

Avoit un petit poisson pris

Qui n'estoit mie de grant pris.

Li poissons, pour Dieu, li prie

Que celle fois ne le tue mie;

Car s'il le tue ou l'occit,

Il y aura pou de pourfit;

Mais, pour Dieu, le laist encor vivre

Par tel convient, s'il est delivre,

I croitra et amendera,

Et puis que amendé sera,

A sa lingue arrier retournra,

Si que reprendre alors pourra;
Et jà n'i faudra vraiement :
Si en aura trop plus d'argent

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