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Qui est jà plains de bénéfices

Est encor si fos et si nices

Qui ne veult mengier sus sa table
Et ne faire bien agreable,

De son pain ne veult faire souppe.
Au povre que meschief assouppe
Quant le crucefix a gaingnié,
Mest durement fut mehaingnié, 2
Et se bailla pour racheter,

Nos de servitute geter.

Des cielx le pere debonnaire,

Dieu que d'amour tant post à traire,

Bailla son filz, par tanreté,

Afin que fusiens racheté.

10

Ysangrins, nom du loup dans le romau du Renart.

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paître. 3 Viande, tout ce qui sert à entretenir la vie.

2 Péu, nourri, de

. 4 Od, avec.

5 Viaux, veux. 6 Gaignon, ou gagnon, ou gagneon, chien. — 7 Amphibolie, peut-être amphibologie. - Les six vers suivans me semblent inintelligibles.-9 Mehaingnié, estropié, mutilé.

10 Tanreté ou tenreté tendresse.

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Pour son ventre engressier.

Il n'est mie assez sage,

Qui se tient son aage

En las, pour son mengier.

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2

Soy, soif.

6

-3 Forment, fortement, courageusement.

5 Antan, l'année passée, ante annum. — 6 Las, chaînes,

FABLE VI.

La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion.

La génisse, la chèvre, et leur sœur la brebis,
Avec un fier lion, seigneur du voisinage,
Firent société, dit-on, au temps jadis,

Et mirent en commun le gain et le dommage.
Dans les lacs de la chèvre un cerf se trouva pris.
Vers ses associés aussitôt elle envoie.

Eux venus, le lion par ses ongles compta,
Et dit: Nous sommes quatre à partager la proie.
Puis en autant de parts le cerf il dépeça;
Prit pour lui la première en qualité de sire.
Elle doit être à moi, dit-il; et la raison,
C'est que je m'appelle lion:

A cela l'on n'a rien à dire.

La seconde, par droit, me doit échoir encor :
Ce droit, vous le savez, c'est le droit du plus fort.
Comme le plus vaillant, je prétends la troisième.
Si quelqu'une de vous touche à la quatrième,
Je l'étranglerai tout d'abord.

GRECS. Es.-Cor., 38, II 38; Babr. ex Suid., t. 2, p. 451; Babr.Nev., 9; Gabr., 5.

LATINS. Phædr., 5; Rom. Nil., 6; Fab. ant., Nil., 9; Galfr., 6; Dial. Creat., 20; R. Mess., fol. 105, col. 1; Abst., 186; Faern, 83; Brus., 1. 4, p. 268 ; Hartm. Sch., 1. 3, c. 13.

FRANÇAIS. Rom. du Renart (Manuscr. de la Bibl. de Monsieur, 195, fol. 68, R.); la Comp. Regnart (Manuscr. de la Bib. R., no 7218,

fol. 253, V.); Mar. de France, 11 et 12; Ysop.1, 6; Ysop. II, 9; Vinc. de Beauv., 4; Mer des Hist., 4; Guill. Haud., 116, 173; G. Corr.; 5, 64; P. Despr., 27, 96; Le Nob., 12.

ITALIENS. Acc.-Zucch., 7; Tupp., 6; Guicc., p. 209; Ces. Pav., 13; Verdizz., 58.

ESPAGNOLS. Ysopo, 6.

ALLEMANDS. Minn.-Zing., 9; H. Steinh., 6.

HOLLANDAIS. Esopus, 6.

LA COMPAGNIE RENART.

Le lyons qu'on appele noble
Estoit jadis en un vignoble,

Au chief d'un bois, en une plaigne:
Avoec lui ert en sa compaingne

Renars et ysengrins li leus.

Tos trois erent moult famillieux. 3
Nobles li lyons baailla;

Et Renart moult s'en merveilla,

De sa destre poe le saine,
Quant il en voit issir l'aleine:

Sire, dist renart qui le flate,
Vous avez moult la pance plate:
Vous n'avez hui guieres mangié;
Et, dist li lyons, non ai gié;
Mes moult volontiers mangeroie
Se pèussons encontrer proie:
Quar faisons une compaignie
Or endroit ci, par foi plenie. 4
Sire, dist renart, je l'ottroi.
Chascuns a plenie sa foi
Que par leauté partiront
Itel gaing comme il feront.
Tuit trois l'ont pleni et juré.

2

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