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dienne, mais, en outre, des lignes horaires. On proposa de couvrir la grande salle, d'une plate-forme très-solide, et d'élever sur cette plate-forme, un pavillon carré et isolé, pour servir à l'usage proposé par Cassini. On décida que la tour septentrionale serait, non octogone, comme on l'avait d'abord projeté, mais carrée, pour présenter une face plus grande au nord. Cassini proposa de terminer, en haut, cette tour septentrionale par une salle pourvue de deux fenêtres : l'une orientale, l'autre occidentale, et une porte méridionale. Le toit de cette salle devait être percé d'une ouverture ronde, couverte d'une plaque de cuivre, servant à l'ouvrir ou à la fermer à volonté, ce qui permettait de se mettre à l'abri du vent, lorsqu'on voulait faire des observations au zénith. Cette salle prit, plus tard, le nom de petit observatoire.

La tour orientale fut laissée entièrement découverte. Dans sa façade septentrionale, on pratiqua une longue fente, le long de laquelle on plaça, à diverses hauteurs, de grandes lunettes. Ce fut au moyen de ces lunettes, que le plus petit satellite de Saturne fut découvert. On couvrit la grande salle méridienne d'une voûte un peu plus élevée que celle de la tour occidentale, et au-dessus de celle-ci, on laissa un espace, creux, propre à recevoir un grand hémisphère concave, qui devait servir à observer le cours journalier du soleil, au moyen de l'ombre d'une boule élevée au centre.

Toutes les voûtes de l'Observatoire furent percées, dans le même axe, d'un trou circulaire. Ce trou répondait à un puits contenant un escalier spiral, qui descendait jusqu'au fond des caves de l'édifice, dont les fondements ont une profondeur égale à son élévation au-dessus du sol. On pouvait, du rez-dechaussée, apercevoir le ciel, à travers les voûtes percées de part en part. Ce puits était comme un grand instrument au moyen duquel on pouvait observer les étoiles fixes aux environs du zénit. Il servait aussi à mesurer les temps de la chute des corps, qu'on laissait tomber des divers étages. Dans ces caves, on établit de grands thermomètres à eau, dont on observait les variations, à divers moments de chaque jour.

Les thermomètres établis dans les caves de l'Observatoire ont servi à prouver qu'à cette profondeur, la température n'éprouve pas de variation sensible, depuis les plus grandes cha

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leurs de l'été jusqu'au froid des plus rigoureux hivers, sorte, dit Cassini, que l'air de ces caves peut passer pour tempéré et servir à régler les thermomètres. »

Aujourd'hui, malheureusement, ce puits a été fermé au rezde-chaussé, et entouré d'une balustrade : les ouvertures des voûtes ont été bouchées. Le puits de Cassini troublait l'élégance de la grande galerie de l'Observatoire; il a disparu pour ce motif.

« La porte méridionale, dit Casssini, donne sur une grande terrasse, où l'on plante des mâts qui servent à élever de longues lunettes. On y a depuis transporté une tour en bois qui était autrefois à Marly, où elle servait à élever les eaux de la Seine (I). >>

La vaste terrasse où l'on planta ces mâts, fut soutenue par une forte muraille, dont la partie occidentale (sur la ligne méridienne) fut seule élevée du temps de Cassini. On termina, pendant la première moitié du dix-huitième siècle, la partie de l'orient et du sud.

Cependant l'édifice de l'observatoire était mal conçu pour sa destination spéciale. C'est ce que nous apprend Cassini:

« Il paraît que l'architecte (Claude Perrault), qui avait présidé à l'ordonnance et à la distribution de l'observatoire, n'avait qu'une faible notion de la pratique des observations, et qu'il avait fort peu consulté les astronomes sur les commodités qu'il devait leur procurer. Il crut sans doute avoir tout fait pour l'astronomic en lui bâtissant un vaste édifice fort élevé, d'une belle masse et d'un style d'architecture sage, sévère, convenable au genre de la science; mais ce n'était rien de tout cela qu'il fallait. La hauteur et l'étendue de l'édifice n'étaient qu'un inconvénient d'autant plus considérable que, dans quelque endroit que l'on pût sc placer, la masse du bâtiment dérobait à la vue la plus grande partie du ciel. A moins de monter et de rester en plein air sur la plate-forme, on ne pouvait suivre le cours d'un astre élevé depuis son lever jusqu'à son coucher, et pour observer au levant ou au couchant, il fallait transporter un instrument d'un bout à l'autre du bâtiment; de plus, les voûtes massives, qui couvraient toutes les salles, ne permettaient de découvrir le méridien, depuis le zénith jusqu'à l'horizon, dans aucun endroit de l'observatoire; enfin, ce qui paraîtra fort singulier, on n'avait pas ménagé une seule place d'où l'on pût prendre des hauteurs correspondantes sans déranger considérablement l'instrument (2). »

L'observatoire demeura dans le même état jusqu'en 1730. A

(1) Mémoires de Cassini, in-1°, Paris, 1810, pag. 296. (2) Ibid., p. 184.

cette époque, l'état et les progrès de l'astronomie pratique, rendaient nécessaires des instruments plus exacts, et forçaient à les disposer d'une manière que le bâtiment ne comportait pas. On fut donc obligé de construire à l'extérieur de l'édifice, dans les jardins, un pavillon. A ce premier pavillon, plusieurs autres furent successivement ajoutés, et de là, par la suite, résulta un nouvel observatoire, plus commode que l'ancien.

En attendant que l'édifice construit par Claude Perrault påt être habité, Dominique Cassini loua une maison et un jardin dans la rue de la Ville-l'Évêque, qui se trouvait, à cette époque, hors de l'enceinte de Paris. Là il commença à reprendre ses études célestes. Il observa, pour la première fois, les taches du soleil, dont il envoya la description au roi. Il détermina la vitesse de leur mouvement apparent, et il déduisit, de là, une théorie, qui le mit à même d'annoncer que ces taches se retrouveraient aux mêmes endroits du disque solaire, après une révolution de 27 jours.

Cassini fut installé à l'observatoire de Paris, le 14 septembre 1671. Ce fut dans le courant de cette année qu'il commença la série de ses recherches sur Saturne. Avant de venir en France, il avait découvert la rotation de Jupiter, celle de Vénus et celle de Mars. A peine installé à l'observatoire, il découvrit les taches de Jupiter.

Le 6 février 1666, il découvrit pareillement, sur le disque de Mars, une grande tache mal, terminée, qui lui parut sujette aussi à des changements. Il trouva, au moyen de cette tache, que la durée de la rotation de Mars est de 24 heures 40'. Herschel, 115 ans après, aidé de ses fameux télescopes, trouva que Mars tourne sur son axe, en 24 heures 39' 22" 2/3.

Cassini observa aussi Vénus et ses taches. Mais, à cause de la grande variation des phases que nous présente cette planète, il est très-difficile de bien déterminer ses taches,

Huygens avait découvert, en 1655, un satellite de Saturne. Ce nouveau satellite, avec celui de la terre et les quatre compagnons de Jupiter, complétaient, suivant une opinion des anciens, le système solaire, qui ne devait avoir que six planètes et six satellites. Huygens, s'imaginant dès-lors qu'il ne pouvait exister aucun autre satellite de Saturne, s'occupa seulement de l'anneau de cette planète. Huygens avait découvert cet anneau,

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