Académie nationale dee vocences, MÉMOIRES DE L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES, ARTS & BELLES-LETTRES DE CAEN. CAFEN CHEZ A. HARDEL, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE FROIDE, 2. D'ALEXANDRE CHORON, PAR L.-E. GAUTIER (1). Il a existé un préjugé long-temps répandu en France et chez les étrangers, préjugé que les Normands partageaient eux-mêmes, c'était que la Normandie ne pouvait produire de grands musiciens. Le caractère froid, l'esprit calme et méthodique de ses habitants les rend, disait-on, peu propres à traduire, dans le langage de l'harmonie, les sensations et les sentiments qui agitent le cœur de l'homme. Leurs dispositions naturelles, s'accommodant mieux de la marche exacte et régulière des procédés scientifiques, les éloignent de la culture approfondie d'un art qui exige tant de variété dans les combinaisons, tant de vivacité dans l'exécution, et qui suppose, du côté de l'imagination, des ressources presque infinies. C'était là une de ces préventions mal fondées, que notre époque a vu démentir de la manière la plus éclatante et la plus glorieuse. En effet, sans parler de l'illustre auteur de la Muette de Portici, dont la famille n'appartient point à cette province, mais que (1) Cet éloge, inscrit sous le n°. 2, a obtenu le prix proposé par l'Académie au nom de M. Lair. |