Page images
PDF
EPUB

Notre Revue est sans contredit celle qui se publie à meilleur marché en Canada. Elle donne tous les mois 112 pages de matières à lire, à part de 16 pages d'annonces. Ces 112 pages sont à deux colonnes, ce qui donne à peu près un tiers de plus de matières à lire, formant ainsi réellement 140 pages tous les mois: ce qui est quatre fois autant que quelques Revues et plus que le double par mois de toute autre Revue publiée ici.

L'Editeur s'est attachée une collaboration choisie et la souscription aux Recueils, Journaux et Revues d'Europe s'élève déjà à la somme de $250; en sorte que L'ÉCHO DE LA FRANCE contiendra les morceaux les plus intéressans et les plus nouveaux des recueils périodiques étrangers, et suivra partout avec attention les intérêts de la civilisation et de la religion et les progrès des arts, de la science et des lettres.

Pour une somme très modique, ses lecteurs seront ainsi mis au courant des productions les plus choisies de la littérature européenne, reproduite sous une forme et à des conditions qui ne peuvent que convenir à tout le monde.

S'adresser franco à

LOUIS RICARD,

Editeur et Propriétaire,

Montréal, novembre, 1865.

No. 423 rue Craig.
Vis-a-vis le Champ de Mars.

N.B.-On conçoit que notre Revue étant consacrée exclusivement à la reproduction d'études étrangères, nous ne pouvons faire d'échange avec les journaux du pays dont, nous ne pourrions pas faire d'extraits. Mais nous enverrons L'ÉCHO pendant un an à tous les journaux qui publieront quatre fois notre prospectus et nos conditions, en nous envoyant les numéros qui les contiendront.

REMARQUE.

Nous envoyons ce No. Specimen à tous nos amis et aux amis de la littérature française. Ceux qui ne voudraient pas recevoir la Revue sont priés de nous renvoyer ce No. soit par la malle, ou en le remettant à notre Bureau. Dans tous les cas ils nous feront connaître leur nom. Ceux qui ne le renverront pas d'ici à quinze jours seront considérés comme abonnés, et nous les prions de nous envoyer de suite leur nom afin de ne pas éprouver de retard dans l'envoi de la Revue.

L'ÉCHO DE LA FRANCE.

HISTOIRE PHILOSOPHIQUE.

DU MOUVEMENT PHILOSOPHIQUE MODERNE

DANS SES RAPPORTS AVEC LE CATHOLICISME.

Nous sommes arrivés à une de ces époques décisives dans l'histoire de l'humanité, époque de crises, de violentes commotions, de longues perturbations, où la société, jetée par la Providence dans le creuset des révolutions morales, toujours si fécondes en résultats heureux ou malheureux, s'agite et se perd dans des efforts inouïs pour se reconstruire, s'établir sur des bases nouvelles. Au milieu de cet accablant labeur, de ce long et pénible enfantement, à travers le chaos d'idées opposées qui se font jour de toute part et se combattent, un fait semble dominer le mouvement; fait bien contesté, il y a une vingtaine d'années, inconstestable aujourd'hui: c'est que dans le monde des intelligences il s'opère un vaste revirement catholique; c'est

qu'une expérience de trois siècles d'indépendance absolue pour l'esprit humain, en donnant la mesure du savoir faire de la Raison laissée à ses seules forces, a demontré la nécessité pour l'homme de demander à la foi la seule base sur laquelle puisse reposer le double édifice intellectuel et social; c'est qu'on commence à être persuadé qu'il faut avant tout, aux recherches du savant, un principe toujours certain, un enseignement toujours sûr, qui soit son guide, une autorité, en un mot, qui le conduise; c'est qu'à la lueur des torches incendiaires qui ont éclairé son berceau, notre siècle a appris qu'il n'est pas bon à l'homme de chasser Dieu du sein de la société, pour ériger à sa place des idoles de sang ou de boue; c'est qu'enfin l'intel

[ocr errors]

ligence humaine, après avoir par couru une à une toutes les voies de l'erreur, a senti tout ce qu'avait de poignant le supplice du doute, et que lasse de marcher dans des chemins dicffiiles qui n'engendrent que mort, elle réclame aujourd'hui à grands cris la lumière, la vérité, qui est pour elle sa vie.

Aussi de tous côtés on est revenu aux principes immuables d'ordre et de justice; on a fait un appel aux croyances religieuses, et une réaction puissante s'est aussitôt opérée en faveur de nos vieilles et saintes doctrines.-La philosophie s'est adressée à une meilleure source pour obtenir la solution des grands problèmes que la raison n'avait pu trouver.-Les sciences, plus loyales et consciencieuses en devenant plus complètes, se sont empressées de déposer en faveur de la cosmogonic de Moïse, et de faire justice des systèmes irréligieux du dernier siècle.-L'histoire s'est dépouillé de ce caractère d'injuste et odieuse partialité qui la flétrissait depuis trois cents ans, alors qu'elle ne cessait pas de dénaturer les évènements et les idées, de dénigrer les institutions catholiques, pour la plus grande gloire du protestantisme: elle a fini par comprendre qu'on ne doit pas juger les choses du passé d'après les théories actuelles, et a cherché à se bien pénétrer de l'individualité de chaque époque.-Effrayée des conséquences que la force même des choses devait tirer des principes posés par l'école du 18 siècle,

l'économie politique elle-même. commence à entrevoir que les intérêts matériels ne doivent pas seuls préocuper les économistes, mais que les intérêts spirituels, les intérêts moraux, sont bien dignes aussi de fixer leur attention.-Le publiciste à son tour, au lieu d'attribuer encore à l'aveugle hasard les bouleversements profonds, les grandes catastrophes dont l'histoire politique de ces derniers temps est remplie, reconnait, au travers de ces effroyables déchirements des nations, la main de Dieu, qui bénit ou qui châtie, et qui n'efface que pour écrire, selon la belle pensée de Joseph de Maistre.-L'art aussi, ses jours de sensualisme païen une fois écoulés, a demandé de nouveau à la pensée chrétienne ses plus sublimes inspirations ;et la poésie, abandonnant l'abjecte voie qu'elle avait suivie au siècle passé, s'est colorée des éclatants reflets du spiritualisme.

Cepandant le Catholicisme est loin de dominer partout en vainqueur et sans aucun rival. Maintenant encore, comme à toutes les phases du dévelopement de l'humanité, deux principes sont en présence, deux éléments opposés se disputent le monde ; l'un, l'élément du bien, de la vérité, de l'ordre, l'élément catholique; l'autre, l'élément du mal, de l'erreur, de l'anarchie, que j'appellerai l'élément anti-catholique, toujours le même quant au fond, mais usurpant à chaque siècle une dénomination nouvelle. Il y a entre ces deux

principes lutte et guerre à mort; leurs camps sont toujours dressés l'un contre l'autre. Lequel des deux remportera, en définitive, la victoire sur le monde ? C'est le secret de Dieu, mais il entrouvre assez déjà le nuage dans lequel il nous dérobe l'avenir, pour nous donner l'assurance que le principe catholique, qui possède, sans aucun doute, le plus d'éléments de triomphe, qui offre le plus de chances de succès, sera aussi celui qui demeurera maître du champ de bataille et qui prédominera dans l'ère nouvelle dont nous voyons poindre l'aurore, à l'horizon de la société. Nous nous proposons d'examiner les conquêtes que le Catholicisme a déjà faites depuis un demi-siècle dans les sciences philosophiques: c'est donc la réaction religieuse de la philosophie que nous voulons étudier.

Mais, pour comprendre et apprécier sainement une réaction quelconque, il est avant tout indispensable de tenir compte des évènements qui l'ont précédée et des causes dont elle est sortie. Qui dit réaction dit résistance à une impulsion donnée, à un mouvement reçu. Pour comprendre cette résistance et pouvoir l'apprécier, il faut donc connaître l'état de choses qui lui était pré-existant, et contre lequel elle est une sorte de protestation énergique et violente. C'est ce que nous devons faire avant de rien dire sur le progrès religieux de la philosophie moderne. Afin e le mieux saisir, il importe d'en

marquer le point de départ et d'établir comme un parallèle entre l'époque actuelle et les temps antérieurs comparativement auxquels nous nous plaisons à reconnaître que notre siècle est en véritable voie de retour vers les idées chrétiennes.

Dans ce travail, nous avons concentré toute notre attention sur la

France, parce que, à raison de la haute mission d'initiative qui lui a toujours été confiée, la France devait jouer le plus grand rôle dans la marche des évènements qui remplissent l'histoire de ces derniers temps. Sans doute alors elle s'est montrée bien peu digne de sa mission providentielle; elle est devenue bien coupable. L'arme du prosélytisme, qui devait être entre ses mains un si puissant instrument de bien, elle l'a fait servir à la propagation de l'erreur et au triomphe de l'enfer. Mais ne la maudissons pas! Son chatiment a été assez terrible. Le chancre s'est dévoré lui-même, selon l'incisive expression du comte de Maistre. Et aujourd'hui, en expiation de ses forfaits passés, la France fait de nobles et généreux efforts pour ramener tous les hommes à la croyance du Christ, fils de Dieu. C'est elle, au dernier siècle, qui avait répandu sur le monde les ténèbres de l'incrédulité: n'est-il pas juste qu'elle essaie maintenant de l'éclairer du flambeau de sa foi?

Si nous examinons l'état de la société en Europe depuis trois siècles, un fait bien pénible vient

aussitôt frapper nos regards. Une secrète et mystérieuse agitation parcourt toutes les nations. Nous voyons partout régner un profond malaise. Il semblerait que l'humanité a été violemment jetée hors de sa route. Les peuples s'en vont répétant sans cesse les doux mots de liberté et d'égalité; mais ces mots paraissent être devenus pour eux vides de sens, et ils se consument à la poursuite de vains fantômes qui leur échapent toujours. Si nous cherchons l'explication d'un phénomène si extraordinaire au premier abord, nous n'avons pas de peine à la trouver dans la grande révolution religieuse du 16° siècle, laquelle bouleversa toute l'Europe et devait avoir pour résultat nécessaire, en mettant fin à la belle république catholique du moyen âge, d'introduire sur les ruines du passé qu'elle accablait de ses reproches un ordre de choses tout à fait nouveau. La Réforme, en proclamant la souveraineté de la raison individuelle, ruinait par sa base l'édifice entier du catholicisme. L'infaillibilité du communiant réformé remplace l'infaillibilité du pontife de Rome; et dès lors, délivrés de ce haut contrôle de la tiare, qui avait jusqu'au dernier quart d'heure si énergiquement protégé les droits des peuples contre l'ambition et l'injustice de leurs oppresseurs, les rois purent abuser impunément de leur pouvoir et employer au malheur de leurs sujets une autorité qu'ils ne devaient consacrer qu'à faire fleurir

au sein de leurs états le bonheur et la joie. La société n'avait done. rien gagné au change; mais elle y avait perdu avec la foi son repos et sa paix. Dès cet instant le doute et le scepticisme ne cessèrent de la harceler, et un fatal marasme s'appesantit sur elle, la menaçant d'une dissolution prochaine. Comme un corps épuisé par toutes les fatigues d'une longue maladie, et qui, impuissant à résister davantage à la violence du mal, tombe dans un état d'extrême langueur et conserve à peine le sentiment de sa propre existence, ainsi les nations, travaillées depuis le 16° siècle par un indéfinissable malaise, en proie à mille douleurs secrètes, et errant sans boussole sur une mer féconde en tempêtes, s'égarèrent au hasard et restèrent séparées de leur centre. La société avait perdu son Dieu, et dans son délire elle s'épuisa en vains efforts, en froides théories, en insoutenables systèmes, pour remplacer ce qu'elle avait abandonné.

Les mêmes causes produisirent partout les mêmes effets; mais les conséquences de la Réforme ne se manifestèrent pas au même moment dans tous les pays de l'Europe. Quoique profondément ébranlée par une si effroyable secousse, la France avait pu respirer encore quelque temps heureuse et tranquille a l'ombre de la foi. Cepandant le protestantisme avait déposé dans son sein tous ses germes rationalistes, et ils devaient porter leurs fruits. Aussi bientôt on entend

« PreviousContinue »