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Origine de

la coûtume, qu'on a encore, de faire bouillir ce jour-là toutes fortes de legumes, elle vient de ce que tous ceux, qui étoient revenus avec Thefée, firent cuire dans une grande marmite, tout ce qui leur reftoit de vivres, & firent enfemble un feftin. On a pris encore de la même fête la coûtume de porter l'Eirefione, Firetione. comme Thefée l'avoit portée avant fon départ pour Crete; c'eft une branche de l'olivier facré, toute environnée de bandelettes de laicomme la branche des Suppliants, dont nous avons parlé; mais elle a cela de plus, qu'elle eft garnie de toutes fortes de fruits; parce qu'alors on vit ceffer la fterilité,

Ja contume de porter

ne,

124

dont

dire de cette Fefte. Mais il eft bien difficile de déterminer fi Pyanepfion eftoit le quatriefme ou le cinquiefme mois des Atheniens, à caufe que Jofeph Scaliger fouftient que c'eftoit le quatriefme, & Mamacterion le cinquiefme; au contraire Gaza, & le docte Petau tiennent que Mæmacterion eftoit le quatriefme, & Pyanepfion le cinquiefme, & tant les uns que les autres fe fondent fur de bonnes authoritez. Je ferois un trop long difcours, fi je voulois decider icy cette queftion. C'eft pourquoy je renvoye le Lecteur à mon Traité des mois des Atheniens. Cependant nous ne nous mettrons point en danger de faillir retenant le mot Grec Pyanepfion, fans determiner fi c'eftoit Octobre ou Novembre. MEZ.

124. Comme ils avoient fait auparavant, offrant la fupplication apppellée Hiceteria.] Le Grec dit, eg TOTs TÙV ÎNETheiar ce qu'Amiot n'exprime pas fuffisamment, quand il traduit, comme nous avons dit par cy-devant. Plutarque veut dire que Irefione eftoit un rameau d'olive entortillé de laine, comme Hiceteria; mais il y avoit de plus des fruits attachez tout alentour. Plufieurs Autheurs font mention de ce rameau appellé Irefione, qui rapportent auffi les vers que l'on chantoit à cette occafion, dont on pourra voir les paffages dans Meurfius 1. s. des Feftes des Grecs. MEZ.

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125. Le Miel delicieux.] Dans le texte au lieu de at cy worúan, il vaut mieux lire, comme Paufanias dans Euftathe, xai pinit☞ xogúnar, Henri Eftienne l'a remar qué.

dont toute l'Attique avoit été affligée. Voila pourquoi on chante à cette ceremonie, Divine Branche, tu portes des figues & du froment; 125 le miel delicieux & l'huile falutaire décou lent de tes rameaux facrez, & 126 les vieilles trouvent en toi ce doux nectar, dont elles s'enyvrent, & qui les endort. 17 Quelques Auteurs prétendent pourtant que ces vers furent faits pour les Heraclides, lorsqu'ils étoient pour les nourris par les Atheniens; mais l'opinion la d'Hercule. plus générale, eft celle que je viens d'expli

quer.

128 Le vaiffeau, fur lequel Thesée fit ce

voya

126. Les vieilles trouvent en toi ce doux nectar, dont elles senyvrent & qui les endort.] Ce petit trait sent fort le genie de ce temps-là, & les Savans dans l'antiquité n'auront pas de peine à y reconnoître la vieille fatyre.

127. Quelques Auteurs prétendent pourtant que ces vers furent faits pour les Heraclides, lorfqu'ils étoient nourris par les Atheniens.] Les defcendans d'Hercule, ayant été chaffez du Peloponnefe & de toute la Grece, allerent, en état de Supliants, demander la protection des Atheniens, qui les reçurent. Euripide a traité ce fujet dans fa piece des Heraclides. Ces vers, que rapporte Plutarque, pouvoient donc fort bien leur convenir. On vouloit dire par là, que les branches de Suppliants, qu'ils portoient à la main, & dont ils eftoient couronnez, avoient été pour eux la fource de toute l'abondance, dont ils jouïffoient dans Athenes.

128. Le vaiffeau fur lequel Thefée alla.] Platon en fon Phædon fait mention de ce vaiffeau, & nous apprend que les Atheniens l'envoyoient tous les ans en l'Ile de Delos, à cause que Thefée avec les garçons & les filles, qu'il avoit menez en Candie, revint fain & fauf dans ce mefme vaiffeau, ayant fait vou à Apollon d'envoyer là tous les ans pour lui rendre graces de ce benefice. Ulpian fur l'Oraifon de Demofthenes contre Midias, dit que cette gale re s'appelloit Delienne ou Deliaque, & auffi Salaminienne. Et quant au premier nom, la caufe en eft évidente, à fçavoir le voyage qu'elle faifoit en Delos tous les ans :

defcendan

Galere de

Thefée confervée trèslong-tems.

129 que

voyage étoit une galere à trente rames, les Atheniens conferverent jusqu'au temps de Demetrius de Phalere, ayant un très-grand foin de mettre des planches neuves à la place de celles qui fe pourriffoient, ou qui vieilliffoient; 13 de maniére que les Philofophes, Sujets or difputant fur la qualité des chofes, qui s'augdifputes des mentent, pour favoir fi elles font toûjours les mêmes malgré leur accroiffement, ou fi elles font autres, ne manquoient pas de citer ce vaiffeau, comme un exemple de doute raisonnable, les uns foûtenant que c'étoit toûjours le même, les autres, au contraire, que c'étoit un autre vaiffeau. On prétend auffi, que tou

dinaires des

Philofophes.

tes

mais quant au fecond,encore que les Auteurs n'en difent rien, je crois que cette galere s'appelloit Salaminienne, à caufe que Thefee prit ce vaiffeau en l'Ile de Salamine, auffi bien que le Pilote qui le gouvernoit, comme Plutarque a touché cy devant. Suidas diftingue quelquefois le vaiffeau nommé Paralus, d'avec le Salaminien, tantoft il les confond mal à propos; car il faut pluftoft croire Ulpian qui les diftingue manifeftement. ME z.

129. Que les Atheniens conferverent jusqu'au temps de Demetrius de Phalere.] C'eft-à-dire près de mille ans, car Demetrius de Phalere étoit du temps de Ptolemée Philadelphe, qui le fit mettre en prifon, où il mourut de la morfure d'un afpic. Or fous le regne de Philadelphe, les Atheniens envoyoient encore à Delos ce vaiffeau de The fée, comme cela paroît par un paffage de Callimaque qui vivoit à la Cour de ce Prince; les paroles de ce Poëte font remarquables, c'eft dans fon hymne à Delos Depuis ce temps-là les Atheniens envoyent à Delos ce vaiffean confacré à Apollon, & qui eft immortel. Au refte Deme trius de Phalere eftoit un grand perfonnage, qui gouver ma Athenes pendant dix ans, & qui eut dans fa ville trois cens foixante ftatues élevées à fon honneur. Il fut difciple de Theophrafte.

13a De maniere que les Philofophes difputant fur la qualité des choses qui s'augmentent.] Je croi qu'il y a une fau

Rufe de

tes les ceremonies de cette fête des rameaux furent inftituées par Thefée; 131 car on dit qu'il ne mena pas avec lui en Crete toutes les filles fur qui le fort étoit tombé; mais qu'il choifit deux jeunes hommes, qui avoient le visage beau & délicat comme de jeunes filles, Thefte. & qui étoient avec cela pleins de courage, & hommes de main; il les fit baigner, les tint long-temps à l'ombre, les fit frotter d'huiles qui adouciffent la peau & rendent le teint frais, eut grand foin de leurs cheveux, leur enfeigna à imiter la voix, le gefte & la démarche des filles, & leur en donna les ornemens & les habits; enfin il les changea de maniere qu'on

ne

te au texte, & qu'au lieu de eis + avžóusvor nógov, il faut Hire εἰς τῶν αὐξομλύων λόγον.

131. Car on dit qu'il ne mena pas toutes les filles &c.] Le Grec dit, & γδὲ ἁπάσας αὐτὸν ἐξαπαγεῖν τὰς λαχούσας TÓTE wapdéves. Amior traduit, en dit davantage qu'il ne mena pas, liant fort mal cette periode avec la precedente, & s'efloignant du texte Grec, où fe trouve la particule caufative qu'il ne devoit pas changer en davantage. Car Plutarque veut rendre raifon de ce qu'il avoit dit que la Fefte des Rameaux, appellée Ofchophoria, avoit efte inf tituée par Thefée ; & fon argument eft, qu'en la proceffion, qu'on y menoit, il y avoit deux jeunes hommes labillez en filles, pour reprefenter ceux que Thefée mena en Candie ainfi déguisez. Au refte, cette Fefte s'appelloir Ofchophoria, parce que Ofche proprement fignifie une branche de vigne chargée de fes raifins meurs & ceux qui affiftoient à la proceffion, portoient de femblables branches, comme on peut voir dans Athenée 1. 11. & dans Proclus, en fa Chreftomathie, qui fait auffi mention de ces deux garçons nourris à l'ombre, & habillez en filles, dont Plutarque parle. Il adjoufte encore que la Fefte eftoit à Phonneur de Bacchus & de Minerve, & que la proceffion alloit depuis le Temple de Bacchus jufques à celui de Mi nerve Scirade. Mais qui voudra voir prefque tout ce qui fe peut dire de cette fefte, pourra lire Meurfius 1. 3. des Fetes des Grecs. MEZ

de Thefée.

ne les auroit jamais pris pour des garçons; 13* Il les mêla parmi les autres filles, fans que perfonne s'en apperçût; & à fon retour 133 il Proceffion fit une proceffion où ces jeunes garçons étoient coiffez & ajuftez en filles, comme le font aujourd'hui ceux qui portent les rameaux le jour de cette fête. Au reste cette ceremonie fe fait en l'honneur de Bacchus & d'Ariadne, à cause de la fable de leurs amours, ou plûtôt parce qu'ils arriverent pendant l'automne après la recolte des fruits. 134 On affocie à cette fête & au facrifice certaines femmes, qu'on appelle Deipnophores, parce qu'elles portent à dîner. Elles repréfentent les meres des jeunes enfans, qui avoient été choifis

par

132. Il les mêla parmi les autres filles.] C'eft-à-dire,qu'au Tieu de fept filles, il n'en mena que cinq, les deux jeunes garçons aiant pris la place des deux autres filles. Deux jeunes hommes pleins de fidelité & de courage & deguifez en filles, pouvoient rendre de grands fervices en cette occafion.

133. Il fit une proceffion, à laquelle il affifta avec ces jeunes garçons ainfi habillez.] C'est le vray fens de ces paroles, αυτόν τε πομπεῦσας, καὶ τὰς νεανίσκες ὅτως άμπεχο

fus. Quoy qu'Amiot traduife, il fit une proceffion, en ·laquelle luy & les autres jeunes garçons s'habillerent ainft. Mais il ne faut pas croire que Thefée s'habillaft en fille ni qu'il y en euft d'autres ainsi habillez, finon les deux feulement dont Plutarque a parlé cy-devant. MEZ.

:

134. On affocie à cette fête certaines femmes.] Voici tout ce qui fe pratiquoit à cette fête On choififfoit un certain nombre de jeunes garçons des plus nobles familles de chaque Tribu, qui avoient tous leur pere & leur mere vivants. Ils portoient à la main des branches de vigne avec leurs raifins, & couroient depuis le Temple de Bacchus jufques au Temple de Minerve Scirade, qui étoit au port de Phalere. Celui qui arrivoit le premier beuvoit une coupe de vin où l'on avoit mêlé du miel, du fromage, de la farine & de l'huile. Ils étoient fuivis d'un Choeur conduit par deux jeunes hommes habillez en fem

mes >

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