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Nouvelles Annales des voyages (janvier).

Les différents projets de communication entre les deux océans, à travers le Grand-Ishme de l'Amérique centrale, avec une carte, par M. V.-A. Malte-Brun. - Projet d'un canal maritime sans écluses entre l'océan Atlantique et l'océan Pacifique par la vole des rivières Atrato et Truando. Répertoire de cartes publié par l'Institut royal des ingénieurs néerlandais, livraisons 4 à 6 Empire français, par V. A. Malte-Brun. -Recherches scientifiques sur l'ile de Chypre (partie agricole). Prochain voyage autour du monde du docteur Scherzer. Projet d'une triple exploration à la recherche de sir John Franklin, par le lieutenant Pim.- Sur l'expédition aux sources du Nil de M. le comte d'Escayrac de Lauture. Bulletin archéologique français, publié par les soins d'Adrien de Longpérier et de J. de Witte. Paris, Franck, 15 francs. N° 7 (juillet 1856). Aug. Mariette. Fragment de sarcophage

Bibliothèque elzévirienne de P. JANNET,

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(un volume par semaine): RECUEIL de poésies françaises des xv et XVIe siècles, morales, facétieuses, historiques, réunies et annotées par M. A. DE MONTAIGLON. Tome VI. Chaque volumne. 5 fr. POÉSIES de Bonaventure des Periers, suivies du Cymbalum mundi, revues sur les éditions originales et annotées par M. LOUIS LACOUR. 1 vol. 5 fr. EUVRES complètes de Ronsard, avec variantes et notes, par M. PROSPER BLANCHEMAIN. Tome I. 5 fr.

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- Léon

égyptien conservé au musée de Berlín.--Noël des Vergers. La nécropole d'Ardée. Edmond le Blant. Date syro-macédonienne dans une inscription chrétienne de la Gaule. Renier. Découverte de l'emplacement de la ville de Choba. Dr A. Judas. Inscription punique de Ghelma. A. de Longpérier. Buste d'une prêtresse athénienne.

N° 8 (août 1856). M. W. H, Waddington. Décret des habitants de Xanthe sous le règne de Ptolémée Philadelphe.- Aug. Mariette. Renseignements sur les Apis trouvés dans les souterrains de Sérapéum de Memphis.- A. de Longpérier. Tombeaux antiques de Sidon.

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NOTA. Le Bulletin formera tous les ans un volume d'environ 600 pages in-8 sur papier vergé.

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Pour tout ce qui regarde la rédaction et l'administration, s'adresser à M. LUDOVIC LALANNE, directeur-gérant.

SOMMAIRE.

Une lettre inédite de Mme de Sévigné, par M. ÉD. DE BARTHÉLEMY, 97.- Des origines de Gil-Blas, par M. LUD. LALANNE, 98. — Charlet artiste et écrivain, par M. CH. DE GRANDMAISON, 101.- La littérature juive au moyen âge, par M. MICHEL NICOLAS, 103. Portrait de Leibnitz par lui-même, 105. - Note sur une pensée de la Bruyère, par M. E. HAVET, 106. Sur l'étymologie du mot Sauvage, lettre de M. F. GUESSARD, 108. Sur Abélard, lettre de M. HAURÉAU, 109.— Sur un bijou d'Alfred le Grand, lettre de M. BAECKER, 110. - Nouvelles littéraires de la Grande-Bretagne, par M. MASSON, 111.- Faits divers, 112. Bulletin des ventes, 113. Bulletin bibliographique.

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La terre et l'homme, par M. A. MAURY, 113.- Histoire de l'Académie française, par M. P. MESNARD, 114.- Essai historique sur l'abbaye de Saint-Bernard et la ville de Romans, par M. GIRAUD, 115. Les Guides Joanne, 115. · La France illustrée, par M. V. A. MALTE-BRUN, 116. Quand est né Charlemagne? par M. POLAIN, 116. La Fortune des campagnes, par M. Roux, 116. Publications nouvelles. - Livres français et allemands, 117. Journaux français, 118.- Périodiques français, 118.

LETTRE INÉDITE DE MNE DE SÉVIGNÉ.

Monsieur le directeur,

Le bon accueil que les lecteurs de la Correspondance littéraire ont fait aux lettres inédites du duc de Saint-Simon, publiées dans votre dernier numéro, m'engage à vous envoyer une lettre de Me de Sévigné que j'ai eu le bonheur de trouver en examinant des papiers de famille, où j'espère bien en rencontrer d'autres. Je ne vous dirai point qu'elle est d'un très-grand intérêt littéraire ou historique, mais elle est inédite, et à ce titre pourra être lue sans trop d'indifférence par les admirateurs de l'illustre écrivain.

1857.

M. de Moulceau, auquel la lettre est adressée, était un des bons amis de M" de Sévigné qui lui a écrit quelquefois en solliciteuse. Attaché au prince de Conti, il acheta, vers 1681, une charge de président à la chambre des comptes à Montpellier (1). La lettre, qui n'est pas datée, est donc postérieure à cette époque. L'archevêque d'Arles, dont il est question, est François Adhémar de Monteil de Grignan. Agréez, etc.

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Edouard de BARTHÉLEMY.

Mme de Sévigné à M. le président de Moulceau. "A Paris, 22 décembre. Croiriez-vous bien, Monsieur, que Mgr l'archevêque d'Arles, tel que vous le connoissez, par tant de choses qui le rendent si distingué et si digne d'être honoré et révéré de tous ceux qui le connoissent, m'ordonne de vous écrire pour vous recommander ses intérêts dans une affaire dont vous estes le juge. En vérité, Monsieur, je ne sçais comme je me dois prendre à vous faire cette sollicitation, sçachant très-bien que rien ne se peut ajouter aux sentiments de respect et de vénération que vous avez pour lui, et que vous êtes disposé autant qu'on le peut être à lui rendre une bonne et favorable justice, je ne vois donc pas que j'aye autre chose à faire ici qu'à vous remercier par avance de la joye que vous aurez de le servir, et (2).

(1) Voy. la lettre à lui adressée par Mme de Sévigné, le 26 novembre 1681.

(2) Les lignes qui suivent et qui font partie de la même lettre, ont été tirées d'un manuscrit qui appartenait à M. de Marsac. L'ami dont il est question est évidemment Corbinelli, qui se trouvait alors à Montpellier, et dont il est parlé d'une manière fort mystérieuse et à mots couverts dans une lettre de Mme de Sévigné au même président de Moulceau, en date du 17 avril 1682.

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Je vais lui écrire sans lui parler d'autre chose, nous verrons si c'est tout de bon que le crime de l'absence soit irrémissible auprès de lui. Je ne le crois pas en me souvenant du goût que je lui ai vu pour vous. Je serois quasi dans le même cas à son égard si j'étois encore long-temps ici, mais il nous fera voir comme vous, Monsieur, que le fonds de l'estime et de l'amitié se conserve et n'est point incompatible avec le silence, et c'est cette seule vérité qui peut me consoler du vôtre.

» La marquise de SÉVIGNÉ. »

DES ORIGINES DE GIL-BLAS.

Voltaire, qui avait eu fort à se plaindre de le Sage, lui a consacré, dans le Siècle de Louis XIV, les trois lignes que voici : « Son roman de Gil-Blas est demeuré, parce qu'il y a du naturel. Il est entièrement pris du roman espagnol intitulé La vidad de lo escudiero dom Marcos

d'Obrego."-Plus tard, questionné à ce propos par François de Neufchâteau, il lui répondit tenir le fait du géographe Bruzen de la Martinière, qui connaissait très-bien la littérature espagnole. Et, en effet, le Nouveau portefeuille, ouvrage posthume de Bruzen, contient la phrase suivante, qui est loin toutefois d'être aussi catégorique que celle de Voltaire. « C'est la manière de le Sage d'embellir extrêmement tout ce qu'il emprunte aux Espagnols. Il en a usé ainsi envers Gil-Blas, dont il a fait un chef-d'œuvre inimitable. "

L'assertion si injuste de Voltaire ne paraissait pas avoir beaucoup ému les admirateurs de l'auteur de Turcaret, quand, à la fin du dernier siècle, un jésuite espagnol, le Père Isla, auteur d'un roman assez piquant, Fray Gerundio (1) (Frère Gérondif), émit l'opinion que Gil-Blas n'était qu'une traduction à peine modifiée, non pas du roman cité par Voltaire, mais d'un manuscrit espagnol inédit et inconnu. Ce manuscrit, le Sage l'aurait acquis lors d'un voyage en Espagne, voyage qu'il n'a jamais fait. Aussi, pour rendre à sa patrie un bien qu'on lui avait si indignement dérobé, le bon Père donna du roman français une traduction espagnole, dont la première édition parut à Valence en

(1) Historia del famoso predicador fray Gerundio de Campazas, Madrid, 1758, trad. en français par Cardini, Lyon, 1822.

1788 (1). Son succès fut prodigieux au delà des Pyrénées, et le système du jésuite y fut adopté avec enthousiasme. En France, je crois qu'on n'y fit pas grande attention jusqu'au moment où le comte François de Neufchâteau publia en 1819, en tête d'une édition de Gil-Blas, un Discours préliminaire, contenant une réfutation péremptoire des prétentions du Père Isla, qui reposaient uniquement sur des hypothèses inadmissibles.

Le gant fut relevé par un savant espagnol qui habitait alors Paris, M. Llorente, bien connu par son Histoire critique de l'Inquisition. Après avoir saisi de la question l'Académie française, à laquelle, le 20 mai 1820, il fit présenter son travail, auquel F. de Neufchâteau répondit en 1822, il publia la même année un volume intitulé: «Observations critiques sur le roman de Gil-Blas de Santillane. On y fait voir que le roman de Gil-Blas n'est pas un ouvrage original, mais un démembrement des Aventures du Bachelier de Salamanque, mapouilla des parties les plus précieuses. nuscrit espagnol alors inédit, que M. le Sage déParis, impr. de Moreau. 310 p. in-8.

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Cet écrit que l'on eut raison de laisser sans réplique, termina la querelle, et je dois dire que sur bien des points les deux adversaires s'étaient montrés de la même force, ou, si l'on aime mieux, de la même faiblesse.

La question vient d'être examinée de nouveau dans une intéressante brochure publiée en Allemagne, il y a quelques semaines, par un professeur de l'université de Berlin, M. C. F. Franceson, sous le titre de Essai sur la question de l'originalité de Gil-Blas ou Nouvelles observations critiques sur ce roman (2). — L'auteur commence par dire quelques mots du Père Isla, puis il analyse curieusement le long et ennuyeux factum de Llorente, et n'a pas grand'peine à en faire justice; cette réfutation ne sera pas inutile en Allemagne et en Angleterre, où de temps en temps on met encore en avant le prétendu plagiat de le Sage (3). Chez nous la cause est jugée depuis longtemps, et l'on va voir si l'opinion publique s'est trompée.

(1) Elle est intitulée : Aventuras de Gil-Blas de Santillana robadas a España, y adoptadas en Francia por le Sage. 4 vol. in-4.

(2) A Leipzig, chez F. Fleischer; à Paris, chez Klincksieck, 110 p. in-8.

(3) Voy. la note de M. Franceson, p. 16.

Llorente, comprenant qu'il était impossible de soutenir l'hypothèse émise par le Père Isla sur le voyage de le Sage à Madrid, en a imaginé une autre. D'après lui, le marquis de Lionne, envoyé en mission en Espagne vers 1660, aurait acheté des livres et des manuscrits au nombre desquels se serait trouvé le précieux manuscrit, que le fils du marquis, l'abbé de Lionne, aurait plus tard légué en mourant à son ami le Sage. Voilà une belle petite fable, comme aurait dit Bayle. Mais à M. Llorente pas plus qu'au jésuite, il ne faut demander la moindre preuve à l'appui de ses assertions. Toutefois il ne s'est pas arrêté en si beau chemin, et pour retrouver à chaque page de Gil Blas les traces évidentes d'une traduction, il s'est livré sur notre roman à une étude historique, philologique, géographique, etc., des plus approfondies. Je signalerai entre autres le chapitre où il a dressé une chronologie | biographique du héros de le Sage. Il nous apprend que Gil-Blas est né en 1588, que le 18 octobre 1603 il a commencé son cours de logique, qu'au mois de septembre 1606 il s'échappa de la caverne de voleurs, qu'au commencement de mai 1610, il retourna à Madrid, etc. (1). Ce n'est pas tout. Comme il trouve une grande ressemblance entre quarante et un passages de GilBlas et quarante et un passages du Bachelier de Salamanque, il en a conclu, dans un autre chapitre, que le manuscrit de ce dernier roman a fourni à le Sage le fonds même du premier ouvrage, conclusion qui, soit dit en passant, est quelque peu en contradiction avec l'histoire du prétendu manuscrit de l'abbé de Lionne. Voici un échantillon de ces ressemblances : « Le parent du Bachelier lui conseille de chercher une place de précepteur. L'oncle de Gil-Blas lui donne le même conseil. — Le Bachelier reçoit du curé de Leganés le conseil de ne pas suivre la carrière de précepteur. La même chose est conseillée à Gil-Blas par Fabrice de Nunez, etc., etc." Cette terrible argumentation aurait dû suffire à Llorente, mais il a accumulé dans les chapitres suivants des preuves bien autrement décisives. Sa discussion peut se résumer en deux mots : L'Espagne est un pays dont la topographie, la langue, la littérature, la religion, les mœurs et les usages

(1) Voy. ses Observations, p. 28 à 47.

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sont restés inconnus du monde entier jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Jamais un indigène, jamais un livre n'en est sorti jamais un étranger n'y a pénétré. Donc, si le Sage en a parlé sans commettre trop de bévues, ce phénomène ne peut s'expliquer que par le plagiat effronté d'un manuscrit qui, par malheur, reste encore à découvrir.-Je n'exagère rien : écoutez plutôt.

Le Sage ayant semé à pleines mains dans son roman les mots espagnols les plus extraordinaires, comme señora, corregidor, alguazil, hidalgo, olla podrida, ces mots étranges, qu'on ne saurait trouver dans aucun dictionnaire, n'ont pu lui être fournis que par un manuscrit; car sans cela comment oserait-on dire qu'il ne les eût pas traduits en français ? S'il lui est arrivé d'en estropier quelques-uns, raison de plus. Si la plupart de ses descriptions sont merveilleusement exactes, le plagiat est évident; et il ne l'est pas moins quand le romancier commet l'erreur inconcevable de confondre l'église de Sainte-Croix, à Madrid, avec l'église de Saint-Sébastien, etc.,

etc.

Le chapitre le plus curieux est celui que Llorente a intitulé: Mots et phrases françaises qui supposent l'existence d'un manuscrit espagnol (1). Je l'ai sous les yeux, et il me paraît avoir été assez timidement critiqué par M. Franceson, que l'audace inouïe de l'auteur a sans doute un peu effrayé.

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Le Sage passe généralement chez nous pour avoir écrit sa langue avec quelque pureté et quelque délicatesse. Telle n'est pas l'opinion de Llorente. Il admire, il est vrai, Turcaret, mais dans « la prose » de Gil-Blas, il trouve que « la tournure des mots et des phrases est fréquemment en opposition avec les règles de la syntaxe française. expressions seigneur soldat, seigneur écolier, caAinsi, les valier (en parlant d'un piéton), religieux de l'ordre de Saint-Dominique, la bourse de sa Révérence, grâces au ciel, à Dieune plaise, laboureurs, maître Joachim, etc., lui paraissent de grosses fautes de français et de purs hispanismes, qui décèlent le plagiat.—Lucrèce, ayant eu le malheur de dire à Gil-Blas: Je vous rends de très-humbles grâces, M. Llorente s'écrie (2): « Cette phrase n'est que la traduction littérale du style espagnol. Le Sage

(1) C'est le cinquième. Il occupe les pages 62 à 83. (2) P. 79.

aurait dit en bon français: Je vous remercie infi- | deux espagnols. Ces emprunts, il a bien soin de le niment, etc., etc.

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Mais ce qui met notre auteur hors de lui, c'est que le Sage ait osé parler, et fort justement, de certaines institutions, de certains usages espagnols qu'un compatriote de Don Quichotte seul pouvait connaître.- Où l'auteur de Gil-Blas, par exemple, a-t-il pu apprendre qu'il y avait un patriarche des Indes, une Sainte-Hermandad, un amiral et un connétable de Castille, et des vicerois puisqu'il n'y en a point en France? » Comment a-t-il pu dire que le comte Galeano faisait la sieste, «< car les Français ne la dorment pas (sic)?| M. le Sage n'a pu se servir de ces mots que parce qu'il les a lus dans un livre dont l'auteur était espagnol, » c'est-à-dire toujours dans le fameux manuscrit.

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Et le chocolat donc ! j'allais l'oublier. Le Sage a eu le malheur d'en servir une tasse à l'un de ses personnages, et pour le coup il est pris la main dans le sac. « Ceci, dit Llorente avec toute la gravité castillane, ceci mérite une attention particulière; car alors (1) le chocolat n'était pas connu en France, et il ne l'a même été que depuis peu d'années (c'est-à-dire de 1800 à 1810); encore estce seulement à Paris et dans les villes où il se fait quelque commerce. Le Sage ne pouvait en parler à propos et avec exactitude qu'en copiant des écrits espagnols » (2).-Le critique a ici cent fois raison, car c'est à l'emploi immodéré de cet aliment encore peu connu, qu'il attribuait probablement la mort toute récente d'une femme charmante, madame la comtesse de Grignan, qui n'avait jamais voulu écouter à ce sujet les sages représentations de sa mère, madame la marquise de Sévigné (3). Laissons de côté toutes ces puérilités et parlons plus sérieusement: M. Franceson ne s'est pas contenté de réfuter ou d'exposer, ce qui revient absolument au même, les systèmes du bon jésuite et de l'ennemi de l'inquisition; il a recherché avec soin les emprunts que le Sage a pu faire, et en toute sûreté de conscience, à des ouvrages moins fantastiques que les manuscrits invoqués par nos

(1) C'est-à-dire en 1715, date de la publication de la première partie de Gil-Blas.

(2) P. 127-128.

(3) Voy. les lettres de Mme de Sévigné, en date du 15 avril 1670, du 25 octobre 1671, etc.

dire, mettent hors de doute la véritable originalité de l'ouvrage français. » Il cite en première ligne l'Ane d'or, d'Apulée, où il veut retrouver la description de la caverne des voleurs et diverses circonstances du séjour de Gil-Blas chez les compagnons du capitaine Rolando; j'avoue que je ne puis être de son avis, mais même en l'admettant, l'imitation serait si peu de chose qu'il est inutile de s'y arrêter.

Il en est autrement du livre espagnol cité par Voltaire et dont le vrai titre est : Relaciones de la vida del escudero Marcos Obregon, par Vicente Espinel, publié à Madrid en 1618, et traduit en français vers la même époque par Vital d'Audiguier. Longtemps avant M. Franceson, une comparaison minutieuse de ce roman et de Gil-Blas avait été faite par F. de Neufchâteau que l'auteur allemand a oublié de citer en cette occasion (1). Le Sage en a évidemment imité (et non pas traduit, il s'en serait bien gardé) une dizaine de passages dont les plus importants sont le prologue, l'aventure de Gil-Blas avec le parasite, l'histoire du muletier, la première aventure du héros avec Camille, l'aventure du barbier Diégo de la Fuente avec la femme du médecin, etc. Il a pris de même son bien où il le trouvait dans une vieille comédie Tout est intrigue en amour (2) qui lui a fourni l'idée de l'intrigue d'Aurore de Guzman et de Louis Pacheco, et dans un autre roman Vida y hechos de Estivanillo Gonzalez où il a puisé diverses particularités de la vie de Scipion.

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