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Pour tout ce qui regarde la rédaction et l'administration, s'adresser à M. LUDOVIC LALANNE, directeur-gérant.

SOMMAIRE.

Les Deux derniers volumes de M. V. Cousin, par

à nous retracer la vie des grandes dames plus ou moins vertueuses du XVIIe siècle. La transi

M. LUD. LALANNE, 1.— Le Chansonnier de Maurepas, tion, si brusque qu'elle paraisse au premier

par M. A. GEFFROY, 6. — M. P. Delaroche. Son tableau des Girondins; ses derniers ouvrages, par M. E. SAGLIO, 9.- Deux lettres inédites de Henri IV, par M. P. PoUGIN, 12. Discussion au sujet de l'emplacement d'Alesia, par M. H. BORDIER, 13. — De la Congélation de la mer Noire, 16.- Un Autographe de Gérard de Nerval, 17.-Questions et réponses, 17.-Bulletin des ventes, 18.- Nécrologie, 18. Bulletin bibliographique.—Racine, édition épurée, 18.-Œuvres posthumes de Lamennais, 19.-Nouvelle

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abord, a été pourtant presque insensible. De Platon, dont il a donné une traduction vantée à juste titre, il a passé à Descartes, dont il a publié les œuvres complètes; de Descartes à Pascal, dont il a réédité les Pensées. Amené ainsi à étudier le xviie siècle, il a rencontré sur son chemin de si séduisantes figures, que laissant de côté Aristote et sa cabale, il n'a

biographie générale, 20. - Mémoires du duc de Saint-gardé de toute sa philosophie qu'un amour Simon, 20.-Gedichte... (Poésie des troubadours), par M. MAHN, 20. - Bulletin de la Société archéologique de Sens, 20. Asslann-Aga, par le prince E. de WITGERSTEIN, 21. Publications nouvelles. Livres français, anglais et allemands, etc., 21. Journaux français, 22.Périodiques français, anglais et allemands, 23.

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LES DEUX DERNIERS VOLUMES DE M. V. COUSIN (1). Quand un grand écrivain est arrivé au développement complet de ses facultés, quand il est accepté de tous pour l'une des gloires littéraires de son pays, c'est alors qu'il est intéressant et parfois curieux de remonter à ses débuts. M. Victor Cousin, dont nous voulons parler, a commencé par la philosophie grecque (2), et il en est venu aujourd'hui

(1) Mme de Chevreuse; Mme de Hautefort, nouvelles études sur les femmes illustres du XVIIe siècle. Paris, 1856. Didier. 2 vol. in-8.

(2) En 1820, par la publication des œuvres du philosophe platonicien Proclus. M. Cousin était alors dans sa vingt-huitième année.

1856.

forcément platonique pour ces belles sirènes, amour qui nous a valu la Jeunesse de Mme de Longueville, Mme de Sablé, et enfin récemment Mme de Chevreuse et Mme de Hautefort. On sait quel brillant accueil a été fait aux deux premières publications. Le même succès est-il réservé aux autres? Je l'espère pour l'auteur et son libraire, mais je n'oserais l'affirmer.

M. Cousin a une trop vive intelligence, un esprit trop clairvoyant pour n'avoir pas deviné les critiques qu'on pouvait lui adresser. Aussi a-t-il cherché à les prévenir dans une préface qui mérite d'être lue avec attention.

Le premier volume est consacré à Mme de Chevreuse, et d'après le titre on pourrait croire qu'il renferme une biographie complète de cette femme si célèbre par sa beauté, ses cabales et ses aventures galantes. On se tromperait grandement; car les trente-cinq dernières années de sa vie, qui comprennent pourtant la Fronde, où la duchesse joua un grand rôle, nous sont racontées en quelques pages; il en est de même

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pour le second volume, réservé à Mme de
Hautefort que l'auteur abandonne à peu près.
au moment où elle épouse (1646) le maréchal |
de Schomberg. Il a beau nous dire que ces
deux biographies sont tirées d'un ouvrage qu'il
doit publier bientôt sur Richelieu et Mazarin et
qu'elles se ressentent nécessairement de leur
destination première: «Le drame de 1643 ter-
» miné, nous devions nous borner à une simple
>> et rapide esquisse du reste de la vie de
» Mme de Chevreuse; et nous aurions changé de
» sujet si, après avoir fait connaître Mme de
>> Hautefort, nous avions entrepris l'histoire de
» la duchesse de Schomberg. Un jour nous re-
>> trouverons Mme de Chevreuse dans la Fronde,
>> et nous avons déjà vu la duchesse de Schom-
>>berg chez la marquise de Sablé. » Les lecteurs
ne peuvent se payer d'une pareille excuse, et
quand la plume est tenue par M. Cousin, ils
ont le droit de se plaindre qu'on les laisse ainsi
au milieu de la route, surtout quand l'écriteau
leur promettait davantage.

M. Cousin dit encore (p. vi) que, dans son livre, pour lequel il réclame le mérite d'une scrupuleuse exactitude, «on pourra >> reconnaître un premier essai d'une mé>thode assez nouvelle, qui consisterait d'une » part à laisser là les hypothèses, les conjec>>>tures, les aperçus généraux, les récits con>> venus, les abstractions et les à peu près, » pour percer, à force de recherches, jusqu'aux >> faits réels et certains, si difficiles à retrouver >> après tant d'années; et, de l'autre, à ne se >> point contenter de la figure extérieure des » événements et à tâcher de découvrir leurs » causes, non pas des causes générales, éloi»gnées et en quelque sorte étrangères, mais >> ces causes particulières, immédiates, vivan>> tes, qui résident dans le cœur des hommes, >> dans leurs sentiments, leurs idées, leurs >> vertus et leurs vices; à poursuivre enfin dans » l'histoire l'étude de l'humanité qui nous est » la grande et suprême étude, le fond immortel >> de toute saine philosophie. >>

doctrines si éloquemment exposées; mais sont-elles aussi nouvelles que l'illustre philosophe paraît le croire? Il me semble que depuis la rénovation des études historiques, et entre autres depuis quarante ans, on n'a point cherché à faire autre chose que d'appliquer cette méthode dont il prétend s'attribuer la découverte. Qu'il consulte plutôt les travaux de quelques-uns de ses confrères de l'Institut, de MM. Augustin Thierry, Guizot, Mignet, Thiers, etc., etc. Et en remontant un peu plus haut, au XVIIIe siècle, ne trouveraitil pas quelques écrivains assez connus qui ont essayé eux aussi de déblayer la route de l'histoire «des hypothèses, des conjectures et des récits convenus?» Voltaire, par exemple, n'a-t-il pas proclamé qu'en fait de recherches << rien n'est à négliger et qu'il faut consulter, si l'on peut, les rois et les valets de chambre ? » N'est-ce pas ce qu'a fait M. Cousin, qui cite si souvent les mémoires de Laporte? Quant « à poursuivre dans l'histoire l'étude de l'humanité, » l'auteur de l'Essai sur les mœurs n'a-t-il pas dit et répété : « C'est au genre humain qu'il eût fallu faire attention dans l'histoire. C'est là que chaque écrivain eût dû dire Homo sum? >> Il ajoutait même à ces préceptes quelques prudents conseils à l'adresse des faiseurs de portraits : « Vouloir peindre les anciens, s'efforcer de développer leurs âmes, regarder les événements comme des caractères avec lesquels on peut lire sûrement dans le fond des cœurs, c'est une entreprise bien délicate: c'est dans plusieurs une puérilité. »

Ceci bien établi, voyons comment M. Cousin a mis ses théories en pratique, et parlons d'abord de Mme de Chevreuse.

Le volume commence par la phrase la plus longue, je crois, que jamais académicien ait écrite, une phrase de cinquante-cinq lignes qui n'occupe pas moins de deux pages. Mais les périodes en sont si artistement ménagées, qu'on parvient à la lire couramment et sans fatigue. M. Cousin y esquisse d'une main ferme J'applaudis des deux mains à ces sages et rapide le portrait de ses deux héroïnes, et

déjà l'amour de son sujet l'entraîne à tel point, qu'il y fait bon marché de la morale. «Mme de >> Chevreuse, dit-il, était trop grande dame pour >> daigner connaître la retenue, et n'avait d'au» tre frein que l'honneur. » Un tel frein semblerait suffisant à toute âme honnête, mais il n'a pas gêné longtemps celle qui fut la maîtresse de lord Holland, de Buckingham, de Chalais, de Châteauneuf, de Charles IV de Lorraine, de Philippe IV d'Espagne et de tant d'autres; il n'a guère arrêté cette intrigante libertine dont Retz, qui paraît l'avoir connue un peu plus intimement que M. Cousin, a dit avec tant de raison «que jamais femme n'avoit eu plus de mépris pour les scrupules et les devoirs. » D'autre frein que l'honneur! Et son biographe, quelques pages plus loin, nous raconte sans sourciller qu'elle fut l'entremetteuse de Buckingham auprès d'Anne d'Autriche, et que «ce ne fut pas sa faute si la reine ne succomba pas. » Sans doute la belle duchesse «était trop grande dame » pour ne pas penser avec Mercure que

Un tel métier n'est bassesse Que chez les petites gens.

Quant à « son mépris des scrupules,» sa vie entière est là pour l'attester. Dans la lutte qu'elle soutint avec tant d'énergie et d'habileté contre Richelieu, elle ne se piqua guère de fidélité à tenir sa parole; son panégyriste, qui nous parle «de la haine intrépide qu'elle portait au cardinal parmi les déférences qu'elle lui témoignait, » n'y trouve point à redire. Comme il se moque, en revanche, de ce pauvre La Rochefoucauld qui, ayant promis à son père et à Chavigny de n'avoir plus aucun commerce avec la duchesse, « s'arrêta avec une admirable conscience devant l'engagement qu'il venait de prendre. >>

Si M. Cousin se permet parfois quelques vérités sur Mme de Chevreuse, c'est un droit qu'il veut se réserver à lui seul, et il traite en ennemis personnels les écrivains qui, comme Retz et l'auteur des Maximes, se sont avisés de mal

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parler de celle dont il a essayé, tant qu'il a pu, de voiler les honteux égarements.

Ainsi le coadjuteur ayant eu le malheur de dire que lorsqu'il la connut, en 1649, Mme de Chevreuse «n'avoit plus même de restes de beauté, » M. Cousin s'indigne et voit dans ces paroles une marque de haine. Il affirme qu'elle était encore belle huit ans plus tard, à l'âge de cinquante-sept ans, et en allègue pour preuve un portrait de Ferdinand Elle. Ce n'est pas toutefois qu'il accorde une grande confiance aux toiles ou aux gravures retraçant l'image de ses belles, car ailleurs il déclare hardiment « qu'on ne peut se fier au portrait de Mlle de La Fayette par Montcornet. » Notez que l'on n'en connaît pas d'autre.

Ces portraits, qu'il a recherchés curieusement, il nous les décrit avec une passion qui prouve quelle séve de jeunesse circule encore dans ses veines. Écoutez-le plutôt : «Mme de >> Chevreuse avait une taille ravissante... de >> fins et abondants cheveux d'un blond châ»tain, le plus beau sein, etc.» «Voilà bien » (il s'agit de Me de Hautefort), voilà bien >> cette abondante chevelure flottant sur d'ad» mirables épaules, ce cou bien fait, ce sein >> magnifique, etc. » Plus loin il nous fait admirer de nouveau «ce cou rond et assez » fort, ces belles épaules, ce sein ample et bien >> formé. >> Ajouterai-je qu'il lui a paru tout naturel de nous entretenir des accidents les plus cachés de la santé de Marie de Rohan (1)?

Heureusement qu'à côté de ces puérilités il y a d'admirables pages, et le plan du livre est si défectueux que ces pages sont précisément celles où le nom de Mme de Chevreuse est à peine prononcé. On retrouve enfin le grand écrivain dans les chapitres où, laissant de côté la duchesse, il aborde l'histoire générale avec une élévation de style et d'idées vraiment dignes du sujet. Ici je n'ai plus qu'à louer. M. Cousin a démêlé avec une sagacité rare la trame

(1) Voyez Mme de Chevreuse, p. 60, lig. 9. Ce détail est emprunté à Tallemant des Réaux.

si embrouillée de ces redoutables complots, de | séparer les biographies des deux favorites ces obscures intrigues, contre lesquels Riche- d'Anne d'Autriche. Marie de Hautefort a joué, lieu eut à lutter toute sa vie, et où faillirent toute proportion gardée, toute réserve faite se perdre sa fortune et celle de la France. La d'ailleurs, un rôle politique analogue à celui partie relative à Mazarin n'est pas traitée avec de Marie de Rohan. Toutes deux, dévouées à moins de bonheur. L'auteur sentait sous lui la reine, se mêlèrent aux mêmes cabales un terrain solide; pour nous intéresser, il contre Richelieu d'abord, puis contre Mazarin. n'avait plus besoin de tourmenter son imagina- Toutes deux en furent payées par l'exil et la tion qui l'a égaré trop souvent; et armé de disgrâce. La similitude des situations amène documents recueillis avec une persévérance in- à chaque instant des redites; et pour ne pas les fatigable (1), il a pu donner libre carrière à sa multiplier, M. Cousin est souvent obligé de vive et lumineuse intelligence. s'arrêter court au milieu d'un récit et de renvoyer en note à ses précédents volumes. Ces renvois, très-nombreux, jettent un grand décousu dans la narration et finissent par fatiguer et impatienter le lecteur.

Les défauts que j'ai dû signaler dans Mme de Chevreuse se rencontrent presque sans compensation dans le second volume consacré à Me de Hautefort, et qui est très-inférieur au premier. J'ai regret et presque honte de le dire, mais je le dis en toute sincérité : malgré l'éclat et la séduction de la forme, qui ne manquent jamais à M. Cousin, malgré quelques beaux passages sur Richelieu et sur Mazarin, cette biographie est d'une lecture peu attachante. L'auteur a pu à grand' peine y consacrer 164 pages; et pour remplir les 340 autres, il a entassé des documents d'une valeur fort inégale. Je ne vois pas, par exemple, pourquoi il a tenu à nous donner en entier la Vie inédite de Mme de Hautefort, panégyrique sempiternel qu'il avait déjà minutieusement analysé dans le cours de son récit.

Le sujet, il faut en convenir, était mal choisi, et l'on se demande s'il était bien nécessaire de

(1) Ces documents, qui occupent plus de la moitié du volume, sont pour la plupart d'une haute importance. Je citerai entre autres un mémoire inédit de Richelieu, un inventaire des papiers saisis chez Châteauneuf, les pièces relatives à l'affaire de 1637, la négociation de 1638 et 1639 entre le cardinal de Richelieu et Mme de Chevreuse pour le retour de celle-ci en France, les extraits des carnets de Mazarin, les pièces relatives à la conspiration de Beaufort, des lettres de Mazarin, etc.- Que M. Cousin me permette de lui indiquer les portefeuilles 269 et suiv. de la collection Godefroy à la bibliothèque de l'Institut, il y trouvera

des documents curieux et inédits pour l'époque dont il s'occupe, et entre autres (portefeuille 270) diverses lettres de Bullion et Fouquet à Richelieu sur l'arrestation de Montaigu et les intrigues de Mme de Chevreuse.

On sait que Mine de Hautefort fit naître dans le cœur de Louis XIII un amour qui nous est ici longuement raconté. Loin de moi la pensée de douter de sa vertu; mais, en dépit de ses deux panégyristes, je ne puis m'empêcher de la juger assez sévèrement. Comment approuver que cette femme si sage ait entretenu une correspondance amoureuse avec le roi, qu'elle n'a jamais aimé et dont «elle se moquoit, dit Mme de Motteville, parce qu'il n'osoit s'approcher d'elle quand il l'entretenoit?» Comment expliquer que sa piété ne l'ait point empêchée de prendre une part active à des complots criminels contre l'État, et entre autres à celui du duc de Beaufort, où était en jeu la vie de Mazarin? M. Cousin, qui a prouvé surabondamment l'existence et le but de cette conspiration, disculpe son héroïne d'une assez étrange manière. << Elle n'avait point lu, dit-il, les mémoires » d'Henri Campion (1), et elle croyait Beaufort » innocent. » Voilà, il faut l'avouer, une singulière excuse, et je serais bien trompé si elle a pu satisfaire celui qui l'a écrite.

Louis XIII qui, je pense, pouvait le faire en connaissance de cause, a parfaitement apprécié Mme de Hautefort, lorsque, refusant de

(1) Ils ont été publiés pour la première fois par le général Grimoard en 1806.

revenir sur l'arrêt d'exil qu'il avait prononcé contre elle, il répondit à ceux qui intercédaient en sa faveur: «S'est-elle imaginée qu'il suffi» soit d'être une femme de vertu pour avoir part » à mon amitié? Il faut encore éviter d'entrer » dans les cabales, et c'est ce que je n'ai jamais » pu gagner sur elle. >> Que j'aime mille fois mieux cette tendre La Fayette qui, elle, partagea l'amour qu'elle avait inspiré au roi, et qui, non moins vertueuse et non moins belle que sa rivale, alla chercher dans un couvent un refuge contre les dangereuses agitations de son

cœur.

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Ici encore on rencontre un parti pris dans M. Cousin. Repoussant sans hésitation les témoignages qui pourraient refroidir son enthousiasme, il accorde une aveugle confiance à cette Vie inédite, écrite par une pieuse amie, et qui n'est, comme je l'ai dit, qu'un long panégyrique. Ainsi le trait bien connu du billet que Mme de Hautefort cacha dans son sein où le roi n'osa l'aller chercher, est raconté avec des nuances très-différentes dans cette Vie, dans Tallemant et dans les mémoires de Monglat, qui nous représente la favorite « mettant la lettre sous son mouchoir de cou, et disant, en ouvrant les bras: «Prenez-la tant que vous voudrez à » cette heure. » « L'action et le propos, dit fort justement M. Cousin, sont un peu lestes pour une jeune fille, et la première version est à la fois plus gracieuse et plus vraisemblable. » Franchement lorsqu'il s'agit de vérité historique, la grâce n'a rien à faire; et quant à la vraisemblance, l'auteur connaît trop l'époque pour ne pas admettre que le récit des mémoires est plus dans les mœurs du temps que la version qu'il préfère. Quand il nous vante ailleurs la galanterie de la cour d'Anne d'Autriche, estce qu'il n'y a pas bien des ombres au tableau? Est-ce que cette galanterie de la cour la plus policée de l'Europe n'était pas mêlée parfois à une grossièreté révoltante et dont rougirait aujourd'hui la plus petite de nos bourgeoises? Et entre mille faits que je pourrais citer, a-t-il oublié, par exemple, la piteuse mésaventure

|

arrivée à cette pauvre La Fayette, et où, par ordre de la reine, le nez du fidèle Laporte joua un rôle décisif? Certes, ce n'est pas moi qui m'aviserai de reprocher à M. Cousin d'avoir laissé de côté les anecdotes de ce genre, mais il les sait, et leur souvenir aurait dû modérer plus d'une fois l'excès de son admiration.

Je relèverai en passant une petite inexactitude. Il est dit à la page 12 que les vers composés par Louis XIII pour Mm de Hautefort ne sont pas venus jusqu'à nous. Or, ces vers, avec la musique qui les accompagnait et qui était aussi du roi, ont été réimprimés plusieurs fois depuis le. xví® siècle (1). Qu'on me permette d'en citer deux couplets:

Tu crois, ô beau soleil !
Qu'à ton éclat rien n'est pareil,
En cet aimable temps
Que tu fais le printemps.
Mais, quoi! tu pâlis
Auprès d'Amaryllis.

De ses nouvelles pleurs
L'aube va ranimer les fleurs,
Mais que fait leur beauté
A mon cœur attristé,

Quand des pleurs je lis
Aux yeux d'Amaryllis?

Si la poésie laisse quelque peu à désirer, en revanche la musique est charmante.

M. Cousin, en terminant, a cru devoir faire un retour mélancolique sur lui-même et se séparer, les larmes aux yeux, des volumes qu'il livrait au public. Dans une péroraison fort éloquente, j'en conviens, mais qui laisse les lecteurs aussi peu émus qu'il l'était luimême en l'écrivant, il a fait le plus singulier mélange de sa propre personne, de JésusChrist et de ses disciples, du Précurseur et de saintes comme Mme de Chevreuse, à laquelle

(1) Voyez entre autres les Harmonicorum libri, de Mersenne, 1636, p. 139; l'Essai sur la musique, de La Borde, et les Échos des temps passés, de M. Wekerlin. Le P. Kircher, dans sa Musurgia universalis, t. I, p. 694, n'a donné que la musique, avec les cinq premières syllabes du premier

vers.

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