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10 mai. Paul Mantz. L'œuvre de Paul Delaroche. Jean-Paul Richter. Le Diable se confessant à un ministre.-E. Colombey. Les Historiettes de Tallemant des Réaux. - Leconte de Lisle. L'Oasis, la Genèse polynésienne (poésies).-G. Desnoireterres. Les Originaux. Hipp. Babou. Paris en province. - Marquis de Belloy. Revue de la littérature et des beaux-arts. 20 mai. V. Humbert. Métempsycose: une Aventure de grand chemin. N. Martin. Adelbert de Chamisso et son poëme Salaz y Goniez. Ed. Fournier. Alexis Piron, etc. (suite). G. Desnoireterres. Les Originaux (suite). -Hipp. Babou. Paris en province. H. Laviron. Grammaire et philologie. J. Morel. Revue dramatique.

Revue Contemporaine et Athenæum français.

œuvre.

15 mai. F. du Celljer. Les Classes ouvrières en France depuis 1789 (3 partie). — F. de Mercey. L'Exposition universelle des beaux-arts en 1855. — A. de Calonne. Paul Delaroche et son 0. Sachot. Exploration des sources de la rivière Rouge de la Louisiane. - A. Bonneau. Les Chemins de fer de la Russie. - L. Damey. Fables et contes. - Revue critique. 31 mai. L. Etienne. Les Conteurs américains. - E. Levasseur. La Question de l'or.-Le Roux de Lincy. La Collection de M. Ch. Sauvageot au musée du Louvre. Ed. Boinvilliers. Les Travaux du corps législatif (1852 à 1857). Sainte-Beuve. Les Lettres du maréchal de Saint-Arnaud. Mélanges, par E. Chasles.

Le Correspondant.

Revue critique.

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25 mai. Le P. Lacordaire. Conférences de Toulouse. Raudot. De l'agriculture en France. - Audley. Henri Heine.-Dr Ozanam. L'Anesthésie, histoire de la douleur.— Nourrisson. Histoire du Directoire de M. de Barante. L'abbé H. Pereyve. Des transactions en matière de foi. Comte Jaubert. Travaux publics les Cours d'eau. Ch. Lenormant. Exposition des ouvrages de Paul Delaroche. - Bibliographie française, par MM. Foisset, Lenormant, P. Douhaire, Rossigneux.

Revue de l'Instruction publique.

7, 14, 21, 28 mai. Comptes rendus des Nouvelles lettres de Leibnitz, édition de Foucher de Careil; des Poésies d'Horace, tra

duites par Goupy; du Fidéicommis, roman de Mme E. Caren; des Etudes d'histoire religieuse d'E. Renan; du Philobiblion de Richard de Bury; des Portraits intimes du XVIIIe siècle, par Ed. et J. de Goncourt; de l'Essai sur l'originalité de Gil-Blas de Francesson; de la Grammaire française d'Antonin Roche; du Style et de la composition littéraire, du même; - des Nouvelles de W. Hauff; de l'Origine et formation de la langue française de Chevallet; du Roman comique de Scarron, édité par V. Fournel; des Etudes sur Virgile, de Sainte-Beuve; du Chevalier Sarti, de P. Scudo; du Théâtre de J.-F. Bayard; des Monnaies de Solon et de Pisistrate, de Beulé; de Platon, considéré comme fondateur de l'esthétique, de Ch. Levêque; de la Rhétorique élémentaire de J.-P. Lalanne.

Journal général de l'instruction publique et des cultes.

6, 13, 16, 20, 23, 27, 30 mai. Comptes rendus de l'Union des arts et de l'industrie du comte de Laborde; des Tragiques de Théod. Agrippa d'Aubigné, édition de Lud. Lalanne; des Tragédies d'Euripide, traduites par M. Artaud. Victor Fournel. Les Modes littéraires au XIXe siècle : de la Résurrection des vieux livres.

Moniteur des cours publics.

21 et 28 mai. Collége de France. Cours de M. Pâris: la Première croisade; -de M. Franck Hobbes, sa vie et sa doctrine; de M. de Loménie : les Poëtes épiques du XVII siècle. — Sorde bonne. Cours de M. Patin : l'Epicharme d'Ennius; M. Artaud Notes tirées d'un mémoire sur Epicharme; de M. Garnier : les Inclinations sociales. - Bibliographie. — Mélanges.

Le Cabinet historique.

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Archives de l'art français.

Le Roux de Lincy. Diverses pièces sur E. Guiot, J. de Senlis (1433 1436), G. Boutilon (1556), N. Briguet, J. Pallu (1681), J. de Launay (1641). A. de Montaiglon P. Hanon, le château de Claveyson en Dauphiné. - Bénigne Sarrasin. -Domenico Guidi.-P. Gobert. Le val de Grâce (1666). — J. Ravenel. Acte de décès de J.-B. Nattier. E. de Montlaur. Lettre de P. Subleyras. Abecedario de Mariette (PEL-PHI).

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BEULÉ. Etudes sur le Péloponèse. 1 vol. in-8.

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CH. DICKENS. Vie et aventures de Nicolas Nickleby, trad. par P. LORAIN. 2 vol. in-18. 4 fr 2 fr.

E. ABOUT. Germaine. In-18.

EN VENTE

Chez J. TECHENER.

DU PRAT (Le marquis). Vie d'Antoine Du Prat, chancelier de France, archevêque de Sens, etc. Un vol. in-8 de xvi et 458 pages, avec portrait.

Librairie de A. DURAND,
rue des Grès, 7.

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10 fr. CANTU. Histoire universelle. Nouvelle édition. 19 vol. in-8. 114 fr. -Histoire de cent ans. 4 vol. 19 fr. NISARD (Désiré). Histoire de la littérature française. 2e édit. 3 vol. in-8. 22 fr. 50 c. FLOQUET. Etudes sur la vie de Bossuet. 3 vol. grand in-8. 18 fr. CATALOGUE de la Bibliothèque impériale (Histoire de France). Tome IV. In-4. 25 fr. Le tome V paraîtra fin juillet. PETITS géographes grecs et atlas. 2 vol. 30 fr. PSEUDO Plutarchea et table. 1 vol. 10 fr.

En vente à la librairie CHAMEROT.

J. MICHELET.

Histoire de France au XVIe siècle. Guerres de religion. 1 vol. in-8. 5 fr. 50 c. au XVIIe siècle. Henri IV et Richelieu. 1 vol. in-8.

Histoire de France

5 fr. 50 c.

N. PEETERMANS. Le prince de Ligne, ou un grand seigneur à la fin du XVIIIe siècle. Liége, 1e57. 1 vol. in-18. 3 fr.

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A la librairie DUMOULIN.

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A. VALLET DE VIRIVILLE. Essais critiques sur les historiens originaux de Charles VII. Brochure in-8.

En vente à la librairie NOUVELLE.

EN VENTE

A la librairie Jules TARDIEU.

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P. LAURENT-PICHAT. La Païenne. 1 vol. in-18. 1 fr.

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EN VENTE

Id. Tome III. Historiens occidentaux, 1 vol. en 2 parties in-fol. 55 fr. ORDONNANCES des rois de France de la troisième race. Tome XXI, in-fol. 36 fr. TABLE chronologique des ordonnances des rois de France, par M. PARDESSUS. 1 vol. in-fol. 36 fr. RECUEIL des Historiens des Gaules et de la France. Tome I, in-fol. 36 fr.

JEANTIN. Les ruines et chroniques de l'ab7 fr. baye d'Orwal. In-8, 2e édition.

EN VENTE

A la librairie HACHETTE et C.

ŒUVRES complètes de Lucien de Samosate. Traduction nouvelle, avec une introduction et des notes, par E. TALBOT. 2 vol. in-18. (Collection des chefsd'œuvre des littératures anciennes.) L. ULBACH. Les Roués sans le savoir. 1 vol. in-18. (Bibliothèque des chemins de fer.) 1 fr.

F.-T. PERRENS. Deux ans de révolution en Italie (1848-1849). In-18. 3 fr. 50 c. L. ENAULT. La Norwége. In-18. 3 fr. 50 c.

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EN VENTE AUX LIBRAIRIES PROTESTANTES.

MÉMOIRES inédits et opuscules de Jean Rou, avocat au parlement de Paris (1659). secrétaire interprète des Etats généraux de Hollande depuis l'année 1689 jusqu'à sa mort (1711), publiés par la Société de l'histoire du protestantisme français, d'après le man scrit conservé aux archives de l'Etat, à la Haye, par FRANCIS WADDINGTON. 1857. 2 vol. grand in-8. Pris, 16 fr..

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Pour tout ce qui regarde la rédaction et l'administration, s'adresser à M. LUDOVIC LALANNE, directeur-gérant.

SOMMAIRE.

Un madrigal inédit de la Fontaine, 193. —LUD. LALANNE. Le Parnasse satirique (Racine, Boileau, la Bruyère, Molière, la Fontaine), 193.— A. GEFFROY. Le lion de Venise et son inscription runique, 197. — C. DEFRÉMERY. Lettres inédites de la marquise de Créqui à Sénac de Meilhan, 200. VALLET DE VIRIVILLE. Iconographie historique, 203.—MICHEL NICOLAS, Le conte des Trois anneaux, 205.- Un mémoire autographe de bourreau, 206.-G. MASSON. Nouvelles littéraires de la Grande-Bretagne 207.- Questions et réponses. Clément Marot, 208. Etc.

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Le voici avec son titre :

(Année 1695.) Vers par M. de la Fontaine pour Mlle Simon, très-belle personne et très-sage, fille d'un architecte du roy.

Qui voit, Iris, vos traits charmans
Pousse loin l'ardeur de son zèle.
Tous vos amis sont vos amans.

Quel dessein avez-vous, la belle ?
Quel pouvoir sur tous nos esprits?
Tous vos amans sont vos amis.

Je ne vois aucune raison pour ne pas admettre l'attribution et les indications fort précises que donne le manuscrit. Les vers sont assez gracieux pour être sortis de la plume de la Fontaine; et il est bien probable qu'ils auront été communiqués à M. de Maurepas, par la famille même de M11 Simon, où on avait dû les conserver d'autant plus précieusement, que ce sont peut-être les derniers qui aient été écrits par le grand poëte. Ils sont en effet datés de 1695, et lui-même, malade depuis longtemps, mourut le 13 avril de la même année. LUD. L.

UN MADRIGAL INÉDIT DE LA FONTAINE.

Il y a quelques années j'ai eu la bonne fortune de rencontrer, dans un manuscrit de la bibliothèque de l'Institut, un sonnet inédit de P. Corneille (1). Je crois avoir été favorisé aujourd'hui par une chance aussi heureuse.

L'un des manuscrits de la bibliothèque impériale le plus souvent consultés, le recueil de Maurepas, dont allons avoir encore occasion de parler plus loin, contient, à la p. 220 du t. XXVII, un madrigal que j'ai inutilement cherché dans les meilleures et les plus récentes éditions de la Fontaine.

(1) Voy. L'Athenæum français de 1853, p. 303. 1857.

LE PARNASSE SATIRIQUE.

RACINE, BOILEAU, LA BRUYÈRE, MOLIÈRE,

LA FONTAINE.

Je demande pardon aux lecteurs du titre un peu suranné que je donne à ce petit article, mais je n'en ai pas trouvé qui rendît mieux ma pensée; car ce sont précisément quelques-uns des grands écrivains que Titon du Tillet a installés sur son Parnasse, dont il va être question ici.

manuscrits de chansons, et entre autres le voluEn feuilletant dernièrement plusieurs recueils mineux recueil de Maurepas (1), qui n'a guère été

(1) Voy., dans la Correspondance littéraire, numéro du 5 novembre 1856, l'article intitulé le Chansonnier de Maurepas.

jusqu'ici consulté qu'au point de vue historique, j'y trouvai sur les plus illustres poëtes du XVIIe siècle diverses pièces qui m'ont paru assez curieuses. Indépendamment d'une certaine valeur littéraire, quelques-unes m'ont paru refléter assez bien l'opinion juste ou injuste d'une partie du public d'alors, sur le caractère et les mœurs des hommes dont les noms sont aujourd'hui entourés d'une glorieuse auréole. Les vers que je vais citer, je les donne comme je les ai trouvés, ne cherchant pas à les attribuer à tel ou tel écrivain et n'osant pas surtout assurer qu'ils sont inédits; ces points, d'ailleurs, me paraissent avoir ici une importance très-secondaire.

Le poëte qui a soulevé le plus de clameurs contre lui, c'est Boileau, je n'ai guère besoin de le dire. Ses vers, écrits avec une franchise et une liberté de langage qui l'enverraient aujourd'hui en police correctionnelle, lui attirèrent un vrai déluge de chansons, d'épigrammes et de satires dont les auteurs ne prennent aucun subterfuge pour déguiser leur pensée :

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dit en commençant un virelai de l'abbé Perrin qui continue sur le même ton.

Je ne sais pas si Boileau, quoi qu'aient pu affirmer ses ennemis, a jamais été réellement bâtonné; mais la menace d'un pareil affront a accompagné chacune de ses satires depuis la première jusqu'à la dernière (1). Il avait cinquante-quatre ans qu'on lui disait encore (en 1688):

Taisez-vous, Boileau, le critique,

On fait pour votre hiver grand amas de fagots.
Craignez que l'on ne vous applique
Cent coups de bâton sur le dos.

(1) Je passe sous silence les satires et épigrammes bien connues de Pradon, de Regnard, de Mlle Scudéry, qui avait à venger et son frère et elle-même.- Un autre s'écrie:

Boileau, ce rimeur satirique,
Ayant senti la vertu du bâton,

Demeura sans réplique.

Ce remède, quand on l'applique,

Range la rime à la raison.

Fuyez, fuyez ce bois, même dans la froidure, Toute l'Académie en corps vous en conjure. Depuis l'apparition de sa première satire (1658), il n'est peut-être pas une de ses œuvres qui n'ait fait naître chansons ou épigrammes. Ainsi, quand il publia la satire contre les femmes (1692),

on lui adressa ce sixain:

Quand Boileau répand son venin
Contre le sexe féminin,

Il est intrigué dans l'affaire;
Car tout le monde est convaincu
Qu'on a souvent repris sa mère
D'avoir fait son mari.... (1)

Ses adversaires eurent plus beau jeu quand il publia en 1693, l'ode sur le siége de Namur. « Tu veux imiter Pindare, lui disait-on,

Mais tu suis assez mal ses pas,

Dans tes emportements bizarres;
Car si, loin du bon sens, comme lui tu t'égares,
Comme lui, tu n'y rentres pas (2).»

On lui fit aussi payer ses flatteries envers Louis XIV. Il avait écrit en 1672 ce fameux vers:

Je t'attends, dans deux ans, aux bords de l'Hellespont. On s'en souvint longtemps après, et quand le grand roi, comme le lion de la fable,

Chargé d'ans et pleurant son antique prouesse, expiait si cruellement ses fautes et son orgueil, l'on chantait :

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(Manuscrits Maurepas, t. XXVI, p. 192.)

Son austérité dominante

Étoit seule une chambre ardente, Qui savoit les anéantir.

sultat de ses querelles si connues avec Perrault, et les autres défenseurs de la supériorité des modernes sur les anciens.

Racine eut de bonne heure les mêmes ennemis que Boileau, ceux-là et bien d'autres encore, car son caractère fut loin d'être à l'abri de tout reproche (1). Il montra vis-à-vis du grand Corneille une jalousie que ne pouvaient lui pardonner tous ceux qui se rappelaient à quel point les avaient émus dans leur jeunesse les chefs-d'œuvre du créateur de l'art dramatique en France.

Quand Racine, avec aigreur,
Médit, méprise et querelle;
Ce n'est pas vous, Fontenelle,
Qui le mettez en fureur.

En vous, il poursuit la race
De son plus grand ennemi,
Et n'en aura, quoi qu'il fasse,
De vengeance qu'à demi.

La plus remarquable des satires dirigées contre Racine et contre son fidèle ami, est sans contredit celle que renferme le quatrième volume du recueil de Maurepas (2). Je regrette de ne pas en connaître l'auteur, car, tout injuste qu'elle est à certains égards, on ne peut s'empêcher d'y trouver de la verve et de l'énergie. «Il est temps," dit le poëte, en parlant de Boileau,

Il est temps de montrer d'un rimeur insolent
Le mérite imposteur et le petit talent.

Puis viennent ces éternels reproches d'avoir pillé les anciens :

Mais s'il emprunte bien, il en profite mal.

Que n'a-t-il fait des pièces de théâtre ?
Il aurait déconfit et Térence et Molière;
Molière, qu'il nommoit son maître et son support,
Qu'il adora vivant, et qu'il déchira mort.

(1) La biographie de Racine me semble encore à faire, car on s'est borné en général à reproduire le mémoire apologétique où Louis Racine, par piété filiale (et il ne pouvait faire autrement), a commis bien des péchés d'omission.-Ainsi, il nie avec assurance la liaison de son père avec la Champmeslé, liaison si connue, et à propos de laquelle on fit ce couplet assez gai dans une chanson sur les comédiens de l'hôtel de Bourgogne :

Champmeslé, cet heureux mortel,
Ne quittera jamais l'Hôtel;
Sa femme a pris Racine là,
Alléluia !

(2) Page 457. La pièce est datée de 1678.

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Ah! qu'il fait beau le voir lorsqu'il s'enfle et se guinde,
Ce corbeau déniché des Montfaucons du Pinde,
Faire tout retentir de ses croassements,
Et des morts immortels ronger les ossements.
Que s'il répand partout sa noire médisance,
N'a-t-il pas exalté Racine en récompense,
Cet auteur, qui ranime Alexandre, Pyrrhus,
Achille, Bajazet, Hippolyte et Titus,

Quand, pour le divertir, tous ces grands personnages
Viennent en Céladons masqués (1) dans ses ouvrages?
Mais, pour connoître à fond ces ouvrages divers,
Qu'on mette en un creuset Racine et tous ses vers,
Pour qui ses partisans ont tous crié merveille,
On n'en tirera pas une once de Corneille.
Si Boileau de Racine embrasse l'intérêt,
A défendre Boileau Racine est toujours prêt.
Ces rimeurs faufilés l'un l'autre se chatouillent,
Et de leur fade encens tour à tour se barbouillent.

Il y eut surtout une occasion où les passions se déchaînèrent plus que jamais. On sait que lorsque la Bruyère fut nommé à l'Académie, son élection excita dans une partie du public un étonnement qui nous étonne fort aujourd'hui; on l'accueillit comme on aurait pu accueillir telle ou telle nomination faite de nos jours. Son discours de réception n'apaisa pas les murmures; car, plein de reconnaissance pour celui dont l'influence avait décidé le choix de l'Académie, l'illustre écrivain y inséra un passage où Corneille, mort de puis treize ans, était sacrifié à Racine (2). Une

(1) C'est-à dire masqués en Céladons. (2) Voici le passage:

Cet autre (Racine) vient après un homme (Corneille) loué, applaudi, admiré, dont les vers volent en tous lieux et passent en proverbe, qui prime et règne sur la scène, qui s'est emparé de tout le théâtre. Il ne l'en dépossède point, il est vrai; mais il s'y établit avec lui; le monde s'accoutume à en voir faire la comparaison : quelques-uns ne souffrent pas que Corneille, le grand Corneille lui soit préféré; quelques autres, qu'il lui soit égalé. Ils en appellent à l'autre siècle; ils attendent la fin de quelques vieillards qui, touchés indifféremment de tout ce qui rappelle leurs premières années, n'aiment dans Edipe que le souvenir de leur jeunesse. - Ce discours, digne de l'auteur des Caractères, fut pourtant chansonné :

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Avec un air de soldat,

Bien qu'il soit un pied plat,
Devant les maîtres du langage,
Il parla presque bas-breton.

La Bruyère, du reste, re s'inquiéta guère des injures, et quand il fit imprimer son Discours, il le fit précéder d'une fière et mordante préface.

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