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je ne l'ai pas demandée aux livres; je l'ai trouvée dans l'idiome populaire du pays que j'habite, idiome qui dérive du saxon. Que cela ne vous étonne pas, monsieur; la Flandre maritime a été peuplée, dans les premiers siècles de notre ère, par des Saxons, comme l'Angleterre l'a été par eux à la même époque. Jusqu'au XIe siècle, des missionnaires anglo-saxons sont venus prêcher l'Évangile, dans leur langue nationale, aux populations de notre littoral, que les anciens auteurs ont nommé Littus saxonicum. En présence de ces faits, on admettra, je l'espère, que le dialecte populaire de la Flandre maritime a conservé une certaine analogie avec l'anglo-saxon et tous les dialectes saxons qui sont encore parlés sur les côtes de la mer du Nord. Aussi, M. le consul de Belgique à Londres écrivait-il en 1840 : « Ce n'est pas seulement comme objet d'étude philologique, et à cause de sa grande affinité avec l'anglais et F'allemand, que la langue flamande acquiert du prix aux yeux de l'homme de lettres, mais encore parce qu'elle donne la clef des anciens auteurs allemands et anglais. Il y aurait un travail trèscurieux à faire sur les passages de Chaucer et de Shakespeare, au sujet desquels le flamand fournirait une explication que bien des Anglais même sont réduits à chercher péniblement. »

Après ces considérations générales, je dirai que le mot HEHT de l'inscription, le seul sur lequel rcule toute la discussion, correspond dans le langage populaire flamand à la troisième personne du singulier de l'indicatif présent du verbe auxiliaire avoir, "HET," qui devient hèd ou hèdde dans le Brabant et le Limbourg. Même en anglais, la forme hath (il a) est encore usitée, suivant le grammairien Vander Linde, mais seulement dans le style grave et soutenu. Voilà, monsieur, pourquoi j'ai traduit par « il a» l'anglo-saxon HEHT. Mais, dit M. de Lasteyrie, le verbe avoir, dont la déclinaison en anglo-saxon représente de remarquables analogies avec la déclinaison latine du même mot, donne à la troisième personne du singulier habaith (habet) et non pas heht.

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Est-ce que habaith est bien un mot anglosaxon? N'appartient-il pas plutôt à la langue moso-gothique du IV siècle? Je fais cette question, parce qu'au verset 17 de l'épître de saint Paul à Philémon, traduite en moeso-gothique par l'évêque Ulphilas, je trouve cette phrase : « Jabai nu mik habais du gamana (Si tu m'as pour

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compagnon). Habais est ici la deuxième personne du singulier de l'indicatif présent du verbe gothique haban, comme habaith en est la troisième.

Enfin, monsieur, si j'ai attribué au roi Alfred lui-même la confection de l'enchâssure en or du joyau trouvé à Ethelingaia, c'est que j'ai pensé que ce monarque, grammairien, philosophe, rhéteur, historien, musicien, poëte, architecte et géomètre, avait essayé aussi des professions manuelles, surtout après avoir lu ce passage de M. Guillaume Guizot : " Les Anglo-Saxons n'avaient pas de lanternes; ce fut Alfred qui leur en montra le premier modèle, fait de bois et de corne transparente. Et son invention eut tant de succès,... que les lanternes devinrent bientôt des objets de luxe et d'art. » Avant cet écrivain français, le ministre anglais Robert Henry avait dit, dans son Histoire d'Angleterre, traduite par Boulard : "Les arts même de polir et de monter les pierres précieuses n'étaient pas entièrement inconnus en Angleterre à cette époque, car Alfred le Grand, en ayant reçu une quantité de l'Inde, les polit et en forma des joyaux, dont quelques-uns se trouvaient encore dans la cathédrale de Shéréburn lorsque Guillaume de Malmesbury écrivit l'histoire des évêques de ce siége (1)., Agréez, etc.

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LOUIS DE BAECKER.

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munications fort intéressantes faites à la classe des lettres par divers membres, et entre autres par MM. Gachard et Kervyn de Lettenhove.

Le 2 mars dernier, M. Gachard a lu une lettre, écrite en espagnol le 2 août 1795, où l'écrivain anonyme raconte qu'il vient de voir et d'examiner le cadavre de Don Carlos, fils de Philippe II. Il en résulte que le malheureux prince n'a point été décapité, comme quelques historiens l'ont prétendu. Car l'écrivain déclare avoir vu, et tout à son aise, le cadavre tout entier. »

D'après une tradition admise jusqu'ici, Marguerite d'Autriche, tante de Charles-Quint, et veuve de Philibert le Beau, duc de Savoie, serait morte quinze jours après s'être fait une blessure en marchant sur un morceau de cristal brisé, blessure qui aurait nécessité l'amputation de la jambe. Pour éviter à la princesse la douleur d'une pareille opération, les médecins lui auraient administré "une dose si forte d'opium, qu'ils l'endormirent d'un sommeil si profond, qu'il n'est pas encore fini et ne finira qu'à la résurrection de tous les morts."

Cette cause de sa mort et les circonstances qui l'ont accompagnée, sont complétement démenties par deux lettres d'Antoine de Lalaing, comte de Hooghstraeten, à Charles-Quint. Il en résulte que Marguerite mourut d'un mal de jambe déjà fort ancien et où se mit la gangrène. Jusqu'au dernier moment elle conserva sa présence d'esprit, si bien que le jour même de sa mort (30 novembre 1530), elle écrivit une lettre fort touchante à son neveu. A la suite de cette communication, le savant académicien en a fait deux autres assez curieuses. L'une relative aux originaux des interrogatoires des comtes d'Egmont et de Hornes, pièces qui, par suite d'un échange, se trouvent actuellement aux archives de Belgique. L'autre concerne les sœurs de Robespierre. Il en résulte que le célèbre membre du comité du salut public, avait deux sœurs l'une, Charlotte, née à Arras sur la paroisse de Saint-Obert, le 21 janvier 1760, morte comme on sait, en 1833; l'autre, sa cadette, Henriette-Josèphe, morte probablement assez jeune. Ces faits résultent d'une requête adressée par celleci, en 1773, pour être admise, comme sa sœur l'avait été, dans l'établissement dit des manarres, à Tournay, où étaient élevées de jeunes filles pauvres de neuf à dix-huit ans.

Enfin, M. Kervyn de Lettenhove, dans les

séances du mois de mars et d'avril, a lu deux analyses fort intéressantes de poëmes inédits de Froissart, qu'il vient de découvrir parmi les manuscrits de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne. L'un est la Court de mai, écrite en 1361, « à l'époque où Froissart aborda jeune et plein d'illusion en Angleterre. » L'autre, le Trésor amoureux, composé trente-cinq ans plus tard, en 1396, « alors qu'il ne lui restait plus qu'une obscure retraite à Chimay, près de la veuve de son bon seigneur et maître, messire Gui de Blois. »

NOUVELLES LITTÉRAIRES DE LA GRANDE-BRETAGNE.
Monsieur le directeur,

Ma foi! prononcez le mot comme vous voudrez, mais il faut bien que je vous parle de xylographie. Xylographie, me disent ces dames, cela doit être fort beau, n'est-ce pas ? Entendons-nous; il y a fagots et fagots, et les chefs-d'œuvre xylographiques auxquels je fais allusion aujourd'hui méritent d'être cités, moins à cause de leur valeur artistique que comme se rapportant aux premiers essais de la gravure sur bois. L'Athenæum anglais du 23 mai dernier nous apprend donc que Messrs. Boom, libraires dans Bond Street, sont devenus acquéreurs de deux des plus grandes curiosités littéraires qui puissent faire venir l'eau à la bouche de vos bibliophiles. L'une de ces raretés n'est autre qu'un exemplaire du fameux liber Regum, imprimé vers 1450, et si peu connu, que Heinecken lui-même n'en parle pas. La seconde est un magnifique spécimen de la Biblia pauperum parfaitement conservé, avec des marges intactes et des tranches qui ne furent jamais rognées. Il faut voir ces deux merles blancs et essayer de les acheter si l'on a 5 ou 6,000 francs sans emploi d'urgence.

Quant aux pauvres diables comme moi, toutes leurs richesses xylographiques se bornent à la collection de Magazine et aux illustrations des romans à 20 centimes. Je souhaite donc le bonjour à Messrs. Boom, et je me dirige vers la salle de vente, où deux commissaires-priseurs sans vergogne livrent « au plus offrant et dernier enchérisseur » la cour et la ville, le barreau et la chaire, la cape et l'épée! 60 francs pour un billet de Louis Carrache; 3 livres 10 schellings pour un chiffon de papier griffonné par la princesse Amélie, fille de Georges III..... Voici Diane de Poitiers en

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personne; faites place, messieurs, s'il vous plaît. Messieurs, vous entenderey par ce porteur comme le mariaige de M. de Vendosme et de madame la princesse fut hier fet et consummé au contentement de tout le monde, dont le roy en est fort aise, etc., etc. » L'orthographe de ce morceau n'est pas irréprochable, et la syntaxe pourrait être plus scrupuleusement observée; mais il faudrait être bien Dumarsais pour trancher du pédant avec la belle Diane, et son autographe s'est galamment vendu 4 livres 18 schellings, soit 130 francs environ. Bossuet, sans doute à cause de son catholicisme, a trouvé difficilement un acquéreur à 55 francs; un poulet du « diable à quatre » à Gabrielle d'Estrées, 150 francs, ce qui n'est pas mal pour un billet doux. Le patriotisme britannique ne pouvait manquer de renchérir une lettre d'Edouard IV. En effet, un amateur enthousiaste en a donné 2,270 francs. God save the king!

Je cherche vainement un prétexte pour revenir à la littérature contemporaine, et je ne trouve autour de moi, en fait de nouveautés, que de plats romans, gibier des cabinets de lecture, et une traduction abrégée des mémoires de Saint-Simon (1). Laissons aux belles ladies de Belgrave Square les études de mœurs que chaque saison voit éclore; regrettons que beaucoup d'Anglais ne puissent lire, dans le texte original, le Tacite de la cour de Louis XIV, et recommandons à nos amis un ouvrage récemment publié par un des écrivains les plus excentriques du jour, M. George Borrow (2). Cet auteur est déjà connu du public français. Son amusant volume intitulé la Bible en Espagne, son histoire des Zingari ou Bohémiens, son Lavengro nous ont habitués depuis plusieurs années aux extravagances d'un homme qui, avec beaucoup de talent et d'instruction, unit les habitudes d'un aventurier et les dispositions d'un de ces coureurs de grand chemin, dessinés il y a deux siècles par Callot. On peut néanmoins être aventurier en tout bien tout honneur, on peut passer sa vie à la belle étoile sans violer les notions les plus simples du Décalogue, et c'est précisément là ce que fait M. Borrow. Son nouveau livre, Romanny Rye

(1) The Memoirs of the Duke of St-Simon on the reign of Louis XIV. and the Regency, abridged from the French, by Bayle St-John. 2 vols., 1st. series. London, Chapman

and Hall.

(2) The Romanny Rye, by George Borrow. 2 vols. London, Murray.

(c'est-à-dire le gentilhomme bohémien), est en quelque sorte la suite de Lavengro. Livre décousu, sans plan, sans dessein, sans intrigue, ou plutôt série de tableaux dont l'imprévu fait toute l'originalité, et qui frappent parce qu'ils mettent sous nos yeux des scènes entièrement en dehors de la vie commune. M. Borrow a le grand tort de se fâcher tout rouge contre la critique, et de croire qu'on a le droit d'être grossier quand on a été injustement attaqué. Nous lui conseillons de se corriger de ce défaut, et de laisser le scandale des gros mots à l'auteur des Contemporains illustres. Parmi les ouvrages qui doivent incessamment paraître, on annonce un poëme de M. Tonnyson, et un volume de sylves par M. Alexandre Smith. Les antiquaires et les personnes dont les études se dirigent de préférence vers la littérature du moyen âge, ne sauraient mieux faire que de se procurer la nouvelle et excellente édition du Confessio Amantis (1), publiée, il y a environ dix jours, chez Messrs. Bell et Daldy, dans Fleet Street. J'ai l'honneur d'être, etc.

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Je recherche en vain, depuis plus de deux années, les traces d'un manuscrit espagnol sur lequel peut-être quelqu'un de vos lecteurs pourra m'instruire. Ce manuscrit me serait, sans aucun doute, fort utile à consulter comme commentaire de la correspondance inédite de Me des Ursins avec Me de Noailles et Mme de Maintenon, dont vous avez bien voulu déjà dire quelques mots dans l'Athenæum français, que j'ai signalée dans mes Notices et Extraits de manuscrits conservés en Suède, pages 194-214, et que je me propose de publier prochainement. Voici le titre de ce manuscrit :

La princesa de los Ursinos, con anecdotes curiosos durante el reino de Felipe V, in-4 de 64 pages.

Ce manuscrit était porté sous le n° 3127 du catalogue de la bibliothèque de feu M. Renouard, dont la vente s'est faite à Paris en novembre 1854.

M. Potier, chargé de la vente, n'a conservé, parmi les notes inscrites sur son exemplaire du catalogue, aucune trace du passage de ce manuscrit, et il m'a exprimé sa conviction qu'il n'avait pas paru à la vente, bien qu'il fût inscrit au catalogue. J'ai eu recours à la famille de M. Renouard, qui a bien voulu faire à ce sujet quelques recherches, lesquelles sont restées complétement

inutiles.

Le manuscrit concernant Mme des Ursins paraît avoir été réuni à un autre manuscrit intitulé: Memorial presentado a Felipe III sobre los linages de Castilla y Portugal, por el Card. Franc. de Mendosa, in-4, demi-rel.

Permettez-moi, monsieur le directeur, d'avoir recours à la publicité de la Correspon

dance littéraire pour demander si quelqu'un de vos lecteurs peut et veut bien m'éclairer à ce sujet!

Le manuscrit en question ne contient peut-être qu'une satire qu'on devra lire avec défiance; mais la vie de Mme des Ursins est assez peu connue et son personnage d'émule de Mme de Maintenon assez intéressant (la nouvelle correspondance le montrera, j'espère), pour qu'il soit d'un éditeur bien avisé de rechercher avec grand soin tous les documents concernant cette femme célèbre, surtout les documents inédits et espagnols. Veuillez agréer, etc.

A. GEFFROY,

Professeur à la Faculté de Bordeaux.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Mémoires et journal inédit, du marquis d'Argenson, ministre des affaires étrangères, sous Louis XV, publiés et annotés par M. le marquis d'ARGENSON, t. I, Paris, 1857. (Bibliothèque elzevirienne.)

Nous avons déjà parlé de la collection de mémoires historiques, que M. Jannet se propose d'ajouter à sa Bibliothèque elzevirienne. Cette collection, qui comprendra au moins deux cents volumes, parmi lesquels il y en aura environ quatre-vingts inédits, ou ne figurant pas dans les anciens recueil de mémoires, est actuellement en voie de publication.

Les mémoires et le journal inédit du marquis d'Argenson qui (avec les Mémoires de Campion) ouvrent cette nouvelle publication, formeront au moins quatre volumes, dont le premier vient de paraître. Une partie de ce volume avait été imprimée sous la restauration, par les soins de M. le marquis d'Argenson, qui aujourd'hui reprend

son travail sur des bases nouvelles. Mettant à bibliothèque du Louvre et ses papiers de famille, profit les nombreux manuscrits conservés à la il nous donne l'un des livres les plus curieux à lire et à consulter pour l'histoire du XVIIIe siècle. On trouve de tout dans le volume que nous avons sous les yeux politique, administration, biographies et portraits, anecdotes et réflexions. Tout cela est écrit avec esprit, avec verve et souvent très-finement touché. Parmi les pages qui nous ont paru les plus piquantes, nous ci

terons celle où l'auteur nous raconte la révolution complète qu'il voit s'opérer sous ses yeux, dans les mœurs de ses contemporains. -«De nos jours, dit-il, la bonne compagnie a abdiqué l'ivrognerie et l'a abandonnée aux artisans et aux laquais.... On jure moins, on ne blasphème plus de sang-froid et de gaieté de cœur; on parle plus bas et avec plus de calme.... De peur que les simples tracasseries ne dégénèrent en querelles, on les évite autant qu'on peut. Peut-être, convenons-en tout bas, sommes-nous devenus un peu poltrons.... Nos anciens étoient assurément braves et hasardeux, mais nous sommes beaucoup plus sociables.... Nous nous dévorions autrefois comme des lions et des tigres; à présent nous jouons les uns avec les autres, comme de jeunes chiens qui mordillent, ou de jolis chats dont les coups de griffe ne sont jamais mortels.... On n'est pas plus économe aujourd'hui qu'on ne l'étoit autrefois; mais le luxe a changé d'objet et s'est tourné en dépenses d'agréments, de propreté, de convenances. On a renoncé aux dorures, aux broderies, aux tapisseries de haute lisse.... Il y a cinquante ans, le public n'étoit aucunement curieux des nouvelles d'État. Aujourd'hui chacun lit sa Gazette de Paris, même dans les provinces. On raisonne à tort et à travers sur la politique, mais on s'en occupe. La liberté angloise nous a gagnés. La tyrannie en est mieux surveillée, elle est obligée du moins à déguiser sa marche et à entortiller son langage. Ce qui nous reste à désirer sous le rapport de la peuplade et de l'égalité des richesses, tient aux défauts des lois, plus qu'à ceux des

mœurs. "

Le volume commencé avec un grand soin est précédé d'une notice qui n'occupe pas moins de cent trente-six pages. Nous attendrons, pour l'apprécier, que la publication soit complétement terminée.

Histoire du Pérou, par le P. ANELLO OLIVA, traduite de l'espagnol sur le manuscrit inédit, par M. H. TERNAUX COMPANS. Paris. 1 vol. (Bibliothèque elzevirienne).

«Tous les auteurs qui ont écrit sur l'ancien Pérou, dit M. Ternaux dans son intéressante préface, ont suivi aveuglément Garcilasso de la Vega, d'abord parce que son ouvrage a, dès son apparition, été traduit en plusieurs langues et se trouve

entre les mains de tout le monde, puis parce que Garcilasso se vanta d'être né d'une princesse des Ingas, et d'avoir appris tout ce qu'il raconte par les récits des parents de sa mère, qui avaient encore vu l'empire des Ingas dans toute sa splendeur. » Mais cette origine même de Garcilasso indique à quel point on doit se méfier de la véracité des faits contenus dans son ouvrage, qu'il composa déjà vieux et loin de sa patrie, d'où il avait été envoyé en Espagne à l'âge de dix-sept ans. Suivant lui, les Ingas seuls créèrent la civilisation au Pérou, les souverains qu'ils ont donnés à cet empire ont offert le modèle de toutes les vertus, et leur règne a été un véritable âge d'or.

Cependant, comme le fait très-bien observer M. Ternaux, il est plus que vraisemblable qu'il existait une civilisation bien antérieure aux Ingas, et que c'est à la monarchie Aymara, qui a précédé celle des Quichuas, qu'il faut attribuer les monuments les plus remarquables du Pérou.

Le livre du P. Oliva est d'un haut intérêt et soulève un coin du voile qui couvrira encore longtemps l'histoire de ce vaste empire. Les seuls renseignements que M. Ternaux a pu trouver sur l'auteur lui ont été fournis par le titre même du manuscrit qu'il a traduit. Le P. Oliva était né à Naples, et jésuite; et son livre, intitulé Vie des hommes illustres de la Compagnie de Jésus du Pérou, porte la date de 1631. M. Ternaux n'en a traduit que le premier livre, qui forme une espèce d'introduction. C'est, sans contredit, l'un des documents les plus intéressants qui aient encore été publiés sur les origines si inconnues du pays conquis par Pizarre.

Résumé historique des explorations faites dans l'Afrique australe, de 1849 à 1856, par le rév. docteur D. Livingstone, par V.-A. MALTEBRUN. Paris, Arthus Bertrand. 1857. In-8 de 95 5 p. avec 1 carte.

Le docteur Livingstone vient d'accomplir, dans l'Afrique australe, le voyage de découvertes le plus étendu que l'on ait entrepris jusqu'ici. Il n'a d'analogue, en ce genre, que celui du docteur Barth, et semble plus merveilleux encore à cause de la nouveauté des régions parcourues. Livingstone a pénétré à diverses reprises dans des pays entièrement inconnus aux Européens, et non-seulement il les a vus, mais il les a étudiés en voya

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