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DU MÊME AUTEUR:

LA PHILOSOPHIE DE PLATON, suivie d'Etudes platoniciennes. Ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales et politiques et par l'Académie française, 2 vol. in-8°.

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2302.

Abbeville, imprimerie Briez, C. Paillart et Retaux.

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Tout exemplaire non revêtu de ma griffe sera réputé

contrefait.

Vignard

elagran

INTRODUCTION.

DE LA MÉTHODE DANS L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

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I. UTILITÉ DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE POUR LA PHILOSOPHIE. 1° L'histoire de la philosophie fait partie de la philosophie même, parce qu'en réalité elle n'a point un objet différent de la philosophie: son objet est toujours l'esprit, réfléchissant sur sa propre nature, sur son principe et sur sa fin. 20 L'histoire de la philosophie corrige ou prévient l'erreur, et confirme ou complète la vérité.

II. — UTILITÉ DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE POUR L'HISTOIRE EN GÉNÉRAL. L'histoire générale doit remonter des actions de l'humanité à leurs causes; ces causes sont les idées morales, religieuses et scientifiques; ces idées ont leur plus haute expression dans la philosophie. Le progrès de

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la spéculation dirige les autres progrès de l'humanité, si bien que les théories les plus élevées et les plus éloignées en apparence de la pratique en sont réellement les plus voisines. L'histoire de la philosophie est l'histoire de la conscience réfléchie que l'humanité acquiert d'elle-même.

III. DE LA MÉTHODE DE CONCILIATION DANS L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE. Que l'historien doit 10 comprendre, 2o apprécier. Pour comprendre, il aut se placer au point de vue d'autrui et non à son propre point de vue, entrer dans la pensée des autres plus profondément qu'euxmêmes, s'il est possible, la pousser plus loin qu'eux pour en bien apercevoir la direction, s'attacher à l'esprit en même temps qu'à la lettre, aux parties supérieures des systèmes plutôt qu'aux parties inférieures, aux vérités plutôt qu'aux erreurs. La grande critique est celle des beautés, non des défauts.

Pour apprécier, il faut corriger les erreurs et concilier les vérités. Les erreurs portent sur les conséquences ou sur les principes. Les erreurs de conséquences doivent être rectifiées au moyen des principes du système, sans sortir du système lui même; on complète ainsi et on perfectionné le système avec les propres ressources qu'il fournit. - Si

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le système ainsi perfectionné est cependant insuffisant à l'explication de la réalité, et s'il laisse en dehors de lui des choses que la conscience nous atteste, c'est que le principe du système est incomplet. L'erreur de principe consiste à prendre ainsi une vérité incomplète et partielle pour la vérité totale. La réfutation de cette seconde espèce d'erreur consiste à compléter un système par un autre vers lequel ses tendances et sa direction propre l'entraînent, et où il trouve son achèvement. De là, la conciliation progressive des doctrines dans leurs parties positives, et leur réduction à l'unité au sein d'une doctrine plus large. Cette méthode differe de l'éclectisme ou choix plus ou moins arbitraire de propositions empruntées à divers systèmes. Elle diffère aussi de la méthode hégélienne, qui finit par regarder l'erreur même comme une partie essentielle de la vérité en identifiant les contradictoires. - La vraie méthode de l'histoire doit être une méthode de justice et de fraternité à l'égard de ceux qui ont aimé et cherché comme nous la vérité.

Descartes, par une réaction naturelle contre l'autorité des anciens qui avait dominé au moyen âge, dédaignait l'histoire de la philosophie et s'isolait dans la sphère de la réflexion individuelle: « Je ne veux même pas savoir, disait-il, s'il y a eu des hommes avant moi. » Leibnitz, sans méconnaître la nécessité de la spéculation originale, comprit mieux l'utilité de l'histoire pour le philosophe : « La vérité, disait-il, est plus répandue qu'on ne pense; <<< mais elle est souvent affaiblie et mutilée. En faisant remarquer « les traces de la vérité chez les anciens, on tirerait l'or de la << boue, le diamant de la mine, et la lumière des ténèbres; et ce << serait perennis quædam philosophia (1). » Philosopher, en effet, c'est entrer profondément dans sa propre pensée; mais c'estaussi entrer profondément dans la pensée des autres, et reconnaître l'harmonie des pensées diverses dans la vérité éternelle.

L'histoire de la philosophie ainsi conçue est utile à la fois et pour la philosophie et pour l'histoire générale.

I. L'histoire d'une science ne fait ordinairement pas partie de cette science même; par exemple, l'histoire de la physique n'est point une partie intégrante de la physique. Seule entre toutes les sciences, la philosophie doit renfermer en elle-même, pour être complète, sa propre histoire. C'est que la philosophie et l'histoire de la philosophie ont au fond le même objet l'esprit réfléchissant sur sa nature, sur son principe et sur sa fin. Ce que chaque individu, par la réflexion philosophique, découvre en soi, l'histoire de la philosophie nous le fait retrouver, comme en une image agrandie, dans les doctrines qui se sont succédé à travers

1. Nouveaux Essais, livre I, ch. 1.

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