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L'absolu, chez Schelling, semblait encore un principe supérieur à la

nature et à l'humanité ou transcendant. Selon Hegel, l'absolu est im-

manent à la nature et à l'humanité. Il est la raison ou la pensée se

réalisant par un progrès sans fin. La vraie raison et la vraie réa-

lité sont identiques: « tout ce qui est rationnel est réel, et tout ce

qui est réel est rationnel. » Le progrès par lequel la raison se

réalise est le devenir. L'absolu n'est pas, il devient. I. Logique. - La

vraie science de la pensée, ou logique, ne fait qu'un avec la vraie

science de l'être ou métaphysique. La logique abstraite et relative re-

pose sur le principe de contradiction. La logique réelle et absolue re-

pose sur l'identité des contraires. La raison absolue, étant affranchie

de toutes les oppositions, les pose et les détruit tour à tour, manifestant

ainsi son indépendance. C'est pourquoi les moments de l'évolution

universelle sont des contradictions réalisées. La lumière enveloppe

les ténèbres, la vie enveloppe la mort. Aussi la dialectique, ou mé-

thode par laquelle la pensée et l'être se développent, procède par thèse,

antithèse et synthèse. Les antinomies que Kant voyait seulement dans

certaines notions, existent partout; partout aussi existe l'harmonie.

- Le point de départ de la logique hégélienne est la notion de l'être

pur et indéterminé. L'être pur, qui n'est ni ceci ni cela, n'est rien; il est

identique à son contraire, le non-être. L'être pur et le pur non-être

sont deux thèses abstraites; la réalité vivante est dans la synthèse où

elles sont ramenées à l'unité, et cette synthèse est le devenir; car l'être

qui devient est et n'est pas tout ensemble. L'évolution de la pensée

et de l'être se manifeste dans la réalité sous deux formes principales,

la nature et l'esprit. II. Philosophie de la nature. Progrès de la

nature vers l'individualité: l'égoïsme, loi de la vie organique, se dé-

truit lui-même par la mort. III. Philosophie de l'esprit. L'indi-

vidu, selon Hegel, ne peut être libre que dans la société. L'Etat est

la substance de l'individu. Pouvoir despotique que Hegel attribue à

l'Etat sur l'individu et sur la famille. Personnification de l'Etat dans

le souverain. Politique autoritaire de Hegel. La philosophie de

l'histoire. Apothéose du succès. - Degrés successifs du développement

de l'esprit. L'art, la religion et la science. 1° Théorie de l'art. L'art

est l'esprit pénétrant la matière et la transformant à son image. Diffé-

rentes formes de l'art. Architecture, sculpture et peinture, constituent

l'art objectif. Musique, art subjectif. Poésie, synthèse de tous les arts.

- Développement de la poésie: épopée, genre lyrique et drame. Les

périodes de l'art: art oriental, art grec, art chrétien et romantique.

20 Théorie de la religion. Religion orientale, religion grecque, reli-

gion chrétienne. 30 Théorie de la science et de la philosophie.

philosophie, degré suprême du développement intellectuel.« L'esprit ne

peut se soumettre qu'à ce qui est esprit. » - Adversaires de Hegel.

Hegel absorbe l'ordre physique et l'ordre moral dans l'ordre purement

logique, et identifie le réel avec le rationnel. Supériorité de la doctrine

de Kant et de Fichte, pour qui l'absolu n'est point ce qui est, mais

ce qui doit être. - IV L'école hégélienne. Strauss, Feuerbach, Max

Stirner. Matérialisme de Moleschott et de Büchner.

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METAPHYSIQUE. Schopenhauer s'annonce comme disciple de Kant, dont
il reproche à Hegel de s'être écarté. Il admet avec Kant l'impossi-
bilité de dépasser l'expérience, mais il croit que, dans les limites de
l'expérience, une métaphysique ou théorie de l'univers est possible.

-

Il supprime toute théodicée au profit de la cosmologie. Pourtant sa
théorie de l'univers n'est pas une physique se bornant aux phéno-
mènes, mais une métaphysique cherchant sous les phénomènes la réa-
lité. Confondre la métaphysique et la physique, selon Schopenhauer,
c'est détruire la morale. Après avoir soutenu que la métaphysique
est possible, Schopenhauer développe son propre système. Il y a
un monde apparent et un monde réel. Le monde apparent n'est que la
manière dont notre intelligence se représente les choses; il est notre
« représentation. Pour trouver le monde réel, il faut chercher en
soi ce qui est au delà de l'intelligence, au delà des représentations.
Avant de penser et de raisonner, nous tendons à vivre et à agir, nous
désirons, et le désir en son essence est volonté. La volonté est ce que
nous avons de plus intime; nous sommes volonté. - Que sont les
autres choses? Nous devons chercher à comprendre la nature par nous-
mêmes, et non pas nous mêmes par la nature. Le fond de toute action,
hors de nous comme en nous, doit être la volonté. La volonté ne se
ramène pas au concept de force; ce serait ramener, dit Schopenhauer,
le connu à l'inconnu. Caractères de la volonté. Universalité: tout
veut dans la nature. Indestructibilité : les formes disparaissent, la vo-
lonté reste. Liberté absolue: la volonté, en elle-même, est indépen-
dante de toute connaissance, et par conséquent du déterminisme ou
de la nécessité qui est la loi de la connaissance. - MORALE. Dévelop-
pement de la volonté, ou théorie des mœurs. Au plus bas degré du
développement moral est l'égoïsme, qui est l'affirmation ardente de la
volonté de vivre. Le sentiment moral a pour essence la pitié, qui
provient de ce qu'on reconnaît tous les êtres comme identiques dans
la réalité absolue. Le plus haut degré de moralité consiste dans
l'anéantissement de la volonté de vivre, et, avec la volonté de vivre,
de tout égoïsme, de toute individualité. Reproduction par Schopen-
hauer de la morale boudhiste. On parvient à la volonté de s'anéantir
par l'ascétime et par la science. La science aboutit à cette conclusion
que le monde, loin d'être le meilleur possible, est le plus mauvais pos-
sible, et que le mal tient à la vie même. Pessimisme de Schopenhauer.

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La pleine conscience que le monde est un mal aboutit à la volonté
de ne plus vivre et de ne plus revivre. Le détachement absolu de toute
existence est le Nirvana. En se détachant ainsi de l'existence phé-
noménale, n'entre-t-on pas dans l'existence réelle, et en quoi con-
siste cette existence? Selon Schopenhauer, ce sont là des questions
transcendantes dont nous ne pouvons rien savoir. Sa philosophie tout
immanente se tient dans les limites du monde et ne prétend pas les fran-
chir. Voilà pourquoi elle se termine par une négation. CONCLUSION.
Tout en reconnaissant que la volonté est l'essence des choses, Schopen-
hauer n'a point eu une notion exacte de la volonté, de la liberté et de
l'individualité. Il donne à la volonté un caractère impersonnel au lieu
d'y reconnaître le fondement même de la personnalité.
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CHAPITRE ONZIÈME

ÉCOLE ANGLAISE CONTEMPORAINE.

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L'école anglaise contemporaine (Stuart Mill, Darwin et Herbert Spencer)
continue la tradition de Hume. Elle aboutit en psychologie, en cos-
mologie, en morale, en sociologie, à un nouveau naturalisme. 466

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Méthode: purement expérimentale. Fait primitif: la sensation. L'idée
n'est qu'une sensation continuée et affaiblie, la volition n'est qu'une
sensation dominante. La loi la plus générale qui régit les faits psycho-
logiques est l'association des idées; elle est produite par la ressem-
blance ou par la contiguïté dans le temps ou dans l'espace. - L'as-
sociation habituelle de deux idées produit l'attente de la première
après la seconde : cette attente est l'induction. L'accord de notre at-
tente avec la réalité vient de ce que l'association de nos idées est pro-
duite par l'association même des choses en dehors de nous. - Quand
une habitude intellectuelle est très-forte, elle se fixe dans les organes
et se transmet par hérédité. C'est l'hérédité qui explique l'innéité de
certaines notions. Les idées a priori se réduisent à des instincts in-
tellectuels ou habitudes héréditaires. Leur universalité et leur nécessité
viennent de ce qu'elles sont imposées à l'individu par l'espèce elle-
même. Les instincts intellectuels ou habitudes héréditaires sont
soumis à une loi de progrès et d'évolution, grâce à laquelle s'accroît
l'harmonie mutuelle de notre pensée et de la nature. Part de vérité
que contient cette doctrine dans l'explication de la connaissance sen-
sible. Son insuffisance apparait surtout quand il s'agit d'expliquer
l'idée du moi ou l'idée de l'absolu.- Efforts de Stuart Mill pour ex-
pliquer, par une simple combinaison de sensations, la distinction du
moi et du non-moi, du sujet et de l'objet. L'école anglaise, pour
établir cette distinction, se trouve à la fin obligée de la ramener à la
distinction de l'actif et du passif, du volontaire et de l'involontaire.
Par là elle dépasse ses propres principes. L'école anglaise s'efforce
d'abord de rejeter la notion de l'absolu, et reproduit les thèses de
Hamilton; Stuart Mill montre ensuite l'exagération de ses thèses : si
nous ne pouvons connaitre l'absolu et le parfait, nous pouvons cepen-
dant le concevoir. Bien plus, selon M. Spencer, cette conception de
l'absolu se retrouve au fond de toutes les autres; elle est la condition
de la pensée et l'élément immuable de la conscience. De là, selon
M Spencer, la perpétuité de la spéculation métaphysique et du senti-
ment religieux.
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L'école anglaise propose un système du monde qui n'est pas sans analogie
avec les systèmes allemands, et dont le fond est l'idée de l'univer-
selle évolution. Principe fondamental de la cosmologie: permanence
de la force. Corollaire transformation et équivalence des forces.
Perpétuité du mouvement. Sa direction selon la ligne de la plus
grande force et de la plus faible résistance. Sa loi de rhythme. Con-
séquences dernières : l'évolution et la dissolution. L'évolution par la-
quelle les choses prennent une forme de variété et d'unité croissantes
explique la formation du monde, le développement de la vie, puis de
la société humaine, du gouvernement, de l'industrie, du commerce,
de la science et de l'art. Rien n'est fixe; aucun équilibre n'est stable.
Les individus et les espèces sont également soumis à des métamor-
phoses. Pour les espèces mêmes il n'y a point de type immuable. Elles
sont produites, selon M. Darwin, par la sélection naturelle qui ré-
sulte de la lutte pour la vie. Les êtres animés sont en concurrence
perpétuelle. Les plus forts et les plus intelligents l'emportent, trans-
mettent leur supériorité à leurs descendants et produisent, peu à peu
des variétés et des espèces. - Destinée du monde. Après des milliers
de siècles, l'équilibre se produira parmi les forces dont se compose

notre système solaire, puis la dissolution détruira de nouveau cet
équilibre; et ainsi de suite, à l'infini ...

473

1° Négation de la liberté morale, 2° réduction du bien à l'utile. Stuart

Mill essaye de perfectionner le système de Bentham en introduisant

dans l'évaluation des plaisirs, outre la considération de la quantité,

celle de la qualité. Comment cette considération dépasse la morale

utilitaire. De plus, Stuart Mill substitue à l'intérêt particulier l'in-

térêt du genre humain. Ne pouvant attribuer à l'intérêt du genre

hunain un caractère moralement obligatoire, il s'efforce de remplacer

l'obligation morale par une contrainte intellectuelle résultant de l'as-

sociation indissoluble entre l'intérêt de chacun et l'intérêt de tous. —

Impossibilité de cette association. Comment la morale anglaise s'ab-

sorbe à la fin dans la science sociale ou sociologie. - De même que

l'idée essentielle du devoir fait défaut à la morale de l'école anglaise ;

de même l'idée essentielle du droit fait défaut à sa sociologie. Stuart

Mil définit le droit un pouvoir que la société a intérêt de conférer à

l'individu. Il ajoute que l'intérêt de la société est de laisser à l'indi-

vidu la plus grande liberté possible. La liberté développe les facultés

de l'individu, favorise l'originalité, suscite le génie, assure le progrès

social par le libre jeu des volontés individuelles. Théorie du droit

de propriété. Comment l'école anglaise y mêle, sans les distinguer,

les considérations de droit et celles d'intérêt. Stuart Mill perfectionne

la théorie de Locke. Il fait reposer le droit de propriété sur le droit de

l'homme aux produits de son travail, qui n'existeraient pas sans lui.

Application qu'il fait de ce principe à la théorie des monopoles. Ca-

ractère mixte et parfois indécis de sa doctrine. Même caractère dans

la question du droit à l'assistance. Application à la société de la loi

d'évolution par M. Herbert Spencer. Le développement des sociétés

est la résultante de la prédominance des penchants altruistes sur les

penchants égoïstes. Equilibre final entre les intérêts de tous les indi-

vidus au sein de l'humanité; équilibre final entre l'humanité et la

nature. L'école anglaise, n'ayant point admis la liberté morale, ne

peut fonder ni véritable devoir ni véritable droit: elle demeure un

naturalisme qui aspire en quelque sorte à reproduire et à remplacer

la moralité, mais qui demeure toujours au-dessous d'elle...

CONCLUSION

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