Semblable au camelot quand il a pris son pli, Cette autre que tu vois, couverte d'écarlate, Possede un joli bien; mais sçais-tu bien comment Je ne finirois pas ces peintures plaisantes, Moins pour y prendre l'air que pour voir leurs amans. Le pinceau dans la main je faisois le tableau Le pompeux char d'Iris la chagrine et l'offence. Qu'un magnifique train semble rendre un peu fiere, Cependant, qui des deux soûtient mieux la dépense? Il est tems, cher Damon, de quitter ces discours, (Les Agreables Diversitez du Parnasse, s. d 1700.) PIERRE DE VILLIERS L'Abbé Pierre de Villiers naquit à Cognac le 10 mai 1648; d'autres biographes disent en 1649 ou 1650. Élevé à Paris, il entra chez les Jésuites en 1666 et se distingua dans l'enseignement. Il acquit plus de renommée dans la prédication quand il prit l'ordre de prêtrise, et le poème sur l'Art de Prêcher témoigne à la fois de sa science d'orateur et de l'attention des fidèles. L'esprit satirique de l'Abbé de Villiers y décoche des traits fleuris qui n'ont pas la violence profanatrice de ceux du P. Sanlecque, mais qui frappent avec justesse et légèreté. Cependant, à cause de son air audacieux et de sa parole impérieuse, Boileau surnomma plaisamment Villiers le Matamore de Cluny ». L'Abbé était entré dans l'Ordre non réformé de Cluny, après avoir appartenu à la Société de Jésus pendant vingt-trois ans. Il mourut Prieur de Saint-Taurin, le 14 octobre 1728. Bien que le style de Pierre de Villiers soit parfois languissant et prosaïque, il n'est pas sans pureté ni délicatesse et mérite une place très honorable dans l'histoire poétique. Le Traité de la Satire doit être médité comme l'un des meilleurs et des plus agréables. Il nous a paru curieux d'extraire des Poèmes et autres Poésies une satire sur les portraits, dont Diderot paraît s'être souvent inspiré en maints endroits de sa critique, et qui nous est un rare témoignage artistique et mondain du temps de la fausse pompe et de l'affectation outrancière. La Bruyère avait déjà dit la même chose. BIBLIOGRAPHIE. L'art de prêcher, 1682, 1728, in-12 (plus de 30 édit.); De l'amitié, poème satyrique en quatre chants contre les faux amis, Amsterd., 1692, in-12; Entretiens sur les tragédies de ce temps, Paris, 1675, in-12; Conduite chrétienne dans le service de Dieu et de l'Eglise, Paris, 1699, in-16; Traité de la Satire, Paris, 1695, in-12, La Haye, 1716 (faussement attrib. à LOUIS DE SACY); Entretiens sur les Contes de fées et sur quelques ouvrages de ce temps, Paris, 1699, in-12; Pensées et réflexions sur les égarements des hommes dans la voie du salut, 1693, 3 vol. in-12 et 1732; Réflexions sur les défauts d'autrui, Paris, 1690, 1691, 1693, 2 vol. in-12; ·Sentiments critiqués sur les Caractères de La Bruyère, Paris, 1701, in-12; Vérités satiriques, en cinquante dialogues, Paris, 1725, in-12; Sur ma vieillesse, stances, 1727, in-12; Poèmes et autres Poésies de ***, Paris, 1712, 1728, in-12; Euvres en vers, 1717, in-12. Ouvrages attribués: Mémoires de la vie du Comte D. avant sa retraite (désavoué; on l'a attrib. à SAINT-EVREMOND), Paris, 1696, 1702, 2 vol. in-12; - Les Moines, Comédie, Berg-op-Zoom, Strélitz, 1709, in-12, s. 1., 1716; Apologie du Célibat chrétien, contre l'ouvrage du chanoine Desforges: Avantages du mariage, Paris, 1762, in-12; Poésies de M. D*** V***. Nouv. éd. augment. d'un nouveau poème (l'Education des rois) et de quelques autres pièces, Nouv. Réflex. sur les défauts d'autrui, Paris, 1697, - Paris, 1728; 2 vol. in-12. A CONSULTER. GOUJET, t. III. · MORERI, Dict. Hist. - BARBIER, Dict. des Anonymes. - L'APOTRE BIBLIOGRAPHE, Bibl. Clericogalante, Paris, 1879; Journal de Verdun, mars, 1729, p. 160-2; QUERARD, France Littér. Bibliothèque de la Comp. de Jésus; Bibliogr. de la Cie de Jésus, éd. Carlos Sommervogel, III, 1898. · LACHÈVRE, Bibl. des Rec. Collect. de poés., III, 564. EPITRE XI A M. RIGAUD, PEINTRE Rigaud, cherche le Vray, pein toujours la Nature, En vain, non moins Savant dans l'art des Drapperies, Des habits qu'à ton choix tu peins et tu varies, On se trompe à l'étoffe, et l'on croit que Gautier (1) (1) Fameux Marchand de Soye. Si tu ne peins l'esprit, les mœurs, le rang, et l'âge, Ennemi du mensonge, abhorrant l'imposture, Inspire à ton pinceau la même hardiesse, Ce n'est point à son Art pour donner plus de lustre, En Robe de Brocart il le tient accoudé. Le Peintre connoît mieux en quoy son Art consiste, Il feroit un Portrait non moins fort, non moins beau, Tels, avant que l'Orgueil eût confondu les Rangs, |