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Nous indiquerons en outre la chasse des étangs, qui mérite également d'être signalée comme plus avantageuse que la chasse sur la même espèce de terre cultivée, et aussi parce qu'elle a le plus souvent pour but la destruction d'oiseaux de passage, ne nichant qu'exceptionnellement dans le pays.

Enfin la berge des étangs donne un revenu considérable chaque fois qu'on la plante en osiers. Le saule à osier vert (viminalis), celui à trois étamines, l'osier jaune, se recommandent surtout pour cet usage.

CHAPITRE XXIX

CONSERVATION DES ÉTANGS

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Entretien des étangs. Les étangs doivent | être soumis à une surveillance régulière dès qu'ils sont peuplés en poisson; cette surveillance aura pour objet principal le maintien d'un écoulement régulier des eaux et d'une alimentation continue de la pièce d'eau. A cette fin, on se rendra, après des pluies continues, de fortes averses, des crues extraordinaires, près des étangs, et on examinera si par suite des grandes eaux, les digues, la chaussée n'ont pas souffert; on avisera de plus à ce que les eaux n'inondent pas ces dernières et n'entraînent pas le poisson sur les fonds inférieurs. Si l'on remarquait des fuites d'eau dans la chaussée, ou bien le commencement de sa rupture, on s'empresserait d'y remédier au moyen de fascines, ou, lorsque cela suffit, en, bouchant les fissures à l'aide de terre glaise corroyée et bien battue. Les vannes de décharge, les grilles doivent être également l'objet d'une surveillance constante, afin que les réparations nécessaires ne se fassent pas attendre.

Les effets de la foudre sont très-dangereux pour la population des étangs; c'est pourquoi il est nécessaire de contrôler ces effets après chaque orage. Remarque-t-on sur la surface de l'eau, vers les bords de l'étang, une couche blanchâtre ayant beaucoup de ressemblance avec le salpêtre, c'est que l'éclair y est tombé et il y a urgence de tirer l'étang et d'évacuer une partie de l'eau qu'il contient. Cette mesure, pour être efficace, doit être fixée dans les cinq heures qui suivent l'accident, si on ne veut pas que le poisson soit en grande partie perdu pour le propriétaire.

fournissent un refuge aux ennemis du poisson. On les détruira donc, surtout vers le milieu des eaux, et on tiendra ces plantes très-courtes sur la mardelle de l'étang, attendu que dans cet état elles seront moins nuisibles et donneront un abri aux insectes aquatiques propres à la nourriture des poissons.

Quant à la vase qui recouvre le fond des pièces d'eau, elle est très-utile dans les étangs à carpes, mais elle ne doit jamais y dépasser une hauteur de 0,15 à 0,20. Dans les autres étangs et viviers, elle est presque toujours nuisible et doit en être éloignée chaque fois qu'elle tend à prendre trop d'épaisseur. Son emploi, comme engrais, couvrira d'ailleurs dans la plupart des cas les frais de son extraction.

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Ennemis des poissons. Les poissons ont de nombreux ennemis parmi les animaux, et on estime le ravage au quart de l'empoissonnage. Il y a donc urgence pour le pisciculteur à détruire ces ennemis. Voyons quels sont les plus dangereux, en commençant par ceux qui s'attaquent au frai.

Les œufs de poissons sont recherchés par les poissons carnivores, tels que le brochet, la perche, la truite, l'anguille, et surtout par le chabot. Ce dernier se tient caché sur le fond des eaux et fait une grande consommation de frai, de sorte qu'il doit être poursuivi à outrance dans les étangs pour la pose. Les grenouilles s'attaquent également aux œufs de poissons, ainsi que les canards, les oies, les mouettes, le

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Les étangs qui restent sous eau pendant l'hiver, doivent être maintenus à leur plus haut niveau, afin que les poissons trouvent sous la glace l'air nécessaire à leur respiration. Par des hivers rigoureux et longs, on cherchera à assurer l'écou-héron, etc. Parmi les lement constant de l'eau, et on facilitera l'entrée de l'air au moyen de trous ouverts dans la glace, que l'on fermera à l'aide de bottes de paille. La neige et la grêle sont également fatales au poisson, mais on ne connaît aucun moyen pratique de les en préserver. La profondeur de l'étang contribuera, toutefois, à soustraire le poisson à leur influence.

Enfin, les joncs, les roseaux et autres plantes aquatiques sont souvent nuisibles parce qu'ils

insectes et leurs lar-
ves, nous trouvons en
première ligne les hy-
drocanthares (fig.627),
quelques éphémères.
Enfin, l'écrevisse est
aussi nuisible au frai.

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On préviendra les ravages de la plupart de ces oviphages, en supprimant toute communication avec les eaux exté

rieures et en détruisant, lors de la pêche, tous | cigogne, des grèbes, des pélicans, etc., etc. Quant ceux qui pourraient se trouver dans l'étang. Pour aux poissons s'attaquant à leurs congénères, ils ont été l'objet de mentions spéciales, de sorte que nous nous bornerons à dire que si l'on grille avec

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ce qui est des oiseaux, on les tue à coups de fusil. Quant aux poissons, les loutres sont leurs ennemis les plus dangereux. Cet animal amphibie en fait un grand carnage et n'abandonne un étang qu'il fréquente que lorsqu'il est presque entièrement dépeuplé. On prend les loutres dans des trappes, des filets, des piéges, dont le plus ingénieux est sans contredit celui employé en Bavière, et dont nous donnons le plan d'après Bischoff (fig. 629). Cet engin est composé de rondins plantés dans l'eau et disposés de manière que la loutre puisse y entrer, mais pas en sortir. Le poisson se réfugie entre les piquets, la loutre l'y suit, mais ne peut l'atteindre. Et comme le haut est fermé de planches, elle ne peut aller respirer hors de l'eau et elle étouffe. On tue également les loutres à coups de fusil, lorsqu'on est très-adroit et surtout très-heureux chasseur; il en est de même des hérons, du balbuzard, de la

Fig. 629. Piége à loutre.

soin les canaux alimentaires des étangs, ils ne peuvent s'y introduire d'eux-mêmes et qu'on a, dans la majeure partie des cas, les moyens de prévenir leurs ravages, chaque fois qu'on ne les emploie pas comme d'utiles auxiliaires.

CHAPITRE XXX

DE LA FÉCONDATION ARTIFICIELLE DES OEUFS DE POISSONS.

Historique. - Il n'y a pas vingt ans de cela, | la pisciculture n'avait d'autre mission que l'assolement des étangs et se bornait à offrir aux poissons un emplacement artificiel convenable, une alimentation plus abondante, en même temps qu'aide et protection contre leurs ennemis et les influences contraires.

extrémités. Un lit de sable fin, convenablement disposé, recevait les œufs. Cette découverte paraît n'avoir reçu pendant longtemps que peu d'applications et être restée le secret de quelques personnes qui exerçaient la pêche par état. C'est un de ces pêcheurs, habitant de la principauté de Lippe, qui doit avoir initié M. G.-L. Jacobi, de Depuis lors, elle est devenue un art, ayant pour Hohenhausen, alors lieutenant des miliciens du base la fécondation artificielle des poissons, telle comté de Lippe-Detmold, plus tard major au serqu'elle est pratiquée depuis longtemps, dans l'in-vice de Prusse, dans la pratique de la fécondation térêt de recherches scientifiques, et même pour le repeuplement des cours d'eaux. Des recherches nombreuses, faites dans ces derniers temps, constatent qu'au quatorzième siècle, le père Dom Pinchon, moine de l'abbaye de Réome (1) près Montbard (Côte-d'Or), se livrait déjà à la multiplication artificielle des poissons. Il se servait, à cet effet, de longues boîtes en bois, fermées aux deux extrémités par un grillage d'osier et pourvues d'un couvercle, au centre duquel était une ouverture couverte aussi d'un grillage pareil à celui des

(1) Moutiers-Saint-Jean.

et de l'incubation artificielle des poissons et avoir ainsi fourni les matériaux du premier mémoire connu, publié sur ce sujet, et qui fut alors communiqué à Buffon, Lacépède, Gleditsch, Fourcroy et à d'autres célébrités de l'époque. Ce travail fut traduit en français, par Fourcroy, et publié en entier, en 1773, dans le Traité général des pêches de Duhamel. Lacépède en publia également un extrait dans son Histoire naturelle des poissons.

Mais Jacobi ne se borna pas à ce mémoire ; il chercha, en outre, à introduire la fécondation artificielle dans la pratique. A cette fin, il établit

DE LA

une piscifacture d'abord à Hambourg, ensuite à Hohenhausen et après à Nortelem. Cette dernière donna des résultats assez importants; les poissons obtenus par ce procédé y devinrent l'objet d'un grand commerce, et l'Angleterre, voulant récompenser un pareil service, accorda une pension à celui qui avait pris cette heureuse initiative.

Les pratiques de Nortelem se propagèrent peu à peu dans toute l'Allemagne. La principauté de Waldeck, celle de Lippe, le duché de SaxeCobourg eurent tour à tour leurs établissements ichthyogéniques.

Des essais tentés depuis en Italie, par Rusconi; en Suisse, par Agassiz et Vogt; en Angleterre, par Shaw, Boccius, vinrent successivement confirmer les résultats obtenus en Allemagne, mais la rapide propagation de la pisciculture n'eut lieu qu'à partir du jour où la Frances'empara des procédés de fécondation artificielle, tels qu'ils étaient appliqués par un simple pêcheur de la Bresse (Vosges), M. Remy. Cette application qui, dans l'isolement où ce dernier se trouvait, avait pour lui tout le mérite d'une véritable invention, aurait toutefois eu le même sort que les travaux de Duhamel et de Lacépède, si M. Coste, professeur d'embryogénie au collège de France, qui avait saisi ce qu'il y avait de riche et de fécond dans cette découverte, ne s'en était emparé et ne l'avait faite sienne. Le rapport remarquable qu'il présenta à ce sujet à l'Académie française fut inséré, avec le dessin des appareils, dans un supplément du Moniteur. Par son intervention, Remy fut récompensé et l'établissement de Huningue créé. Mais M. Coste ne fut pas le seul à prendre en main la question du repeuplement des cours d'eaux. D'autres savants non moins connus la prirent sous leur patronage et associèrent à son succès la responsabilité de leur recommandation. MM. Millet, de Quatrefages, Milne-Edwards, Haxo, Berthot, Detzem, Chabot, de Vibraye, de Montgaudry contribuèrent, pour leur part, à la propagation de la fécondation artificielle et à son perfectionnement.

C'est à la suite de ces travaux que la pisciculture devint une question européenne, et que tous les pays du continent s'empressèrent de la faire étudier en France, et d'établir des piscifactures chez eux. Mais nous devons ajouter que ces établissements ne répondirent pas tout à fait aux espérances que l'on avait mises en eux, par cela même que ces espérances étaient exagérées et que l'on s'était représenté la multiplication artificielle des poissons comme la source d'une production illimitée et comme le moyen de remplacer la poule au pot de Henri IV, par une truite. Il en est résulté tout d'abord un certain refroidissement pour l'art nouveau, lequel a finalement été ramené à des proportions raisonnables et n'est aujourd'hui considéré que comme un moyen de repeupler, plus expéditivement que la nature ne le fait, nos rivières dépourvues de poissons, et de les remettre dans l'état prospère où elles se trouvaient avant que la navigation à vapeur, les exigences de l'industrie, les progrès de l'agriculture, ne menaçassent nos établissements de pêches d'une ruine progressive.

Préliminaires.-La multiplication artificielle des poissons a pour but de mettre dans les mains du cultivateur les moyens : 1° de repeupler facilement, à peu de frais, les cours d'eau restés jusqu'ici improductifs ou à peu près; 2o de multiplier les espèces rares recherchées, et de les introduire dans les contrées où elles étaient auparavant inconnues, et 3° d'augmenter la quantité des richesses alimentaires à produire dans les fleuves, les rivières, les ruisseaux qui ne sont pas immédiatement au pouvoir exclusif de l'homme.

Ces résultats ne peuvent toutefois être obtenus qu'en prenant la nature pour guide dans les différentes manipulations de la fécondation artificielle, et c'est en suivant son exemple que l'on fera éclore un œuf de truite, avec la même certitude que l'on fait germer un grain de blé, en le confiant à la terre. Il est vrai que les procédés sont plus délicats, qu'ils réclament des soins plus minutieux; mais le succès n'en sera pas moins assuré, si l'on suit les règles que nous exposerons dans le cours du présent travail :

On se procure, au moment du frai, quelques mâles et femelles de l'espèce qu'il s'agit de multiplier artificiellement ou de croiser avec d'autres. On les conserve dans des réservoirs suffisants, séparés, si cela est possible, pour chaque espèce de poisson, et placés de manière que les prisonniers trouvent le milieu qui leur convient. Ainsi, les truites, les saumons, qui habitent les eaux courantes ou froides et s'y reproduisent, devront être parqués dans des bassins alimentés par des sources ou par une eau limpide suffisamment renouvelée, tandis que la carpe, la tanche, qui frayent dans les eaux dormantes, devront être placées dans des conditions semblables. Lorsqu'il n'est pas possible de disposer des bassins dont il vient d'être parlé, on retient les femelles soit dans une huche (boutique à poisson), espèce de caisse en bois percée de trous et baignant dans l'eau, soit dans une grande cage munie de flotteurs (fig. 630), que l'on place dans les conditions nécessaires à la bonne santé des

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dantes, qu'elle ne les perd même pas par suite de la gelée; mais nous manquons encore de données positives et exactes sur la question de savoir combien de temps les œufs peuvent conserver la faculté de recevoir l'influence des spermatozoïdes, eu égard aux variations de la température et aux différentes espèces de poissons.

Vers l'époque où l'on peut admettre que les poissons à multiplier sont prêts à jeter leurs œufs, il faut les surveiller, afin de les surprendre juste au moment de la ponte, dont on reconnaît l'imminence aux signes extérieurs suivants : le ventre des femelles est mollement distendu, l'orifice anal fortement injecté, gonflé et proéminent en forme de bourrelet hémorrhoïdal; les œufs, baignés par une abondante sécrétion de l'ovaire,sont libres de toute connexion et se laissent déplacer en tous sens à la moindre pression dans la cavité où ils sont tombés. Ces œufs ne changent pas de couleur, lors de leur contact avec l'eau.

Ces symptômes sont moins prononcés chez le mâle, mais la plus légère pression sur les parois abdominales provoque l'éjaculation de la laitance et ne laisse aucun doute sur l'époque rapprochée de la ponte.

On peut après cela procéder à l'opération de la fécondation qui doit avoir lieu, de deux manières différentes, suivant que les poissons donnent des œufs qui restent libres, tels que les truites, les saumons, ou bien des œufs se fixant à des corps étrangers, tels que les carpes, les tanches, etc.

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mince couche sur le fond du vase, on prend un mâle sur lequel on agit immédiatement de la même manière que sur la femelle, et cela jusqu'à ce que l'eau soit légèrement troublée ou prenne les apparences du lait très-coupé. On agitera ensuite le mélange, soit avec la queue du mâle que l'on tiendra dans l'eau pendant l'opération, soit avec la main ou avec une cuillère. Après un repos de cinq à dix minutes, la fécondation du frai est On accomplie.

Fécondation artificielle des œufs. se sert pour la fécondation artificielle des œufs qui restent libres, d'un vase quelconque, de ferre vernie, de porcelaine, de pierre, de bois, etc., à ouverture à peu près égale à la circonférence du fond, qui doit être plat, afin que les œufs puissent s'étendre sur une certaine superficie et ne présenter aucune juxtaposition. On y verse ensuite quelques litres d'eau, de façon à en couvrir le fond de 10 centimètres environ. Cette eau, qui doit être bien claire, sera prise soit dans le liquide où on placera les appareils à éclosion et où les œufs doivent se développer, soit dans celui où le poisson, que l'on se propose de multiplier artificiellement, vit d'ordinaire. Il est nécessaire de s'assurer si l'eau a la température observée lors du frai naturel. Si l'on employait l'eau de rivière où le poisson à multiplier se propage naturellement, on tâcherait avant tout de lui conserver sa température primitive. A cet effet, et si l'on travaille à l'air libre, par exemple, près d'un ruisseau à truites, il sera alors toujours préférable, pour accélérer les manipulations, de n'opérer que sur de petites quantités et de se servir chaque fois d'eau fraîchement puisée.

Dès que ces préparatifs sont terminés, on saisit de la main gauche une femelle et on la tient suspendue perpendiculairement par les nageoires de la tête au-dessus et le plus près possible du vase. Dans cette position, les œufs qui se trouvent près de l'orifice anal et vulvaire sortent par suite de leur propre pesanteur. Pour le cas où cela

Les CONDITIONS ESSENTIELLES de la réussite certaine de l'opération décrite ci-dessus sont toujours parfaite maturité des œufs, température convenable de l'eau et promptitude dans l'exécution des opérations.

Nous avons donné plus haut les signes auxquels on reconnaît l'époque prochaine de la ponte. Le degré de résistance que l'on rencontre dans l'opération de l'expulsion des œufs fournit l'indication la plus certaine à cet égard. Si une première tentative ne donnait pas de résultat, il y aurait lieu de remettre les poissons à l'eau ou dans leur bassin pour recommencer un ou plusieurs jours plus tard. L'opération ne réussit également pas lorsque l'on a attendu trop longtemps pour débarrasser les femelles de leur faix. Cet accident se reconnaît à l'émission simultanée d'une matière purulente jaunâtre, au milieu de laquelle on reconnaît quelques œufs, qui deviennent d'abord opaques, lors de leur contact avec l'eau, pour passer ensuite au blanc.

La connaissance de l'époque habituelle du frai ne peut pas toujours être un moyen positif d'empêcher cet état de choses de se produire, attendu qu'elle diffère non-seulement pour les genres d'une même famille, mais encore, suivant les circonstances, pour les membres d'une même espèce. Mais comme elle peut servir de point de départ et être d'une certaine ressource dans des cas donnés, nous allons en indiquer la moyenne pour les pays de l'Europe centrale.

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Quant aux poissons qui fixent leurs œufs, à l'aide d'une matière gluante, aux objets environnants, on modifie les pratiques indiquées jusqu'ici, de la manière suivante: on se munit d'abord d'un certain nombre de petites poignées de plantes aquatiques bien lavées, telles que l'étoile d'eau, la renoncule aquatique; ensuite on fait choix de vases ayant la forme et les dimensions indiquées plus haut, et d'un baquet. Des trois personnes qui doivent concourir à l'opération, l'une prend une femelle, qu'elle délivre de ses œufs de la manière décrite tout à l'heure. Une seconde prend le mâle dont elle exprime en même temps la laitance, el la troisième agite l'eau avec une petite poignée d'herbes, préparées à l'avance, et favorise ainsi l'imprégnation. Les œufs enduits d'une matière visqueuse s'attachent aux brins d'herbes et quand ils en sont suffisamment chargés, on les laisse séjourner de trois à quatre minutes dans l'eau spermatisée, afin de leur donner le temps d'absorber les molécules fécondantes; puis, pour que les œufs dont sont chargées ces touffes végétales ne se dessèchent pas, on les rassemble dans un baquet, où on les abrite au moyen d'un linge mouillé. On peut aussi, à la rigueur, opérer à deux. Dans ce cas, pendant que l'un provoque la ponte des œufs, l'autre les recueille avec les touffes végétales. Lorsque ces œufs sont fixés, on les place dans le vase pour y être humectés par la laitance du mâle. On agite doucement l'eau avec les herbes, afin de soumettre tous les œufs à l'influence de la liqueur prolifique. Après un séjour de cinq à six minutes dans l'eau laitancée, l'opération est faite, et on met les œufs à l'éclosion. Dans tous les cas, et quelle que soit la manière d'opérer, il est INDISPENSABLE de ne faire tomber dans le récipient qu'une quantité d'œufs proportionnée à la surface que l'on veut garnir; autrement, il se formerait sur les rameaux des agglomérations nuisibles à leur développement.

La fécondation des œufs qui se collent contre les objets environnants, telle que nous venons de la décrire, ne présente guère plus de difficultés que celle des œufs restant libres; mais comme elle réclame une plus grande attention, on n'y a recours que dans des cas exceptionnels. On cherche, à l'exemple des Chinois, à la remplacer par la récolte des herbes couvertes d'oeufs fécondés, ou bien on détermine les poissons d'un cours d'eau, d'un étang, etc., à venir déposer leur couvée à l'endroit qu'on leur ménage. Ceci a lieu à l'aide d'appareils fort simples et peu coûteux,

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qui varie de 1 à 2 mètres, leur distribution, leur placement, dépendent naturellement des localités. Il est toutefois nécessaire que l'une des extrémités de l'appareil soit lestée d'un poids assez lourd, afin que les trois quarts environ de l'appareil baignent dans la rivière.

Un ou deux mois avant l'époque présumée de la fraie, on place ces appareils sur les bords de la pièce d'eau où les poissons vivent, pour les en retirer après la ponte. On en détache ensuite les touffes d'herbes avec précaution, et on les rassemble, pour assurer leur éclosion, dans les mêmes conditions que le produit des fécondations artificielles.

Pour les espèces qui déposent leurs œufs libres sur le gravier, ou qui les cachent dans ses interstices, comme celles de la famille des salmones, on couvrira, dans les eaux limpides et peu profondes, les lits des ruisseaux d'une couche épaisse de galets, de gravier et de sable, afin d'engager les femelles à venir y déposer leurs œufs.

Ces moyens ne pourront toutefois remplacer la fécondation artificielle qu'autant que les causes nombreuses de la destruction du frai à l'état libre viendraient à cesser, et que, par conséquent, les motifs qui s'opposent au repeuplement naturel de nos cours d'eau n'existeraient plus.

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