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qu'elle détache, de sorte qu'après son passage, les surfaces de rapport sont complétement changées, ce qui permet, en variant convenablement la profondeur des labours, de ramener successivement à l'air des couches qui n'avaient pas subi son contact depuis un temps plus ou moins long, et qui viennent, alternativement, s'imprégner des gaz fécondants dont l'atmosphère est le réservoir. Le mouvement de rotation que la bande de terre éprouve en se moulant sur le versoir, donne, en outre, le moyen d'enfouir les engrais et les amendements, et, en modifiant d'une manière rationnelle la profondeur des labours, de les répartir uniformément dans toute l'épaisseur de la couche arable. Il permet également de mélanger, quand on le juge avantageux, une portion du sous-sol avec le sol, et il contribue efficacement à la destruction des mauvaises herbes. En effet, chaque bande de terre renversée par la charrue, ensevelit les plantes qui vivaient à sa surface, et qui, sous la couche de terre qui les recouvre, doivent infailliblement périr, et fournir, par leur décomposition, un supplément de nourriture dont les récoltes ultérieures profiteront. Le cultivateur y trouve donc, en même temps, un auxiliaire précieux dans la lutte qu'il a à soutenir contre l'envahissement des herbes adventices.

labours qui mettent en relief un fort cube de terre, et présentent en même temps une grande surface, c'est-à-dire ceux qui multiplient les points de contact avec l'air, sont aussi les plus profitables. L'influence exercée par l'atmosphère sur les couches qui reçoivent directement son impression, les autres circonstances étant d'ailleurs les mêmes, ne dépend cependant pas uniquement de l'étendue des surfaces. Il faut également tenir compte de la durée du contact. Plus celui-ci se prolonge, plus les effets sont apparents. Aussi voyons-nous, partout où l'agriculture a fait quelques progrès, les cultivateurs labourer leurs terres aussitôt qu'elles sont dépouillées de leurs produits, et, dans tous les cas, avoir bien soin de toujours exécuter cette opération avant l'hiver. Comme fait à l'appui de l'action efficace des agents atmosphériques sur la fertilité des terres, on peut encore invoquer la pratique de la jachère, qui consiste, comme on sait, à laisser le sol pendant une année entière sans lui demander des produits, et à lui donner, durant cet intervalle, quatre, cinq labours, ou un plus grand nombre. En effet, l'expérience atteste que, par ce mode de traitement, la terre acquiert | une fécondité supérieure à celle que développerait, à lui seul, l'engrais qu'on lui applique. L'ameublissement que le travail de la charrue communique à la couche arable, produit encore un autre résultat dont il importe de faire mention. Dans un sol dur et compacte les eaux de pluie ne s'introduisent qu'avec difficulté, et ne peuvent pénétrer qu'à une faible profondeur, de sorte que la plus grande partie de celles qui arrivent à sa surface, y restent stagnantes ou s'écoulent en suivant la pente du terrain. Dans de pareilles conditions, les plantes qui occupent le sol sont nécessairement exposées à souffrir d'un excès d'humidité dans les saisons pluvieuses, et à manquer d'eau à l'époque des grandes chaleurs. Il en est tout autrement dans les terres convenablement ameublies. Les eaux pluviales s'y infiltrent aisément, et s'y accumulent en plus forte proportion sans aucun préjudice pour les plantes, et l'expérience démontre que la fraîcheur y est plus durable, en même temps que l'excès d'humidité y est moins à craindre, et que les récoltes y trouvent des conditions d'existence plus assurées contre les fluctuations atmosphériques. Au surplus, on ne doit pas perdre de vue que l'infiltration des eaux pluviales a pour conséquence de mieux répartir le calorique dans la couche arable, et d'y introduire des substances utiles à la végétation, substances qui sont entièrement perdues quand Ces conditions ne sont pas toujours remplies les eaux ne font que couler à la surface. C'est là avec la perfection désirable: en faisant abstracce que les recherches entreprises depuis quelquestion des obstacles que le sol peut susciter dans années sur les eaux de pluie, ont démontré d'une façon irrécusable. Il n'y a pas jusqu'aux rosées et aux brouillards qui n'apportent aux terres labourées leur contingent de principes alimentaires pour les plantes

Indépendamment de l'ameublissement, les labours fournissent encore un autre résultat utile. En effet, quand la charrue entame le sol, elle ne se borne pas à le diviser en tranches plus ou moins épaisses, et plus ou moins larges; elle opère, en même temps, le renversement des bandes de terre

Ces considérations, que l'on pourrait étendre, prouvent suffisamment, ce nous semble, l'action bienfaisante des labours sur les qualités productives de la terre, et justifient assez l'importance qu'on leur accorde dans les façons mécaniques qui ont pour objet la mise en valeur du sol. Aussi, des agronomes du dernier siècle sont-ils allés jusqu'à prétendre que les labours constituent, sinon l'unique, au moins la principale source de la fécondité des terres. Cette doctrine, renouvelée de nos jours, était erronée sans doute, mais elle s'appuyait cependant sur des observations exactes, et le tort des hommes distingués auxquels nous venons de faire allusion, fut de baser leur théorie sur des données incomplètes, et de donner aux faits une généralisation qu'ils ne comportent pas.

L'aperçu que nous venons de présenter permet de déduire les conditions que doit remplir un bon labour, et qui consistent dans l'ameublissement du sol de façon à le rendre perméable à l'eau et aux agents de l'atmosphère, dans le retournement complet de la bande de terre détachée du guéret, et dans l'exposition au contact de l'air de la surface la plus étendue possible.

certains cas, cela dépend de l'habileté des agents chargés de l'exécution de la besogne, et des instruments dont ils font usage. Sans doute, la valeur des bons labours est beaucoup plus généralement appréciée actuellement qu'elle ne l'était jadis, et, depuis une vingtaine d'années surtout, il est certain que l'on a fait, sous ce rapport, des progrès très-notables, mais il n'en est pas moins vrai qu'il est encore beaucoup de localités, tant en France qu'en Belgique, où ces opérations laissent considérablement à désirer, soit sous le rapport de la

bonne exécution, soit sous celui des instruments | dans un sillon qui y est ménagé. Cette disposition dont on a l'habitude de se servir. (fig. 44,) consolide la lame, et permet à l'outil de mieux résister aux efforts qu'il a à supporter.

Les labours s'effectuent au moyen de divers instruments, tels que la charrue, la bêche, la fourche, etc. Nous allons examiner séparément chacun de ces outils, en cherchant à préciser les circonstances où leur emploi peut être avantageux, ainsi que la valeur du travail qu'ils four

nissent.

LABOURS A LA BÊCHE.

La bêche est, avant tout, un instrument de jardinage, mais elle figure parmi les instruments d'agriculture partout où les terres sont morcelées et où règne la petite culture. Privé des ressources que nécessite l'usage d'appareils puissants et expéditifs, le petit cultivateur est obligé de s'en tenir à la bêche comme instrument de labour. Le temps que l'on doit, avec un soin si scrupuleux, viser à économiser dans les cultures étendues, n'a pas pour lui une valeur aussi grande, attendu qu'il trouve généralement dans les bras de sa famille, les forces qui lui sont nécessaires pour achever en temps opportun la culture de quelques ares de terre.

Inférieure à la charrue, quant à la manière dont elle utilise les forces de l'homme, et sous le rapport de la célérité du travail, la bêche lui est, néanmoins, supérieure quand on se place à un autre point de vue. Elle procure, en effet, un travail beaucoup plus parfait. Avec cet outil, la bande de terre au lieu d'être continue et imparfaitement renversée comme elle l'est après le passage de la charrue, est fractionnée en un nombre de prismes égal à celui des coups de bêche, et dont les faces libres bénéficient du contact de l'air, et elle est, en outre, complétement retournée. Ce sont là de précieux avantages, et soit qu'on laisse les mottes intactes, ainsi que cela a lieu dans les labours d'hiver où l'on cherche à profiter le plus possible de l'influence des météores, soit qu'on les divise immédiatement comme cela se pratique quand l'ensemencement doit s'effectuer peu de temps après le labour, toujours est-il vrai de dire que la charrue ne saurait donner un travail doué de la même perfection. Mais là s'arrêtent les avantages de la bêche, car son emploi suscite des pertes de temps considérables qu'il est impossible d'éviter, attendu qu'elles sont inséparables de son maniement. L'usage de cet outil occasionne donc forcément de grands frais, et en admettant même, par hypothèse, que l'on pût négliger de tenir compte de cette circonstance, on devrait encore reconnaître que la lenteur du procédé aurait, pour la grande culture, des inconvénients fort graves, à moins de pouvoir disposer d'une maind'œuvre abondante, cas bien rare, et qui le deviendra tous les jours davantage, dans les pays où dominent les cultures étendues.

La bêche (fig. 43) est formée de deux parties essentielles, la lame a et le manche b, très-souvent unies entre elles au moyen d'une douille c, où le manche s'insère à frottement; dans certaines bêches, l'extrémité du manche engagée dans la douillé se prolorge derrière la lame et se loge

Dans d'autres bêches, le mode d'agencement est différent: le manche, souvent plus ou moins élargi à son extrémité inférieure, pénètre et se fixe entre deux plaques métalliques qui, en se réunissant, forment la lame de l'outil. Cet agencement se remarque,notamment, dans les bêches dont la lame a de fortes dimensions, et qui doivent entamer le sol

profondément, et vaincre de grandes résistances (fig. 45 et 46).

a

Fig. 44.

Fig. 43. La lame et le manche de la bêche présentent des formes et des dimensions fort variables, et ces variations ne sont pas, comme on pourrait le croire, purement arbitraires; elles sont, au contraire, généralement fort rationnelles, et ont pour objet d'approprier l'outil au

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celles qui sont employées dans les terres légères, entre les bêches servant dans les terrains caillouteux et celles dont on fait usage dans les sols homogènes.

Les bêches se distinguent également par leur longueur, mais celle-ci doit se maintenir dans certaines limites. Trop courte, la bêche serait d'un maniement pénible et fatigant; trop longue, elle deviendrait gênante pour l'ouvrier, et ne lui permettrait pas de déployer ses forces avec toute l'efficacité désirable. La longueur de la bêche est donc subordonnée à la taille de ceux qui doivent s'en servir, et, dans aucun cas, elle ne peut dépasser l'aisselle de l'ouvrier.

Le manche de la bêche est ordinairement droit; quelquefois, cependant, il présente une légère courbure. L'extrémité libre se termine en pomme, ou porte une béquille; parfois, celle-ci est remplacée par une espèce d'œil où le manœuvre peut passer quatre doigts de la main. La béquille et l'oeil se remarquent surtout dans les bêches pourvues de lames de fortes dimensions. Le manche, dans certaines bêches, est muni d'une espèce de pédale ou étrier (fig. 44, p) où l'ouvrier pose le pied quand il veut faire pénétrer son outil dans le sol. Cette disposition a pour objet de rendre moins prompte l'usure de la chaussure.

La longueur du manche varie dans les différentes espèces de bêches, mais on peut aisément faire cette remarque, à savoir, qu'il se raccourcit dans celles où la lame prend de l'allongement. Cette modification, que la pratique seule a suggérée aux ouvriers, est fort rationnelle, et l'on en saisit facilement l'utilité, si l'on examine avec quelque attention la manoeuvre de l'instrument. L'ouvrier qui manie la bêche la tient des deux mains, l'une d'elles s'appuyant sur la béquille afin de mieux utiliser ses efforts, et pour la faire pénétrer dans le sol, il fait agir le poids du corps en posant le pied sur l'arête supérieure de la lame, ou sur l'étrier dans les bêches qui sont pourvues de cette annexe. L'enfoncement de la bêche s'effectue avec plus ou moins de facilité, cela dépend de la nature du terrain ; il est des cas où l'on n'atteint la profondeur désirable qu'en plusieurs fois, et après avoir imprimé, à plusieurs reprises, des mouvements d'oscillation au manche de l'instrument, afin d'élargir l'incision faite par la lame, et de diminuer ainsi le frottement qu'elle éprouve. Cette circonstance se présente dans les terres tenaces, et il en résulte nécessairement une diminution dans la quantité de travail qu'un homme peut exécuter dans sa journée. Quand la bêche est convenablement enfoncée, l'ouvrier agit sur l'extrémité supérieure du manche, qui lui sert de levier pour détacher la motte de terre encore adhérente par sa base et l'un de ses côtés, après quoi il rapproche l'une de ses mains de la lame chargée de terre, la soulève et retourne la motte dans la tranchée ouverte devant lui. S'il s'agit d'un labour d'hiver, la motte est laissée intacte; mais, si l'ensemencement doit avoir lieu peu de temps après, l'ouvrier la divise au moyen de quelques coups du tranchant de la bêche.

Si l'on ne considère que l'effort nécessaire pour

détacher du guéret le prisme de terre séparé par la bêche, on doit nécessairement accorder la préférence aux bêches pourvues d'un long manche, qui favorise la puissance et facilite le travail de l'ouvrier; mais il n'en est plus de même quand on tient compte de l'opération qui suit immédiatement, et qui consiste dans le soulèvement de l'instrument chargé de terre. En effet, pour exécuter le plus aisément possible le mouvement nouveau, il faut que l'ouvrier, dont l'une des mains tient la poignée, puisse rapprocher l'autre de la lame qui supporte la charge, afin de diminuer le bras de levier de la résistance. Or, celle-ci est d'autant plus grande que la lame est plus longue et plus large, et si les longs manches peuvent être adoptés pour les bêches à lames courtes et étroites, on conçoit qu'ils auraient de sérieux inconvénients dans celles dont les lames offrent de fortes dimensions.

La manœuvre de la bêche telle que nous venons de la décrire, est la plus généralement adoptée; mais elle se modifie parfois, au moins en partie, dans les terrcs d'un travail facile, et où la lame pénètre sans exiger une grande pression. En pareil cas, au lieu d'implanter la bêche à peu près verticalement, et de l'enfoncer en pesant de son poids sur la lame, l'ouvrier l'introduit obliquement en lui imprimant, au moyen de ses bras, une vigoureuse impulsion. Cette manière d'opérer se remarque, surtout, dans les localités où les ouvriers, au lieu de se tenir sur le guéret, en face de la tranchée ouverte, descendent dans la jauge. En suivant cette méthode, les tranches de terre enlevées par chaque coup de bêche sont moins épaisses sans doute, mais la manœuvre est plus rapide, les coups sont plus précipités, et il y a compensation quant à la quantité de travail exécutée dans une journée. Quand les ouvriers travaillent dans la jauge, ce mode de bêchage est incontestablement plus commode; ils n'ont pas à soulever la terre comme dans la première méthode, ils la renversent plus rapidement, et la besogne marche avec plus de célérité.

La lame présente, dans les différentes espèces de bêches, des formes et des dimensions très-variables. Ici, nous voyons des lames carrées ou rectangulaires, ailleurs, la forme trapézoïdale est généralement adoptée, et, en certains endroits, le fer est triangulaire. Le profil du tranchant n'est pas non plus constamment le même ; dans beaucoup de bêches, il est rectiligne, mais il en est un bon nombre où il est curviligne. Quant à la longueur et à la largeur, elles diffèrent d'une localité à l'autre.

Ces modifications imposées à un instrument destiné aux mêmes usages à peu près partout, peuvent paraître singulières au premier abord, mais elles se justifient pleinement dès que l'on examine ce sujet avec attention.

Que les dimensions de la lame soient subordonnées à la nature du sol et à la profondeur des labours, cela se conçoit sans peine. On trouve les lames larges et longues dans les localités où les terres sont douces, homogènes, et surtout dans celles à sol léger, du moins quand les cultivateurs ne se bornent pas à des labours superficiels. Quand

la terre acquiert une grande consistance, on voit au moins l'une des dimensions de la lame se réduire, et cette réduction est justifiée par les difficultés plus grandes que le sol oppose au travail de la bêche. Ainsi, on trouve des bêches à longues lames dans les terres fortes, ainsi que cela se voit dans les Flandres, mais, toujours alors, le tranchant a peu de largeur. Là où les terres sont dures, difficiles à entamer, la forme du tranchant change, et c'est dans des conditions semblables que l'on trouve le profil curviligne (fig. 43 et 44). Les extrémités du tranchant sont alors pourvues de pointes, qui facilitent beaucoup la pénétration.

Quand le terrain manque d'homogénéité, qu'il est encombré de pierres, de cailloux, on comprend qu'un tranchant large rencontrerait des obstacles qu'il lui serait fort difficile de surmonter, et que, d'ailleurs, il ne tarderait pas à s'y émousser; aussi, en pareil cas, le tranchant se réduit davantage encore (fig. 43), et la lame même devient, parfois, tout à fait pointue (fig. 47).

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enlevée, est déposée en face de l'ouvrier, sur le sol non remué, et transportée ensuite à l'autre extrémité du champ, où le labour doit s'achever. Quand cette tranchée est achevée sur toute la largeur de la pièce, on en ouvre parallèlement une seconde ayant les mêmes dimensions, et la terre qui en est extraite est déposée dans la preCe que nous venons de dire relativement aux mière jauge, et sert à la combler. On fait ensuite variations que la lame subit dans une troisième tranchée qui fournit de quoi remsa longueur, suivant les circon-blayer la précédente, puis une quatrième, et l'on stances, suffit pour faire com- continue de la sorte jusqu'à ce que la pièce de prendre que les expressions : laterre soit entièrement labourée. La dernière jauge bours à un fer de bêche, labours à ouverte au bout du champ est remplie au moyen deux fers de bêche, etc., manquent de la terre enlevée de la première, et qui y avait de précision. Sans doute, le la- été transportée au début de l'opération (fig. 48). bour à deux fers de bêche constituera partout un labour profond, mais cette manière de s'exprimer ne saurait nous éclairer sur la profondeur réelle du labour, puisque la longueur de la lame des bêches n'est pas uniforme. Pour faire cesser toute incertitude à cet égard, il suffirait d'indiquer les dimensions de la bêche usitée dans le pays dont on veut faire connaître les pratiques agricoles.

Fig 47.

L'ouvrier, dans le labour à la bêche, a donc toujours la terre labourée en face de lui, et il marche à reculons. On voit, en outre, que toutes les jauges, sauf la première, sont constamment comprises entre la terre remuée et celle qui n'a pas encore été entamée.

Quand les pièces à labourer sont étendues, et afin de diminuer les pertes de temps occasionnées par le transport des terres extraites de la première jauge, on peut avantageusement modifier le procédé que nous venons de décrire. On divise alors le terrain, dans le sens de sa largeur, en un nonbre pair de planches ou compartiments destinés à Dans beaucoup de bêches, la être traités comme autant de champs distincts. lame est sensiblement plane, Cela fait, on ouvre la jauge sur la première plandans d'autres elle présente une che; mais la terre qui en provient, au lieu d'être concavité plus ou moins appa- transportée, comme précédemment, à l'extrémité rente. Cette dernière disposition du champ, est immédiatement déposée en tête du se rencontre dans les bêches em- compartiment contigu à celuidont on commence le ployées dans les terres légères, dont les molécules labour; après quoi on continue l'opération à la n'ont que peu d'adhérence entre elles, telles que les manière ordinaire. En opérant de cette façon, il sables, et qui, par cela même, ont une tendance à reste nécessairement, au bout du champ, une échapper à la lame de la bêche, avant que l'ouvrier tranchée ouverte que l'on comblé au moyen de la ait pu achever le mouvement qui doit retourner terre empruntée à une tranchée contiguë, praticomplétement la motte de terre. Elle n'aurait quée sur la planche voisine. Le labour de cellecertainement pas la même utilité dans les sols ci se poursuit en suivant une marche inverse de consistants, mais elle est parfaitement appro- celle adoptée pour bêcher le premier compartipriée aux terres meubles. Cette bêche est fort ment, et quand on arrive à l'extrémité de la pièce, usitée dans la zone sablonneuse des Flandres, et on se sert, pour remplir la dernière jauge, de la celle dont se servent les cultivateurs des environs terre qui avait été placée à cet endroit au début de Thourout (Flandre occidentale) est bien certai- de l'opération. Quel que soit le nombre de plannement une des meilleures de ce genre (fig. 46). ches, pourvu qu'il soit pair, la besogne se continue Elle est concave dans le sens transversal, et légè- comme nous venons de l'indiquer, et ne saurait rement aussi dans le sens longitudinal, et, comme donner lieu à la moindre difficulté. En adople montre le profil ci-joint (fig. 46), la lame, à son tant cette méthode, si l'ouvrier sait prendre ses point de jonction avec le manche, présente une mesures en vue de perdre le moins de temps poslégère courbure dont on peut aisément comprensible, le trajet à parcourir pour le transport de la

terre ne dépassera jamais la largeur d'une planche. Les dimensions de la jauge sont nécessairement variables; elles dépendent de l'espèce de labour que l'on effectue; mais, quand elles ont été arrêtées, il est nécessaire de les maintenir rigoureusement pendant toute la durée du travail. Si le parallélisme des tranchées n'est pas bien observé, si la profondeur ou la largeur ne sont pas constamment les mêmes, le labour sera nécessairement imparfait, car la quantité de terre soulevée par la bêche, cessera immédiatement d'être en rapport avec la capacité de la jauge qu'elle doit remblayer.

L'ouvrier qui manie la bêche, doit soigneusement débarrasser la surface du terrain des herbes qui la recouvrent, et les parfaitement enfouir; il doit aussi débarrasser la couche qu'il remue des pierres, des cailloux et des racines qui l'encombrent, et rendent les travaux plus difficiles et plus dispendieux, et, en même temps, veiller à faire disparaître les inégalités de la surface.

Le labour ordinaire à la bêche est le seul dont nous nous soyons occupé jusqu'ici ; quand il s'agit d'entamer le sol à une plus grande profondeur, le procédé subit des changements sur lesquels nous reviendrons plus loin en traitant des labours de défoncement.

| née, tandis qu'il n'est guère possible, si ce n'est dans des terres extrêmement cohérentes, de compter sur un pareil résultat avec la fourche. La plupart du temps, quand, après avoir enfoncé la fourche à la profondeur voulue, en faisant peser le poids du corps sur la partie cintrée du fer, on exerce l'effort nécessaire pour détacher la motte de terre du guéret, celle-ci se disloque plus ou moins, et l'on ne peut guère que la pousser en avant pour lui faire faire la culbute. Dans les terres pierreuses, le bloc se divise constamment sur les dents, et la fourche n'y produit d'autre effet que celui de les ameublir.

Il résulte de ce que nous venons de dire, que la fourche ne saurait, à elle seule, servir comme instrument de défoncement, attendu que, dans ce travail, il faut pouvoir soulever la terre, et même la sortir complétement de la tranchée. Néanmoins, elle peut, dans certains cas, être avantageusement associée à la bêche, ainsi que nous le dirons en parlant des défoncements.

La fourche, de même que la bêche, n'est usitée que dans la petite culture. Le travail qu'elle donne, est trop peu expéditif, et, en même temps, trop coûteux, pour que l'on puisse s'en servir avec avantage dans les grandes exploitations.

LABOURS A LA FOURCHE.

La fourche est formée d'un fer à deux ou trois dents et d'un manche assemblés au moyen d'une douille.

La fourche, de même que la bêche, sert à la bourer le sol, et il est des cas où elle doit être préférée à ce dernier instrument. Pour ce genre de travail, on se sert généralement de la fourche à trois dents (fig. 49).

Nous avons vu, précédemment, comment la lame de la bêche se modifiait dans sa forme, suivant les circonstances où l'outil est destiné à fonctionner, et nous savons que dans les sols résistants le profil du tranchant est souvent taillé en croissant (fig. 44). Eh bien, supposons que dans une semblable bêche l'échancrure obtenue aux dépens de la lame, ait été poussée au point de ne plus laisser subsister que les deux crochets extrêmes, et nous aurons une véritable fourche à deux dents. On conçoit qu'une modification de ce genre est de nature à accroître notablement l'action de l'instrument, et qu'elle doit surtout convenir dans les sols forteFig. 49. ment durcis, ou dans les terres pierreuses. Or, c'est précisément dans de pareilles circonstances que la fourche se substitue à la bêche: Ses dents pénètrent plus aisément dans le sol compacte, et se font jour entre les pierres qui arrêteraient la lame de la bêche, ou, tout au moins, la mettraient promptement hors de service.

LABOURS A LA HOUE.

La hone, de même que la bêche, est formée d'une lame et d'un manche réunis par une douille, mais elle en diffère sous plusieurs rapports. La lame, au lieu d'être située dans le prolongement du manche, forme avec celui-ci un angle plus ou moins ouvert.

La longueur du manche varie ainsi que la figure et la force de la lame, et, suivant la forme que présente cette dernière, le nom de l'outil change.

Le maniement de la houe diffère de celui de la bêche et de la fourche. L'ouvrier saisit des deux mains le manche de l'outil, le lève à une plus ou moins grande hauteur, et le ramène vivement vers le sol. Les efforts du manoeuvre s'unissent ici à la pesanteur pour produire l'effet utile, et, toutes les autres conditions étant d'ailleurs les mêmes, la lame pénétrera d'autant plus dans le sol que l'outil aura plus de poids, sera élevé à une plus grande hauteur, et sera manié par des bras plus vigoureux.

Dans le labour à la bêche, l'ouvrier marche à reculons, et a constamment devant lui la terre remuée; dans le labour à la houe, au contraire, il a toujours le guéret en face de lui, il avance et laisse derrière la terre labourée. Au surplus, ce mode de labour n'est pas aussi parfait que celui à la bêche, attendu que les mottes détachées ne sont qu'incomplétement retournées, et, souvent même, simplement déplacées.

Dans la véritable houe (fig. 50), le manche est très-court et n'a guère qu'un mètre de longueur; La fourche est donc, parfois, préférable à la bê-la lame est large, et s'unit avec le manche sous un che; mais il ne s'ensuit pas que le travail de ces angle très-peu ouvert. La lame est plane ou condeux instruments ait tout à fait la même valeur. cave, et, dans ce cas, la concavité regarde le

Avec la bêche, la terre est complétement retour-manche. Le profil du tranchant est droit ou en

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