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à cet égard. Cependant, on réussira dans l'un et dans l'autre cas, chaque fois que le carpillon sera dispos, qu'il aura la taille élancée, le dos courbé en arc, le museau fin et une longueur de 0,14, 0,16 et 0m, 18, sur un poids moyen de 250 grammes.

Dans ces conditions, il servira avec avantage au peuplement des étangs pour l'élève des poissons de vente, ou marchands, peuplement qui aura lieu au mois de novembre et au printemps. Ces étangs devront avoir plus d'étendue que les précédents, et être à même de présenter aux poissons la nourriture nécessaire à leur accroissement. A cette fin, le fond sera recouvert d'une couche de vase d'environ 0m, 15 d'épaisseur; l'exposition sera chaude, ouverte du côté du sud, de l'est et de l'ouest et garantie du côté du nord, soit par un rideau d'arbres, soit par une colline. Les bords ne pourront toutefois être plantés que d'arbrisseaux et non d'arbres de haut jet. Enfin, l'eau destinée à les alimenter proviendra principalement de ruisseaux ou de rivières et de sources tièdes; si on pouvait les tempérer par les eaux provenant des terres labourables avoisinantes, ou par les égouts des villages ou des fermes, et leur donner une valeur alimentaire avec les déjections du bétail qui les pacagent, les débris de boucherie, etc., on réunirait certainement toutes les conditions désirables à une exploitation rémunératrice des étangs. Toutefois, le peuplement ne devra non plus, dans l'espèce, être en disproportion avec la nourriture disponible.

Dans des conditions ordinaires, on admet que chaque hectare de superficie constante en eau, peut recevoir 100 à 150 alevins de 0,16 de longueur, moyenne qui pourra être augmentée en proportion de l'étendue de l'étang. C'est ainsi qu'un étang dépassant 8 hectares recevra 200 à 250 carpes à l'hectare, attendu que plus l'espace qui leur est consacré est grand, plus les poissons peuvent y trouver de nourriture. L'accroissement de l'empoissonnage n'en est pas diminué pour cela, et on trouvera qu'en moyenne l'alevin qui, lors de sa sortie de la pièce d'eau d'empoissonnement, pesait 250 grammes, pèsera lors de la pêche, au bout de deux et trois ans, depuis 1 kil., 1kil, 250 jusqu'à 1kil,500. L'accroissement diminue néanmoins avec l'âge du poisson. Ainsi, le carpillon qui pèse la première année 375 grammes, pèsera la deuxième 625 grammes et la troisième 750 grammes. Aussi n'y a-t-il pas de profit à élever des carpes au delà de l'âge de cinq à six ans, période pendant laquelle leur chair est le plus recherchée.

La carpe vit dans toutes les eaux, mais elle ne prospère que dans les eaux douces et tièdes; elle s'engraisse plus facilement dans les eaux vaseuses, marécageuses; mais elle y contracte un goût peu agréable. Dans ces dernières, elle peut être remplacée avec avantage par le carassin, espèce de carpe du nord de l'Europe, connue dans plusieurs pays sous le nom de carpe à la lune, et introduite en Lorraine par le roi Stanislas. Le carassin diffère de la carpe commune par une croissance plus lente, mais il a sur elle l'avantage de réclamer moins d'eau, moins de soins et de vivre

dans presque toutes les eaux. Aussi l'a-t-on introduit dans les marais à sangsues, et est-il propre au peuplement des mares et autres eaux jusqu'ici improductives. Il s'élève comme la carpe, vit trèsbien avec cette dernière et se croise avec elle. C'est pour éviter ce croisement que l'on fera bien de ne point placer dans un même étang des reproducteurs de ces deux espèces, car le produit qui en résulte est plus lent à se développer que la carpe. De plus, la multiplication du carassin est plus active que celle de cette dernière, de sorte qu'il s'ensuit une exubérance de population nuisible à l'accroissement de l'espèce la plus utile.

Le carassin n'est qu'exceptionnellement employé au peuplement exclusif des étangs; on s'en sert ordinairement en compagnie de la tanche (fig. 619), à laquelle il doit d'ailleurs être préféré,

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comme ne contractant pas à un aussi haut degré que celle-ci, le goût détestable de marais que prennent également la carpe et le brochet, lorsqu'ils vivent dans des eaux marécageuses. Nous n'entendons pas par là condamner la tanche; au contraire, nous la considérons comme une ressource précieuse pour l'empoissonnement des eaux stagnantes à fond vaseux, tels qu'abreuvoirs, mares et même marais. Dans ce cas, on l'élève isolément; mais pour l'ordinaire on la tient dans le même étang que la carpe, à laquelle on l'associe dans la proportion de une tanche pour dix carpes. La feuille de tanche est surtout recherchée par le brochet (fig. 620), autre poisson

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d'eau douce dont on élève la feuille dans des étangs pour la pose, étangs ne différant de ceux que nous avons décrits pour la carpe, que par une eau plus froide, plus dure, et dont le fond peut être sablonneux et recouvert de gravier. Leur peuplement a lieu à l'automne, avec des brochets de quatre à cinq ans ; comme après avoir dévoré les grenouilles, le fretin qui se trouvent dans l'étang, ils s'attaquent à leur progéniture, on cherchera à les en retirer vers la mi-mai, alors que la saison du frai est passée, ou bien à les nour

rir avec des proies vivantes, ou des matières ani- | brochet par un nombre égal de perches, plus males, à partir de cette époque. âgées de deux à trois ans que le poisson auquel

La feuille ou aiguillette de brochet, née des œufs fécondés en avril, atteint rapidement de belles proportions, de sorte qu'on ne procède pas à sa préparation comme alevin, dans des pièces d'eaux spécialement destinées à l'empoissonnage. Elle passe donc à l'automne de la première année, dans l'étang destiné aux poissons de vente, et y acquiert un accroissement rapide, dès que la nourriture que le brocheton réclame s'y trouve en abondance. Le pisciculteur s'assurera donc un revenu convenable, chaque fois qu'il pourra satisfaire à cette condition tellement essentielle, qu'avec son aide il élèvera les brochets dans presque toutes les eaux, et sur tous les terrains. A cette fin on leur donnera 1° dans les étangs à eau molle et à fond vaseux, les feuilles et les alevins de carpes, ne réunissant pas les conditions indiquées ci-dessus, ceux de carassin, de tanche, enfin le goujon; 2° dans les eaux dures, à fond sablonneux, marneux et recouvert de gravier, les poissons blancs, la lotte, etc. Lorsque ces derniers manquent, on y ajoute les alevins défectueux sans s'inquiéter autrement de l'espèce, ou des poissons blancs de forte taille. Dans tous les cas, on ne posera à l'hectare que la moitié du nombre des carpes que l'on aurait confiées à la même surface d'eau.

La nécessité de nourrir le brochet rend son entretien dans des étangs séparés très-onéreux; aussi ne l'y trouve-t-on que dans des cas tout à fait exceptionnels. On l'associe ordinairement à la carpe dans la proportion de dix aiguillettes de brochet par hectare de superficie en eau, dans les étangs pour l'empoissonnage, et de 5 pour 100 d'alevin dans les pièces d'eaux consacrées à l'élève du gros poisson. Ces aiguillettes, trouvant une nourriture abondante et recherchée dans le frai, l'alevin, les jeunes poissons qu'elles poursuivent, croissent rapidement, et fournissent bientôt un produit marchand d'une certaine valeur. Il est vrai que ce produit ne paie pas toujours la nourriture qu'il a consommée; mais comme le brochet dévore en même temps tout le fretin qui aurait vécu aux dépens de la carpe, et qu'il force cette dernière à se donner le mouvement indispensable à son accroissement, il s'ensuit qu'il est un auxiliaire indispensable à l'élevage de cette dernière. D'ailleurs, on diminuera de beaucoup les inconvénients qu'il peut présenter, en ne confiant aux étangs à carpes que des aiguillettes de l'année, n'ayant pas encore la force de s'attaquer au gros poisson et étant encore incapables de se reproduire. Cette dernière circonstance n'est pas à perdre de vue, attendu que le brochet commence à frayer en février et en mars, et qu'alors ses ébats dérangent la carpe livrée à son repos d'hiver.

On a l'habitude, là où le brochet fait l'objet d'une exploitation séparée, de lui adjoindre la perche (fig. 621), autre poisson de proie, très-recherché pour sa chair délicate, mais ne prospérant que dans les eaux froides, dures, à fond sablonneux, marneux ou de gravier. Dans ce cas, on remplace une partie de l'empoissonnage de

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étangs, parce qu'elle perce la chaussée et s'échappe pour se rendre dans des eaux à sa convenance. Elle n'en est pas moins une ressource précieuse pour les pays à étangs, où l'on ne peut élever avec fruit que le carassin et la perche. Les pièces d'eaux à fond bourbeux, à exposition chaude, lui sont surtout favorables; mais on en retirera le plus de profit lorsqu'elle pourra être introduite dans des eaux bourbeuses, encloses de murs, dans des fossés de fortifications, etc., où elle se nourrira de menu fretin, d'insectes, de vers, etc.

Le mode de multiplication de l'anguille n'est pas encore positivement connu; on présume qu'elle va déposer sa progéniture dans la mer, et que les jeunes anguilles remontent plus tard les fleuves et les rivières. On les y pêche alors sous le nom de montée, et on les vend à la mesure, de sorte qu'il est facile de se procurer les sujets nécessaires à l'empoissonnement.

Nous nous sommes jusqu'ici occupés des poissons qui prospèrent dans les eaux dormantes, et que l'on emploie surtout au peuplement des étangs. Dans les pays de montagnes, où les rivières et les ruisseaux sont nombreux, où les sources d'eaux vives sont communes, on élève également des poissons d'eaux courantes dans des étangs. La truite (fig. 623 et 624) est surtout employée à cet usage, et sa réussite est assurée dès que l'on peut disposer d'un ruisseau provenant d'une source limpide, à température pour ainsi dire normale, ayant un fort courant, un fond

caillouteux, et les bords ombragés. Ce ruisseau, nourri le saumon commun (fig. 625), dans des bas est partagé en plusieurs sections ou forme plu- sins construits comme il est dit plus haut pour les

truites; seulement nous leur avons donné plus de profondeur. Des expériences ultérieures nous apprendront ce que nous avons à attendre de ces essais, ainsi que d'autres tentés avec quelques poissons également recommandables.

Il nous reste finalement à parler de l'écrevisse, que l'on rencontre également dans nos eaux et

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soit les œufs fécondés, soit les feuilles écloses, d'après la méthode indiquée dans notre travail sur la fécondation artificielle, et y restent une année. Si l'on avait l'intention de les y nourrir, ce bassin serait remplacé par un système de canaux revêtus de dalles. Si, au contraire, la jeune truite devait chercher elle-même sa nourriture,

Fig. 625. Saumon.

que dans certaines contrées on élève dans les étangs avec le poisson.

Ce crustacé vivant principalement sur le fond de l'eau et dans des cavités qu'il se creuse sur les bords et surtout dans la chaussée de l'étang, il s'ensuit qu'il ne peut être tenu sans danger que là où cette chaussée est construite en pierres. Encore est-il à noter qu'il s'attaque au petit poisson, au frai, qu'il en fait une consommation considérable et porte ainsi préjudice au peuplement futur. Il est par contre une nourriture recherchée par les gros poissons; mais cet avantage ne compense pas le tort qu'il fait. C'est ce motif qui néces lesquels l'écrevisse trouve toutes les conditions insite la construction de réservoirs spéciaux dans

le fond du bassin serait recouvert de gravier, et les bords peuplés de différentes plantes aquatiques, telles que cresson de fontaine, véronique aquatique, etc., où elle pourrait trouver sa nour-dispensables à son développement. Nous donnons aquatique, etc., où elle pourrait trouver sa nour- ci-après (fig. 626) la figure d'une de ces construcriture et se réfugier.

Un deuxième étang plus étendu que le précédent, reçoit la truite âgée d'une année; de là elle passe à un autre réservoir où elle reste pendant sa troisième année; elle est enfin reçue dans un quatrième où elle acquiert la taille et le volume réclamés pour son placement avantageux.

Ces différents étangs seront séparés entre eux par des grilles en fil de fer, et aménagés de telle sorte qu'au mois de mars de chaque année ils puissent être évacués successivement et que l'eau des pièces supérieures remplace celle des étangs inférieurs.

On n'associera jamais des poissons carnassiers aux truites; lorsqu'il y aura nécessité de leur présenter de la nourriture, on donnera aux truites de la première année de la viande hachée, à celles de la deuxième année, des mollusques, des vers, des poissons venant d'éclore. Celles du troisième et du quatrième bassin recevront du fretin et du poisson blanc.

A l'aide de ce régime, les truites de quatre ans pèseront de 350 à 500 grammes, et pourront être consommées avec profit.

La propagation de la pratique de la multiplication artificielle des poissons, permet d'élever dans des étangs différents autres membres de la famille des saumons. C'est ainsi que nous avons

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a. étangs à

- c. rigoles -m, bonde

Fig. 626. Réservoir à écrevisses. écrevisses; - b, canal d'alimentation; d'alimentation; - d. vannes dé décharge; des étangs, fermée à clef. tions, telle qu'on en rencontre dans la HesseElectorale. Comme l'écrevisse se tient pendant le jour dans des cavités, sous des pierres, des racines, la chaussée et les bords de ce réservoir sont construits de manière à ce qu'ils présentent le plus de surface possible pour l'établissement des retraites. A cet effet, on place des pierres en saillie dans la chaussée et on y creuse des cavités de 0m, 10 à 0m,20 de profondeur; en outre on recouvre le fond des réservoirs de souches d'arbres auxquelles on a laissé les grosses racines, qui

DE LA PISCICULTURE. forment alors autant de cavernes à habiter par les écrevisses.

Peut-on leur donner avec cela une eau plutôt dure que molle, à température moyenne, et un fond un peu marécageux, sur terre argileuse friable, on réunit toutes les conditions nécessaires à une bonne réussite.

Ainsi qu'il est suffisamment connu, l'écrevisse -peut sortir de son séjour aquatique et se rendre par terre d'un lieu à un autre. L'eau n'est-elle pas à sa convenance, alors elle use de cette faculté et on en est pour ses frais. C'est pour empêcher cette perte qu'on fixera les écrevisses dans un nouvel étang à l'aide de paniers à claire-voie dans lesquels on les nourrit jusqu'à ce qu'elles y aient déposé leurs premiers œufs. A partir de cette époque, leur évasion ne sera plus à craindre, surtout si on les nourrit soit avec des feuilles ne réunissant pas les qualités indiquées pour donner un bon empoissonnage, soit avec du foie de bœuf, des matières animales en putréfaction, des issues de boucherie, etc.

Le produit d'étangs à écrevisses bien tenus, donnant dans les circonstances ordinaires une marchandise recherchée, il en résulte que leur rendement est le plus souvent supérieur à celui de mêmes constructions destinées à l'éducation du poisson. Il ne faut toutefois pas oublier que le produit des étangs n'étant pas d'une absolue nécessité, le prix ne s'en établit point, comme pour les autres denrées alimentaires, d'après les besoins de la consommation et leur plus ou moins d'abondance. Ce prix est ordinairement conventionnel et dépend de l'aisance et des habitudes de luxe des consommateurs. Or, les écrevisses se transportent facilement, et il résulte de ce fait qu'elles peuvent toujours être placées plus avantageusement que le poisson.

DE L'AMÉNAGEMENT DES VIVIERS.

Les viviers pour la conservation du poisson doivent être nombreux afin que chaque âge et chaque espèce de poisson puissent y être conservés. Ils seront en outre appropriés aux espèces de poissons auxquels on les destine et aménagés en conséquence. Nous allons les étudier sous ce rapport.

Les viviers à carpes doivent être assez profonds pour que les poissons puissent y vivre en bonne santé, en été et en hiver, sans cependant être assez étendus pour leur fournir une nourriture suffisante. Les carpes y seront donc nourries pendant l'été, mais pendant l'hiver, alors qu'elles sont engourdies, elles ne recevront rien. On mettra pour 10 mètres de superficie en eau :

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tant de sujets que l'on peut convenablement en nourrir, sans jamais dépasser la proportion qui vient d'être indiquée. On n'ira même jamais audessus de la moitié lorsque les carpes devront y séjourner plus longtemps. Il y aura cependant exception chaque fois que l'on retirera de l'eau les poissons au fur et à mesure de la consommation journalière. On voudra bien remarquer que les carpes perdent de leur poids pendant l'hiver, et ne le conservent ou l'augmentent pendant l'été que lorsqu'elles reçoivent une nourriture appropriée. Cette alimentation a lieu comme suit : Pendant les mois de février-mars à novembre, on donne au fur et à mesure de la consommation et jamais en quantité assez forte pour teindre l'eau, de la fiente de moutons et de vaches. Pendant les autres mois de l'année, alors que les carpes recouvrent l'usage de leurs facultés, on passe peu à peu et successivement au régime suivant, savoir: pois, fèves, pommes de terre, navets, orge trempée, ou des intestins grêles d'animaux très-divisés. Ces aliments, qui sont donnés par petites rations et alternativement, sont également de la convenance du carassin, de la tanche, etc.

Les viviers à brochets doivent répondre aux mêmes conditions que ceux indiqués plus haut pour les carpes, mais l'eau doit en être plus dure, plus claire et ne former aucun dépôt vaseux. Leur population ne peut être que du quart de celle des viviers à carpes et sera à peu près de la même taille. Leur alimentation doit être copieuse et se composer de menu fretin qu'on leur donne tous les huit jours, en quantité suffisante, afin qu'ils ne perdent pas de leur poids ou qu'ils perdent l'envie de s'entre-dévorer. A défaut de petits poissons, on en emploiera de gros ; mais le résultat ne sera pas aussi satisfaisant qu'avec les premiers. D'ailleurs les brochets consomment peu pendant l'hiver. Au printemps on leur jette des grenouilles et leur frai, tandis qu'en été on joint au fretin des issues de boucherie hachées très-fin.

Quant aux viviers à anguilles, il convient avant tout de les empêcher d'en sortir. A cette fin on les recouvre de filets, de grilles, ou on les entoure de murs de 0,60 de hauteur en pierres, ou en planches, etc. Toutes les eaux sont bonnes pour l'alimentation des anguilles, lorsqu'on prend la précaution de ne pas les transférer trop brusquement d'une eau molle et chaude dans une eau dure et froide, et vice versâ.

On ne confie à ces viviers qu'environ les deux tiers des quantités indiquées pour la carpe, et on les y nourrit en été avec du fretin, des vers et des débris animaux, etc.

Enfin les viviers pour truites et saumons doivent être alimentés par des eaux de sources limpides et bonnes ou des ruisseaux rapides à fond sableux, à gravier. Plus vite l'eau y est renouvelée, mieux le poisson s'y trouve et plus il y profite. On loge dans ces viviers environ la moitié du nombre que nous avons indiqué plus haut pour les carpes, et on n'y place que des truites d'une même taille. Ces dernières doivent recevoir comme les brochets une alimentation suffisante en menu fretin, qu'on leur distribuera également tous les jours,

Il nous reste à parler des viviers à écrevisses. Comme celles-ci n'aiment pas à être enfermées dans un espace trop resserré, elles font tous leurs efforts pour en sortir. On les en empêchera en prenant les précautions indiquées pour les anguilles. Le plus souvent, on les enfermera dans des paniers, des caisses percées de trous, placées

dans l'eau, et on les nourrira de grenouilles dépecées ou de matières animales en putréfaction.

Ces caisses et ces paniers peuvent également servir à la conservation du poisson pour la consommation journalière et sont les compléments utiles des viviers.

CHAPITRE XXVIII

PRODUIT DES ÉTANGS

-

Produit principal. Pêche. Le pro

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duit principal des étangs est le poisson; sa pêche a lieu tous les ans, ou tous les deux ans et même plus tard, suivant les usages locaux, l'assolement des étangs en eau et en assec, et le but que le pisciculteur se propose. Cette pêche doit toujours avoir lieu par un temps frais et froid, de préférence à l'automne, et jamais après le 1er avril. On commence alors par les étangs pour les pois-, sons de vente, puis on passe à ceux où l'on própare l'empoissonnage et à ceux destinés à la production de la feuille. La pêche s'exécute d'une manière identique pour toutes les espèces d'étangs, et doit toujours être précédée de l'évacuation de l'eau qu'ils contiennent. A cet effet, on ouvre les vannes et les grilles de décharge, on lève la bonde, on détourne l'eau dans la rivière de ceinture; enfin on procure, par tous les moyens réservés dans ce but, lors de la création de l'étang, un écoulement facile, mais lent et régulier, aux eaux qu'il contient, et cela jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que dans le bief et la pêcherie. Le poisson qui a suivi la décroissance de l'eau, se trouve maintenant réuni dans ces endroits et y est retenu au moyen de filets ou d'autres barrages provisoires; il est donc facile de l'y pêcher à l'aide de trubles et autres engins de ce genre. On le pèse ensuite, ou on le compte, suivant les conventions avec l'acquéreur; puis on le place dans des tonneaux que l'on remplit d'eau et dans lesquels il est transporté à destination. Cette pêche et ce transport doivent, autant que possible, avoir lieu de grand matin et par le vent du nord; le voyage peut aussi se faire la nuit, mais il y aura lieu d'éviter un temps pluvieux pendant lequel on perd beaucoup plus de poissons que lorsqu'il fait sec. En général, le poisson supporte assez bien le voyage, lorsque l'on change d'eau toutes les trois à quatre heures et que l'on ne met pas trop de sujets dans les tonneaux.

Une condition essentielle est de ne laisser aucun poisson dans l'étang, attendu que ce dernier nuirait au peuplement à venir. Ceci est surtout difficile à suivre dans les étangs où il se trouve des tanches et des anguilles, parce que ces poissons ont l'habitude de se cacher dans la vase,

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sont pas toujours à considérer au point de vue exclusif de la production du poisson; dans bien des pays ils ont une grande importance sous le rapport agricole. Les eaux qui les alimentent peu à peu viennent très-souvent de terres cultivées et fumées, tiennent celles-ci en suspension et les déposent peu à peu sur le fond des étangs, qui devient ainsi d'une grande fertilité. Aussi est-il d'usage, dans certaines contrées, de pêcher les étangs tous les deux ou trois ans, et de les laisser alternativement en eau et en culture. Les usages locaux règlent, dans la plupart des cas, la marche à suivre dans l'occurrence et déterminent le nombre d'années que dure la mise sous eau ou la culture à la charrue. Il n'y a donc pas de règle fixe à cet égard; mais d'ordinaire, dans les terres fortes et compactes, le temps d'assec est plus long que dans les terres légères. De plus, on sème en bon fonds du froment que l'on fait suivre de une ou deux récoltes d'avoine; tandis que dans les fonds médiocres, on n'admet dans l'assolement que l'orge et l'avoine. Dans les fonds tourbeux, par contre, on plante des roseaux et autres berbes aquatiques, que l'on emploie comme litière, comme fourrage, etc., et que l'on récolte pour cet usage.

Mais là ne se bornent pas les produits accessoires des étangs. Ils offrent une assez grande ressource à titre de pâturage de premier printemps, alors que la fétuque flottante ou brouille y abonde. Les chevaux, les bêtes à cornes en recherchent alors les jeunes pousses, tandis qu'ils la négligent plus tard, lorsqu'elle est montée en graine.

La vase d'étangs n'est pas non plus à dédaigner, attendu qu'elle donne un engrais convenable, surtout lorsqu'on a eu soin de la mettre en compost, et d'y faire fermenter les graines, les racines qui pourraient infester les terres sur lesquelles on doit la répandre.

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