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En tenant compte de la réduction de ration, au début, et de l'affaiblissement des facultés digestives qu'on observe à la fin de l'engraissement, on peut porter à un litre et demi la ration des vingt jours intermédiaires.

animal a pris alors un développement égal à celui | temps, 40 litres de maïs par tête, c'est-à-dire une des vieilles oies conservées pour la ponte; il est ration journalière d'un peu plus d'un litre. très-difficile de le distinguer de ces dernières à l'aspect de son corps: cependant le cri des jeunes étant toujours plus aigu que celui des vieilles, on trouve là un indice certain dans le choix à faire. Aussi les bonnes engraisseuses ont-elles le soin de faire parler les oies, avant d'en prendre livraison au marché. Avant de passer par l'engraissement, les oies pèsent environ 4 kilog. 1/2. Leur engraissement est soumis aux règles générales de tous les engraissements possibles : l'obscurité, l'isolement, et une certaine gêne dans leurs mouvements, sont des auxiliaires indispensables pour conduire l'opération à bonne fin; il faut cependant se garantir de toute exagération à cet égard, en n'obéissant pas à une infinité de préjugés qui ont cours parmi les ménagères de la campagne.

Ainsi que nous l'avons dit, c'est le grain de maïs qui est exclusivement employé pour l'engraissement. Il nous reste à détailler le procédé mis en usage dans l'administration de cet aliment.

L'engraisseuse, assise sur une chaise basse, prend l'oie et l'emprisonne entre ses genoux, de manière à paralyser tous ses mouvements: elle saisit alors le bec de la main gauche, et après l'avoir ouvert, elle introduit et elle enfonce, avec la main droite, dans l'œsophage de l'animal, un entonnoir en fer-blanc dont le tube a 0,11 de longueur et 0,03 de diamètre, et la cuvette, 0,07 de hauteur et un diamètre de 0,05, à la circonférence supérieure.

Ainsi embouché, l'animal se débat, contracte son œsophage, et tend à se débarrasser de cet incommode instrument qu'on parvient à fixer par une pression légère mais continue de la main gauche, contre les deux parties du bec adhérentes aux parois extérieures de la cuvette.

Cette opération, toute simple qu'elle est, exige une série de précautions que nous devons indiquer: Ainsi, l'introduction de l'entonnoir, au début de l'engraissement, présente des difficultés résultant du peu de dilatation de l'œsophage : elles sont vaincues en oignant d'huile fine le tube de l'entonnoir et en accompagnant les efforts d'introduction d'un lent mouvement de rotation.

Le maïs est vidé dans la cuvette, par petites poignées et est immédiatement refoulé par un mandrin qui le fait arriver à l'extrémité du tube. Là, un peu d'eau fraîche et quelques frictions faites de haut en bas le font descendre dans le jabot.

L'opération est terminée lorsque la poche stomacale est remplie : il est facile de le constater en tâtant la protubérance extérieure de cet organe.

L'œsophage et le jabot n'étant pas encore habitués à une très-grande dilatation, il convient de réduire la ration, dans les premiers jours de l'engraissement, et de prévenir ainsi les distensions qui pourraient arriver par le gonflement du maïs. Les oies sont gorgées de la sorte (c'est ainsi qu'on nomme l'opération) pendant trente-cinq jours elles consomment, dans cet espace de

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Cette ration journalière doit être distribuée en trois repas également espacés. L'engraisseuse doit s'assurer, avant d'introduire l'entonnoir, que le maïs du précédent repas a été digéré : cette dernière précaution, la plus importante de toutes, est le seul guide dans le dosage de la ration.

Une habile engraisseuse peut très-bien gorger douze oies en une heure ; lorsqu'elles sont faites à ce régime, elles se présentent d'elles-mêmes pour recevoir l'entonnoir. La ration d'eau est de trois litres pour douze oies; c'est-à-dire un litre par repas: cette eau est vidée par petites quantités après chaque poignée de maïs; elle favorise la descente du grain dans le jabot en même temps qué la digestion.

La surveillance doit être très-active, dans les derniers jours de l'engraissement. La bête devient alors lourde; les plumes de son ventre touchent à terre, la couleur jaune vif du bec pâlit, sa respiration est grasse et précipitée. Le couteau doit alors accompagner l'engraisseuse dans les fréquentes visites qu'elle fait à ses animaux.

Le poids d'une oie prête à être engraissée, est nous le répétons, de 4 kil. 1/2 : elle coûte au marché, de 4 à 5 fr. et après avoir consommé 40 litres de maïs elle arrive au poids de 8 kil. ou à peu près. Voici d'ailleurs quelques chiffres qui établiront exactement le rendement d'un engraissement de dix oies.

Poids des 10 oies grasses, 75 kilogr.

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Les dix oies maigres ayant coûté 43 francs, et les 4 hectolitres de maïs qui ont servi à leur engraissement étant portés au prix moyen de 48 francs (12 francs l'hectolitre); nous avons un excédant de 37 francs pour rémunération des soins de la ménagère.

Quoique nous avons indiqué le maïs comme le grain spécialement employé à l'engraissement des oies, il ne faudrait pas en conclure qu'il est absolument indispensable.

L'estomac de l'oie, qui est doué d'une puissance digestive considérable, s'accommode très-bien de tous les grains et légumes farineux : nous avons vu, pendant des années de grande cherté du maïs, des engraissements faits avee du sarrasin, des haricols, des pois et des féveroles concassés, donner de très-bons résultats.

La graisse d'oie fondue et mise dans des pots en grès, ou mieux encore, dans des bouteilles bien bouchées, conserve sa couleur et son bon goût pendant deux ans. La viande qui est salée en grande quantité, est consommée dans le pays. »

Il existe une méthode d'engraissement, dite | douze jours; les autres les élèvent, les développolonaise, qui consiste à emprisonner les oies dans pent et les vendent ensuite aux engraisseurs. des pots de terre défoncés et assez étroits pour qu'elles ne puissent point s'y mouvoir librement. On leur donne de la pâtée à discrétion, et, d'ordinaire, l'engraissement est tel au bout de quinze jours qu'on est obligé de casser les pots pour en sortir les oies.

Maladies des oies. — La diarrhée est à craindre à la suite d'une humidité prolongée. On la combat avec une nourriture fortifiante comme la farine d'orge et des boissons toniques, ordinairement avec du vin chaud dans lequel on a fait cuire des glands ou des pelures de coings. La seconde affection plus dangereuse et plus redoutée est une sorte de tournis que l'on attribue à tort ou à raison à des insectes logés dans les oreilles et les narines. Les oies attaquées s'agitent, trainent les ailes et tournent parfois sur elles-mêmes. En pareil cas, on conseille de prendre une épinveine assez visible sous la membrane qui sépare les ongles; et, après cela, de leur plonger à diverses reprises la tête dans de l'eau. Ces explications et ces remèdes sont évidemment du domaine de l'empirisme, et en les indiquant, nous nous gardons bien de les cautionner."

En Alsace, on renferme les oies douze par douze dans des loges étroites et basses, et après leur avoir tiré quelques plumes des ailes et du croupion. On met ensuite à la portée de leur bec de la pâtée de farine de maïs ou de farine d'orge cuite avec du lait ou mème de l'eau, et tout à côté une écuelle pour la boisson. Les oies se consolent aisément de l'état de gêne qu'on leur im-gle ou une aiguille, de leur ouvrir une petite pose; elles mangent et elles boivent bien et à tous moments pendant les premiers jours; puis leur appétit baisse et elles finissent par le perdre entièrement. C'est alors qu'on les force à manger, et, pour cela, on procède à peu près exactement comme du côté de Toulouse; seulement après avoir retiré l'entonnoir pour présenter de l'eau aux oies, on mêle à cette eau du gravier et du poussier de charbon, afin, dit-on, de hâter l'engraissement et de mieux développer le foie. Parmentier nous entretient d'un procédé qui a surtout pour objet de faire grossir le foie. « Personne, dit-il, n'ignore les recherches de la sensualité, pour faire refluer sur cette partie de l'animal toutes les forces vitales en lui donnant une sorte de cachexie hépatique. En Alsace, le particulier achète une oie maigre qu'il renferme dans une petite loge de sapin assez étroite pour qu'elle ne puisse s'y retourner. Cette loge estments à titre d'engrais; cependant, lorsqu'ils sont garnie dans le bas-fond de petits bâtons distancés pour le passage de la fiente, et, en avant, d'une ouverture pour sortir la tête: au bas une petite auge est toujours remplie d'eau, dans laquelle trempent quelques morceaux de charbon de

bois.

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«Un boisseau (25 lit es) de maïs suffit pour sa nourriture pendant un mois, à la fin duquel l'oiseau se trouve suffisamment engraissé. On en fait tremper dans de l'eau, dès la veille, qu'on lui insinue dans le gosier le matin, puis le soir. Le reste du temps ils boivent et barbottent.

« Vers le vingt-deuxième jour, on mêle au maïs quelques cuillerées d'huile de pavot. A la fin du mois l'on est averti par la présence d'une pelote de graisse sous cha que aile, ou plutôt par la difficulté de respirer, qu'il est temps de tuer l'oie; si l'on différait, elle périrait de graisse ! On trouve alors son foie pesant depuis une livre jusqu'à deux; et l'animal se trouve excellent à manger, fournissant, pendant la cuisson, depuis trois jusqu'à cinq livres de graisse, qui sert pour assaisonner les légumes le reste de l'année.

Produits et usages. Les oies nous fournis sent une chair qui n'est pas très-fine, mais qui a figuré sur les meilleures tables pendant longtemps. L'introduction du dindon en Europe n'a pas eu de peine à la détrôner. Elles nous fournissent des foies pour les gourmets, une graisse délicieuse et généralement recherchée, des œufs qui ne sont point à dédaigner pour la pâtisserie, leurs petites plumes pour la literie, leurs grosses plumes des ailes pour écrire et leur duvet pour les édredons. Nous ne parlons pas de leurs excré

desséchés, ils valent mieux que leur réputation. Dans le Midi, on sale les oies pour les conserver, comme on sale ailleurs le porc, le bœuf, etc. Les plumes de l'oie sont l'objet d'un commerce important. Celles que donnent les oies maigres sont meilleures que celles des oies grasses; celles que l'on prend aux oies vivantes ne pelotonnent pas comme les plumes des oies mortes et se conservent mieux sans altération. Il convient donc d'acheter la plume en juillet et octobre plutôt qu'en décembre, époque à laquelle on ne déplume guère que des oies tuées; il convient, en outre, de ne jamais laisser à la volaille tuée le temps de se refroidir avant de lui ôter ses plumes. Il existe aussi une différence entre les plumes dont la récolte a été forcée et les plumes que l'on enlève au moment où elles sont mûres et qu'elles commencent à tomber. Celles qui ne sont pas mûres se gâtent assez souvent. Avant de livrer au commerce la plume destinée à la literie, on la passe au four une demi-heure, et à deux ou trois reprises différentes, après la cuisson du pain. Une fois desséchée, on la met en tonnes ou en sacs dans des lieux parfaitement secs.

« Sur six oies, il n'y en a ordinairement que quatre (et ce sont les plus jeunes) qui remplissent Les grosses plumes des ailes ont été également l'attente de l'engraisseur; il les tient ordinaire-l'objet d'un grand commerce, mais aujourd'hui ment à la cave ou dans un lieu peu éclairé. »

Dans quelques contrées du midi de la France, l'éducation des oies se fait d'après les principes de la division du travail. Ainsi les uns font couver les œufs et vendent les oisons à l'âge de dix ou

que l'emploi des plumes métalliques se généralise, l'importance des plumes d'oie s'est considérablement réduite, et la coutellerie a ressenti le contre-coup de cette réduction. Les canifs ont partagé le sort des plumes à écrire.

Les plumes destinées aux fournitures de bureaux sont de deux qualités. On préfère celles de l'aile gauche à celles de l'aile droite, à cause de l'inflexion de la courbure; on préfère aussi celles qui tombent naturellement à l'époque de la mue ou qui cèdent facilement à la main à celles que l'on arrache avec quelque effort ou que l'on prend sur les bêtes mortes.

Depuis que la concurrence des plumes métal liques a détruit le commerce des plumes d'oie, la préparation de ces dernières a été très-négligée. Ainsi, il y a loin, très-loin des plumes que l'on nous vend aujourd'hui aux plumes que l'on nous vendait il y a vingt ou trente ans.

Le hollandage ou préparation des plumes d'oie ne nous intéresse plus; c'est tout bonnement un Souvenir historique. Ce hollandage consistait à les dégraisser, à les durcir, à les polir et les arrondir. Pour cela, on les passait dans des cendres chaudes ou du sable chaud, on les frottait ensuite vivement avec de la laine. On a eu recours encore à d'autres procédés que nous ne décrirons point.

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est lourd, gauche, et embarrassé, un peu moins cependant que le canard.

Le cygne se nourrit de plantes, de racines, de graines, d'insectes aquatiques, de grenouilles, de têtards, et à la rigueur de très-petits poissons. Il est monogame, autrement dit le mâle ne s'attache qu'à une seule femelle. Celle-ci pond de cinq à huit œufs dans la mousse ou dans les herbes sèches, à proximité de l'eau. Ces œufs sont de la grosseur du poing et d'un blanc verdâtre. Au bout de six semaines d'incubation, sous la garde du mâle qui, au besoin, défendrait intrépidement sa femelle, les petits cygnes sortent de la coquille. On les nourrit comme les canetons. Le duvet qui les recouvre est d'un gris sale que remplacent peu à peu des plumes d'un gris cendré. Le plumage ne devient tout à fait blanc que dans le courant de la troisième année. Cette lenteur qu'apporte le cygne à se développer et à se modifier a fait supposer que sa vie devait être prodigieusement longue. On a parlé de plusieurs centaines d'années, mais on a eu la sagesse d'en rabattre. On admet aujourd'hui que le cygne ne va guère au delà d'un siècle, ce qui nous paraît déjà fort beau.

M. Malézieux rapporte, sur la foi de nous ne savons quel historiographe, que pendant toute la semaine que durèrent les noces de Charles le Téméraire, en 1458, on vit chaque

jour deux cents cygnes figurer à côté des cent paons qui, pompeusement recouverts de leur brillant plumage, ornaient les tables somptueuses, dressées pour recevoir et fêter l'épouse du puissant duc de Bourgogne. Bosc, de son côté, assure 'que la chair des jeunes cygnes n'est pas à dédaigner; mais nous avons mieux que cela et à meilleur compte, et nous nous garderons bien de recommander l'éducation de cet oiseau pour l'usage de la table. Bosc nous dit encore qu'on plume les cygnes deux fois par an, c'est-à-dire au commencement du printemps, les Couveuses exceptées, et à la fin de l'été. Nous n'avons jamais été témoin de cette opération qui doit être . plus difficile qu'avec les oies. Le cygne est d'une brutalité et d'une force avec lesquelles il faut compter un peu. Son duvet est excellent et presque aussi recherché que celui de l'eider; les grosses plumes de ses ailes passent pour valoir mieux que les grosses plumes d'oie ;.sa peau dépouillée de la grosse plume et ne conservant que son duvet sert à faire des fourrures, ou bien à couvrir la poitrine ou les épaules des personnes qui souffrent de douleurs rhumatismales dans ces parties du corps. P. J.

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CHAPITRE XXV

DES LAPINS ET DU COBAYE

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ne pensons pas qu'il puisse y avoir de l'intérêt à se livrer, sur ce point, à de nombreuses conjectures. Bornons-nous à constater que le lapin se plaît mieux dans les pays chauds et tempérés que dans les pays froids, et qu'on ne le retrouve plus au nord de l'Europe, en Suède et en Norwége, par exemple.

Le lapin domestique comprend diverses races. Les principales sont: 1o Le lapin commun, ordinairement d'un gris fauve, mais très-souvent de couleur variée où le blanc domine; 2o le lapin d'Angora, à poil long et soyeux ; 3° le tapin riche, à poil noir ou gris, argenté à son extrémité.

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une qualité de chair très-recommandable; on ne saurait en dire autant du lapin de clapier.

Olivier de Serres conseille d'établir la garenne sur un coteau un peu élevé, à l'exposition du levant ou du midi, en terre fertile, plus légère que compacte, en ayant soin toutefois d'éviter les terres très-sablonneuses, car les éboulements em

pêcheraient les lapins d'ouvrir des galeries à leur aise. Il ajoute que, dans le cas où le lieu ne serait point déjà couvert d'arbrisseaux et de buissons, il faudrait en planter et former d'épais massifs pour offrir des retraites sûres aux animaux. Afin qu'ils ne s'échappent point, il sera nécessaire d'entourer la garenne de bonnes murailles, bien maçonnées à chaux et à sable, hautes de neuf à dix pieds (3 mètres ou 3,32) et à fondations profondes, de façon à ôter aux lapins tout espoir de fuite. Les haies ne servent à rien, les fossés non plus, à moins qu'ils ne soient remplis d'eau. Dans le cas cependant où la maçonnerie coûterait fort cher, où la pierre serait très-rare, on devrait, faute de mieux, dit Olivierde Serres, clore la garenne avec des murs en pisé, ou avec des fossés empoissonnés et des haies. A la longue, les lapins s'y habitue ront, s'y fixeront et ne songeront pas à en sortir. Le vieux maître demandait pour la garenne une étendue de sept à huit arpents (de deux à trois hectares) et assurait que bien gouvernée et entretenue, elle devrait rapporter, bon an mal an, deux cents douzaines de lapins et plus. Pour ce qui regarde le fossé de ceinture, il le voulait de dix-huit à vingt pieds de largeur sur six ou sept de profondeur, avec un bord en pente douce du côté de la garenne et un bord à pic de l'autre côté. Voici pourquoi : il se disait que les lapins pouvaient se jeter à l'eau et traverser le fossé à la nage, mais qu'une fois mouillés, il leur serait impossible d'en sortir sans une pente douce à l'un des bords. Olivier de Serres ne voulait pas d'une garenne plate; il tenait à ce qu'elle fût accidentée naturellement ou artificiellement au moyen de terres extraites du fossé et disposées de distance en distance sous forme de monticules, de petits coteaux, sur lesquels les lapins se promènent avec plaisir et dans lesquels ils pratiquent aisément des trous pour s'y loger. Il recommandait de choisir pour la plantation, non-seulement des arbres disposés à former massifs, mais surtout des arbres fournissant des fruits propres à la nourriture des lapins, tels que pei

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De la garenne et du clapier. Le lapin domestique, quelle que soit d'ailleurs sa race, peut être élevé de deux manières essentiellement distinctes, ou dans une garenne, c'est-à-dire à peu près en liberté; ou dans un clapier, c'est-àdire en cage. Les lapins élevés dans une garenne ou enclos plus ou moins spacieux, acquièrent

riers, pommiers, cerisiers, pruniers, noisetiers amandiers, mûriers, cormiers, cornouillers et cognassiers. Il ajoutait à la collection des chênes, des ormes, des buissons de genévrier, du thym, de la lavande, du basilic, puis des choux, des laitues, des épinards, de l'orge et de l'avoine par places. Il excluait sévèrement les saules et les peupliers, à cause du mauvais goût que les feuilles communiquent à la chair des animaux. Cependant, par une contradiction que nous ne nous expliquons pas, il conseillait de border les rives des fossés de clôture avec de l'osier qui est bien un saule et dont les feuilles sont tout aussi mauvaises que celles de nos saules communs. Nous devons ajouter que les plantes de la famille des Euphorbiacées et des Apocynées sont considérées, de notre temps, comme nuisibles aux lapins, mais ils ne s'y trompent pas lorsqu'ils ont la liberté du choix. Ces plantes sont : les euphorbes que nous désignons assez généralement sous le nom de réveil-matin; les mercuriales dont une a été figurée dans le chapitre des plantes nuisibles, à la fin de la première partie du Livre de la ferme; les pervenches, les apocyns, les asclépiades, etc.

Il suffit, pour peupler une garenne ainsi disposée, d'y lancer un certain nombre de mères pleines ou de prendre des jeunes dans un clapier. Avec le clapier, la multiplication est certainement plus rapide, mais ce que l'on gagne en nombre, on le perd en qualité. Il est vrai que l'on ne s'arrête pas à cette distinction et que les consommateurs qui vont s'approvisionner au marché ne cherchent point à savoir si le lapin domestique qu'ils achètent sort d'une garenne ou d'un clapier. Il s'agit donc pour l'éleveur de chercher le bénéfice net le plus élevé et d'adopter, de préférence à tout autre, le mode d'éducation qui le lui donnera. Sera-ce le clapier? nous n'en savons rien; de part et d'autre, les résultats se trouvent nécessairement subordonnés à diverses considérations locales. Avec une nourriture rare et chère, la garenne peut être préférable au clapier; avec une nourriture abondante et à bas prix, le clapier doit être plus avantageux que la garenne. Il importe aussi de tenir compte de la valeur des terrains et de remarquer que s'il y a profit à établir une garenne sur des terrains à 5 ou 600 fr. l'hectare, il y aurait perte à lui consacrer des terrains à 6, 7 et 8,000 francs.

On a beaucoup écrit sur l'éducation des lapins. D'aucuns font de cette industrie une entreprise très-lucrative; d'autres la réduisent à peu de chose et la dédaignent. Nous croyons, nous, que la vérité se trouve entre les deux extrêmes, et qu'il ne faut ni trop exalter ni trop ravaler cette industrie; et tout bien examiné, nous sommes tenté de croire que l'on a raison d'encourager l'éducation de ces animaux sur une assez grande échelle, lorsque les débouchés assurent l'écoule ment des produits. Les auteurs qui nous prouvent par des chiffres qu'il est facile de réaliser un joli revenu avec les lapins, n'ont qu'un tort, celui de ne pas tenir compte des accidents et de la mortalité. Il est aisé, sans doute, de dire qu'une femelle donnera par an, six ou sept portées, que

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la moyenne de chaque portée est de cinq ou six lapereaux, qu'il en coûte tant par jour pour la nourriture, qu'un lapin gras vaut 2 francs ou 2,50, et que tous frais déduits, le bénéfice s'élève pour l'ensemble à une somme déterminée; mais peut-on raisonnablement nous garantir qu'aucune épidémie ne ravagera la garenne ou le clapier, qu'aucune mère ne détruira ses petits? Non, on ne le peut pas, et c'est précisément parce que nous avons quelques mauvaises chances à courir que nous ne produisons pas de chiffres. Nous nous bornons à faire observer que dans un climat doux, sec, avec une nourriture bien choisie et des soins de propreté minutieux, il y a beaucoup à espérer, et que dans des conditions différentes, il y a beaucoup à craindre.

Les clapiers sont de diverses sortes. Quelquesuns se rapprochent de la garenne et consistent en cours plus ou moins spacieuses, entourées de murs, et divisées en compartiments grillés ou treillagés, communiquant avec des cages adossées aux murs, exposées au levant ou au midi et convenablement couvertes. Les mâles, les mères pleines, celles qui allaitent, les lapereaux qui ne tettent plus, sont séparés et vont à volonté dans la cage ou dans la petite cour qui y aboutit. Les clapiers ainsi faits, sont les meilleurs, à notre avis, mais il n'est pas donné à tous les éleveurs de s'imposer la dépense qu'ils exigent et de leur consacrer autant d'espace. Le plus souvent donc, on improvise des clapiers sous des hangars, dans les granges ou les étables, au moyen de loges de 0,75 à 1 mètre sur toutes faces, rangées en lignes les unes à côté des autres, et un peu inclinées d'arrière en avant pour que les urines n'y séjournent pas. Ces loges sont en bois, pleines sur cinq faces et à claire-voie sur le devant. Quand l'espace manque, il arrive souvent que l'on en place deux rangées l'une sur l'autre. D'autres fois, lorsque l'éducation se réduit à un très-petit nombre de lapins, on se contente de les placer dans de grandes caisses bien fournies de litière sèche, recouvertes de planches mobiles et disjointes, assujetties avec des pierres ou des poids quelconques. C'est ainsi que les choses se font le plus fréquemment chez les cultivateurs des Flandres belges qui, en matière d'élevage de lapins, jouissent d'une réputation européenne, et que nous avons vus personnellement à l'œuvre.

Nous avons déjà dit, en parlant des bâtiments de la ferme, et nous répétons ici qu'un clapier de 12 à 15 mètres de longueur sur 4 à 5 mètres de largeur, peut contenir de vingt à vingt-quatre loges, dont deux destinées aux mâles, et deux autres, doubles des premières, destinées aux lapins de cinq à six semaines. Il va sans dire que tout clapier bien tenu doit offrir aux animaux un espace partagé en compartiments et servant de promenoir. Avec les rangs superposés, les lapins du second rang ne peuvent profiter de cette disposition.

« On doit, a écrit Silvestre dans le Nouveau Cours d'agriculture, conserver dans la garenne (clapier) un courant d'air continu, au moyen de croisées grillées à claire-voie ; cette manière de renou

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