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des pousses d'herbes complétement ligneuses, de préférence souvent à l'herbe tendre et succulente des meilleurs pâturages. Aussi vivent-elles, et même en produisant du lait, là où d'autres animaux, cependant plus petits, périraient de misère. En France, dans la Haute-Marne, dans les Alpes, sur des montagnes, des coteaux rocailleux et presque stériles, elles pâturent avec de petites brebis, et sont plus vigoureuses, en meilleur état que ces dernières. En Afrique, les Arabes de quelques contrées trop arides pour nourrir des moutons, n'élèvent que des chèvres; ils en utilisent le lait, la fourrure, la viande et la peau. »>

Dans le Mont-d'Or lyonnais, où les chèvres sont très-nombreuses et entretenues pour la production des fromages, ces bêtes sont soumises au régime de la stabulation permanente. Elles s'en trouvent très-bien et donnent autant et d'aussi bon lait que celles qui vont pâturer, à la condition qu'elles reçoivent une nourriture abondante et variée. Les fourrages de légumineuses, les feuilles de chou, et les feuilles de vignes pressées et fermentées, pour l'hiver, les résidus, le marc de raisin, les racines, les tubercules mêlés avec du son, de la farine, des graines de foin, et délayés avec l'eau de vaisselle, tout cela forme pour les chèvres une excellente alimentation. Les laitières donnent du lait, naturellement, en proportion de la nourriture qu'elles reçoivent. Les chevriers, qui savent cela, leur distribuent des aliments presque à chaque heure du jour.

M. Martegoute, qui a publié un intéressant travail sur l'exploitation des chèvres dans le Lyonnais, es time que chacune vaut 24 francs à l'âge de 2 ans, et 6 francs seulement après huit années de service, soit en moyenne 16 francs. Elles donnent par jour 2 litres de lait pendant neuf mois, ou envi ron 600 litres par an. Cela le porte à établir de la manière suivante le compte d'une chèvrerie de 24 têtes:

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La différence entre les recettes et les dépenses établit en faveur des premières un bénéfice de 1,020 fr., soit 42 fr. 50 par tête, non compris le fumier. Le capital engagé dans la spéculation produit donc près de 200 p. 100.

On aura beaucoup de peine, dans notre pays, à faire admettre que la viande de chèvre puisse entrer dans la consommation autrement que pour ce que l'on appelle la basse boucherie. Après le compte qui vient d'être fait, d'ailleurs, on voit que les produits que donne cette bête durant sa vie peuvent la faire conserver le plus longtemps possible. Et après des gestations répétées et une lactation prolongée, il n'est guère possible de son

ger à en obtenir de la viande mangeable. Ce n'est donc que bien exceptionnellement que l'on doit conseiller l'engraissement des chèvres. Il y aura toujours plus d'avantage à les exploiter comme laitières. Quand on peut faire de bonnes chèvres de boucherie, il vaut mieux consacrer ses ressources à la production des moutons.

Quant aux soins qui conviennent à la chèvre relativement à la traite et à tout ce qui concerne son exploitation pour la laiterie, ils ne diffèrent point de ceux qui ont été indiqués pour la vache. Quelques détails ont du reste été donnés sur ce sujet, à propos de la fabrication des fromages préparés avec le caillé provenant du lait de chè

vre.

Pour s'occuper en particulier de ce qui se rapporte à l'hygiène de l'élevage des animaux de l'espèce caprine, il faudrait se répéter, car à aucun égard les prescriptions relatives à cette espèce ne diffèrent de celles qui ont été exposées au sujet de l'espèce ovine. Nous nous bornerons donc à y renvoyer, en faisant seulement observer que le choix des reproducteurs et l'hygiène des produits doivent être dirigés en vue de la principale fonction économique de l'espèce, qui est la production du lait. A ce point de vue, il est bon aussi d'ajouter que les signes de l'aptitude laitière sont, du moins pour les principaux, les mêmes que ceux qui ont été indiqués chez la vache. Il n'y a sur quelques points de particularités à signaler que pour les races étrangères, dont nous allons maintenant parler.

Chèvre de Cachemire. · Connue des naturalistes sous les noms de C. lanigera et de C. Thibetana, suivant qu'elle vit dans les environs de Cachemire ou du Thibet, cette variété habite l'Himalaya, en Asie. Elle a été introduite en France par M. Huzard, en 1818. L'année suivante Jaubert et Ternaux en ont importé un troupeau considérable. Mais cependant, pour des causes que nous n'avons pas à développer ici, l'acclimatation n'a eu qu'un médiocre succès. La race ne s'est pas multipliée. Il en a été de même de la Chèvre d'Angora, au sujet de laquelle de nombreuses tentatives du même genre ont été faites dans le courant de ce siècle. En 1854, un troupeau de 76 bêtes d'Angora introduit par la société zoologique d'acclimatation, plus 16 individus donnés par Abd-el-Kader au Maréchal Vaillant, ont été distribués dans nos montagnes de l'Est.-il faut bien croire que ces races exotiques ne présentent pas chez nous des avantages économiques bien saisissables, car ce n'est point la difficulté de leur acclimatation qui s'oppose à leur extension. Chaque fois qu'on les y a introduites, elles se sont parfaitement acclimatées, mais soit que leur produit spécial n'y conserve pas ses caractères, soit qu'il ne puisse soutenir la concurrence du produit exotique, tous les efforts paraissent vains pour naturaliser chez nous la production du duvet des chèvres de Cachemire, du Thibet ou d'Angora. Ces bêtes le produisent mieux et à meilleur compte sans doute dans leur propre pays. C'est ce qui fait qu'elles auraient plus de chances de se substituer à notre chèvre commune,

si elles étaient meilleures laitières que celle-ci. Les efforts des partisans quand même de l'acclimatation risquent donc d'échouer contre ces considérations économiques, dont ils ne se préoccupent peut-être pas assez dans leurs opérations. Quoi qu'il en soit, la chèvre de Cachemire et celle d'Angora ne diffèrent de la chèvre commune que par la toison, qui est composée à la fois de poil et de duvet. Plus le poil est long et pendant, plus le duvet est abondant. La couleur des chèvres de Cachemire varie beaucoup. Elle

| est tantôt blanche, noire, bleuâtre, jaunâtre ou tachetée. Certains auteurs prétendent que leur peau et leur viande sont préférables à celles de la chèvre commune, et qu'elles engraissent aussi plus facilement. Leur lait, baucoup moins abondant, est aussi de meilleure qualité. Celles d'ângora ont des formes plus séduisantes, et leurs poils longs, soyeux et toujours blancs, tiennent plus de la nature du duvet. Le duvet soyeux n'y est mélangé que de quelques poils grossiers. Une mue, au printemps, fait tomber toute la toison, de

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sorte que les animaux vont presque nus durant quelque temps. Ce duvet n'a pas la finesse de celui de Cachemire. En outre, les bêtes d'Angora sont plus petites et moins rustiques. Elles ne donnent pas d'autre produit que leur duvet. On a essayé des croisements entre les deux variétés, qui n'ont pas conduit à des résultats satisfaisants. Les métis sont moins rustiques que les individus purs de Cachemire, et le produit en duvet ne compense pas cet inconvénient. Il a donc fallu y renoncer. Il en est de même des croisements opérés entre la race de Cachemire et la race commune. Ce croisement amoindrit les facultés laitières si précieuses de celle-ci. Il fait en conséquence perdre un bénéfice certain, pour courir après une spéculation dont les avantages sont fort problématiques. Ainsi que nous l'avons déjà dit, la production du duvet de Cachemire ne peut présenter en France les conditions d'une industrie profitable.

Néanmoins, voici comment s'opère la récolte de ce produit.

Le duvet, qui semble avoir pour fonction de préserver la chèvre contre les rigueurs du froid, tombe naturellement au printemps, au moment de la mue, qui arrive vers les mois de mars et d'avril. Il suffit alors de peigner la toison avec un démêloir tous les deux jours, jusqu'à ce que le peigne n'amène plus de duvet. On reconnaît qu'il est temps de commencer l'opération, lorsque celui-ci se pelotonne et se détache. La durée de la mue varie beaucoup, suivant les circons

tances.

Pour les chèvres d'Angora, dont le duvet pré

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domine sur les poils grossiers, la tonte est préférée au peignage. Elle se pratique en avril dans les pays chauds, plus tard dans les climats tempérés. Après la tonte, il reste à trier dans les toisons les poils jafreux, ce qui est toujours une opération minutieuse et longue.

A part la question de récolte du duvet, il serait bon de soumettre toutes les chèvres à poil long à un peignage destiné à les entretenir en état de propreté. Elles se trouveraient bien de ce pansage, comme tous les autres animaux. Elles sont sous ce rapport en général fort négligées. Et c'est un tort. Au point de vue même des qualités et de l'abondance de leur lait, la main-d'œuvre que cette pratique occasionnerait serait suffisamment rémunérée. Il faudrait tout au moins les brosser soigneusement.

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Chèvre d'Égypte. Cette variété a été introduite pour la première fois en France, au Muséum d'histoire naturelle, en 1840. Elle tend à se répandre chez nous, où elle s'acclimate parfaitement, parce qu'elle possède une remarquable faculté laitière. Aussi rustique et aussi sobre que la chèvre commune, elle produit en plus grande quantité un lait de meilleure qualité. C'est pour ce motif que les personnes éclairées lui donnent la préférence. On peut prévoir, par conséquent, qu'elle se multipliera beaucoup dans notre pays, à mesure que la connaissance de ses qualités prendra de l'extension.

La chèvre d'Egypte se distingue surtout par un chanfrein très-busqué, par des oreilles larges,

longues et pendantes. La tête de la femelle est | porte de très-petites. La barbe n'existe pas. Le petoujours dépourvue de cornes. Celle du mâle en lage, le plus souvent fauve, est quelquefois roux ou

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noir mal teint, d'autres fois tacheté de gris brun, pie rouge clair ou pie noir. Le poil est en général fin et court, même tout à fait ras chez les individus qui sont bien pansés.

La chèvre d'Égypte semble avoir des instincts moins vagabonds et moins indépendants que ceux de la chèvre commune. Dans les familles riches qui l'ont adoptée pour en faire souvent la nourrice de leurs enfants, elle s'apprivoise avec la plus grande facilité, vit dans les appartements qu'elle ne salit point, et joue volontiers avec ces enfants, pour qui elle se montre très-affectueuse.

M LADIES DE L'ESPÈCE CAPRINE.

Les chèvres sont sujettes aux mêmes affections que les moutons. Celle qui se présente le plus fréquemment est la météorisation. On y remédie par des moyens absolument semblables à ceux qui ont été indiqués pour l'espèce ovine. Il en est ainsi pour la gale et le piétin. Nous renverrons donc à cet égard le lecteur au chapitre précédent, pour ne pas tomber dans d'inutiles répétitions.

A. SANSON.

CHAPITRE XXII

DE L'ESPÈCE PORCINE

Le pore n'est animal domestique que par sa destination pour la boucherie, et comme tel il offre de grands avantages. S'il est vrai qu'il y ait ou qu'il y ait eu des localités où l'on attelle ou bien où l'on a attelé des porcs, soit comme animaux de labour, soit même comme coursiers de carrosse, les agriculteurs, du moins tous ceux des contrées où l'agriculture est exercée d'après les principes de la saine raison, n'envisageront l'attelage des porcs que comme digne d'une agriculture mythologique, ou digne d'un riche et patient Anglais qui ne cherche qu'à se distinguer par des excentricités. On pourrait presque dire de même de ceux qui, selon quelques naturalistes, ont dressé des cochons pour la chasse, circonstance qui a été plus particulièrement citée pour prouver la finesse des sens, l'intelligence et l'aptitude de

l'animal, qui trop longtemps et trop souvent a été qualifié d'immonde.

Le porc est l'animal domestique le plus généralement répandu dans toutes les contrées du monde entier. Dans toutes les exploitations rurales, nous dirons même, dans tous les ménages, il y a des déchets qui ont valeur de substances alimentaires qui ne peuvent pas servir plus avantageusement qu'à la nourriture du porc. En revanche, le porc gras, dans tous les âges, fournit à l'homme des aliments très-variés qui constituent de grandes et précieuses ressources pour les ménages qui se les procurent à peu de frais. C'est dans beaucoup de contrées la seule viande qu'il soit donné au travailleur peu fortuné de consommer, ce qui ne l'empêche pas d'être aussi un aliment recherché par l'homme opulent et

par le gourmet. En un mot, les diverses parties du porc, aux différents âges, se voient communément et sous toutes sortes de formes aussi bien chez le riche que chez le pauvre. I'n ménage à la campagne peut prendre ses arrangements dans l'élève et l'engraissement du cochon, de manière à avoir toujours pour la table et sans grands sacrifices du porc frais et du porc salé.

chement des vertébrés, à la classe des manimifères, à l'ordre des pachydermes et au genre cochon. Ce genre contient plusieurs espèces, dont une seule, le sanglier commun (sus scrofa) constitue la souche des porcs domestiques. Il est vrai que des naturalistes ont voulu faire descendre les porcs de l'Asie, d'une espèce particulière de sanglier, désignée sous le nom de sanglier des Papous (sus papuensis). Mais d'après la plus juste idée que l'on doit se faire de l'espèce zoologique, et vu que tous les porcs qui sont réduits dans le

duisent entre eux et même avec le sanglier commun, et qu'ils donnent naissance à des produits féconds entre eux, on doit admettre qu'ils appartiennent tous à la même espèce, et que le sanglier commun est la souche de toutes les va

L'élève du porc en grand offre à diverses contrées des avantages bien marqués, tandis que d'autres pays qui achètent ces animaux élevés dans ces contrées, ne se livrent qu'à l'engraisse-monde entier à l'état de domesticité, se reproment. Le plus souvent le porc est l'animal le plus important dans l'économie du ménage même, et on voit dans beaucoup de localités que c'est le cochon qui fait entrer le plus d'écus sonnants dans la poche du petit laboureur. Anciennement, et probablement encore aujour-riétés et de toutes les races du cochon domesd'hui dans certaines localités, on n'élevait exclusivement les porcs que dans le but de les engraisser dans les bois, à la glandée. Le plus souvent les forêts, à ces époques, n'étaient estimées que par la quantité de porcs qu'elles étaient capables d'engraisser et non d'après la quantité de bois qu'elles pouvaient fournir, celui-ci n'ayant en ces temps-là aucune valeur. Il paraîtrait même que dans beaucoup de pays la production de la viande de cochon était alors plus considérable qu'elle ne l'est aujourd'hui, toutes proportions gardées avec la population.

Aujourd'hui, l'entretien du cochon offre cet avantage, qu'il peut bien se plier aux diverses circonstances dont il dépend. En effet, un éleveur, voyant que la nourriture pour ses porcs pourrait bien venir à lui manquer, peut s'en défaire de suite, en les vendant, ou même encore il peut les engraisser assez vite pour la boucherie, avant que la disette ne soit là. D'un autre côté, la grande force reproductrice de ces animaux fait que dans les années d'abondance, on les produit comme par enchantement, et ils donnent alors des viandes, des provisions qui se conservent quasi indéfiniment, et qui fournissent ainsi une réserve pour les années de disette. Nous avons vu des villages importants, comptant plus de 400 ménages de petits cultivateurs qui, pendant une année, n'avaient pas réuni 12 cochons, tandis que l'année suivante ils en avaient près de 800.

Les résultats donnés par l'élève et l'engraissement des porcs sont pour cela très-intéressants aux yeux de nos cultivateurs, et d'autant plus qu'ils ne se font pas longtemps attendre, comme c'est le cas dans l'élève des autres animaux domestiques. Si dans beaucoup de circonstances ces résultats ne répondent pas à l'attente, c'est qu'on prend trop peu de soins de ces animaux, qu'on les néglige par préjugé, par ignorance, ou par habitude. Ajoutez à cela le peu de peine qu'on se donne pour avoir de bonnes races ou de bons reproducteurs. Il ne faut donc pas s'étonner que quelquefois l'élève des porcs ne donne pas assez de bénéfices.

NOTIONS ZOOLOG:QUES SUR LE PORC.

D'après la classification zoologique la plus en usage, le porc domestique appartient à l'embran

tique. Ce qui prouve encore cette dernière assertion, c'est que des porcs domestiques qu'on met en liberté dans les forêts, redeviennent sauvages en gagnant tous les caractères des sangliers, et qu'il y a des races du cochon domestique, qui offrent absolument l'aspect et les caractères du sanglier.

Le porc est omnivore, et ses dents sont conformées en conséquence. Il a six dents incisives étroites à chaque mâchoire, et douze molaires qui sont séparées des incisives par quatre canines qui peuvent gagner un grand développement: en tout quarante dents, parfois quelques-unes de plus. Le remplacement des dents de lait par les dents d'adulte se fait depuis l'âge d'un an jusqu'à l'âge de vingt à vingt-six mois, mais d'une manière moins régulière que chez les autres animaux domestiques. Il a la bouche fortement fendue; le museau un peu relevé, tronqué, construit d'une manière particulière est propre fouiller la terre pour y chercher des aliments. Le museau se désigne sous le nom de boutoir, ou groin. Chaque pied a quatre ongles, dont les deux du milieu touchent seuls le sol. L'estomac est simple, de moyenne grandeur. Les intestins sont en proportion assez développés; en général, ils mesurent quinze fois la longueur du corps.

Les mamelles, ordinairement au nombre de douze, sont rangées sur deux lignes sous le ventre, à partir des jambes de devant.

Le cochon peut être livré à la reproduction avant la fin de la première année. La durée de la gestation est en moyenne de 115 jours, et la truie peut faire des jeunes deux fois par an. Le nombre des jeunes varie de cinq à douze, et quelquefois plus. La croissance du porc peut s'étendre jusqu'à l'âge de quatre ans, et on a des exemples, dit-on, où des porcs ont atteint l'âge de vingt ans, ce qui doit néanmoins être compté parmi les raretés.

RACES PORCINES.

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Les porcs, qui ont subi de grandes modifica tions par suite de la domesticité chez tous les peuples et dans tous les climats, offrent une foule de races et de variétés, dont l'étude et la connaissance sont encore rendues plus difficiles par suite des nombreux croisements qui ont eu lieu dans

les derniers temps, depuis qu'on a bien voulu prêter à l'élève des porcs l'attention qu'elle mérite. On a proposé différents systèmes pour diviser et classer les races de porcs, de manière à pouvoir s'y reconnaître. Tandis que les uns les divisent suivant les pays, d'autres reconnaissent autant de races qu'il y a de modifications plus ou moins importantes. On a même proposé de diviser les races en deux grandes classes, en races communes et en races nobles, et on a ainsi cherché à faire ce que depuis longtemps on a fait pour les chevaux.

sur une base stable et suivie avec intelligence vers un but unique et avec les mêmes moyens.

Les races artificielles proviennent des races naturelles, et elles ne constituent pas un groupe trèsbien défini et sans intermédiaires. De tous nos animaux domestiques, c'est au porc que l'on peut le plus facilement imprimer des modifications par toutes sortes d'agents, dont les principaux et les plus actifs ressortent de l'état de l'agriculture elle-même.

Races naturelles. Les races naturelles, aujourd'hui plus ou moins bien connues, peuvent être classées, d'après les auteurs les plus plus compétents, en quatre catégories bien caractérisées.

1° Porcs aux grandes oreilles. Les oreilles sont flasques et pendantes, et leur longueur dépasse l'espace qui s'étend depuis l'orifice auriculaire jusqu'à l'œil. Le diamètre perpendiculaire de la poitrine est égal à la longueur des jambes de devant, depuis le coude jusqu'au sabot. Ce diamètre peut même être moindre. Le diamètre horizontal de la poitrine est plus petit que le vertical. Le dos est voûté, tranchant, les soies sont plus ou moins droites. Les porcs de cette race sont hautjambés; ils ont la côte plate, ou pour mieux dire, la poitrine aplatie et le dos convexe, recourbé, dit dos de carpe. C'est dans ces races qu'on trouve le cochon qui est plus particulièrement conformé pour la course, et que des auteurs ont désigné ironiquement sous le nom de cochon-lévrier. La

tissement du corps diminuent chez les individus et chez les familles de ces races quand ils sont soumis à moins d'exercice et qu'on les nourrit mieux. Les soies ne sont jamais frisées; elles sont le plus généralement d'un blanc jaunâtre, plus ou moins foncées ou grisàtres; quelquefois elles sont mêlées de places noires, et constituent la robe pie. La queue portée en spirale est un caractère général, mais non constant.

Quand on envisage les races de porcs domestiques qui sont aujourd'hui connues, on trouve effectivement que d'un côté il y en a qui sont d'ancienne date, dont la création et l'origine se perdent dans la nuit des temps, et qui sont plus particulièrement liées à des pays, à des localités, au climat, dont elles paraissent le produit naturel. Nous les désignerons sous le nom de races naturelles. D'un autre côté, on possède aujourd'hui dans les pays où l'agriculture a fait des progrès remarquables, dans ces derniers temps, où l'agriculture s'est principalement basée sur l'élève et la production des animaux domestiques, des races porcines qui ont été plus ou moins soustraites aux influences naturelles, et qui sont plus particulièrement le fruit de soins plus grands, d'accouplements dirigés avec intelligence, et qui offrent des caractères précieux qui se transmettent aux descendants avec plus ou moins de constance. Ces races ne sont pas naturellement liées à un pays quelconque; elles le sont au contraire à un état agricole particulier. Nous nommerons celles-longueur des jambes, la voussure du dos et l'aplaci races artificielles. On doit déjà voir que ce sont celles-ci, qui, maintenant, jouent un grand rôle dans l'élève et l'éducation du porc domestique. Les races naturelles, et même les races artificielles, se caractérisent assez bien, quand on met de côté des variétés intermédiaires, qui sont le plus souvent le résultat de croisements très-peu stables. Quelques-unes des races naturelles ont été considérées par des zoologistes comme des espèces distinctes, et cela bien à tort, comme nous l'avons déjà dit, parce qu'elles se reproduisent très-bien avec les autres races admises comme espèces particulières, et qu'elles produisent avec elles des individus indéfiniment féconds entre eux. Il ne faut cependant pas perdre de vue qu'il y a un grand nombre de porcs qui ne peuvent pas être rangés dans l'une ou l'autre de ces deux catégories, parce qu'ils sont le résultat de croisements d'une race naturelle quelconque avec une race artificielle ce sont les animaux sans race, les bâtards, qui deviennent de plus en plus nombreux. Ces animaux sans race ne sont pas seule-nées, le porc ardennais, le porc bourguignon, le ment le résultat de croisements, mais ils peuvent encore provenir de races naturelles transplantées dans d'autres contrées, où les influences clima- | tériques les modifient notablement, ou de races artificielles auxquelles on n'a ras donné les soins qu'elles demandent pour être conservées avec leurs caractères et signes caractéristiques. Ces animaux sans race sont même les plus nombreux dans les contrées où l'agriculture est en voie d'amélioration notable, sans cependant s'être fixés

Sous le rapport de la taille et du poids, les porcs des races à grandes, oreilles varient beaucoup; mais en général, ils sont grands, et c'est là qu'on rencontre les plus grands et les plus lourds de tous les porcs.

Ces races se trouvent en France, en Allemagne, en Suisse, dans le Danemark, en Hollande, en Belgique, et même en Angleterre. Elles sont connues dans la plus grande partie de l'Europe, et elles offrent des variétés dont plusieurs sont réputées en France. Telles sont le craonnais, le porc normand, le porc charolais, le porc des Pyré

porc de la Westphalie.

Tous ces porcs sont d'un développement lent et tardif. Ils ne peuvent convenablement être livrés à l'engraissement qu'après avoir atteint l'âge de deux ans. Ils ont très-peu contribué à la formation des races artificielles qui marquent l'agriculture intensive. Ce sont les porcs par excellence de l'agriculture pastorale ou demi-sauvage.

2o Porc africain noir. Il a le diamètre hori

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