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DE ce que, dans certaines localités, les tondeurs ou les tondeuses sont assis sur le sol, tenant l'animal devant eux, tandis que dans d'autres les moutons sont placés à hauteur convenable sur des tables, le tondeur étant debout. Cette dernière position est plus favorable à la bonne exécution du travail. Dans l'un comme dans l'autre cas, la bête est liée par les membres au moyen de cordes, ou bien une planche percée de quatre trous tient immobiles les jambes passées dans chacune des ouvertures. Des précautions doivent être prises pour ne pas blesser les membres ainsi retenus.

L'instrument à l'aide duquel la laine est coupée varie par sa forme. Ce sont en général des ciseaux ou ce qu'on appelle des forces. Ces dernières sont à préférer dans tous les cas, parce qu'elles fonctionnent mieux et plus vite que les ciseaux. Pour éviter les blessures, on a conseillé de relever un peu les pointes de l'instrument. Alors, la tonte est plus facilement égale et la surface tondue de la peau plus lisse. Si cependant il y existait des inégalités, le mieux serait de les laisser subsister, car si elles rendent la croissance ultérieure de la laine irrégulière, du moins il n'y a aucune portion de celle-ci de perdue, comme cela arrive quand on enlève avec les ciseaux ou les forces ces rognures qui ne peuvent servir à rien.

En somme, la tonte est bien pratiquée et bonne lorsqu'il ne reste sur aucun des points du corps de ces inégalités, et lorsque toutes les parties de la toison se tiennent bien ensemble, sans déchirure ni lacune; enfin lorsqu'elle a été effectuée sans occasionner aucune blessure à la peau. Si minimes qu'elles soient, ces blessures font au moins souffrir inutilement l'animal, et en se compliquant elles peuvent nuire d'une manière grave à la croissance ultérieure de la laine.

Une fois enlevées, les toisons ont à subir quelques préparations, pour être mises dans les meilleures conditions de vente. Il convient d'indiquer quelles sont à cet égard les habitudes des praticiens expérimentés, de même que les précautions à prendre lors de la vente des laines de la récolte.

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Préparation des toisons. Weckherlin donne sur ce sujet, comme sur tous ceux qui concernent le métier, des détails que nous devons lui emprunter. Il n'y a rien à y ajouter.

« Pour pouvoir lier en ordre la toison après qu'elle a été tondue, on l'étend avec précaution sur une table; le côté tondu est placé en bas, et on sépare toutes les parties de laine malpropres, jaunes ou brunes. Il convient que la table soit lattée en forme de grille, afin que des ordures adhérentes, du sable, etc., puissent tomber et passer. Quand on veut parer encore mieux sa marchandise, en se conformant toutefois aux usages du marché, on sépare en même temps les parties de laine jarreuse des extrémités des membres. Après cela, on lie soigneusement la toison, et, suivant l'usage local, on lie chaque toison ou plusieurs toisons ensemble en un paquet. De la première manière, la toison est mieux en ordre, et l'acheteur traite plus ouvertement, quand on expose la laine en vente. Pour lier la toison, on replie d'abord les parties latérales en dedans, puis

deux personnes placées en sens opposé la roulent dans sa longueur; on lie ensuite le paquet avec une ficelle de grosseur médiocre, de telle sorte que la toison soit propre et unie, et non pas déchirée et en désordre. Suivant l'usage du marché, les bons morceaux de laine qui ont pu être déchirés de la toison sont mis dans le paquet ou vendus séparément. La laine est exposée en vente, soit emballée dans des sacs, soit en toisons non emballées, qu'on a soin de garantir parfaitement sur la charrette par une bâche, lors du transport au marché. Les acheteurs préfèrent la laine qui leur est exposée ouverte en toisons séparées, car de cette manière ils peuvent l'apprécier avec plus de certitude.

« A partir de la tonte jusqu'à la vente, la laine doit être conservée dans un lieu modérément sec et non exposé au soleil. Durant les quatre premières semaines, elle perd encore toujours quelque peu de son poids par la dessiccation; ce qui doit faire prendre en considération le temps écoulé depuis la tonte jusqu'à la livraison au marchand.

« La laine a un aspect d'autant plus beau que le moment du lavage et de la tonte est moins éloigné; plus on s'éloigne de la tonte, moins son apparence est favorable.

(( L'époque de la tonte et de la mise en paquets de la laine, ajoute notre auteur, est aussi celle où l'éleveur judicieux pèse les différentes toisons, en y comprenant les morceaux de laine épars qui en proviennent, et annote le poids dans son registre matricule, afin de connaître parfaitement la valeur de ses divers animaux. »

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Vente des laines. Indépendamment des préparations dont il vient d'être question, les connaisseurs en ces matières sont d'avis que l'intérêt du producteur est de n'exposer en vente, autant que possible, que des sortes de laines parfaitement homogènes. Chacune est ainsi mieux prisée à sa valeur réelle par l'acheteur.

Nous avons vu, en appréciant la composition des toisons sur le corps des moutons, dans l'étude de l'espèce pour l'élevage, que non-seulement cette composition n'est pas toujours uniforme dans le troupeau, mais encore qu'elle ne présente même jamais une homogénéité complète sur toute la surface cutanée d'un seul individu. Elle se divise au moins en trois qualités, qui sont indiquées

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pour tirer tout le parti possible des laines d'une récolte ou tonte, de procéder à un triage, pour former autant de lots séparés que les toisons récoltées présentent de qualités différentes, et pour mettre en vente chacun de ces lots séparément aussi. On a déjà eu l'occasion de faire observer que les qualités inférieures mêlées aux supérieures déterminent toujours une dépréciation de la valeur de celles-ci, qui n'est pas proportionnelle au prix total résultant de leur vente respective. Le prix moyen est alors plutôt basé sur la médiocre que sur la bonne.

Il est donc bon d'extraire des toisons préparées les parties inférieures en les déchirant le moins possible, la laine dite en morceaux, quelle que soit d'ailleurs sa qualité, subissant toujours une dépréciation qui ne s'élève pas à moins de 10 à 15 p. 100. Il y a encore à établir une distinction, parmi ces morceaux, entre ceux qui sont seulement de seconde qualité, et ceux qui portent dans le commerce le nom d'abats. Ces derniers, qui proviennent de la tête, d'une partie du cou et de l'extrémité des membres, ont une valeur beaucoup moindre.

En outre, suivant les groupes d'animaux qui l'ont fournie, la laine se range pour sa valeur commerciale dans plusieurs catégories, que le producteur ne doit pas manquer d'établir avant de mettre sa récolte en vente. Il lui importe de mettre à part la laine d'agneau, celle des antenois et des moutons, celle des brebis qui ont porté et nourri. Il doit bien se garder de mêler dans ses lots celle qui peut provenir de bêtes malades ou d'animaux morts, pour les raisons que nous avons déjà répétées à diverses reprises. Les acheteurs ne manquent jamais de la distinguer dans les mélanges, et le lot entier subit dans leur appréciation une moins-value qui dépasse de beaucoup le préjudice réel qui en est résulté.

Quant à la détermination des qualités, nous nous bornerons à renvoyer à ce qui a été dit sur ce sujet dans le paragraphe spécialement consacré à l'étude des toisons. Le reste de l'opération, c'est-à-dire le moment opportun pour vendre, le débat du prix, ne diffèrent point pour les laines de ce qu'ils sont pour les autres denrées. Cela ne s'enseigne pas et tombe sous l'application des considérations générales que nous avons exposées dans le chapitre qui a pour titre : Des conditions du succès dans les entreprises zootechniques, et qui font du reste partie de celles si nettement exprimées au début de ce livre, parmi les qualités nécessaires

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brication des fromages, au voisinage des grands centres de population, et en général partout où la viande d'agneau trouve des débouchés avantageux, les jeunes animaux de l'espèce ovine sont sevrés de bonne heure et soumis au régime qui peut le mieux hâter leur développement, de manière à en obtenir, dans le moins de temps possible, la plus forte quantité de viande qu'ils peuvent donner.

La pratique de la préparation des agneaux pour la boucherie ne présente rien de bien particulier. L'important est que la mère ait été bien nourrie, qu'elle soit bonne laitière, de telle façon que son fruit puisse atteindre promptement la taille et le poids qui le font accepter par les bouchers, après qu'il a reçu quelque supplément de nourriture en grains écrasés ou en farines délayées dans de l'eau ou dans du lait. C'est surtout pour la produc tion des agneaux de boucherie qu'il convient d'avoir recours au croisement des brebis de nos races françaises avec les béliers précoces de l'Angleterre. Dans des conditions favorables de débouché, c'est toujours une excellente spéculation. Et à ce compte, les plus volumineux et les plus précoces sont les meilleurs, pourvu qu'il n'en résulte pas de trop grandes difficultés pour l'agnelage.

Chez les races qui donnent habituellement deux agneaux, l'un des deux est toujours de bonne heure, vendu pour la consommation. On prétend que la chair des agnelles est meilleure que celle des mâles. Quand il est possible de choisir les jeunes pour l'engraissement, il faudrait donc donner la préférence aux femelles. Du reste, dans la culture intensive, on fait le plus habituellement marcher de front l'engraissement des brebis avec celui de leurs agneaux. Les bêtes qui doivent agneler en hiver sont fortement nourries avec du regain et des racines avant l'agnelage et après. En mars, ou en avril au plus tard, les agneaux qui ont teté abondamment, à cause de l'alimentation de leurs mères, sont gras et peuvent être vendus. Celles-ci, qui sont déjà en bon état, malgré l'allaitement, engraissent vite ensuite, dès qu'elles ont tari.

Lorsqu'il s'agit de tirer parti du lait des brebis, on habitue de bonne heure les agneaux à prendre une nourriture artificielle, absolument comme pour les veaux. Ce que nous avons dit au sujet deces derniers nous dispensera d'insister là-dessus. Pour indiquer une base d'appréciation de la spéculation des agneaux d'engrais, nous donnerons seulement quelques chiffres relatifs à l'accroissement moyen de ces animaux dans les premiers mois de leur vie. M. Magne a recueilli sur ce point, dans le troupeau de l'école d'Alfort, composé de bêtes appartenant à diverses races, des documents qui ont une certaine valeur économique.

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Des nombreuses pesées effectuées, l'auteur a conclu que l'accroissement des agneaux était en moyenne par jour, de 0,295 pendant la première semaine après la naissance, de 0,245 pendant la deuxième; de 0,282 pendant la troisième; 0,233, la quatrième ; de 0,214, la cinquième; de 0,188, la sixième; de 0,213, la septième ; 0,492 la huitième ; 0,114 la neuvième ; et de 0,235 la dixième. On voit qu'il n'y a point dans ces chiffres une progression régulière, ni ascendante, ni

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descendante. Les variations qu'ils présentent pourraient autoriser de sérieux doutes sur le bon choix des conditions dans lesquelles ils ont été recueillis; car il n'est pas possible de les considérer comme étant l'expression d'une loi. Quoi qu'il en soit, tels qu'ils sont, ils n'en établissent pas moins qu'en dix semaines chaque agneau a gagné en moyenne 15,477. Il est rare que les bêtes d'engrais soient nourries par leur mère au delà de ce terme. C'est donc sur cette base qu'il convient d'opérer, en tenant compte de l'accroissement qu'une alimentation spéciale peut procurer. Les agneaux en profitent à ce point que deux bêtes âgées de 55 jours et pesant, l'une 10,400, et l'autre 10,900, le 10 avril, et nourries de la même manière, sauf que la première reçut par jour, à partir de ce moment, 0',25 d'avoine, étaient arrivées le 22 mai aux poids de 19 kil. et de 15,500. Les 10',500 d'avoine consommée par la première lui avaient fait gagner sur l'autre 4 kil. de poids. Comme on peut le voir, c'est de l'avoine bien payée.

Engraissement des moutons. De toutes les spéculations d'engraissement, celle des moutons est sans contredit la plus lucrative et la moins difficile à exercer. C'est celle qui est le plus à la portée des petits cultivateurs, pour ce double motif qu'elle ne nécessite pas l'engagement d'un gros capital, ni la condition d'une culture avancée. Elle permet de tirer un parti avantageux de pâtures qui seraient sans cela difficilement utilisées. Elle a en outre le mérite considérable de favoriser mieux qu'aucune autre le renouvellement du capital à des périodes plus rapprochées, en lui faisant produire un revenu dont peu d'opérations agricoles peuvent égaler la quotité. Toutes ces raisons font donc de l'engraissement des moutons un des objets les plus intéressants de leur exploitation.

Les principes généraux qui dominent l'opération dont il s'agit sont les mêmes que ceux qui ont été précédemment développés à l'occasion de l'étude de l'espèce bovine. En conséquence, nous n'avons pas à les exposer de nouveau. Il faut nous en tenir aux particularités pratiques qui concernent spécialement le choix des animaux destinés à l'engrais et la conduite de la spéculation dont ils sont l'objet.

ceux qui doivent être réformés; auquel cas les individus qui présentent au plus haut degré les mérites de la race sont nécessairement choisis. La spéculation d'engraissement combinée avec celle d'élevage ne comporte donc d'autre option que celle qui se rapporte à l'opération fondamentale. On fait son possible pour produire les sujets les plus profitables; mais, une fois produits, ils doivent être engraissés indistinctement.

L'engraissement des moutons est souvent aussi une spéculation tout à fait indépendante de celle de l'élevage. Elle marche parfois parallèlement. Dans d'autres cas, elle est unique. Elle s'effectue sur des animaux spécialement achetés en vue de l'engraissement, et au moment même auquel ils peuvent y être soumis le plus avantageusement. Et c'est alors qu'il convient de se préoccuper des qualités qui distinguent les plus aptes à profiter de la nourriture qu'ils ont à consommer, de manière à en transformer en viande la plus forte somme possible, ou tout au moins de ne les payer que sur le pied de leur valeur réelle, eu égard au prix de revient ultérieur de la matière échangeable dont ils sont pour ainsi dire les fabricants. Encore ici, de même que nous l'avons dit pour les bœufs, les connaissances de l'éleveur et celles de l'engraisseur sont moins indispensables que celles de l'acheteur.

Nous n'avons pas besoin de détailler ici les caractères qui conviennent pour le mouton d'engrais. Ces caractères ont été précédemment indiqués lors de la description du type, et aussi chaque fois que nous avons eu à parler de l'une des races les plus propres à la boucherie. Il suffira donc de dire que les meilleurs animaux, à quelque race qu'ils appartiennent, sont ceux qui se rapprochent le plus de ce type. Il importe surtout, pour l'achat des bêtes maigres, de se mettre en mesure d'apprécier exactement au coup d'œil. le poids de chacune, et approximativement celui qu'elles pourront atteindre dans un temps donné. C'est l'expérience seule qui enseigne cela. Du reste, quant à l'état de santé, quant aux considérations de provenance et autres qui peuvent influer sur la manière dont les animaux profiteront de la nourriture, ce qui a été indiqué pour les bêtes bovines s'applique également au mouton. Il serait donc superflu de le répéter. On doit faire observer seulement qu'en général il ne convient Choir des animaux. Deux cas se présentent pas de choisir pour l'engraissement des individus dans la pratique de l'engraissement des moutons. âgés de plus de quatre à cinq ans, surtout lorsOu bien il s'agit d'engraisser les bêtes du trou- qu'il doit avoir lieu au pâturage. Passé cet âge, peau qui, en raison de leur âge, de leur confor- la plupart des moutons ont les dents usées; ils mation, de l'infériorité de leur toison, ou de toute broutent difficilement ; et s'ils peuvent, durant le autre particularité qui s'oppose à ce qu'ils puis- temps qu'ils passent sur la pâture, prendre assez sent contribuer à l'amélioration, doivent être de nourriture pour s'entretenir, ce n'est pas sufréformés. Dans ce cas, l'engraissement est le meil-fisant pour l'engraissement. En outre, les brebis leur moyen d'en tirer un bon parti. Il y a seule ment alors lieu de choisir l'instant le plus favorable, et cet instant est celui auquel les animaux atteignent leur âge adulte. Il en est de même lorsque le troupeau d'élevage est composé de bêtes à viande destinées à l'engraissement précoce. Mais avec cette différence cependant que dans cette dernière circonstance, le choix s'opère seulement pour les reproducteurs destinés à remplacer

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vieilles ont été épuisées par des agnelages successifs. Elles prennent difficilement la graisse et leur viande est peu estimée.

Comme celui des bœufs, l'engraissement des moutons se pratique exclusivement dehors, ou à la bergerie, ou par un régime mixte où les deux procédés se trouvent combinés. La marche générale de l'opération, dans tous les cas, est absolument la même pour les deux espèces. Nous avons

seulement à indiquer certaines pratiques spéciales aux moutons, dans l'exécution de chacun de ces modes, et les données économiques de la spéculation, qui diffèrent sensiblement. Il faut pour cela les passer successivement en revue.

Engraissement au pâturage. Il ne s'agit pas ici d'enfermer un troupeau dans l'herbage plantureux d'où il ne doit sortir que pour aller au marché d'approvisionnement. Les moutons à l'engrais sont faits pour consommer des herbes qui ne pourraient pas recevoir une autre destination. Ils ne sont pas en général conduits sur des pâturages fauchables. Dans la plupart des régions de la France, ce sont les terres en friche, les chaumes, qui fournissent la plus grande partie de leur nourriture. On y joint seulement des pâturages semés pour achever l'engraissement. Tout l'art consiste donc à graduer la consommation des pâturages, à les alterner de manière à stimuler l'appétit des animaux, à faire brouter d'abord les plus éloignés et les moins riches, puis ceux qui sont abondants et rapprochés. On réserve ordinairement pour la fin les chaumes de blé, où des épis laissés sur le sol lors de la moisson se mêlent aux herbes adventices dont ils sont pourvus. Vers le milieu de la période, les moutons sont poussés sur les regains des prairies naturelles ou artificielles.

Il est bien rare que l'engraissement exclusif au pâturage fasse des animaux fins gras. Mais ce ne sont pas ceux-ci qui sont le plus recherchés sur le marché. Lorsqu'ils ont atteint un état d'embonpoint suffisant, les moutons engraissés sur des pâturages salubres, surtout quand ces pâturages sont un peu salés, donnent une viande de meilleur goût, plus savoureuse et fort recherchée. Les bêtes du Berri, de la Sologne, des Ardennes, d'une partie de la Bretagne, du plateau central de la France, sont à ce point de vue les plus estimées. Nous ne connaissons guère de comptes bien faits, établis pour raisonner les spéculations d'engraissement opérées par cette méthode. Nous avons essayé, dans notre opuscule sur l'Espèce ovine de l'Ouest et son amélioration, d'en dresser un basé sur l'engraissement de quarante moutons poitevins pendant toute l'année, le capital se renouvelant trois fois durant cette période, attendu que chaque opération ne dure guère au delà de trois mois. Il ne paraît pas que l'on ait beaucoup à changer à ce compte, que nous allons reproduire ici sur les mêmes bases:

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Il reste donc, en sus du fumier, comme bénéfice net, la différence de ces deux sommes à la fin de l'année, soit 117 fr., ou près de 30 p. 100 du capital engagé.

On peut réduire de beaucoup ce chiffre, sans qu'il cesse de justifier l'assertion formulée plus haut, à savoir que la spéculation d'engraissement des moutons, bien conduite, est une des plus profitables que l'on puisse entreprendre en écono mie rurale.

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Engraissement à la bergerie.· Nulle différence entre les moutons et les boeufs, pour ce qui concerne l'habitation et les diverses matières alimentaires qui peuvent être distribuées aux animaux à l'engrais. Les rations individuelles présentent seules un caractère particulier, comme on le conçoit bien. Et cela n'est important à noter que pour l'établissement des données économiques, Plus les moutons à l'engrais consomment dans un temps déterminé, plus ils produisent. C'est la règle absolue de toute entreprise d'engraissement. Nous pouvons donc nous borner à donner ici quelques exemples d'opérations de ce genre, renvoyant à ce qui a été dit de l'engraissement des boeufs à l'étable, pour la conduite générale de la spéculation.

Voici d'abord le compte d'un engraissement pratiqué dans le Loiret sur 81 métis southdownmérinos et 54 solognots et berrichons. Ce comple a été établi par M. Gobin, qui était alors en stage dans l'exploitation de M. le comte de Béhague.

Le poids vif initial du troupeau était de 4,760,462, soit 35,858 par tête pour les métis, celui des solognots et berrichons étant de 34,366. Le poids vif final, non compris 216 kilogr. de laine obtenue à la tonte, a été de 5,848*,167. Il y a donc eu augmentation en poids vif de 1,087,705, en outre de la laine. L'opération, commencée le 1er décembre 1856, a été terminée le 28 février 1857. Elle a donc duré 90 jours. La valeur initiale des animaux a été estimée à 3,589,31 c. pour l'ensemble, soit 26′,5875 par tête. La laine, récoltée du 27 au 31 janvier, fut vendue en moyenne 2′,20 le kilogr. en suint. La vente des animaux gras produisit, net, 4,077,43, soit par tête 30o,20. Le bénéfice brut total fut donc, y compris la valeur de la laine, de 963′,12, soit 7',1325 par tête.

Ces 135 animaux avaient consommé ensemble: 71,602 kilogr. pulpe de betterave macérée; 5,620 kilogr. tourteau de colza; 9.995 kilogr. de foin 455 kilogr. d'avoine ou gheet,10. Ces diverses consommations, évaluées en foin, équivalent à 46,002 kilogr., et ont une valeur argent de 1,658,21. D'où il suit que dans l'opération 100 kilogr. équivalent en foin ont produit 2,846 de poids vif, et que la consommation par tête a été de 11,242 pour 100 kilogr. de poids vif. En établissant donc en argent le compte général de la spéculation, on arrive au résultat suivant :

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La différence de ces deux sommes, soit 695,09, plus le fumier, représente donc le bénéfice, abstraction faite de l'impôt, des frais généraux, des risques, de l'intérêt du capital engagé et d'autres frais accessoires, dont il n'a pas été tenu compte. Avec des moutons précoces, et par conséquent meilleurs pour l'engraissement à la bergerie, l'accroissement en poids a été de 7 à 8 kilogr. pour une période de trois mois, dans des expériences faites sur des animaux nourris avec du foin et des turneps. Dans ces conditions, le bénéfice est encore plus considérable.

Engraissement mixte. C'est celui qui, en définitive, se montre le plus économique, en raison de la valeur minime des herbes consommées au pâturage. Il est maintenant le plus souvent pratiqué dans les situations ordinaires. Il n'est pas nécessaire d'en décrire les particularités. Pâturage dans le jour et rations à la bergerie matin et soir, telle est sa marche. Ce régime combine les deux précédents.

MALADIES DES MOUTONS

Jusqu'à présent, nous ne nous sommes pas occupés des maladies qui peuvent atteindre les espèces animales dont nous avons eu à faire l'étude zootechnique. Il y avait à cela plusieurs excellentes raisons. La première, c'est que la pathológie des grandes espèces dont il s'est agi dans les précédents chapitres est tellement étendue et compliquée, qu'il nous eût été impossible de la mettre utilement à la portée du public auquel nous nous adressons. Pour avoir quelque chance de rendre des services, il nous eût fallu faire tout un cours de médecine, car il n'est pas possible d'intervenir à propos dans le traitement d'une maladie, sans être au préalable en mesure d'en établir le diagnostic, c'est-à-dire de la distinguer exactement, sous le rapport, de ce qu'on appelle sa nature. Chaque organe ou appareil d'organes peut être atteint d'affections morbides tellement diverses, et qui nécessitent, pour être combattues avec succès, des moyens de traitement tellement opposés, qu'on risque de faire plus de mal que de bien, lorsqu'on entreprend de traiter ces affections sans être en mesure d'en établir le diagnostic différentiel. Sous les apparences d'une fluxion de poitrine, par exemple, se cachent souvent des étals morbides qui diffèrent à ce point, que l'un étant le plus ordinairement combattu avec fruit par la saignée et la diète, ces moyens de traitement hâtent infailliblement une terminaison fatale dans le cas de l'autre. La médecine des grands animaux, pour ce motif et bien d'autres, doit être par conséquent laissée aux hommes spéciaux, dont les études même sont bien loin d'en avoir levé toutes les difficultés. Ce qui peut convenir dans ce livre, c'est l'indication des symptômes généraux de l'état maladif des grands animaux domestiques et des précautions simples qui

peuvent être prises en attendant l'intervention du vétérinaire, de manière à ce que le cultivateur puisse en saisir l'apparition dès le début et faire aussitôt appel à l'homme de l'art, en appliquant en même temps ces précautions, sans être pour cela capable de le suppléer. Nous essaierons, dans une autre partie du Livre de la ferme, d'exposer cet enseignement du mieux qu'il nous sera possible.

Mais la question est tout autre pour le menu bétail, et surtout pour celui qui vit en troupeau. Outre que par sa constitution et son mode d'exploitation il est sujet à un beaucoup moins grand nombre de formes morbides; outre que ces formes, toujours simples, sont en général faciles à saisir et à diagnostiquer, quelques-unes ont une marche tellement rapide et une terminaison funeste si prompte, lorsque des moyens de traitement ne leur sont pas aussitôt opposés; d'autres, peu graves quand elles se bornent à attaquer un seul individu, se propagent si facilement au troupeau quand elles ont passé inaperçues ; la plupart enfin cèdent à des traitements si simples et si élémentaires à appliquer, que, pour toutes ces raisons, il est possible d'en parler utilement ici. Ensuite, il faut bien reconnaître que la valeur individuelle des moutons n'est pas en général assez grande pour que les cultivateurs invoquent à chaque instant le concours du vétérinaire pour les petits accidents qui peuvent atteindre chaque mouton du troupeau. Pour peu que la distance fût de quelques kilomètres, les justes honoraires du médecin auraient bientôt absorbé plus que la valeur de l'animal. Dans ces matières, le côté économique domine tous les autres. La force des choses fait que tout esprit pratique doit laisser de côté les considérations purement professionnelles et les sacrifier à l'intérêt public, dût-il s'exposer à subir les injustes conséquences de sa conduite.

Ces courtes explications étaient nécessaires, à divers égards, pour faire comprendre qu'il est bon qu'un berger intelligent et capable possède quelques connaissances sommaires de médecine, pour remédier en temps utile aux accidents maladifs qui se présentent habituellement dans les troupeaux. Les maladies communes des moutons sont tellement connues d'ailleurs des bergers, qu'il ne sera pas besoin d'entrer à leur sujet dans de grands détails descriptifs. Le seul nom de chacune de ces maladies éveille tout de suite dans l'esprit l'ensemble des symptômes qui la caractérisent et la font distinguer. Nous nous occuperons donc surtout des procédés de traitement qui peuvent leur être opposés avec succès. Et nous rangerons ces quelques maladies dans l'ordre de leur plus grande fréquence, en indiquant à mesure les causes connues auxquelles elles sont dues, et en même temps les précautions hygiéniques qui peuvent prévenir leur apparition.

Météorisation ou ballonnement.-Le pâturage des moutons sur des champs de trèfle fauchés, et en général sur les prairies légumineuses, surtout lorsque après une rosée les plantes ont subi l'action directe du soleil et que les animaux y ont été conduits étant affamés, produit souvent

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