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vides sont fermés à volonté par des cloisons en, paillassons ou en planches. Pour la situation des crèches et l'établissement des compartiments affectés à chaque groupe d'animaux, cela présente en même temps de grands avantages. Du reste, les prescriptions hygiéniques indiquées pour les écuries et les étables s'appliquent également de tout point aux bergeries.

Cependant, à cause de la forme et de la nature de leurs déjections, les bêtes à laine peuvent sans inconvénient bien sensible séjourner plus longtemps sur leur fumier, à la condition toutefois que la litière ne leur manque point. S'il en était autrement, les toisons fines en subiraient quelque dommage, et beaucoup de bêtes seraient exposées à contracter cette maladie des pieds que l'on appelle le piétin. En renouvelant souvent la litière, certains éleveurs de moutons n'enlèvent le fumier que tous les ans. A mesure que le sol de la bergerie s'exhausse par l'accumulation de ce dernier, ils soulèvent les râteliers qui sont mobiles à cet effet. Mais cela ne peut se faire que dans les habitations vastes et bien aérées. Il n'y a de règle précise à cet égard que celle qui est donnée par l'impression des sens. Et le praticien éclairé s'arrange pour combiner avec la bonne confection de ses fumiers, avec l'utile emploi de son personnel, le bon entretien et la santé du troupeau. Lorsque la bergerie laisse à désirer sous le rapport de l'aération, il fait enlever le fumier plus souvent. Dans ce cas, si des considérations économiques s'opposent à une reconstruction complète, des cheminées d'appel, des vasistas bien placés pour le renouvellement de l'air, peuvent prévenir bien des inconvénients.

Il ne faut jamais perdre de vue, relativement à l'hygiène des bergeries, que le mouton a besoin par nature d'un air sec, vif et pur; qu'en outre, par cela seul qu'il vit en troupes plus ou moins nombreuses, il est toujours sous l'empire de cette influence morbide dont nous ne connaissons point au juste le mode d'action, mais dont les effets n'en sont pas moins saisissables pour cela, et que l'on appelle l'agglomération. On ne doit donc rien négliger pour la combattre en éloignant toutes les circonstances de viciation de l'atmosphère qui peuvent favoriser son action.

Hygiène du parcage. Les dispositions usitées pour maintenir les moutons au parc ont également été indiquées à l'occasion de l'étude des engrais, à laquelle cette pratique se rapporte, en effet, plus qu'à la zootechnie de l'espèce ovine (p. 50). Toutefois, nous avons sur ce sujet quelques remarques à faire ici, qui ne pouvaient pas trouver leur place dans le chapitre dont il s'agit. L'auteur de ce chapitre n'avait à s'occuper que des effets du parcage sur la fertilisation des terres qui y sont soumises. Il convient que nous parlions, à notre tour, de celui qu'il exerce sur les animaux parqués et des précautions à prendre pour prévenir ou atténuer ceux qui peuvent leur

être nuisibles.

«Le parcage fait à propos est favorable à la santé, dit judicieusement M. Magne. En été, il préserve les moutons de la chaleur étouffante des

bergeries, et sous ce rapport il est salutaire aux agneaux; il est même favorable à la guérison des maladies qui tiennent à la malpropreté et peut faire disparaître le piétin et la gale.

« Mais si le parcage est mal dirigé, si on y soumet les animaux qui viennent d'être tondus, si on fait rester les troupeaux au mauvais temps, si on les laisse exposés aux rayons du soleil sur une terre brûlante, il peut occasionner diverses maladies, donner lieu à des affections nerveuses, à des toux, à des catarrhes et à des congestions sanguines; si l'air est humide et les plantes aqueuses, il peut produire la pourriture. Les noutons enfermés dans un parc souffrent d'un état de l'atmosphère qui n'aurait pas de mauvaise influence sur ceux qui seraient en mouvement, soit dans un pâturage, soit sur une route.

«Pour prévenir et diminuer les mauvais effets du parcage, on le commencera à une époque convenable et surtout par un beau temps; on le pratiquera graduellement en faisant d'abord coucher les animaux sous un hangar, dans une cour, afin de les accoutumer insensiblement à la fraîcheur des nuits. On cessera le parcage en automne aussitôt que le temps sera humide, pendant la pluie, et quand on sera menacé d'un orage.

«Le parcage au grand air rend la laine forte, nerveuse, élastique, mais dure et grosse. Sous ce rapport, les avantages du parcage sont subordonnés aux qualités de la laine. En Saxe et en Autriche, où l'on tient aux toisons superfines, le parcage de nuit n'est pas usité; tandis qu'en Angleterre, où l'on tient plus à la viande des animaux qu'à la finesse des laines, on fait parquer les moutons toute l'année.

« C'est par la terre que le parcage nuit à la toison; il la rend dure et la salit; sous ce rapport il déprécie surtout les laines superfines ordinairement peu tassées. Les laines en mèches, à toison ouverte, en souffrent plus aussi que celles à toison fermée. Pour ménager la laine, c'est en général après la tonte de l'année que l'on commence le parcage. »

A cela, le même auteur ajoute des considérations relatives à la garde du parc, que nous devons aussi reproduire. «Le berger, dit-il, ne doit jamais quitter le parc. On lui construit une cabane dans laquelle il couche et où il dépose les objets nécessaires aux soins du troupeau. Cette cabane, couverte en chaume (il vaut mieux qu'elle le soit en carton bitumé comme on le fabrique maintenant), est ou non portée sur des roues. Il est bien d'avoir une loge pour faire coucher les chiens, afin que ces animaux restent dans l'endroit où l'on croit leur présence nécessaire.

« Il faut aussi prendre quelques autres précautions pour écarter les animaux carnassiers. Sile parc est en claies, il offre déjà un moyen de résistance. On a conseillé, pour éloigner les loups, des lanternes composées de verres diversement colorés et suspendues à des cordes. Lorsque le vent agite ces fanaux, ils dispersent dans l'espace des nuances diverses, quelquefois brillantes, qui effraient les bêtes sauvages. On peut aussi tendre à une certaine distance du parc, du côté

qui n'est pas gardé, des filets, des trappes; les loups s'y prennent, se débattent, et avertissent ainsi de leur présence; mais un berger vigilant, un bon chien, suffisent presque toujours; et si les loups se sont quelquefois introduits dans les parcs, s'ils y ont fait des ravages, c'est lorsque les troupeaux étaient mal gardés. Un fusil peut être utile; il suffit que le berger fasse entendre une ou deux détonations dans la nuit pour écarter les loups, qui, du reste, deviennent de plus en plus

rares. »

Alimentation des troupeaux. A tous les points de vue, l'hygiène alimentaire du mouton est la partie la plus importante de son entretien. La part considérable qui lui revient dans la qualité des produits fournis par cet animal, ainsi que nous l'avons en toute occasion établi, démontre à quel point cette question mérite de fixer l'attention. Le genre et le mode d'administration de la nourriture varient pour ainsi dire suivant la race des moutons et leur fonction économique, du moins dans de certaines limites. C'est pour cela que des indications particulières ont été données en décrivant chacune des races de l'espèce ovine. En outre, nous devrons envisager spécialement l'hygiène alimentaire des spéculations d'engraissement. Il faut donc s'en tenir, en ce moment, aux règles générales de l'alimentation des troupeaux.

Ces règles sont relatives à la consommation des pâturages et à la distribution de la nourriture dans les bergeries.

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de guide dans l'hygiène alimentaire des bêtes à laine, pour la consommation des pâturages et la distribution des fourrages dans l'intérieur des bergeries. Ces données permettront d'établir sur des bases rationnelles la fixation des rations les plus propres à entretenir les moutons en bon état de santé et de production.

Le mouton, comme les autres animaux, consomme pour s'entretenir des aliments en proportion de son poids vivant, Celui-ci doit donc toujours être pris pour base de toutes les évaluations. En ramenant tout aux conditions normales, on arrive à déduire des expériences qui ont été faites pour déterminer la proportion existant entre le poids du corps et celui des aliments consommés, que cette proportion s'élève à environ 5 p. 100. Elle est plus forte que celle qui constitue la moyenne pour le gros bétail, laquelle, ainsi que nous l'avons vu, n'est que de 3 p. 100; mais on n'en sera pas surpris si l'on songe que ces sortes de proportions baissent toujours à mesure que le poids vif s'élève. Cela se vérifie aussi bien pour les espèces ou les individus divers, que pour chaque individu à mesure que son propre poids augmente.

De pesées effectuées sur des moutons de diverses races, dont le poids individuel variait entre 46 kilogr. et 17,500, il est résulté que la consommation de chacun s'était maintenue entre 6*,338 et 3*,638 d'herbe, en moyenne. La considération de race, quand on examine chacun des chiffres individuels, paraît introduire entre le poids du corps et celui de l'herbe consommée, des variations qui ne suivent pas toujours la loi généLa première de toutes, est indiquée par ce fait rale du rapport direct. Il est vrai que dans les que le mouton, ainsi que nous l'avons dit au com- évaluations d'où ces moyennes sont extraites, on mencement de ce chapitre, se trouve toujours n'a tenu compte que du poids initial, lors du commieux de consommer les plantes qui croissent sur mencement de l'expérience. L'herbe consommée les lieux secs, salubres et bien exposés. Il ne peut n'ayant pu être évaluée, à chaque pesée, que par sans danger vivre d'aliments succulents, aqueux, différence après le repas, cela laisse de l'incertivenus dans des terrains humides et fortement tude sur le résultat exact. Toutefois, comme ce réombragés ou soumis à une culture intensive, qu'à sultat est en concordance avec ceux qui ont pu l'aide de précautions hygiéniques sans cesse at-être recueillis directement en pesant l'herbe contentives, et à la condition que, par le but qu'il doit atteindre, son existence soit fort limitée et principalement consacrée à la production de la viande. Autrement, sa constitution s'affaiblit, et il succombe bientôt sous l'influence d'une inévitable cachexie. Voilà ce qu'il importe de ne point perdre de vue, d'abord, dans l'exploitation industrielle du mouton.

Il serait après cela superflu de revenir sur le mode de consommation de chacune des plantes qui peuvent servir à la nourriture de cet animal. Les précautions à prendre à cet égard ont été indiquées à propos de leur culture. On sait, par exemple, quels sont les accidents de météorisation auxquels on l'expose, lorsqu'on lui fait brouter les plantes légumineuses vertes des prairies artificielles, sans avoir au préalable satisfait une partie de sa faim par des aliments moins succulents et moins fermentescibles. On n'ignore point qu'un troupeau ne doit jamais être conduit sur un champ de trèfle ou de luzerne, qu'après avoir passé quelque temps dans un pâturage naturel.

Nous n'avons donc à présent qu'à consigner ici quelques données économiques, destinées à servir

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sommée au râtelier, ils peuvent être considérés comme suffisants.

En conséquence, il est permis d'en conclure que les moutons de taille moyenne et du poids de 40 à 50 kilogr., consomment par jour de 4 à 5 kilogr. d'herbe au pâturage, lorsqu'ils satisfont complétement leur appétit, soit de 1,500 à 1,800 kilogr. par an, ou 400 à 500 kilogr. en équivalent de foin sec.

En thèse générale, on doit donc considérer comme insuffisants pour l'entretien convenable des moutons les pâturages qui ne peuvent pas leur fournir de l'herbe dans cette proportion. Il va sans dire que la qualité influe sur la donnée que nous venons d'énoncer. On ne pourrait point sans cela s'expliquer les bons effets des pâtures méridionales, qui sont bien loin de se trouver dans ce cas. Et c'est ce qui démontre une fois de plus que pour si utiles que soient les appréciations générales dont il s'agit, elles ne sauraient jamais dispenser de consulter l'expérience directe et l'observation, qui les corrigent et les modifient, suivant les cas particuliers. S'il pouvait être à cet égard posé des règles précises et invariables, le métier d'éleveur

et de nourrisseur d'animaux ne présenterait pas toutes les difficultés qu'il comporte. Chacun pourrait s'y livrer avec succès son guide à la main. Malheureusement il n'en est point ainsi. Quand on opère sur la matière organique, si mobile et si variable dans ses combinaisons, il faut avant tout les qualités de l'observateur, et l'on a sans cesse besoin de les mettre à profit. Les principes de la science se peuvent seuls enseigner; les détails de l'art ne s'apprennent qu'en pratiquant, et encore à la condition que l'on soit doué des aptitudes nécessaires pour les bien saisir.

Le régime de la stabulation permanente n'est guère pratiqué ni guère praticable pour les troupeaux. On n'a donc à s'occuper de la nourriture a la bergerie qu'au point de vue d'un régime mixte. La ration que les animaux y reçoivent varie nécessairement, non-seulement d'après leur âge et le groupe du troupeau auquels ils appartiennent, mais encore suivant le temps qu'ils ont passé au pâturage et selon la qualité de celui-ci. | Les agneaux sevrés et les antenois doivent toujours trouver dans leur râtelier, en rentrant à la bergerie, un supplément de nourriture composé de bon regain ou de grains; les brebis portières, des provendes formées de mélanges de son, de légumineuses et de racines ou tubercules cuits. En hiver, les animaux passant la plus grande partie du temps à la bergerie, ils doivent y recevoir tous une ration de foin, de regain, de pailles de différentes espèces, de feuilles sèches, mêlées avec des racines fraîches ou des résidus. Cette ration, calculée d'après les bases posées plus haut, est établie conformément aux tableaux d'équivalents donnés dans le chapitre relatif à l'hygiène des chevaux, ânes et mulets de travail (p. 608 et 612). Elle est divisée en plusieurs repas, suivant les convenances particulières du mode d'exploitation adopté. Et ces repas doivent toujours, autant que possible, être distribués dans les râteliers pendant l'absence du troupeau, de manière à ce que les animaux les trouvent prêts en rentrant.

directe du sel, considérée d'une manière absolue, est au moins douteuse. Il n'a jamais été possible de la constater, lorsqu'on a opéré dans les conditions nécessaires pour la mettre en évidence, st elle existe réellement. Mais il en est autrement de son influence sur les fourrages altérés, dont le sel prévient sans aucun doute les effets nuisibles, et de son action comme condiment pour faciliter l'assimilation des fourrages peu nutritifs. Le sel excite l'appétit et la soif. Dans les pays où règue la pourriture, l'observation démontre que les moutons lèchent avec plaisir les pierres de sel gemme que l'on suspend dans les bergeries, et que leur santé s'en trouve bien.

Récolte de la laine. Suivant les aptitudes de la race des moutons qui composent le troupeau, la toison constitue, ainsi que nous le savons, le revenu principal de celui-ci, ou seulement un revenu accessoire. Cela dépend de la qualité de la laine, et par conséquent de sa valeur. Mais dans tous les cas il y a lieu d'enlever la toison chaque année à une époque déterminée, tout à la fois pour en tirer un profit direct et dans l'intérêt de l'hygiène du mouton. Avec les proportions qu'elle prend sous l'influence de la culture, qui vise nécessairement à là rendre longue et tassée, la laine devient une cause de gêne pour l'animal pendant les chaleurs de l'été. Elle met obstacle au fonc tionnement régulier de la peau, à l'évaporation des produits de la transpiration insensible, surtout chez les races à toison fermée, où le suint, se concrétant à l'extrémité des mèches, en agglutine les brins et forme avec la poussière et les impuretés qui s'y mêlent une sorte d'enduit imperméable.

Sans se préoccuper des nécessités de l'hygiène, on s'est demandé s'il n'y aurait pas avantage à retarder le moment de la récolte de la laine, et à n'enlever par exemple que des toisons de deux ans de croissance, au lieu de toisons annuelles. Des expériences ont été faites à cet égard. Et sans même qu'on ait tenu compte des effets de la praQuant aux boissons, il n'y a rien de spécial àtique sur l'état général du troupeau, elles ont conl'hygiène des moutons. Comme les animaux des autres espèces dont nous nous sommes déjà occupés, ils se trouvent toujours bien d'en avoir à discrétion. C'est le meilleur moyen d'éviter les accidents qui résultent de l'abus qu'ils en font tous, lorsqu'on les a laissés souffrir de la soif. Dans une bergerie bien dirigée, il y a toujours des auges munies d'eau propre et suffisamment renouvelée pour ne pas contracter d'altérations. Ayant ainsi de l'eau à leur disposition, les moutons satisfont leur soif dès qu'ils en ressentent les premières atteintes, et ils boivent plus ou moins, naturellement, suivant qu'ils ont consommé des fourrages

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duit à ce résultat, que le poids de la laine récol
tée en une seule fois après deux années de
croissance s'est toujours montré inférieur au dou-
ble de celui d'une toison annuelle. La toison ac-
quiert la plus grande partie de sa croissance du-
rant la première année; dans la seconde, elle
n'augmente que dans une proportion beaucoup
moindre, et le brin d'ailleurs perd vers sa pointe
beaucoup de qualité. A tous les titres donc, la ré-
colte annuelle est plus avantageuse. On a eu l'idée
aussi d'enlever la toison deux fois dans l'année.
Cela peut s'admettre dans quelques
cas particu-
liers, notamment pour les animaux des races à
laine longue et grosse, dont la toison est un pro-
duit fort accessoire, et au point de vue spécial de
leur engraissement. Mais quant aux races à laine
courte et fine ou intermédiaire, ce que nous avons
dit des conditions actuelles du débouché, pour les
laines de cette nature, démontre suffisamment
qu'il n'y faut pas songer. La croissance d'une
année n'est pas de trop pour donner des laines
propres au peignage. Et nous savons que ce sont
celles-là qui sont surtout demandées.

L'opération à l'aide de laquelle les toisons sont récoltées porte le nom de tonte. Cette opération s'effectue de différentes façons, suivant les habitudes du commerce des laines, qui ont dû nécessairement s'imposer à la pratique des éducateurs de moutons. Il appartient en effet à ces derniers de les suivre, non pas de les modifier de leur chef.

Ainsi, les toisons peuvent être livrées au commerce dans cet état que l'on appelle en suint, c'est-à-dire telles qu'elles se trouvaient naturellement sur le dos des moutons; ou bien elles ont subi, préalablement à la tonte, une opération de nettoyage connue sous le nom de lavage à dos; ou bien enfin, après avoir été tondues en suint, elles doivent être soumises au lavage avant d'être mises en vente. Nous allons passer successivement en revue ces diverses pratiques, en commençant par le lavage à dos.

veur des laines de Champagne lavées à dos, et au plus bas de 5 cent. en faveur de celles de | Brie. Ces proportions, qui sont toujours à peu près gardées, donnent la démonstration du fait que nous avançons; car il n'est pas nécessaire d'établir, vraisemblablement, que les frais de lavage sont bien loin de grever chaque kilogramme de laine d'une somme équivalente.

Toutes les eaux ne conviennent pas également pour cette opération. Celles qui sont dures ne dissolvent qu'imparfaitement le suint. Il faut une eau douce, claire, courante ou dormante, mais très-exposée à l'air et au soleil. La température du liquide n'est pas non plus indifférente. Trop froide, elle durcit le suint, indépendamment des inconvénients qu'elle peut avoir pour la santé des moutons. La plus convenable est celle qui marque aux environs de 20o.

Divers procédés sont usités pour pratiquer le lavage à dos. Le plus simple est celui qui s'opère dans une eau courante, en y faisant d'abord nager les moutons à plusieurs reprises, pour enlever les impuretés les plus grossières et ramollir le suint. Ils sont ensuite maintenus sur le bord dans un petit parc, puis chacun est repris successivement, en commençant par les premiers trempés, et deux

Lavage à dos. Il y a toujours avantage pour l'agriculteur, dans ses transactions avec les marchands de laines, à pouvoir leur offrir des toisons propres. La dépréciation que font subir à celles-ci les impuretés qui y sont mêlées, aux yeux de l'acheteur, dépasse toujours la réalité. Le prix des plus belles toisons en suint est toujours propor-hommes qui sont dans l'eau l'y replongent en le tionnellement inférieur à ce qu'il serait si la laine avait été préalablement lavée à dos, et cela d'autant plus que la toison a été plus salie. Ceux qui cherchent à augmenter le poids des toisons en faisant suer leurs moutons et en les exposant ensuite à la poussière, avant la tonte, font donc tout à la fois une opération antihygiénique et une sotte spéculation. Ils sont eux-mêmes victimes de la supercherie grossière par laquelle ils visent à tromper leur acheteur. Tant il est vrai que dans toutes les transactions, la sincérité est en fin de compte toujours la meilleure des habiletés. Ces grosses finesses n'abusent que ceux qui ne savent pas compter.

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retournant dans différents sens et en frottant fortement la laine de manière à ce que toutes les parties de la toison soient bien nettoyées. Le temps que dure l'opération dépend de l'état de la laine. Le travail est achevé lorsqu'en pressant la toison on n'en fait plus sortir que de l'eau claire. Il va sans dire que ce moyen n'est praticable que dans les localités où il existe des fleuves, des rivières ou des étangs suffisamment pourvus d'eau.

En Allemagne, on y joint ce que l'on appelle le lavage à la chute d'eau. Au-dessus du bain, on fait tomber par des gouttières un jet de liquide sur le dos de chaque mouton, que les ouvriers tournent en tous sens pour lui faire recevoir le jet sur les diverses parties de la toison pendant le temps nécessaire pour leur nettoyage complet. Dans les localités où ce procédé n'est pas applicable, on le remplace par l'usage de douches, appelé lavage à la seringue, effectué de différentes façons.

Il est donc désirable, dans l'intérêt bien entendu des spéculations basées sur l'exploitation des bêtes à laine, que la pratique du lavage à dos des toisons se propage. Sans doute, il est plus commode de livrer la laine en suint. On évite ainsi de la main-d'œuvre. Mais, dans les entreprises Le plus économique de ces moyens est jusqu'à agricoles bien conduites, il s'agit moins d'écono- présent celui de l'eau courante, et il doit être miser le travail que de l'employer judicieuse-préféré, tous les fois qu'il est possible. Cependant, ment; et toute dépense est rationnelle qui doit des circonstances nouvelles pourraient faire penproduire un bénéfice. Or, l'expérience a prouvé cher dans tous les cas la balance en faveur de depuis longtemps que la main-d'œuvre employée l'emploi de la baignoire ou de la cuve, qui jusqu'à au lavage à dos des toisons reçoit une large ré- présent n'a été considéré que comme un pis-aller. munération. Il suffit d'ailleurs, pour s'en aperce- On a recommandé de mettre à cette baignoire, voir, de jeter un coup d'œil sur la mercuriale assez grande pour qu'un mouton puisse y être des laines d'une localité quelconque, et de com- plongé et retourné facilement sans sortir de l'eau, parer le prix des toisons lavées à celui des toisons un double fond percé de trous par lesquels tomen suint, en tenant compte de la perte de poids bent la terre et le sable que peut contenir la que le lavage fait subir à celles-ci, et qui est toison. Les eaux de lavage des laines étant deveenviron de 50 p. 100. Ainsi, nous prenons au nues l'objet d'une exploitation industrielle, pour hasard une cote du mois de juillet 1862. A ce en extraire la potasse, qu'elles contiennent, pamoment, les laines de Champagne et de Brie raît-il, en assez grande quantité pour rémunérer lavées à dos valaient, à Châlons-sur-Marne, de des frais de manutention, il y a lieu de voir s'il ne 4,50 à 4,80 et de 4 fr. à 4,50 le kilogr.; en conviendrait pas de substituer partout ce procédé suint, elles se vendaient seulement 2,20. Cela de lavage à ceux qui laissent perdre les eaux. fait un écart de 10 à 40 cent. par kilogr. en fa- C'est un calcul à faire, soit que lesdites eaux ac

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voir deux baignoires, l'une pour enlever la plus | peut même être très-nuisible, c'est de renfermer grande partie des impuretés et du suint, l'autre pour nettoyer complétement la toison.

Quel que soit le système mis en pratique, l'opération ne dure guère en tout au delà d'un quart d'heure. On peut calculer d'après cela son prix de revient. Elle a l'avantage de nettoyer la laine sans altérer la structure des mèches, ce qui est à prendre en grande considération au point de vue du peignage, et ce qui est beaucoup plus difficile à obtenir par le lavage des toisons après la tonte. Il faut nécessairement choisir pour opérer le lavage à dos une belle journée, et placer ensuite les moutons lavés au soleil, sur un gazon et loin de la poussière, pour qu'ils puissent s'y sécher en partie, puis dans une bergerie sèche et bien aérée, sur une litière propre et constamment entretenue jusqu'au moment de la tonte.

«La dessiccation ne doit pas se faire tr. p vite, dit Weckherlin, sous l'influence d'un soleil ardent ou de vents secs, car la laine perdrait son moelleux, deviendrait dure et cassante. Un gazon ombragé et abrité est au moins pour le premier temps la place la plus convenable.

«Lorsque, ajoute l'habile praticien, le frisson qui saisit les moutons dans le lavage à froid est passé, les humeurs commencent de nouveau à circuler, la chaleur animale revient à l'extérieur, et le suint recommence à se montrer dans la laine à un état modérément liquide; ce qu'on peut encore favoriser en donnant aux animaux du sel, pendant qu'ils sèchent. Le sel active la digestion et les fonctions de la peau. A moins que la laine n'ait été trop désuintée par un lavage chaud, il n'est nullement nécessaire d'attendre, avant de procéder à la tonte, plus de temps qu'il n'en faut à la laine pour sécher, dans le but d'y accumuler plus de suint. Ce qui convient encore moins et qui

les moutons très-serrés et de les laisser suer, dans le but d'augmenter le poids de la laine. Dans ce cas, que l'acheteur apprécie fort bien, celui-ci estime la laine à un prix plus bas, de sorte que le producteur y perd au lieu d'y gagner.

« Si le temps n'est pas défavorable, fait remar quer l'auteur que nous citons, et qu'on prenne les soins convenables, on peut espérer avoir les moutons complétement secs au bout de deux ou trois jours. Les mérinos fins à laine serrée sèchent le plus lentement; ceux à laine mince, plus tôt, de même que les moutons plus communs. Lorsque la laine sur le cou et au poitrail entre les jambes de devant n'est plus humide, alors la dessiccation est complète et on peut procéder à la tonte; car, en temporisant davantage, on expose la laine à se salir de nouveau. On doit également bien se garder de tondre la laine encore humide. Les acheteurs condamnent avec raison ce procédé, non-seulement parce qu'ils perdent sur le poids, mais encore parce que la laine en magasin en souffre.»

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Tonte. Deux choses sont à considérer dans la pratique de la tonte : le moment le plus convenable pour l'opérer et le choix du procédé. En général, les moutons sont tondus dans le courant des mois de mai et de juin, un peu plus tôt ou un peu plus tard, suivant les convenances particulières ou la manière dont se comporte la saison. Cependant cette époque est beaucoup retardée dans les contrées méridionales soumises au régime de la transhumance, lorsque la température des montagnes est trop basse. Dans les cas où l'on pratique deux tontes par an, la première a lieu en avril et la seconde en septembre.

Les principales différences qui se présentent dans les procédés de tondage usités consistent en

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