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être faite de manière à ce qu'il reste un tronçon de queue tout juste assez long pour recouvrir la vulve, chez les femelles, et l'anus chez les mâles.

ÉCONOMIE ET HYGIÈNE DES TROUPEAUX

Nous avons à nous occuper sous ce titre de tout ce qui concerne l'administration des spéculations basées sur l'espèce ovine. Le sujet est vaste; mais après ce que nous avons dit des fonctions économiques de l'espèce, du type de la beauté et de l'appréciation des laines, des principes spéciaux du perfectionnement des races et des individus, des caractères et de l'exploitation de chaque race ou variété et des métis résultant du croisement de ces races, enfin de l'hygiène particulière de l'élevage, il ne reste plus à indiquer que les règles générales de l'administration des troupeaux. Le choix du mode de spéculation et celui de la race ou des métis les plus propres à en fournir la matière découlent des considérations précédentes, rapprochées de la situation agricole, du système de culture adopté. Un agriculteur possédant les qualités indispensables au chef d'exploitation, après avoir étudié chacun des élénients du problème, tel que nous l'avons exposé, trouvera dans son propre jugement la solution qui convient aux conditions dans lesquelles il opère; sinon, ce serait bien en vain que nous entreprendrions de la lui indiquer. Il faudrait qu'il renonçât, dans ce cas, aux entreprises rurales. Il ne serait pas propre à les diriger avec fruit. Dans le cas contraire, il saura parfaitement ce qui lui est le plus avantageux, de l'exploitation d'un troupeau d'élevage, de celle d'un troupeau d'engraissement se renouvelant à de courtes périodes, ou des deux à la fois.

Quoi qu'il en soit, l'une et l'autre de ces spéculations comportent des nécessités communes, relatives au personnel préposé à la garde et à l'aménagement des animaux, à leur comptabilité, à leur habitation, à leur nourriture, à la récolte de leurs produits, etc. Ce sont ces choses que nous avons à passer maintenant en revue, en faisant connaître leurs meilleures conditions. I faut commencer par le personnel; car les plus sages combinaisons du propriétaire de troupeaux échouent nécessairement, lorsqu'il n'a pas pour leur exécution un berger intelligent, probe et bien intentionné. Occupons-nous donc avant tout de cet agent.

Du berger.

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- Un préjugé déplorable autant que fort répandu, est celui qui jette du discré- | dit sur la profession de berger. En général, les paysans n'apprécient bien que les travaux qui nécessitent le déploiement de la force physique. Celui qui ne sue pas comme eux est à leurs yeux un fainéant. Et un fainéant, quand il n'est pas riche, est l'objet de leur plus profond mépris. Même dans les pays où l'habitude des grands troupeaux a fait instituer depuis longtemps la profession de berger et mis en évidence la valeur de ses services, il reste encore quelque chose de ce préjugé. L'homme qui peine à cultiver la terre

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ne peut se décider à admettre qu'il ne soit pas supérieur à celui dont toutes les fatigues se bornent à soigner et à garder un troupeau. Pour arriver à détruire les préventions à cet égard, il fau- ́ drait faire que les services fussent pesés plutôt par l'importance économique de leurs résultats que par la dépense de force qu'ils occasionnent. Cela viendra, à mesure que les lumières de la science pénétreront dans les esprits; mais nous n'y sommes pas.

A ce titre, le genre de fonction et l'importance des services que peut rendre un berger le placent au même rang qu'un chef de culture, par exemple. Il lui faut même, pour être complétement propre à sa fonction, des connaissances plus étendues et plus variées, une activité plus grande, un caractère meilleur, une probité plus sûre et le sentiment du devoir plus développé, en raison de la confiance que la difficulté du contrôle force à lui accorder, et de l'empire plus direct et plus absolu qu'il exerce sur les objets confiés à ses soins. Dans notre opuscule sur l'Espèce ovine de l'Ouest et son amélioration nous avons écrit ceci, à cette occasion: « Jacques Bujault a dit avec raison : « Tant « vaut l'homme, tant vaut la terre. » On peut dire avec la même justesse : Tant vaut le berger, tant vaut le troupeau. »>

Pour remplir, dit M. Magne, les importantes et difficiles fonctions de berger, «il faut des hommes intelligents, actifs, laborieux, probes, observateurs même, des hommes doux, naturellement bons et patients, vigilants, forts, jouissant d'une bonne santé, et surtout qui aient du goût pour leur profession. » Avec ces diverses qualités, fort difficiles à réunir, il faut le reconnaître, les fraudes et les rapines qui se commettent trop souvent dans les grands troupeaux ne sont point à craindre. Mais comme il vaut toujours mieux les prévenir en faisant autant que possible disparaître l'antagonisme entre l'intérêt du berger et celui du propriétaire du troupeau, la manière de salarier le personnel de la bergerie peut contribuer beaucoup à atteindre ce résultat, en même temps qu'elle n'est pas sans importance pour les dépenses générales de l'exploitation, ni sans influence sur la prospérité particulière du troupeau.

Le paiement des bergers, dit à cet égard Auguste de Weckherlin, se fait généralement de trois manières différentes. Ou bien on permet aux bergers de tenir avec le troupeau principal un certain nombre de moutons qui leur appartiennent; ou il leur est accordé une part dans le rendement de la bergerie, soit sur la laine, les agneaux, etc., soit dans le rendement total, et suivant des conditions qui varient; ou enfin ils reçoivent un sa-. laire fixe en argent, avec ou sans nourriture, avec ou sans perspective d'augmentation de salaire au cas où l'on serait particulièrement satisfait de leurs services. Dans quelques contrées, pour diminuer le taux du salaire en argent, on accorde au berger le bénéfice de la dépouille des animaux qui meurent, par exemple. Il est trop facile de saisir que c'est là les intéresser directement aux sinistres, pour qu'il soit nécessaire de faire ressortir l'inconvénient d'une pareille coutume. Cet inconvénient a été bien des fois signalé, dans les

pays surtout où règnent des maladies telles que le sang de rate et la pourriture, sur le développement desquelles le berger peut avoir une certaine influence, par la manière dont il conduit le régime du troupeau.

grande importance. Voici, dit Weckherlin, le calcul qui servait de base à Hohenheim pour ces récompenses extraordinaires. « On pouvait établir qu'en moyenne 350 brebis seraient admises à la monte. De ce chiffre, on obtient en moyenne 90 p. 100 d'agneaux, soit 315. Jusqu'à l'âge d'un an, il y a perte de 5 p. 100; il reste donc environ 300. Par un entretien ordinaire, on peut admettre qu'il y en a 16 p. 100 qui prospèrent moins bien; il en reste de bons environ 252. On suppose ensuite que par un entretien négligé, il y en aurait 8 autres p. 100 qui réussiraient moins bien: reste 232.

Le premier mode dont il vient d'être parlé peut si facilement produire des désordres et des abus, fait justement observer Weckherlin, que dans les bergeries exploitées d'une manière rationnelle il ne peut pas en être question. Le second, celui qui intéresse le berger dans les produits, est généralement fort recommandé. Il semble garantir de sa part tous les soins possibles. Quant au troisième, il est regardé, dit l'auteur, par certains «Par un entretien bien soigné, au contraire, éleveurs comme celui qui expose au plus grand on peut espérer que des 16 p. 100, on en fera danger de pertes par la faute du berger. Du reste, encore bien réussir la moitié, ou 8 p. 100. Il s'apour adopter l'un ou l'autre de ces modes, il y a git donc de voir si le berger, à la fin de la predes distinctions à établir, suivant que le proprié-mière année, produira des antenois de peu de vataire du troupeau ou le chef de l'exploitation est leur au nombre de 29 p. 100, c'est-à-dire 5 + 16 en mesure d'en prendre la direction, qu'il s'agit+8, ou de 13 p. 100 seulement, savoir de 5 + *; d'opérations d'amélioration progressive à réaliser, ou seulement de maintenir une exploitation arrivée en période régulière. « Dans ce dernier cas, je conviens, ajoute Weckherlin, que le second mode de paiement est préférable; mais non dans les deux premiers cas; car avec ce mode de paiement, le propriétaire n'est jamais entièrement maître de son troupeau, et il risque que l'on s'oppose à ses instructions, qu'on agisse en sens contraire. Je préfère alors le salaire fixe en argent, avec ou sans nourriture, selon l'usage suivi dans l'économie, et avec fixation d'une récompense particulière ou avec la perspective d'une augmentation de salaire, si l'on est content de la bergerie, du résultat de l'agnèlement, etc. » Il importe de spé-grands troupeaux, surtout quand ils comportent

cifier davantage sur ce qui concerne ces récompenses extraordinaires. Elles sont, d'après l'ha bile éleveur allemand, de trois ordres :

en d'autres termes, si, des brebis admisés à la monte, il pourra montrer 77 ou seulement 61 p. 100 de bons antenois.

« C'est en prenant ce calcul pour base et en tenant compte des résultats des récompenses extraordinaires accordées auparavant, qu'il a été décidé que tous les bergers recevraient à part égale une récompense extraordinaire pour chaque tête d'antenois, bélier, brebis, mouton, que sur 100 brebis admises à la monte ils pouvaient montrer au delà de 60, avec un développement corporel convenable. »

Nous avons insisté sur ces détails parce qu'ils sont d'un intérêt pratique considérable. Pour les

des subdivisions, il est quelquefois nécessaire d'adjoindre des aides ou des apprentis bergers au chef de la bergerie; mais il convient dans ce cas que celui-ci conserve toute la responsabilité et par conséquent la direction, tout en gardant lui-même

1° La promesse d'un salaire supplémentaire en général. Il a obtenu déjà beaucoup par ce moyen, dit-il, parce que l'amour-propre se trouve égale-au pâturage ou au parc la principale fraction du ment en jeu.

2o Une récompense pour un agnèlement abondant et heureux, pour chaque agneau qui arrive à la tonte, ou pour chaque brebis vendue pleine. 3o Enfin une récompense pour chaque antenois bien développé, au delà d'une certaine proportion moyenne calculée sur le nombre des brebis saillies.

Cette dernière rémunération, fait observer avec raison l'ancien directeur de Hohenheim, atteint un double but. On n'intéresse pas seulement par là le berger à obtenir un grand nombre d'agneaux, ce qui l'engagerait à prolonger, au détriment de la bergerie, l'époque de la lutte pendant un temps trop long. Il résulte de cette façon de procéder une trop grande différence d'âge dans les agneaux, dont les plus jeunes se trouvent en retard. Elle fait en outre admettre les antenois trop jeunes à la monte, ou fatigue beaucoup les béliers. Mais en agissant ainsi, l'on intéresse encore le berger à faire tous ses efforts pour obtenir des agneaux et des antenois aussi robustes que possible, et par conséquent à veiller à ce que les agneaux soient bien traités durant leur première année, ce qui est, comme nous savons, de la plus

troupeau. Les autres sont alors espacées de manière à ce qu'il puisse les surveiller. Il faut tenir à ce que les bergers soient munis de vêtements capables de les préserver contre les intempéries; car le troupeau souffre toujours des précautions que le soin de leur propre bien-être les oblige à prendre pour se mettre à l'abri, quand ils sont mal vêtus. Ils doivent avoir aussi toujours la houlette qui sert à détacher les mottes de terre qu'il est souvent nécessaire de lancer aux bêtes qui s'écartent, de même qu'une petite provision des drogues et instruments indispensables pour soigner quelques accidents et maladies qui sont de leur ressort et dont nous parlerons plus loin. Un vétérinaire de la Champagne, M. Laubréaux, a eu l'excellente idée de faire construire dans ce but une trousse de berger qui l'atteint parfaitement.

Dans tous les cas, en outre, la garde des troupeaux au pâturage ou au pare nécessite le concours d'auxiliaires d'une espèce particulière, dont les services sont assez importants pour que nous nous occupions des conditions qu'ils doivent remplir. Nous voulons parler des chiens, qui, lorsqu'ils sont bien dressés, produisent à peu de frais des bénéfices considérables,

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aux chiens; ils viennent les attendre, les saisir dans les villages, à la porte des fermes.

«Le chien destiné à aider le berger dans la

chien de berger, chien de Brie, Labrie, Briard, du nom de la province où l'on trouve les meilleurs. Tous les chiens qui sont vifs, alertes, intelligents, sont bons; mais on doit rechercher de préférence ceux qui descendent de parents bien exercés, car ils sont eux-mêmes faciles à dresser.

Des chiens de berger. Si les chiens employés à la garde des grands troupeaux, dans les contrées où l'espèce ovine est exploitée sur une large échelle, rendent de réels services et méri-garde et la conduite des troupeaux est appelé tent toute l'attention, on peut dire que dans les pays où la propriété est très-divisée, ils sont une véritable calamité, tant par leur nombre que par leur mauvaise éducation. Là, ils semblent plutôt dressés pour aboyer après les passants en les poursuivant, que pour remplir leur fonction de gardiens du troupeau. Il y a sous ce rapport une réforme urgente à opérer. Nous avons dans le temps constaté, en nous appuyant sur des relevés exacts faits par les commissions cantonales de statistique, que pour deux cantons de la CharenteInférieure et des Deux-Sèvres, le nombre des chiens de berger était, par rapport à celui des moutons, dans les proportions de 1 à 12,5 et à 15. Et il en est ainsi, à peu de chose près, partout où les moutons sont entretenus en petits troupeaux. Cela appelle, répétons-le, une réforme économique, et démontre la nécessité d'adopter la solution que nous avons dès lors proposée. L'association seule peut en effet permettre de remédier à un état de choses tout à la fois préjudiciable aux intérêts privés et à l'intérêt public. Un bon berger commun, dirigeant un nombre suffisant de ces petits troupeaux réunis en un seul, délivrerait en, même temps les campagnes de cette profusion de chiens inutiles et dangereux, et ferait entrer l'exploitation des moutons dans une voie plus rationnelle et plus lucrative.

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«Il faut, a écrit notre savant maître et collaborateur, il faut deux espèces de chiens pour garder les troupeaux : les uns sont destinés à écarter le loup et l'ours, les autres à aider le berger dans la conduite des animaux.

« On emploie pour chasser le loup des chiens matins. On les choisit de forte taille, capables de poursuivre l'ennemi du troupeau, et au besoin de l'attaquer. Ils ne sont pas également nécessaires dans tous les pays.

« Pour que les chiens soient bons pour le loup, il faut qu'étant jeunes, ils soient dressés par des individus de leur espèce. Lorsqu'ils ont pour suivi deux ou trois fois le loup, qu'ils y ont été encouragés par le berger, ils montrent ensuite beaucoup d'ardeur à remplir leur mission; arrivent-ils dans un bois, ils en parcourent tous les détours; entendent-ils crier au loup, ils se rendent aussitôt du côté d'où vient la voix. Les chiennes sont, en général, meilleures que les mâles; ces derniers sont quelquefois indulgents pour les louves.

« Les chiens doivent être armés de colliers en métal ou en cuir très-épais, et hérissés de pointes de fer. C'est par le cou que le loup cherche toujours à les prendre, et c'est par là qu'il les tue s'il peut les saisir. C'est en hiver, quand le pays est couvert de neige, que les loups font la guerre

« Un bon chien bien dressé, comme il s'en trouve beaucoup dans les pays où il y a de grands troupeaux, est plus utile qu'un aide : il va, revient, fait le tour du troupeau, accélère ou ralentit la marche au moindre signe, à un son de voix, à un mouvement de la main; il préserve les récoltes, fait avancer les bêtes retardataires, tient le troupeau réuni, empêche les animaux de sortir des chemins et des pâturages, va chercher les moutons fuyards, ramène les vagabonds: si le chien est bon, la personne chargée de garder le troupeau peut lui confier la garde d'un côté du pâturage pendant qu'elle surveille ellemême l'autre côté. Le chien évite beaucoup de courses au berger, et prévient même les accidents qu'occasionnent les gardiens paresseux en lançant des cailloux contre les bêtes qui s'écartent. Si les pâturages sont petits, enclavés dans des terres en culture, le troupeau un peu nombreux, il faut employer plusieurs chiens.

<< Mais les chiens mal dressés sont toujours nuisibles. Ils mordent les animaux, les pressent, occasionnent des accidents et des avortements. Un mauvais chien nuit directement en pressant, mordant les animaux, et indirectement en les effrayant, en allant et venant brusquement et sans motifs à travers le troupeau. Trop souvent, les bergers s'amusent à exciter les chiens contre d'autres chiens ou contre des voyageurs, et sont ainsi la cause de l'avortement de beaucoup de brebis.

« On ne saurait donner trop de soins à dresser les chiens de berger, à les accoutumer à faire sentinelle, à tenir le troupeau convenablement ramassé, et surtout à ne pas effrayer les moutons et à ne pas les mordre. Pour les dresser, il faut les prendre jeunes et employer beaucoup de persévérance, des caresses, des friandises, et au besoin des châtiments. Il faut surtout leur donner l'exemple d'un chien déjà dressé. Les premières fois qu'on les commet contre un mouton, il faut être à côté d'eux et les surveiller attentivement; s'ils ont l'air de vouloir mordre, on les saisit et on les corrige; on doit laisser pendre une ficelle à leur cou, afin de pouvoir les arrêter plus promptement. Au moyen de cette corde, on peut même les corriger, leur faire sentir qu'ils ont mal fait.

<< Si l'on a des chiens précieux, actifs, intelligents, mais un peu méchants, qui mordent les bêtes à laine, et qu'on ne puisse pas les corriger, il faut les museler ou mieux leur casser les dents canines et même au besoin les incisives. >>

à

Cela dit sur les agents préposés à la conduite et la garde des troupeaux, nous avons à nous occuper maintenant de ce qui est relatif à leur administration générale.

:

Administration du troupeau. — Dans toute bergerie un peu considérable, il importe d'abord, pour la bonne administration, de classer les animaux par groupes composés des individus qui, appartenant à la même catégorie, doivent être soumis à un régime uniforme et recevoir les mêmes soins. Le mode habituel d'exploitation de l'espèce ovine comporte sept catégories diverses d'individus, et en conséquence, à la rigueur, l'établissement d'autant de groupes, ou tout au moins de six. En effet, doivent être classés à part 4° Les brebis destinées à la reproduction, ou portières; 2o les femelles de deux ans que l'on prépare pour une lutte prochaine, et qui passeront ensuite dans le premier groupe, avec les brebis qui en ont dû être retirées parce qu'elles ne sont pas devenues pleines lors de la monte; 3° les antenois châtrés et antenoises; 4° les agneaux et les agnelles, dont on forme même quelquefois deux groupes, ce qui est inutile lorsque, suivant notre recommandation, les mâles ont été émasculés d'assez bonne heure; 5o les moutons qui peuvent, sans inconvénient, lorsqu'ils ne sont entretenus que pour la laine, être répartis dans les groupes des femelles de deux ans et des antenois; 6° les moutons à l'engraissement; 7° enfin les béliers.

Ces divers groupes, dans un troupeau bien aménagé, présentent des proportions relatives variables, suivant qu'il s'agit d'obtenir un accroissement de population, ou de demeurer dans un chiffre stationnaire. Veckherlin, qui est toujours un excellent guide lorsqu'il s'agit de questions pratiques et d'observation pure, a fait làdessus des calculs fort intéressants, afin de déterminer la proportion des déchets par mortalité ou réforme, dans diverses conditions et sur un chiffre de cent individus pris pour base. Il est arrivé aux résultats suivants :

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D'où il résulte que dans la période de six ans, 420 bêtes reçoivent la nourriture, soit en moyenne 70 par année, et que durant cette même période 36,34 sur 100 étant mortes, il en reste pour la vente ou la réforme 63,66. En supposant donc que toutes les bêtes âgées de six ans soient réformées et vendues, pour que le troupeau se renouvelât par lui-même en conservant sa force numé rique, il faudrait qu'il fût composé des groupes ci-après, en admettant l'égalité pour les mâles et les femelles, la proportion un peu plus forte des naissances mâles étant compensée par la mortalité plus grande des agneaux :

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Sur ce nombre, il se trouverait 18,19 femelles encore incapables de porter et 31,81 portières, el les mêmes proportions de mâles jeunes et adultes, parmi lesquels peuvent être choisis les béliers, Il est facile, d'après ces bases, d'augmenter la pri portion des reproducteurs suivant la progression de population que l'on veut obtenir.

Après cela, le premier soin d'une bonne administration est d'établir ce que l'on pourrait appe ler l'état civil du troupeau, ou plutôt la notation de tout ce qui se rapporte à chacun des individus qui le composent, de manière à ce, qu'il puisse être dirigé en connaissance de cause vers le but le plus profitable à la prospérité générale de l'entreprise. Dans les troupeaux petits et moyens, le berger attentif et soigneux connaît parfaitement tous ses animaux. Cela n'est guère possible daas les grands. Il est toujours préférable, dans l'un comme dans l'autre cas, de tenir note écrite de chaque particularité qui se présente et des opé rations qui s'accomplissent. Cet objet ne peut être rempli qu'en affectant à chaque animal une marque qui le distingue de tous les autres, et en tenant un registre matricule du troupeau.

Nous ne parlons pas des marques particulières appliquées avec des couleurs diverses sur la toison, et qui sont comme le cachet de la propriété. Ces marques sont effectuées de diverses façons. Les meilleures sont celles qui sont les plus durables, tout en n'altérant que le moins possible la toison. Ce qui nous importe en ce moment, c'est le moyen d'établir l'identité de chaque individu du troupeau. Plusieurs ont été proposés. Le plus simple et le plus rationnel, tout ensemble, nous paraît être l'emploi de numéros appliqués comme nous allons le voir.

Numérotage des moutons. — On a eu l'idée d'attacher au cou des bêtes à laine de petites plaques contenant leur numéro matricule dans le troupeau. Mais on sent combien c'est là un procédé peu pratique. Ces plaques se détachent et se perdent. Le but est alors manqué. Il en est autrement des deux méthodes les plus usitées : celle du tatouage des numéros à la face interne de la conque de l'oreille, et celle des crans pratiqués sur ses bords. Dans ce dernier cas, les entailles ou les crans sont effectués à l'aide d'un emportepièce; on y joint parfois des trous; et chaque signe reçoit une valeur de convention, suivant sa forme et sa situation. Par des combinaisons fort simples, on arrive ainsi à exprimer des chif fres fort élevés. La méthode adoptée dans le troupeau de l'École d'Alfort permettait d'atteindre jusqu'à 9,999. Voici comment: Les unités, dans cette méthode, sont exprimées par des crans pratiqués au bord antérieur de l'oreille gauche; les dizaines, par les crans du bord antérieur de la droite; les centaines, par ceux du bord postérieur de la gauche; les mille, par ceux du bord posté rieur de la droite. Une coche à la pointe de l'oreille gauche vaut cinq; au même endroit de la droite, elle vaut cinquante. Un trou dans l'oreille gauche vaut cinq cents; à la droite, cinq mille. Or, un trou plus neuf crans à chaque oreille donnent ainsi le résultat. On a un trou de 5,000

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Les éleveurs les plus habiles diffèrent d'avis sur le moment auquel il convient d'inscrire les agneaux sur le registre matricule. Il semble que cela doive être le plus tôt possible. Au reste, il va sans dire que ce moment est déterminé par celui du numérotage. Avant de pouvoir être immatriculé, en effet, il faut que l'animal porte sa marque distinctive. A ce titre, le procédé de numérotage qui peut être appliqué de meilleure heure est donc préférable. On ne peut guère pratiquer le système des entailles avant que les oreilles aient acquis en grande partie leur développement. C'est pour cela que les numéros tatoués, par cela même que la croissance de la conque ne les fait disparaître ni ne les altère, présentent de plus grands avantages. Ils peuvent être mis en pratique au moment du sevrage. Et c'est précisément alors que les bêtes prenant une existence indépendante doivent être immatriculées.

Dans une autre clef, le cran du bord interne de l'oreille droite compte pour un; au bord externe il vaut trois, à la pointe, dix, et au milieu, cent; chacune de ces mêmes marques compte pour cinq fois autant quand elle est placée à l'oreille gauche. Et l'on conçoit que cela peut varier à l'infini. Un bon procédé de tatouage serait à coup sûr préférable. Plusieurs instruments ont été inventés dans le but d'imprimer dans la peau des numéros indélébiles. Quand ils sont bien appliqués, ils réussissent tous. Mais la difficulté est précisément de rester, en se servant de l'instrument, dans les On a conseillé de tenir un registre à part pour justes limites qui conviennent. C'est cette difficulté les agneaux. Nous ne voyons pas l'avantage qu'il seule qui s'est opposée jusqu'à présent à leur gé- peut y avoir dans cette pratique, et elle constitue néralisation. Il est clair qu'un chiffre bien lisible une réelle complication. L'animal une fois insvaudrait mieux que des crans ou des trous dont la crit doit l'être pour sa vie. Il fait partie du troulecture nécessite toujours, quelque habitude qu'on peau. Mieux vaut, à tous égards, un unique reait de leur clef, un certain calcul et par consé-gistre pour tous les groupes dont celui-ci se comquent une perte de temps.

Quel que soit le procédé adopté, il est bon d'opérer toujours les numérotages par séries, en laissant libres ensuite les numéros de chaque série, à mesure qu'ils deviennent vacants par mortalité ou réforme, jusqu'à ce que la série dont ils dépendent soit entièrement épuisée. De cette façon, les principales particularités relatives aux animaux, celles de la série entière, se gravent mieux dans la mémoire du berger ou du chef de l'exploitation, sans qu'il soit nécessaire de recourir à chaque instant au registre matricule, dont nous allons maintenant parler.

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Registre matricule. Plus on consigne de faits relatifs à chaque bête du troupeau, mieux cela vaut. On tire toujours profit de la peine qu'on se donne à cet égard. Cependant, le registre matricule contenant un nombre de colonnes suffisant pour permettre de noter les désignations ciaprès, répond aux plus indispensables nécessités. Il faut pouvoir y inscrire, à la page consacrée à chaque individu: 1° son numéro; 2o sa race; 3o son sexe; 4° la date de sa naissance; 5o son ascendance paternelle et maternelle jusqu'aux générations les plus reculées possibles, ce qui doit toujours avoir lieu lorsqué les ascendants appartiennent au troupeau, en indiquant sommairement les mérites de la souche; 6o la date de l'inscription au registre; 7° le poids de l'animal au moment de l'immatriculation; 8° les caractères de sa laine; 9° la date de la tonte; 10° le poids de la toison après chaque tonte, en indiquant si la laine a été ou non lavée à dos; 11° la date de la saillie, pour les femelles ; 12o le numéro du bélier qui a sailli; 13o la date de la sortie du troupeau par mortalité, réforme ou abattage; 14° dans ce dernier cas le rendement; 15° enfin les observations particulières n'ayant pu trouver leur place dans les colonnes précédentes.

pose.

Mais avant de passer outre, il convient de répéter qu'un troupeau bien tenu, qu'il s'agisse d'amélioration ou de conservation, ne peut manquer de cette sorte de comptabilité spéciale. Autrement, on ne marche qu'au hasard. Or, les opérations zootechniques bien conduites ne laissent à l'imprévu que la part absolument impossible à éviter.

Nous arrivons maintenant, dans la marche naturelle de l'exploitation des moutons, à ce qui concerne leur habitation. Nous avons à parler, à cet égard, de l'hygiène des bergeries et de celle des parcs. C'est dans ces deux sortes de lieux que les bêtes à laine séjournent. Il sera question des pâturages à propos de leur alimentation.

Hygiène des bergeries. Dans le chapitre consacré aux bâtiments de la ferme, des indications ont été données sur la construction des bergeries (p. 151). Il serait donc inutile de revenir sur ce point. Nous dirons seulement que s'il n'est pas possible, dans nos climats, de se passer des bergeries pour l'éducation des moutons; que si les étés sont trop chauds et les hivers trop froids pour que les mères et les agneaux puissent sans inconvénient être entretenus en plein air, comme ils le sont dans beaucoup de comtés de l'Angleterre; il faut néanmoins que leurs habitations soient disposées de telle façon que la température y soit fraîche pendant les chaleurs et modérément chaude pendant la saison rigoureuse; il faut qu'en tout temps l'air y soit abondant et pur, vif et sec. Ce but est atteint par une exposition convenable, par une élévation suffisante des bâtiments, par une aération bien entendue et par une irréprochable propreté. L'expérience a prouvé que la disposition qui remplit le mieux cet objet est une sorte de hangar formé de pilastres et de murs à hauteur d'appui, dont les

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