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Il est plus fort que partout ailleurs dans les environs de Brion, de Levroux et d'Issoudun, où il s'élève dans de bonnes conditions. Quand on le considère dans la Brenne, on le trouve plus petit, à laine moins fine et moins douce, mais cependant sa toison ne permet pas de le confondre avec le mouton de Crevant qui est voisin.

C'est avec les brebis de Champagne qu'ont été effectués sur une grande échelle les croisements dont nous parlerons tout à l'heure. C'est aussi cette variété de la race qui fournit la plus grande partie des moutons connus sur les marchés de la capitale sous le nom de berrichons, et qui ont été engraissés dans l'Indre ou dans le Cher. Elle tend à se substituer aux autres, à cause de son lainage, et parce que les conditions d'élevage auxquelles elle est due s'uniformisent de plus en plus dans le pays, sous l'influence du progrès. Ainsi, la désignation suivante ne marquera-t-elle bientôt plus qu'une simple circonscription territoriale, tant s'effacent les nuances qui ont longtemps existé entre les moutons berrichons de Champagne et ceux dont nous allons parler.

Moutons du Bois-Chaud. - Les principaux centres de cette variété sont Dun-le-Roi et Châteauneuf, dans l'Indre et le Cher. Ce sont, comme nous l'avons dit, des parties boisées, qui établissent la transition entre le Berri et la Sologne. Là le mouton prend un peu plus de taille, et sa laine grossit. Cependant, en remontant plus haut dans le Cher, du côté de la Nièvre, entre Bourges et La Charité, on trouve des traces de croisement mérinos, facilement reconnaissables aux caractères de la laine et à l'extension de la toison sur la tête et les membres. Nous n'avons pas tenu compte de ces métis dans notre revue, parce qu'ils sont peu nombreux et comme enclavés dans une popula

tion dirigée vers un tout autre sens. C'est là que se trouve le troupeau de Serruelles, formé par M. le baron Augier à force de soins attentifs et au moyen d'un métissage avec l'anglo-mérinos. C'est aussi à l'extrémité orientale de cette même région que se trouve le beau troupeau Southdown de M. le comte de Bouillé. De ce troupeau, constitué par le célèbre éleveur de Villars, sont sortis de nombreux béliers, qui ont contribué aux opérations de croisement avec la race berrichonne dont il a été déjà parlé, et dont nous allons maintenant étudier les effets plus en détail.

Depuis bien longtemps déjà des tentatives de ce genre avaient été faites dans certaines fermes du Berri avec des béliers anglais de New-Kent et de Dishley. Des réformes culturales introduites dans ces fermes avaient devancé de beaucoup l'amélicration de la race locale, et celles-ci se trouvaient en mesure de nourrir des individus plus développés et plus exigeants que les moutons berrichons. Dans les environs de Châteauroux, sur la route qui conduit dans la Sologne par Buzançais, nous avons vu en 1854, chez M. Saulnier, habile fermier de ce pays, un superbe troupeau de métis anglo-crevant ne laissant guère à désirer sous le rapport de la perfection de ses formes, de la précocité de son développement et de sa grande aptitude à l'engraissement. Ce troupeau avait alors atteint depuis plusieurs années son entière constitution. Tous les efforts de son propriétaire se bornaient à le maintenir en lui faisant donner les meilleurs produits. Homme essentiellement pratique, M. Saulnier n'avait pas d'autre ambition que d'augmenter par là les produits de sa ferme. Il ne songeait point à régénérer par ses métis l'espèce ovine française. Il agissait en silence.

Telle ne fut pas l'attitude d'un autre éleveur

d'un département voisin, qui se livrait à peu près | dix-neuvième siècle, où Malingié, de la meilleure dans le même temps à une opération analogue. foi du monde, l'a racontée à sa façon, mais bien Homme d'un tout autre caractère, celui-ci conçut sur les lieux mêmes, en prenant des renseignedes visées plus hautes. Il avait à sa disposition un ments auprès des témoins les plus désintéressés certain talent d'écrivain. C'était ce qu'on appelle et les plus éclairés. Or, il résulte de ces renseigneun théoricien. Le modeste rôle du praticien ne ments que les brebis qui ont formé le premier lui convenait et ne lui suffisait pas. Il voulut in- noyau du troupeau de la Charmoise, ont été téresser le dix-neuvième siècle à son œuvre. Et achetées dans les environs de Buzançais, sur les grâce à l'influence qu'exercent toujours sur les confins de la Sologne, et choisies parmi les plus hommes d'imagination les idées spécieuses habi- belles berrichonnes de cette localité. Ces brebis lement soutenues, il réussit à jeter de la confusion ont été ensuite accouplées avec le bélier Newdans la question de l'industrie ovine. Nous avons Kent. Et c'est de là que sont issus, par des croisenommé le regrettable Malingié, dont le talent et ments et métissages successifs, les membres de la la puissante individualité eussent été dignes d'une famille constituant aujourd'hui la prétendue race meilleure entreprise. de la Charmoise.

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cendants les caractères et la qualité de la race anglaise, avec un certain degré de rusticité dû à l'acclimatement préalable, il entreprit de démontrer que, dans son opération, l'atavisme de la race locale avait été détruit, au bénéfice de celui de la race de New-Kent. Il imagina pour cela de donner à ses brebis la qualité de métisses berrichonnes-solognotes, etc. Ces métisses, dit-il, n'avaient par elles-mêmes aucune fixité. Leur individualité avait été absorbée par celle du New-Kent. Et chose à peine croyable, cette conception produisit sur les esprits l'effet qu'il en attendait.

Il est vrai de dire qu'au moment où une semblable doctrine était lancée, les principes fonda

mentaux de la zootechnie étaient à peine connus. L'étude physiologique n'avait encore guère pénétré dans les questions de cette nature. Les hommes d'expérience protestèrent bien contre de semblables prétentions, que le fait n'avait point justifiées, mais l'idée de Malingié plut aux imaginations. Les sujets qu'il exhibaità l'appui étaient d'ailleurs, en tant qu'individus, en général fort beaux comme animaux de boucherie. La considération des lois de l'hérédité s'effaçait devant ces apparentes démonstrations.

Mais maintenant qu'un peu de lumière a éclairci tout cela, l'on sait fort bien à quoi s'en tenir sur la valeur de l'hypothèse qui appuie tout le mérite

du métis de la Charmoise comme agent d'amé- | d'innombrables troupeaux de cette contrée si lioration. Encore bien qu'il serait vrai qu'il eût bien peuplée de moutons ne sont plus composés pour point de départ un croisement entre les que de métis Southdown-berrichon. Et les effets races berrichonne et solognote, est-il possible de cette transformation sont si remarquables et d'admettre que l'atavisme de ces deux races ait si lucratifs, qu'on ne saurait trop les approuver. pour cela disparu? En aucune façon. Au contraire. Le métis Southdown a, comme son père, la face Au lieu d'un, il y en aurait deux. Au lieu d'avoir à et les jambes brunes ou noires. Dans la Chamlutter contre l'atavisme de la race berrichonne, le pagne berrichonne, son lainage conserve la douhélier New-Kent aurait eu à combattre en même ceur et la finesse relatives qui caractérisent la temps celui de la race solognote. Les puissances variété locale. Partout il atteint un poids vif plus héréditaires, dans les croisements, ne se neutra- | élevé, des formes meilleures, sans perdre de la lisent ni ne se combinent; elles se superposent. rusticité nécessaire au mode d'entretien du C'est ce que l'observation rigoureuse démontre à mouton de la région. Ainsi que nous l'avons déjà chaque instant. Et c'est sur des observations de ce dit, le croisement dont il s'agit se généralise de genre que les zcotechniciens vraiment dignes de proche en proche, et avant longtemps on ne trouce titre ont fondé le principe absolu de l'impuis- vera plus en Berri que des métis southdown, de sance radicale des métis pour constituer des ra- même que dans la Beauce, la Brie, la Chamces. Mais il n'est plus nécessaire maintenant d'in-pagne, la Bourgogne, etc., l'on ne rencontre plus sister là-dessus.

C'est pour cela qu'aux yeux de ceux qui sont en mesure d'apprécier les caractères typiques qui distinguent les races entre elles, jamais le troupeau de la Charmoise, pas plus qu'aucun autre troupeau composé de métis, n'a pu arriver à l'uniformité de physionomie, à l'homogénéité de caractères qui appartient aux seules races véritables, aux réunions d'individus purs. La forme du corps, qui dépend uniquement de l'hygiène, arrive à cette uniformité. Celle de la tête, où se reflète le type de la race, jamais. Chez les bêtes de la Charmoise, à côté d'une tête de berrichon, vous voyez une tête de New-Kent; jamais rien d'intermédiaire et de particulier. Nous n'avons jamais vu seulement un lot de cinq individus choisis pour un concours parmi les mieux réussis, sans faire cette observation et la faire faire à d'autres avec nous. Cela juge la prétention qui a été tant de fois soutenue depuis Malingié, de donner à ces métis le nom de race et de les présenter comme capables d'être utilement employés pour améliorer l'espèce ovine française, en l'absorbant daos leur type spécial.

Nous croyons inutile d'en parler au point de vue de la laine. Dans la pensée de leur créateur, ils devaient sûrement détrôner le mérinos, qui, eu égard aux nouvelles tendances économiques, ne répondait plus aux besoins de l'industrie et avait, comme disent encore les partisans à outrance de la viande, fait son temps. Il s'agit là d'un souverain qui ne sera pas de sitôt détrôné. Son compétiteur de la Charmoise ne fait courir aucun risque bien sérieux à sa puissance. Entreprendre de la défendre contre lui serait donc perdre son temps. Ne nous y arrêtons pas. Mieux vaut passer tout de suite à l'examen d'une autre influence qui s'élève et grandit dans le centre même qui avait été choisi pour l'action du bâtard dont l'histoire vient d'être ébauchée, et qui n'a point tardé à l'annihiler à peu près complétement. Nous voulons parler du Southdown, qui a déjà exercé sur l'espèce ovine du Berri une amélioration considérable, et auquel appartient bien décidément l'avenir, dans cette région de notre pays. Il nous paraît que la race Southdown est destinée dans un temps prochain à absorber complétement la race berrichonne de l'Indre et du Cher. Déjà

que des métis mérinos. La race berrichonne n'aura pas été améliorée. Elle aura disparu. Mais elle serd remplacée par des individus plus propres qu'elle à la production de la viande. C'est un réel progrès, contre lequel nous nous garderons bien de nous élever.

Nous ne parlons pas ici de quelques essais de croisement Cotteswold-berrichon, qui n'ont aucune chance d'extension.

Race de la Sologne. — Les caractères qui distinguent la race solognote de la race du Berri ne sont pas des plus tranchés. Nous inclinerions volontiers à admettre qu'elles appartiennent toutes les deux au même type, car il est à peu près impossible de saisir la transition qui les sépare sur la limite des deux régions. De fréquents échanges entre les localités des départements de Loir-etCher, du Loiret, de l'Indre et du Cher, établissent constamment dans la population ovine des mélanges qui rendent les distinctions de race fort difficiles à établir. Toujours est-il que les aptitudes sont absolument les mêmes, et les modes d'exploitation et d'amélioration aussi. Cela nous dispensera, dans tous les cas, d'entrer dans de longs détails. Nous ne pourrions que répéter pour la Sologne ce qui vient d'être dit pour le Berri.

Cependant, voici comment M. Magne, dont nous citons souvent l'importante Etude de nos races d'animaux domestiques, a apprécié la difficulté que nous venons de signaler.

« Malgré les fréquentes communications qui ont lieu entre le Berri et la Sologne, surtout sur la frontière des deux provinces, les races ovines des deux pays conservent, dit-il, chacune ses caractères d'une manière très-marquée.

« Tout en ressemblant au berrichon par sa taille et ses formes, le mouton solognot se reconnaît à sa tête et à ses jambes roussâtres, à sa laine ordinairement blanche, mais souvent grise à l'intérieur, moins fine, plus dure, disposée en mèches que dépassent quelques poils longs terminés en pointe vrillée, frisée.

« Très-sobres, les moutons solognots se développent selon la fertilité du pays où ils sont élevés. Des brebis solognotes exportées pleines de la Sologne et conduites dans le Gâtinais ou la Brie, donnent des agneaux qui les dépassent en taille.

Une génération ou deux suffisent, dans les contrées fertiles, pour doubler la taille de la race. >> M. Magne ajoute qu'indépendamment du solognot proprement dit, qui est plus petit dans les environs de Romorantin et plus grand sur les rives de la Loire, il faut mentionner la variété du Gâtinais, qui a la tête busquée, souvent grise, mouchetée ou portant des taches brunes, noiratres, sur les joues, et qui disparaît sous l'invasion des berrichons et des métis.

La transformation que subit la Sologne sous l'influence de la culture améliorante, imprime à sa population ovine des changements qui la confondent de plus en plus avec celle de la Champagne berrichonne. Pour notre compte, nous le répétons, nous considérons qu'il ne doit y avoir aucune différence dans la manière de traiter ces deux populations. Les éleveurs du pays ont montré que tel est aussi leur avis. L'écueil de l'industrie ovine en Sologne, c'est la cachexie aqueuse dans les années humides, l'affection anhémique, dite maladie rouge ou maladie de Sologne, dans les années sèches. Les métis anglais sont plus sujets à l'une et à l'autre que les individus indigènes. Cela se comprend facilement. Ils sont nécessairement plus exigeants et moins rustiques. Mais le remède est dans l'amélioration du sol. Et ce remède, la Sologne est en train de l'appliquer. Elle y marche à pas de géant.

Race flamande. - C'est la dernière race bien caractérisée qu'il nous reste à examiner. La population ovine du nord-ouest, dont nous parlerons plus loin, est fort hétérogène et pour ce motif ne mérite pas la qualification de race, qui doit conserver sa signification précise, si, comme nous l'avons dit tant de fois, on ne veut pas plonger la

zootechnie dans la confusion où tant d'écrivains incompétents l'ont entraînée.

La race flamande, anciennement renommée pour sa grande fécondité, se distingue par l'élévation de sa taille, ses membres longs et forts, sa tête grosse, sans cornes, fortement busquée depuis le sommet jusqu'au bout du nez, ses oreilles longues, larges et pendantes. La tête est nue et les membres aussi. La toison, disposée en mèches longues, droites et pendantes, est formée par une laine grossière, en général dure, raide et jarreuse. La race flamande, dans les habitudes commerciales, secondées par les prétentions locales et justifiées à certains points de vue, a pris des noms tirés des diverses localités de la région dans laquelle elle est exploitée. Cette région comprend les départements du Nord, du Pas-de-Calais, de la Somme, et quelque peu de l'Oise et de l'Aisne. On peut y joindre aussi la Seine-Inférieure, dont la population ovine, peu considérable du reste, appartient également à la race flamande.

Suivant que les moutons de cette race sont élevés sur des terrains d'une fertilité plus ou moins grande, dans des conditions de culture diverses, ils prennent en effet des caractères particuliers de taille, de développement, de lainage, qui permettent jusqu'à un certain point d'en faire autant de variétés différentes, sous le type commun. Ainsi l'on connaît les flamands proprement dits, qui forment les troupeaux de l'ancienne Flandre française; les cambraisiens, qui s'élèvent dans les environs de Cambrai; les artésiens, répandus dans l'arrondissement d'Arras et dans tout le département du Pas-de-Calais, qui sont le meilleur spécimen de la race, celui dont on s'est le plus occupé, et dont on fait à tort une race spéciale; les picards, du département de la Somme,

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entre la longueur de ses membres et l'épaisseur de son corps. A part cela, l'on est frappé de la grande analogie que présente la race flamande, surtout dans l'Artois, avec celle du Leicestershire. En tout cas, c'est là une race à viande dans la plus large acception du mot. Et rien ne s'oppose à ce que, pour mieux remplir sa destination, elle soit poussée par tous les moyens possibles dans la voie de la précocité. Son aptitude native, les conditions culturales de la région, comportant depuis longtemps le système intensif d'un grand district manufacturier, où les populations sont agglomérées et les débouchés largement ouverts: tout fait une obligation d'augmenter à la fois le poids vif et le rendement net de la race flamande. Sélection, croisement, tout est bon pour conduire les moutons de notre plus riche région agricole à ce résultat.

C'est le dernier moyen qui a surtout été mis en pratique. Depuis longtemps déjà l'on a pratiqué dans la région du Nord, notamment dans l'Artois, des croisements avec les béliers de Dishley. L'opération se continue. Elle est fort rationnelle. Elle ne le serait pas moins avec des béliers Cotteswold. Dans la culture intensive de ce pays, comportant des ressources alimentaires abondantes, on peut tailler en plein drap. Il n'y a pas d'échec à craindre pour les races les plus avancées par leur aptitude à produire tôt de la viande en abondance. Une seule considération pourrait arrêter, c'est le goût de la consommation. Des faits nombreux ont prouvé que les métis anglo-flamands trouvent là tout ce qu'il faut pour se développer et prospérer.

Mais la préoccupation d'améliorer à la fois dans la région la production de la laine et celle de la viande, a excité les agriculteurs éclairés de la région à donner la préférence aux béliers anglomérinos, produits précisément, comme nous le savons, par une bergerie de l'État établie dans le département du Pas-de-Calais. Les individus qui naissent de l'accouplement de ces métis avec les brebis de la race flamande ont la laine plus douce, beaucoup moins grosse, et la toison plus tassée. Ils ont aussi le corps plus ample et une meilleure conformation. Ces opérations de métissage ont pris dans le Pas-de-Calais, le Nord, la Somme et l'Aisne une grande extension. Elles y réussissent. On y compte plusieurs lauréats habituels de nos concours de boucherie. Cela n'est à coup sûr point surprenant. Avec des brebis artésiennes et des conditions hygiéniques comme celles qui les entourent, les béliers anglo-mérinos bien conformés et volumineux ne peuvent que donner des produits supérieurs à leur mère. Mais est-il bien certain qu'il n'y eût pas plus d'avantage à faire des animaux d'une précocité plus grande,

ou autre, plutôt qu'un métissage. C'est plus simple et plus certain dans ses résultats.

Nous soumettons ces réflexions aux éleveurs de moutons de la race flamande. Il nous paraît que leur intérêt est de ne se point préoccuper, en général du moins, de la production de la laine. Le vrai progrès est de spécialiser les fonctions, en industrie, et de tourner toutes les forces produetives dont on dispose vers le but auquel ces forces sont le plus propres. C'est le seul moyen d'arriver au maximum de produit et au maximum de bénéfice.

La doctrine qui veut faire produire toutes choses partout, sous prétexte que cela est possible, et qu'il faut multiplier les aptitudes, n'est pas marquée au coin d'une économie industrielle bien comprise. L'agriculture véritablement sciertifique, pour les récoltes comme pour le bétail, ne doit engager son capital et son temps que dans des opérations capables de la conduire au summum de l'effet utile. C'est ce que l'exemple de l'Angleterre nous enseigne. Nous ne la voyons point faire d'efforts pour acclimater sur son sol le mérinos producteur de belles toisons. Elle sait qu'il lui est plus facile d'échanger ses guinées contre des balles de laine venant d'Australie ou d'ailleurs, que contre des quartiers de moutons gras. Elle consacre done tout ce qui chez elle ! est propre à produire ceux-ci.

De même doivent faire, à notre avis, les agriculteurs de notre région du Nord, dont les habitudes culturales se prêtent si bien à l'entretien et à l'exploitation des moutons précoces. Et ce n'est pas de notre part un parti pris. On le sait bien. Nous nous sommes plus d'une fois élevé dans ce livre contre l'application fautive de ce principe à des conditions qui ne la comportaient pas. Ici, le cas est tout différent. La race flamande a pour fonction économique exclusive la production de la viande. Il faut tout sacrifier à cette fonction. Poids vif considérable et précocité aussi grande que possible, voilà l'unique but de son amélioration, ou plutôt de sa plus lucrative exploitation. Hors de ce programme, on n'est pas d'accord avec les enseignements de l'économie rurale, et par conséquent on méconnaît la condition fondamentale de toute solution zootechnique.

Population ovine du Nord-Ouest. — Nous rangeons sous ce titre la population ovine d'une partie de la Normandie, des départements bretons et de l'Anjou, depuis l'embouchure de la Seine jusqu'à celle de la Loire, en suivant le littoral. Cette région, ainsi circonscrite, n'est pas un pars à moutons. Dans l'économie rurale de la partie de la France dont il s'agit, les bêtes à laine sont généralement fort accessoires, et souvent même tout à fait absentes. Nous avons vu que le territoire ne soutiendra pas, sans doute, que la laine mé-est particulièrement consacré aux productions rinos puisse conserver ses caractères avec la pré- chevaline et bovine. Il n'y a donc pas en Bre cocité du Dishley. Or, l'anglo-mérinos ne peut, le tagne, non plus qu'en Normandie, de race ovine cas échéant, transmettre cette précocité qu'à la bien établie, ayant des caractères qui permettent condition de la posséder lui-même. Et s'il la pos- d'en faire un groupe distinct et homogène. On sède, il a perdu en retour la finesse de sa toison. doit considérer les moutons qui composent les rares troupeaux de cette région comme des collections d'individus hétérogènes, le plus souvent

sauf à en obtenir de la laine moins fine? Car on

Mieux vaut donc, dans ce cas, opérer un croise

ment par race pure précoce, Dishley, Cotteswold

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