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rapporter. Les brebis Rambouillet de plus de trente mois ont pesé 48,018, les Mauchamp-Rambouillet, 46*,753; les Rambouillet de trente mois, 46,750, les Mauchamp-Rambouillet du même âge, 45,069; les antenoises de la première famille, 41,083, celles de la seconde, 41,643; les agnelles Rambouillet de cinq mois, 25,045, celles du même âge Mauchamp-Rambouillet, 24,500; les agneaux du premier groupe, 32,857, ceux du second, 33,325. Toutes ces pesées ont été obtenues immédiatement après la tonte.

laines ont été avec soin divisées en deux lots, le premier formé des toisons provenant des mérinos de la variété de Rambouillet, le second comprenant celles de la famille constituée par l'alliance de ceux-ci avec la variété de Mauchamp. On a d'abord trié du premier lot (Rambouillet) 10 p. 100 de laine peu propre au peignage et connue en fabrique, ainsi que nous l'avons dit, sous le nom d'abats. Le second lot (laines Mauchamp-Rambouillet), n'en a fourni que 7,5 p. 100. Au dégraissage, le premier lot a perdu 41,6 p. 100, le second, seulement 32,7. Sous l'action du peigne, le premier lot a rendu en cœur 39,1, le second, 50,8; la proportion de blousse du premier a été de 19,3, elle n'a été que de 17 pour le second. Il faut nécessairement conclure du rapproche

On voit que les différences accusées ci-dessus sont assez légères pour être négligées. Il n'en serait pas de même pour les toisons. Celles-ci ont été évaluées par leur rapport avec 100 kilogr. de poids vif, et après avoir été lavées à dos. Sur cette base, les brebis Rambouillet de plus de trentement de ces chiffres que la production des laines mois ont donné 3,975, les Mauchamp-Rambouillet, 4,252; les brebis de trente mois de la première variété, 4,840, celles de la seconde, 4,894; les premières antenoises, 5,595, les secondes, 5,523.

Après avoir donné ces chiffres, M. Yvart fait les réflexions suivantes :

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« 1° Ces tableaux prouvent combien les deux races se rapprochent, tant pour la production de la viande que pour celle de la laine lavée à dos. «2o Ils démontrent dans quelles proportions diminuent les toisons par l'effet de l'âge et par celui de la gestation.

« La sécrétion de la laine s'amoindrit un peu de la deuxième à la troisième année; de la troisième à la quatrième, elle s'amoindrit encore, mais par une double cause, l'âge et l'état de gestation des brebis; car c'est seulement après trente mois qu'elles commencent à porter. Les bêtes mérinos et Mauchamp-mérinos, bien nourries, ne perdent cependant alors environ que le neuvième du poids de la laine qu'elles donnent dans la deuxième année.

3o Le tableau prouve encore que les brebis issues des béliers de Mauchamp, mais qui n'ont pas acquis une laine tout à fait lisse et soyeuse, n'ont pas l'inconvénient de perdre une partie de leur toison à l'époque de l'allaitement, ainsi que cela arrive malheureusement aux brebis soyeuses de Mauchamp.

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Egalité ou du moins ressemblance trèsgrande, voilà ce que présentent, dans ce premier examen, les bêtes du type de Rambouillet et les bêtes mérinos Mauchamp-Rambouillet. »

Si on les compare sous le rapport de la nature de la laine, de ses qualités et de sa valeur commerciale, la question change, et le changement est tout en faveur des nouvelles toisons. Elles perdent en effet beaucoup moins au dégraissage, et fournissent au peignage une proportion plus forte de matière utile, ainsi que cela va être établi.

Des essais comparatifs pratiqués par M. Plivart, peigneur à Brion, ont porté sur la totalité des laines récoltées en 1847, à la bergerie de Gevrolles. Dans cette expérience suivie par M. Pichat, alors directeur de la bergerie, et dont nous avons déjà fait connaître sommairement les résultats en annonçant que nous y reviendrions, les

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à mèche allongée, telles que les donne le Mauchamp-Rambouillet, est à tous égards plus avantageuse que celle des mérinos ordinaires, du moins sur tous les points où les laines de peigne sont estimées. Le peigneur plus haut cité et ses associés, MM. James Vaufrouart et Noirot, estimaient en 1847, d'après M. Yvart, leur plus-value à 12,5 p. 100. En outre, M. Bietry en faisait luimême, dès cette époque, le plus grand cas, les considérant comme très-avantageuses au peignage, préférables aux laines d'Allemagne par leur longueur, leur nerf et leur rendement. Aussi douces que ces dernières, disait-il, elles sont moins bouchonneuses, ce qui est important pour la fabrication des étoffes dites mérinos et mousselineslaines.

Toutes les considérations qui précèdent font sentir l'utilité que peuvent avoir les variétés de Mauchamp et de Gevrolles pour l'amélioration des toisons mérinos de notre pays, dans le sens des nouveaux besoins de la consommation. Ce qui frappera tout esprit réfléchi, c'est que les béliers de ces variétés, en secondant la production des laines de peigne, dans les régions fertiles où des troupeaux mérinos sont entretenus et peuvent recevoir une alimentation riche, ne s'opposent nullement à ce que, sous le rapport de la viande, les animaux soient conduits à un rendement plus considérable. Il est incontestable que les nouvelles familles de mérinos sont, moins que les anciennes, éloignées du type de boucherie; et c'est pour cela que nous y avons insisté, en même temps que l'appropriation de leurs toisons aux nouveaux besoins de l'industrie et du commerce éveillait notre intérêt. Pour ce genre de laines, aucune concurrence n'est pour nous redoutable. Il n'en est pas de même de celles dont nous nous sommes occupés auparavant, ainsi qu'on l'a déjà vu.

Nous aurons donc, en conséquence, plus d'une fois l'occasion d'appeler l'attention sur les variétés mérinos qui viennent d'être étudiées, à mesure que nous parlerons de l'amélioration des mérinos purs ou métis dont les diverses tribus nous restent à passer en revue maintenant.

MÉTIS MERINOS. - Dans les différentes parties de la France où il s'est répandu, le mérinos constitue un certain nombre de troupeaux purs; mais

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une efficacité qui ne contredit en rien les principes fondamentaux de l'amélioration des races considérées sous le rapport de leurs aptitudes essentielles. On s'exposerait, en conséquence, aux

l'observation des métis mérinos pour mettre en doute la solidité de ces principes. Ce serait conclure du particulier au général, une des plus détestables formes de la logique. Le fait de la fixité des caractères de la toison n'est applicable qu'à ceux du même ordre exclusivement. Il est analogue à celui qui a été déjà signalé dans une précédente occasion, et qui se rapporte à l'absence des cornes chez les métis de l'espèce bovine formés par M. Dutrône au château de Sarlabot. Nulle autre signification ne peut lui être exactement accordée.

en bien plus grand nombre ces troupeaux sont composés de métis. L'espèce ovine locale a été modifiée par le croisement avec les béliers mérinos. Souvent ce croisement a été poussé assez loin pour que les caractères de la race locale aient complé-plus graves erreurs, si l'on tirait argument de tement disparu. Les métis ne diffèrent alors du type pur que par leur tempérament plus robuste et mieux fait aux circonstances du lieu. Et il n'a pas fallu pour cela un bien long temps. Nous savons avec quelle puissance héréditaire se transmettent les caractères de la toison du mérinos, et quel est ensuite, quand une fois ils sont transmis, leur degré de fixité. Lorsque par le croisement la laine a acquis sur toutes les parties du corps le point de finesse, la forme du brin et de la mèche désirés, les métis bien appareillés sous ce rapport se reproduisent entre eux sans aucune chance de rétrogradation. Et c'est ainsi que se conservent, dans les localités que nous verrons tout à l'heure, les troupeaux croisés que l'emploi des béliers mérinos y a d'abord constitués. Dans certains, cet emploi n'a pas été discontinué; et il est devenu bien difficile, par ce fait, d'en distinguer les sujets des mérinos purs.

Cela bien entendu, nous pouvons à présent étudier les diverses variétés de métis formées par la race mérinos dans plusieurs régions de notre pays. Nous procéderons suivant l'ordre dans lequel ces métis se sont répandus, du moins à peu d'exceptions près. Il nous faut, d'après cela, commencer par l'ancienne province à terres calcaires connue sous le nom de Beauce.

Moutons de la Beauce. · Ainsi que nous l'avons déjà dit au point de vue général, dans les contrées où la production des laines est devenue la fonction principale de l'espèce ovine, on trouve à la fois des troupeaux composés de mérinos purs et d'autres formés par des métis. Ces derniers sont partout les plus considérables. La Beauce, qui a contribué à la formation du département d'Eure

Nous insistons sur ce point, dont la signification semble au premier abord en opposition avec tous les principes que nous avons posés, relativement à l'impuissance du croisement et du métissage pour constituer des races. Il importe essentiellement de remarquer que la contradiction n'est qu'apparente. Nous avons plusieurs fois répété, en effet, que dans la caractéristique de celles-ci, la forme du système pileux est tout à fait accessoire et se montre dans bien des cas fort variable pour les races les plus pures. L'histoire du méri-et-Loir et d'une partie de ceux du Loiret et de nos soyeux de Mauchamp, que nous venons de faire, en est, parmi tant d'autres, un exemple frappant. Dans l'opération qui nous occupe en ce moment, ce n'est pas d'un animal ayant des attributs déterminés de race qu'il s'agit, c'est d'une toison, d'un point isolé, circonscrit, et encore une fois accessoire au point de vue physiologique qui domine la notion de race admise et démontrée par l'histoire naturelle et la zootechnie. Les métis mérinos, en se reproduisant entre - eux, conservent à coup sûr la faculté d'atavisme qui appartient à la race locale ayant concouru à leur formation, et l'on s'en aperçoit bien quand on les étudie de près en se plaçant à ce dernier point de vue. Nous en donnerons plus loin des preuves, en parlant de certains d'entre eux qui montrent encore la physionomie, le type fort accusé et très-différent de celui du mérinos, appartenant à cette race locale avec laquelle le mérinos a été croisé. Mais dans la plupart des cas où les croisements se sont effectués, la différence de type était assez peu saillante pour qu'elle ait pu s'effacer à peu près sous l'identité plus ou moins complète du lainage.

Chez les métis mérinos, ce n'est donc point le type proprement dit qui se reproduit avec constance; c'est purement et simplement la toison. Et comme au demeurant l'important est là, pour la fonction économique spéciale de ces animaux, il s'ensuit que le croisement et le métissage, à ce point de vue tout à fait particulier et exclusif, ont

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Seine-et-Oise, ne fait point exception. Les mérinos beaucerons sont entretenus par quelques éleveurs habiles, dont l'industrie est principalement la production des béliers pour la vente où la location, en vue du croisement des troupeaux de la province. Ces mérinos appartiennent à la variété de Rambouillet, dont ils ont le volume et les qualités. De dix-huit mois à deux ans les béliers atteignent un poids vif de 80 à 100 kilogr. Leur toison pèse, en suint, de 5 à 10 kilogr. et quelquefois plus, ce qui tient à sa grande étendue, déterminée par la présence de replis considérables à la peau, et à la longueur du brin, obtenue au détriment de la finesse. Les cornes sont très-fortes, et se montrent souvent même chez les brebis, dont le poids s'éloigne peu de celui des béliers.

Sous l'empire des idées nouvelles, les éleveurs tendent à améliorer la race en faisant disparaître les cornes et les fanons de la peau, en donnant au corps des formos plus régulières, se rapprochant davantage du type de la beauté, enfin à la toison plus de tassé et d'homogénéité.

Quant aux métis de la Beauce, ils ont le corps trapu, court, ramassé, le garrot un peu saillant, le ventre gros. La peau est le plus souvent lâche et formant des fanons. La laine est tassée, abondante, à mèche carrée. La toison fermée est presque noire à la surface, par le mélange du suint et des impuretés de la bergerie, de la poussière du sol. Elle donne au peignage une forte proportion de déchet et perd beaucoup par le dégraissage.

temps, les cultivateurs de ce pays à renoncer à la production de la laine, pour s'adonner principalement à celle de la viande. Ces personnes prè

La tête est forte, busquée, avec des cornes en spirale comme le mérinos. On estime que le métis beauceron donne en moyenne, à la boucherie, de 25 à 35 kilogrammes de viande nette, et qu'il four-chent l'abandon du mérinos et l'adoption des ranit une tonte annuelle d'environ 5 à 7 kilog, en suint. Comme tous les mérinos et métis mérinos, il est d'un développement tardif. Cela n'a rien qui doive étonner, la production de la laine étant sa principale fonction.

L'industrie ovine a dans la Beauce un cruel ennemi dont nous nous occuperons plus tard, en parlant des maladies qui sévissent sur les troupeaux. Le sang-de-rate lui cause chaque année des pertes énormes. Les ravages de cette affection semblent dater du moment où les métis mérinos ont remplacé l'ancienne race du pays, qui était très-défectueuse à tous les points de vue. Malgré de nombreuses discussions et des études suivies, on n'est point encore parvenu à déterminer exactement les phénomènes auxquels ces pertes peuvent être attribuées. Ce qui paraît seulement acquis, c'est que le mal cesse de sévir, lorsque les troupeaux émigrent vers des lieux frais et ombragés.

Les vastes plaines argilo-calcaires de la Beauce, consacrées en grande partie à la production des céréales, très-faiblement boisées et manquant d'eau, sont en général pauvres en fourrages verts pour le régime d'été. Les plantes y sont très-nutritives mais peu abondantes, en raison des sécheresses prolongées de la saison. Les troupeaux vont paître, après la moisson, dans les chaumes, et consomment avec les herbes les épis tombés sur le sol. On a constaté que le nombre des victimes du sang-de-rate est en proportion de la chaleur et du temps que dure la sécheresse.

Dans de telles conditions, on conçoit néanmoins que le mouton soit la base essentielle de la production animale d'une région comme la Beauce. Aucune autre espèce ne saurait mieux que lui tirer parti des ressources qu'elle peut offrir, et subir à un moindre degré les influences de sa constitution géologique et de la température qui y règne le plus ordinairement. On conçoit surtout qu'il ait pour principale fonction de donner de la laine, et point n'est difficile d'indiquer les améliorations qui pourraient en faire sous ce rapport l'un de nos meilleurs producteurs. Il suffirait pour cela d'introduire dans le système de culture, trop exclusivement basé sur les céréales, quelques changements destinés à assurer aux troupeaux de meilleures circonstances d'estivage. Déjà s'opèrent dans un certain nombre de fermes les réformes dont il s'agit, et elles s'étendront sans nul doute à toute la contrée. Des pâturages verts, semés en temps utile, des champs cultivés spécialement en vue de la nourriture des moutons pendant la saison d'été, du moins durant la période des grandes sécheresses, sont la partie essentielle de ces réformes, qui entraîneront pour la Beauce un assolement tout autre que celui qu'elle suit actuellement.

Des personnes mieux intentionnées qu'éclairées, qui se sont donné en Beauce la louable mission d'indiquer les voies du progrès, engagent avec une certaine insistance, depuis quelque

ces anglaises perfectionnées. Il suffit de songer aux conditions agricoles que nous venons de mentionner sommairement, pour comprendre à quel point de tels conseils sont peu fondés, et à quel point aussi le préjudice serait grand pour la presque totalité des fermiers beaucerons, s'ils commettaient la faute de les suivre. Sans doute, dans quelques cas exceptionnels d'une culture avancée, particulièrement dans la partie qui se trouve embrassée par le département de Seine-et-Oise, et aussi dans quelques rares fermes d'Eure-et-Loir, mieux situées que les autres, l'entretien des races à viande, celui de la race southdown notamment, peut être adopté et conduire à de bons résultats. Encore n'est-il point sûr que, somme toute, une comptabilité rigoureuse fit pencher la balance en sa faveur. C'est du reste un compte facile à établir. Mais pour la généralité des cultivateurs beaucerons, tant que l'agriculture de leur pays n'aura point pris une autre face; tant qu'ils seront exposés à ces longues sécheresses dont il vient d'être parlé, et ce sera vraisemblablement bien longtemps encore, — la production de la laine devra demeurer la base de leurs opérations. Dans un milieu pareil, on ne peut pas en conscience penser à l'élevage d'animaux doués de précocité. Les plus appropriés aux conditions normales sont par conséquent ceux qui, durant la période de leur développement, donnent les revenus les plus élevés. Or, à cet égard, les mérinos et leurs métis n'ont point de rivaux.

Ce n'est pas à dire qu'il n'y ait lieu de faire des efforts pour améliorer ces derniers. Indépendamment des réformes dans la culture dont il a été question plus haut, et qui auront pour effet d'assurer un meilleur entretien des troupeaux, les animaux qui composent ceux-ci peuvent acquérir des formes plus convenables pour la boucherie, en même temps que des toisons plus uniformément belles. Un soin attentif dans le choix des reproducteurs, d'après les types que nous avons décrits de la belle conformation et de la laine la plus estimée, y conduira certainement. Il faut viser à faire du mouton beauceron un animal conformé comme le southdown et portant une toison comme celle du mérinos de Rambouillet. C'est là, nous le répétons, le programme du perfectionnement du mérinos en général. Et ce programme n'est en réalité pas extrêmement difficile à remplir. Cela ne demande que de l'attention et de la persévérance.

Les éleveurs beaucerons se sont trop longtemps préoccupés d'augmenter le poids des toisons, en choisissant de préférence les individus de grande taille et dont la peau présentait ces plis que l'on appelle des fanons, autour du cou, en avant des cuisses et sur les fesses. Les surfaces couvertes de laine se trouvent ainsi augmentées, mais nous savons que la qualité en est fort inférieure sur ces parties ainsi plissées, où la peau est épaisse, sèche, et sécrète une laine dure et roide qui déprécie les toisons auxquelles elle est mêlée. En outre,

M. Yvart a fait la judicieuse remarque d'une Cependant, les lourdes toisons des moutons de corrélation entre cette grande étendue de la la Brie forment encore et formeront longtemps, peau du mouton et celle du tube intestinal, en- il faut l'espérer, la base principale de la spéculatraînant un ventre volumineux et toutes ses con- tion des troupeaux de cette région. Le pays se séquences pour la mauvaise conformation de prête mieux toutefois que le précédent à la coml'animal de boucherie, poitrine étroite, croupe binaison des deux aptitudes, et il nous paraît que avalée, cuisses minces, etc. Il faut donc renoncer l'espèce ovine y doit être améliorée en ce sens. à poursuivre le résultat dans cette voie, et cher- Le mérinos acquiert, sur les terres bien cultivées cher plutôt à l'obtenir par l'ampleur des régions de la Brie, un développement moins tardif, une où se montre toujours la plus belle laine, par l'é- | mèche plus longue et une toison plus lourde. Il paisseur du thorax, la largeur des reins et de la est permis de le pousser, par une intelligente sécroupe. La surface de la peau sera par là finale-lection, dans la voie d'une précocité compatible ment aussi étendue et l'on aura de plus des ani- avec la conservation des principaux caractères de maux d'un rendement net en viande plus élevé. sa laine. Il suffira pour cela de renouveler plus Une bonne nourriture administrée d'une manière souvent les troupeaux, en faisant subir aux mousuivie fera pousser des mèches plus longues, et tons deux ou trois tontes au plus. l'on obtiendra tout à la fois des toisons plus uni- Les habitudes mêmes de la contrée entraînent formes, plus homogènes et tout aussi lourdes. Les les cultivateurs à agir ainsi, précisément par la moutons beaucerons améliorés ainsi seront après combinaison sur des points voisins de l'industrie leur croissance d'un engraissement moins diffi- d'engraissement avec celle de l'élevage. La grande cile; - on leur reproche avec raison de ne s'en- extension prise par la culture des racines, l'adgraisser pas facilement, tels qu'ils sont ; ils ac- jonction de nombreuses distilleries aux fermes de querront pour la boucherie une plus grande la Brie, ont déterminé ce mouvement qui ne s'arvaleur, après avoir été durant leur vie d'un rap-rêtera plus. Et il est facile de s'apercevoir que dans port plus élevé.

Voilà les véritables termes zootechniques de la question ovine de la Beauce. Nous en recommandons la méditation aux intéressés, en les exhortant à ne point courir les aventures d'un changement radical dans les bases de leur industrie bientôt séculaire. Ils sont assurés pour leurs laines d'un débouché constant. Les accidents du commerce peuvent en faire varier les prix. Ces prix baisseront sans nul doute. C'est la loi du progrès pour les matières premières de toutes les industries. Mais, en vertu de la même loi, ils seront conduits de leur côté à produire en plus grande abondance et à un moindre prix de revient. La compensation sera toute à leur avantage, car le revenu net augmentera en proportion du revenu brut, et non pas seulement dans le compte du troupeau. Ces réflexions s'appliqueront aussi bien aux autres métis mérinos que nous devons encore passer en revue. Elles sont ici consignées pour n'avoir plus à y revenir en détail.

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Moutons de la Brie. Les troupeaux du département de Seine-et-Marne sont absolument composés de la même façon que ceux de la Beauce. Seulement, comme le pays est en général plus fertile et moins sec, ce département, traversé par plusieurs cours d'eau, affluents de la Seine et de la Marne auxquelles il a emprunté son nom, offrant de nombreuses alluvions, l'espèce ovine y prend un développement plus régulier et moins tardif. Il y a dans la Brie de magnifiques mérinos et de non moins magnifiques métis. L'industrie de l'engraissement des moutons et celle de la production des agneaux pour la boucherie de Paris y sont pratiquées sur une assez grande échelle. La production de la viande s'y associe à celle des laines, qui acquièrent de la douceur en même temps que de la longueur, par le régime auquel les troupeaux peuvent y être soumis. Les métis anglo-mérinos, dont nous parlerons tout à l'heure, s'y sont beaucoup répandus.

le choix de leurs béliers mérinos ou métis, les éleveurs briards se préoccupent à un égal degré de la bonne conformation et des qualités de la toison. On ne peut que les engager à persévérer dans ces errements. C'est surtout à eux qu'il appartient de résoudre le problème du mérinos moderne, qui, répétons-le, se formule ainsi : Up Southdown quant à la forme, un mérinos quant à la toison.

Moutons du Soissonnais. Dans les départements de l'Aisne et de l'Oise, sur la rive gauche de la rivière, arrondissements de Laon, de Senlis et de Soissons; dans cette petite région qui s'appelle l'ancien Valois, les métis mérinos prennent un grand développement et ont été dans ces derniers temps l'objet de soins particuliers qui leur ont fait acquérir une certaine réputation. Des éleveurs renommés, en exhibant dans les concours de beaux animaux, ont attiré l'attention sur les troupeaux de ce pays. Ils se sont appliqués à faire disparaître les cornes du mérinos, à communiquer à leurs produits des formes carrées, en un mot à les rapprocher, par la conformation, du type de boucherie. La laine laisse peut-être à désirer sous le rapport de la finesse, quand on la compare à celle du mérinos de Rambouillet, d'où elle dérive; mais elle est douce, très-nerveuse, en longues mèches ondulées et bien carrées, et formant des toisons d'une grande étendue, par conséquent fort lourdes.

C'est sur les alluvions, qui s'étendent en larges plaines, que les troupeaux bien soignés présentent ces caractères. Sur les plateaux argilo-calcaires, les métis du Soissonnais se rapprochent plus du mérinos de la Beauce et de la Brie. Ils ont la tête plus forte, la peau quelquefois plissée et la laine plus courte. Les mérinos purs y sont peu nombreux. A vrai dire, s'ils prospèrent dans la région des plateaux, c'est là l'extrême limite du bassin géologique qui convient à leur production. Les bords de l'Oise, quelque peu marécageux, communiquent au climat des caractères qui ne

sont pas ceux que l'on doit rechercher pour le | aptitudes des races anglaises, du moins dans une type dont il s'agit.

Aussi, sur la rive droite de la rivière, dans les environs de Compiègne, de Péronne, de SaintQuentin, que l'on appelle le haut Santerre, les métis eux-mêmes sont-ils inférieurs à ceux du Soissonnais, auxquels ils sont analogues cependant. Moins améliorés quant aux formes, ils portent des toisons moins uniformes, moins homogènes. Toutefois, ils remplacent presque partout l'ancienne race picarde, qui ne tardera point à disparaître tout à fait, avec son lainage très-grossier et sa conformation on ne peut plus vicieuse.

La marche de l'amélioration des moutons de cette partie de la Picardie est toute tracée. Elle est la même que celle qui convient aux moutons de la Brie. Elle sera toujours puissamment secondée par l'assainissement du pays au moyen du drainage, qui, dans ces dernières années, y a fait de grands progrès. L'écueil de l'industrie ovine, dans la contrée, a longtemps été la pourriture. En effet, sur les plateaux du Soissonnais, le sang-de-rate sévit dans les années de sécheresse, mais avec moins d'intensité que dans la Beauce. En régularisant les conditions d'alimentation, le drainage et les autres progrès agricoles feront disparaître ces deux affections, en même temps qu'ils communiqueront aux métis mérinos les qualités mixtes qui correspondent à la situation.

De nouveaux croisements ont été préconisés pour perfectionner les métis. Les éleveurs feront sagement de s'en tenir à ce premier métissage bien conduit, et d'éviter la confusion inséparable de tous les mélanges de races à aptitudes diverses, dont on chiffre les proportions avec tant de facilité. Qu'ils choisissent dans les troupeaux les plus améliorés du pays leurs reproducteurs, s'il y a lieu seulement d'obtenir une meilleure conformation, et qu'ils soiguent bien l'alimentation des élèves; que s'ils désirent rendre la toison plus fine ou plus homogène, au cas où leurs métis auraient conservé de l'ancienne race picarde certaines parties de son lainage grossier, le mieux est de donner aux brebis des béliers mérinos d'une forte corpulence et d'une bonne conformation, jusqu'à ce que la toison des produits présente d'une manière uniforme les caractères cherchés. Nous avons vu qu'aucun métis ne peut sûrement remplir le rôle d'agent améliorateur, en servant à des opérations de croisement. Il ne doit être employé à la reproduction, qu'à la condition expresse d'un accouplement avec son semblable. Sans cela les lois de l'hérédité sont méconnues, et les résultats nécessairement au moins incertains, sinon mauvais. C'est ce que nous allons encore mieux exposer, au sujet d'un autre métis mérinos, dont il faut dès à présent parler, parce qu'il se produit et s'entretient dans les régions ci-dessus indiquées.

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certaine mesure, et la toison du mérinos de Rambouillet. Il entreprit dans le troupeau de l'école d'Alfort des croisements entre les brebis mérinos et des béliers de la race de Dishley. Ces croisements poursuivis avec l'habileté spéciale qui caractérise l'honorable inspecteur général des bergeries, ne tardèrent point à donner des individus remarquables, qui purent être exhibés sous les yeux des amateurs. Les plus beaux de ces indivi dus furent accouplés ensemble et se reproduisirent tels quels avec une certaine constance, sous l'influence des excellentes conditions dans lesquelles les reproducteurs et les produits étaient entretenus. Bientôt on fit intervenir dans la formation de ces métis la variété de Mauchamp, en vue d'agir sur la nature de la laine ; et quand on eut obtenu ce que l'on cherchait, par une suite de croisements alternatifs et de métissages, — opérations savamment combinées, - on s'en tint à ces dernières pratiques, en proclamant que la race était désormais fixée. Quelques cultivateurs des environs de Paris, de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise; quelques autres du centre de la France: MM. Gareau, Pluchet, le baron Augier, etc., adoptèrent plus ou moins la création de M. Yvart et en constituèrent leurs troupeaux, en continuant les opérations par lesquelles la prétendue race d'Alfort avait été obtenue.

En tant qu'il s'agit de produire ces métis, à titre d'individus destinés à transformer en viande des ressources alimentaires suffisantes, après avoir fourni des toisons à laine intermédiaire, il n'y a rien à dire contre de telles opérations, pourvu qu'elles soient conduites avec la compétence et l'habilité spéciales que nécessitent toujours les croisements et les métissages industriels ayant un but complexe comme celui-là. Les cultivateurs qui les ont adoptées se font à juste titre un mérite des soins attentifs qu'il leur faut déployer, pour conserver à leurs troupeaux les qualités qui distinguent les sujets bien réussis. Ces cultivateurs passent avec raison pour d'habiles moutonniers, Mais ce fait incontestable contient précisément la condamnation des prétentions qui ont été émises et qui sont encore soutenues, relativement au rôle que l'on attribue au métis anglo-mérinos comme agent d'amélioration des troupeaux français par le croisement.

Non point qu'il soit dans notre pensée de contester la possibilité d'obtenir de bons produits avec les béliers anglo-mérinos, dans les fermies bien cultivées de la région du nord de la France, où les mères et leurs élèves peuvent être abondamment nourris. Le moins qu'il en puisse advenir, c'est une amélioration certaine des toisons, en raison de l'atavisme très-prononcé de la race mérine, sur lequel nous avons déjà insisté à plusieurs reprises. D'un autre côté, les conditions culturales, dans cette région, sont suffisantes pour répondre aux exigences de la race anglaise, si tant est que le bélier métis les transmette à ses produits. En tout état de cause, il sera toujours supérieur, à ce double titre, aux béliers de la race locale. Il y a seulement à voir si, dans ces circonstances, il ne serait pas préférable d'opérer la fa

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