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docile et convenable pour le parc, qui est encore généralement en usage dans les dunes. Ils peuvent subsister sur l'herbage très-court des sols brûlants, et fournissent une viande qui a tou

fectionnement de la race Southdown, on cite particulièrement John Ellmann, qui a occupé pendant cinquante ans dans le comté de Sussex, aux environs de Lewis, la ferme de Glynde. C'est là qu'il a commencé ses opérations en 1780. Ell-jours joui d'une grande réputation. Les moutons mann est mort à l'âge de quatre-vingts ans, en 1832, emportant l'estime que lui avait value une longue et honorable carrière d'indépendance et de vertueuse simplicité, comme on en trouve tant d'exemples dans l'histoire de l'agriculture anglaise.

David Low donne la description suivante des animaux améliorés par les circonstances qui viennent d'être indiquées, et tels qu'on les rencontre communément maintenant sur les dunes du comté de Sussex. « La race Southdown moderne, dit-il, est privée de cornes chez le mâle et la femelle, elle a la face et les pattes d'un gris noirâtre, et le corps entièrement couvert d'une toison épaisse à laine courte et frisée. La conformation générale de l'ancienne race a été conservée; mais l'excessive légèreté des quartiers de devant a été corrigée, la poitrine développée, le dos et les reins sont devenus plus larges, et les côtes plus arrondies; enfin, le tronc a été rendu plus symétrique et plus épais. Les membres sont devenus plus courts, proportionnellement au corps, ou, en d'autres termes, le corps est devenu plus volumineux proportionnellement aux pattes. Le cou conserve la forme arquée, caractéristique de l'ancienne race, mais il est devenu plus court. La laine encadre bien la face et forme un toupet sur le front. Les animaux sont d'un tempérament

sont ordinairement engraissés à deux ans accomplis, quoique ceux des meilleurs troupeaux soient souvent prêts à l'être dès l'âge de quinze mois environ; tandis que les moutons de l'ancienne race étaient rarement tués avant qu'ils eussent accompli leur troisième année, ou pendant le cours de la quatrième. » L'exactitude de cette description peut être facilement vérifiée sur les nombreux représentants de la race Southdown répandus maintenant en France.

Mais, depuis la publication du beau livre du professeur d'Édimbourg, l'amélioration a été poussée plus loin; non pas sur la race entière, il est vrai, seulement sur une famille qui peut témoigner à présent de toute la puissannce de la sélection. Le célèbre éleveur de Brabaham, Jonas Webb, dont les succès dans les concours publics de ces derniers temps ont porté si haut la réputation, a fait acquérir au Southdown ces formes carrées, cette ampleur du corps, qui sont considérées comme la perfection dans l'espèce ovine. Les animaux provenant du troupeau de Jonas Webb n'ont plus, à la vérité, cette rusticité et cette finesse de viande qui caractérisent à un si haut degré la race commune. Ils sont plus qu'elle rapprochés du producteur de graisse par excellence, et ils en ont nécessairement les inconvé nients; mais il faut reconnaître qu'ils présentent

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rôle qui peut appartenir à cette race dans l'exploitation de notre espèce ovine française, où nous verrons par la suite qu'il y a lieu d'en tirer un parti avantageux. Il ne faut pas confondre l'animal décrit par David Low, et tel qu'il se rencontre encore communément sur les dunes, avec celui qui a été perfectionné par Jonas Webb à l'aide d'une scrupuleuse sélection, avec le concours d'une économie rurale plus avancée. Ce dernier est la perfection de l'animal de boucherie, au point de vue anglais, dans ses meilleurs types; mais il n'a plus à aucun degré sa primitive rusticité.

La laine du Southdown est de longueur moyenne, à mèches carrées, ou plutôt ayant cette forme élargie au sommet qui donne des toisons fermées, mais seulement tassées en apparence, et que l'on appelle creuses. Le brin est frisé, mais gros et rude, relativement. C'est le dernier degré des laines courtes communes. Avec cela les toisons sont légères, par rapport au volume du corps. Weckherlin dit que cette laine a environ un pouce et demi de longueur naturelle, qu'elle est modérément frisée, passablement blanche, et semblable pour la finesse à celle des métis allemands-mérinos. Le même auteur ajoute que chaque bête en dépouille de trois livres à trois livres et demie, lavée à froid, dont la valeur est estimée à raison de quatre-vingt-dix florins le quintal, ou environ cent quatre-vingt-dix francs. Dans les mérites du Southdown, la laine est donc bien secondaire.

Le poids vif des animaux, quelque perfectionnés qu'ils soient, n'atteint jamais ceux que nous avons vus pour les races précédentes. Son maximum est 80 kilogr. à l'âge de douze à quinze mois, mais il est plus communément de 60 à 70 kilogr. Le poids moyen en viande nette d'un mouton gras est, d'après Weckherlin, de 80 et souvent de 100 livres. Dans les essais faits à la suite du concours de Poissy, sur des individus fins gras, comme ils le sont pour une semblable circonstance, le rendement a été trouvé de 53,35 pour 100 en viande nette, et de 9,991 en suif, soit 63,342 p. 100 le rapport du poids utile au poids vif. Dans les mêmes essais, la qualité de la viande est cotée par M. Baudement au chiffre 7, la première qualité étant représentée par 9. Mais nous n'avons pas besoin de faire remarquer l'incertitude des évaluations de ce genre, dépendant d'une appréciation personnelle.qui n'a nécessairement rien de rigoureux. Notons seulement qu'en Angleterre la viande du Southdown est classée par les gourmets parmi les plus estimées, et qu'elle l'est d'autant plus que les individus qui la fournissent ont été moins perfectionnés. La différence entre le Southdown de Jonas Webb et les autres moutons anglais améliorés au même point, si elle existe sous ce rapport, cette différence est assez peu prononcée pour que son appréciation soit des plus difficiles. Et si, comme il y a lieu de le croire, à en juger par la faveur obtenue de l'autre côté du détroit par les béliers de Brabaham, surtout lors de la vente générale du troupeau qui a eu lieu récemment, l'influence de ces béliers s'étend à la rice entière, les motifs de nos préférences auront

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Race mérinos. L'étude du mouton mérinos et de l'influence qu'il a exercée, à partir du dernier siècle, sur l'espèce ovine du monde entier, est un sujet des plus intéressants. Il y aurait là de quoi faire un gros volume. Notre cadre nous oblige à concentrer cette étude en quelques pages. Nous tâcherons cependant de ne rien omettre d'important; de prendre ce type du producteur de laines fines à son point de départ connu, de le suivre dans les différents lieux où il a constitué par la sélection des variétés ou familles pures, et par le croisement des métis qui s'en rapprochent plus ou moins. Cela nous conduira à faire l'histoire d'une bonne partie de l'espèce ovine de la France et de quelques autres Etats; car il n'est assurément aucune race animale qui se soit autant multipliée que celle des moutons mérinos, grâce à l'importance industrielle de ses précieuses toisons, grâce surtout à une faculté de cosmopolitisme dont le genre de vie auquel ces animaux ont été de tout temps soumis, dans leur pays originaire, rend parfaitement raison. S'il était besoin de chercher des arguments contre les physiologistes à courte vue qui posent en principe absolu le non-cosmopolitisme des races, l'histoire des familles mérinos, particulièrement, en fournirait de surabondants.

Pour procéder avec ordre, il convient d'étudier d'abord le mérinos espagnol, type primitif de la race et point de départ des variétés que nous observons maintenant.

MERINOS D'ESPAGNE. On ne trouve point dans un système d'élevage particulier la raison qui fait que la race mérine se distingue entre toutes par la finesse de sa toison. On la rencontre toujours avec ce caractère, aussi loin que l'on puisse remonter dans l'histoire de la péninsule ibérique. Du temps des Romains, sous l'empire de la domination mauresque, comme dans l'époque moderne, les laines de l'Andalousie n'ont point cessé d'être réputées pour la fabrication des plus belles étoffes. Grenade a longtemps conservé, sous ce rapport, une suprématie européenne. Les troupeaux de ces riches contrées, si favorisées par leurs conditions naturelles, mais qui attendent encore de l'esprit moderne les progrès que la marche de la civilisation a réalisés ailleurs dans l'exploitation du sol; ces troupeaux, conséquence exclusive du système pastoral primitif que l'on trouve à l'enfance des sociétés humaines, ont toujours été soumis au régimc spécial de la transhumance, dont nous verrons encore des exemples dans quelques-uns de nos départements méridionaux. Vivant durant l'été dans les riches vallées, dans les fertiles plaines, arrosées par de larges fleuves, de l'Estramadure, de l'Andalousie et de

chargée de suint. Elle est peu homogène et con-
tient une forte proportion de jarre, surtout vers
les régions où la peau présente ses replis.
Les portées de la brebis sont le plus ordinaire-
ment simples.

la Nouvelle-Castille, sous un climat remarquablement doux, où ils trouvent pour leur entretien les conditions les plus favorables qui se puissent imaginer, les moutons espagnols vont passer la saison d'été sur les hautes montagnes des régions du nord et de l'est, où règne une température C'est avec ces caractères que le mérinos a été fraîche et où croissent des herbes sapides et fines importé d'Espagne dans les autres parties de l'Euque le soleil n'a point desséchées. Ils sont mis en rope, où il a subi des modifications intéressantes marche dans les premiers jours d'avril, pour ar- à étudier, non pas dans son type, qui est nécesriver à destination vers la fin de mai ou les pre-sairement demeuré le même partout, mais dans miers jours de juin, après avoir traversé, du sud-es aptitudes, qui ont été développées dans le sens ouest au nord ou à l'est, de longues distances où leur parcours, par la dépaissance, s'oppose à l'adoption de tout système de culture régulier. Ils reviennent ensuite, à la fin de septembre, dans leurs cantonnements d'hiver, en faisant un nouveau voyage d'un mois à six semaines.

C'est pendant cette émigration, au printemps, que les moutons transhumants sont tondus en route dans les esquileos, établissements spéciaux contenant un personnel suffisamment nombreux pour pouvoir tondre en un seul jour des troupeaux de mille bêtes.

« On distingue, dit M. Magne, deux principales variétés de moutons espagnols, d'après les montagnes sur lesquelles estivent les troupeaux. L'une passe les hivers dans le bassin de la Guadiana, aux environs de Mérida. Vers le 15 avril, elle se met en route, passe le Tage à Almares et se dirige vers les Asturies. Une partie arrive dans le royaume de Léon, et l'autre séjourne sur les montagnes de la Vieille-Castille.

des nécessités économiques par un entretien et une culture mieux entendus. Le mérinos espagnol, l'animal de la transhumance, est ce que de telles conditions peuvent le faire. Celui que nous allons voir maintenant dans ses principales variétés est le produit de la civilisation.

Sans nous préoccuper de la date des importations, nous le suivrons d'abord en Allemagne, pour ce motif qu'après avoir étudié le mérinos français et ses métis, nous pourrons continuer sans lacune la description des autres races qui peuplent notre pays.

MERINOS ALLEMANDS. D'après Aug. de Weckherlin, 102 béliers et 128 brebis furent importés d'Espagne en Saxe, en 1765. C'était la première fois qu'en ce pays on voyait des mérinos. En 1779, une nouvelle importation de 55 béliers et de 169 brebis était faite. On prétend que dès 1763 il en existait en Autriche; mais il paraît que leur première introduction dans cette contrée date seulement de 1770. En Prusse, elle est de 1776; en Wurtemberg, de 1786; en Bavière et dans le du

«La seconde variété hiverne un peu à l'est des terres habitées par la précédente sur les confins de l'Andalousie, de la Vieille-Castille et de l'Es-ché de Bade, de 1789. tramadure, passe le Tage en partie au pont d'Arrobispa et en partie à Talavera; elle se dirige ensuite vers le nord-est; quelques troupeaux séjournent dans l'intendance de Soria et les autres traversent l'Ebre, et s'avancent dans la Navarre jusqu'aux Pyrénées.

« La première de ces variétés est appelée Léonaise, du royaume de Léon, où elle passe l'été. C'est la plus renommée. Elle se divise en plusieurs familles célèbres, parmi lesquelles celle de Negrette, Negretti, possède des colonies, qu'on conserve à l'état de pureté, dans l'Europe septentrionale. L'autre est connue sous le nom de Soriane, et compte aussi diverses sous-variétés. La Navarrine, venant pâturer sur les Pyrénées occidentales; la Ségovienne, dans le royaume de Ségovie, à l'est de Léon et à l'ouest de Soria, sont moins connues. »

Au reste, à quelque variété qu'il appartienne, le mérinos espagnol est de taille moyenne; il a le corps court, épais, les jambes solides et peu allongées, ce qui lui donne un aspect trapu. Sa tête est grosse, à chanfrein busqué, et portant des cornes fortes, retournées en volute serrée. Son garrot est saillant, ses reins fléchis. La peau, fine et rose, est ample et forme dans plusieurs régions, au cou, sur les épaules et sur les cuisses, des replis, sortes de fanons, qui multiplient la surface couverte de laine. Celle-ci, qui s'étend à la tête jusqu'au-dessus des yeux, est fine, frisée, à brin court et élastique. La toison est fortement

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C'est en Saxe que le mérinos, comme producteur de laine fine, a atteint promptement son plus haut degré de perfection, grâce d'abord au bon choix des premiers individus importés d'Espagne, puis au soin que l'on a toujours mis à conserver la race dans sa pureté. La grande finesse de la laine produite par le troupeau de l'électeur de Saxe, lui fit bientôt acquérir une grande réputation dans le commerce du monde, où elle prit dès lors le nom de laine électorale, qui passa ensuite à la tribu dont ce troupeau avait été le noyau. Les mérinos de Saxe furent désignés désormais sous le nom de race électorale. D'autres tribus, présentant des caractères particuliers, sont connues en Allemagne sous les appellations d'Escurial, d'Infantado, de Negretti, du nom des propriétaires espagnols dans les troupeaux desquels les premiers types importés avaient été choisis. Les uns prétendent que les mérinos de l'électeur de Saxe provenaient du troupeau du cloître de l'Escurial; d'autres soutiennent au contraire que ces animaux sortaient presque exclusivement de chez le comte Negretti-Cavagne; on fait procéder enfin d'autres mérinos allemands du troupeau du duc d'Infantado. Ces divergences n'ont aucune importance. Il est bon seulement de savoir sur quoi sont basées les désignations usitées de l'au- • tre côté du Rhin.

Quoi qu'il en soit, l'auteur que nous avons cité plus haut, dans son Traité des bêtes ovines, écrit spécialement en vue de l'Allemagne, admet deux

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« L'Infantado se rapproche beaucoup plus du type espagnol que les mérinos à laine douce, qui sont, pour ainsi dire, de création allemande.

« Il possède un corps plus fort, plus ramassé, plus large, plus profond que ceux-ci. Sa face est large et obtuse, son front et ses naseaux sont arqués. La peau de son cou, de ses cuisses et de son ventre a une grande propension à se plisser, et cette disposition se remarque même chez les agneaux nouveau-nés. La queue est épaisse et très-charnue à sa base. Il est couvert de laine jusqu'aux mâchoires et aux onglons, et cette laine est bien fournie et fortement empreinte d'un suint gluant, ayant quelque analogie avec du suif ou de la poix, et qui donne souvent à la surface de la toison un aspect noirâtre. Le brin n'est pas d'une très-grande finesse et il a une certaine rudesse, surtout à son extrémité. On récolte en moyenne sur le mérinos à laine forte 3 livres de laine d'une longueur de 2 pouces quand elle n'est pas étendue. Il est plus propre à prendre la graisse que le mouton électoral; le rendement d'une brebis bien nourrie est de 40 à 50 livres de viande.

« Il existe dans les Infantados des animaux moins estimés, dont la peau présente des plis extrêmement prononcés et est couverte d'une laine trèsrude; leur toison est plate et imprégnée d'un suint de couleur jaune foncé, souvent résineux, qui rend impossible le lavage de la laine à l'eau froide.

2° Électoral (Escurial) ou mérinos à laine douce. - «La forme du corps du mouton électoral est plus svelte, moins ramassée et un peu plus mince que celle de l'Infantado. Sa tête est plus fine et

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Bélier mérinos.

plus pointue; son front est uni, et son cou est moins fort et moins plissé. Il est un peu plus haut sur jambes et il a la croupe plus avalée vers la base de la queue. Il a beaucoup moins de laine aux extrémités, et il n'est pas rare de lui voir la tête et le ventre dépourvus de laine. Sa peau est plus mince, plus fine, moins disposée à se plisser. La finesse et l'homogénéité de la laine est remarquable sur toute l'étendue du corps et elle est en même temps douce et moelleuse. Le suint dont elle est enduite est oléagineux, butyreux et trèsfacilement soluble dans l'eau; mais la toison est beaucoup moins bien fournie. Le rendement moyen de la laine est de 2 livres, la longueur du brin de 1 à 2 pouces, et une brebis bien nourrie donne de 35 à 40 livres de viande à la boucherie. »>

« Il y a dans la race électorale, ainsi qu'on en rencontre dans les Infantados, ajoute de Weckherlin, des animaux qui laissent à désirer sous bien des rapports.

« Ainsi, dans les troupeaux où l'on recherche avant tout l'extrême finesse de la laine sans avoir égard à la force et à la bonné conformation du corps, on trouve quelquefois des animaux qui naissent nus et pourvus tout simplement d'une enveloppe. Leur peau est extrêmement mince et d'une couleur rouge aux parties non couvertes de laine. Les oreilles restent nues; elles sont minces et transparentes. Les moutons qu'ils produisent n'ont point de laine sur la tête jusque derrière les oreilles, non plus que sur les pattes. La croupe et les reins sont faibles. La laine est courte, sans force, irrégulière, floconneuse sur le dos, très-légère, et souvent elle se perd. Leur

constitution générale est très-faible, et si bonne que soit la nourriture qu'on leur donne, elle ne leur profile pas; ils restent toujours maladifs et comme étiolés. De toutes les espèces de moutons, c'est celle qui a le moins de valeur; aussi doit-on la rejeter. »

C'est là l'écueil de l'élevage du mérinos électoral, étroitement spécialisé pour la production d'une laine extra-fine par la sélection et une alimentation parcimonieuse, en dehors de toutes les conditions de rusticité. Le mérinos français, dont nous allons nous occuper maintenant, a été conduit en général dans une tout autre voie, plus en rapport avec les circonstances de notre économie rurale.

| nève, introduisirent le mouton espagnol sur les bords du lac Léman.

« Le troupeau de Naz, dont la célébrité, pour la finesse des toisons, a été universelle, remonte à 1798. »

De ces diverses introductions, opérées dans des conditions si différentes, l'acclimatation a fait en France du type espagnol deux variétés bien distinctes, qui se caractérisent à la fois par le volume du corps et par la finesse de la laine, tout en lui conservant, bien entendu, ses caractères fondamentaux. Les formes générales, les attributs arcessoires se modifient par le régime; le type de la race est indélébile. C'est ce qu'il importe, en zootechnie, de ne jamais perdre de vue. Entre les modifications extrêmes, de nombreuses nuances ont pris naissance, et nous en aurons quelquesunes à signaler; mais il convient avant tout de bien caractériser les variétés dont il s'agit.

Ces deux variétés, dont la formation remonte aux premiers temps de l'importation par le gouvernement français et par des particuliers, ont pris le nom des lieux où elles se sont constituées. C'est ainsi que dans le type mérinos français on distingue maintenant celui de Naz et celui de Rambouillet. Nous parlerons d'abord du premier, qui est le moins important à la fois par sa popu

MERINOS FRANÇAIS. Dès le temps de Colbert, des béliers mérinos avaient été importés d'Espagne en France et employés à des croisements dans le Roussillon, où nous trouverons plus tard des traces de leur passage. On rapporte aussi qu'un intendant du Béarn, d'Étigny, avait également essayé, vers 1750, d'améliorer les troupeaux de sa province à l'aide des béliers espagnols. Mais c'est à Daubenton que sont dues les premières introductions sérieuses de la race en France. En 1766, l'illustre savant, sous les auspices de Trudaine, intendant des finances, formait à Mont-lation et par sa valeur économique, dans l'état bard, dans son propre domaine, un troupeau de purs mérinos avec des sujets mâles et femelles venus d'Espagne, en même temps qu'il faisait opérer de nouveaux croisements dans le Roussillon.

« C'est, dit M. Magne, en 1786 que Louis XVI demanda au roi d'Espagne, son beau-frère, le droit d'introduire en France un troupeau de bêtes à laine choisies. La demande fut bien accueillie, et, par les ordres de M. de la Vauguyon, notre ambassadeur à Madrid, deux Espagnols, don Ramira et André-Gilles Hernans, choisirent 384 bêtes, 42 måles et 342 femelles. Ce troupeau partit de Ségovie le 15 juin 1786, et arriva à Rambouillet le 12 octobre suivant. Le mauvais temps fit périr en route quelques individus, qui furent remplacés en partie par les agneaux nés en voyage, et en définitive 366 individus, 48 mâles et 318 femelles, arrivèrent à leur destination.

« Une seconde introduction faite par le gouvernement eut lieu à la fin du siècle. D'après le traité de Bâle (1796) l'Espagne devait pendant cinq ans livrer annuellement à la France 100 béliers et 1,000 brebis. Le traité ne fut pas complétement exécuté.

« Vers cette époque, ajoute le même auteur, le gouvernement avait fondé des bergeries à la Malmaison, à Arles, et dans les environs d'Aix-laChapelle, de Trèves, de Clermont-Ferrand, de Villefranche (Rhône), de Nantes, de Mont-deMarsan. Ces établissements eurent peu de durée. La bergerie de Perpignan, qui exista jusqu'en 1842, remontait à 1800. Il y avait été introduit 334 brebis et 16 béliers, choisis en grande partie en-Espagne par le professeur Gilbert.

« C'est dans le même temps à peu près que quelques agronomes distingués de l'Est, Girod, de l'Ain, Pictet, notre digne confrère Favre, de Ge

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actuel de l'industrie ovine française.

Mérinos de Naz. Cette tribu s'est constituée d'abord dans l'exploitation de Naz, arrondissement de Gex, dans le département de l'Ain. Par les soins de MM. Girod, de l'Ain, et Perrault, de Jotemps, surtout, elle a acquis dans sa fonction spéciale un très-haut degré de perfection.

Le mérinos de Naz a conservé dans son volume et sa conformation tous les caractères du moulon espagnol tel que nous l'avons décrit plus haut. Il a seulement été perfectionné par sélection sous le rapport de la toison. Celle-ci est devenue trèshomogène, à brins d'une extrême finesse, à mèches courtes mais peu tassées, et par conséquent légère. Les plis de la peau ont disparu. En somme, la variété de Naz est fort analogue au mérinos de Saxe. Il tient de la race dite électorale par la finesse et la douceur de sa laine, de l'Infantado ou Negretti par son corps petit, trapu, sa tête grosse et fortement cornée; en un mot par sa ressemblance parfaite avec le type espagnol. Il est en outre agile et ardent, rustique; ce qui dé pend du régime auquel il a toujours été maintenu.

« En hiver, dit M. Magne, le troupeau de Naz reçoit à la bergerie une ration de foin et de racines très-régulièrement distribuée, jamais trop forte; et pendant l'été il pacage sur les montagnes des environs de Genève où le sol est salubre, l'herbe de bonne nature, mais trop peu abondante pour pousser au grand développement des organes, de la peau et de la laine en particulier. »

la

Ce sont là des conditions indispensables pour production des laines extra-fines. Ainsi que le fait fort judicieusement observer le même auteur, un pays salubre, des terres bien égouttées produisant plutôt des plantes nutritives que des herbes abon

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