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de laine. Nous décrirons ensuite les races qui, à ce dernier titre, sont les plus communes. Par le fait, l'espèce se trouvera classée ainsi en deux grandes catégories. La première comprendra celles dont la toison, grossière ou seulement commune, est toujours, économiquement, fort accessoire dans l'exploitation du mouton; la seconde se trouvera constituée par les races dont la laine, fine ou extra-fine, intermédiaire ou commune, a une part prépondérante, ou tout au moins égale, dans les spéculations. La distinction des laines courtes et des laines longues interviendra de même dans chacune de nos catégories. Mais toutes ces classifications dogmatiques, utiles à établir quand on considère l'espèce dans son ensemble, auraient plus d'inconvénients que d'avantages, si elles devaient nous imposer un ordre régulier de description. Nous ne nous y astreindrons donc point strictement. La considération d'aptitude tout à l'heure énoncée une fois admise et respectée, il est plus méthodique, suivant nous, de considérer les races dans l'ordre de leur importance agricole, en groupant la population ovine des principales contrées que nous devons avoir en vue, autour des quelques types bien déterminés qu'on observe dans cette population.

Du moment que nous devons commencer par ce qu'on appelle les races à viande, il va sans dire que c'est en Angleterre qu'il faut d'abord les aller chercher. Les iles Britanniques ont depuis longtemps dépassé de beaucoup, sous ce rapport, tous les autres pays, aussi bien pour les moutons que pour les bœufs. Nous n'avons plus à en déduire les raisons.

Il n'entre pas dans notre plan de décrire complétement l'espèce ovine des îles Britanniques. Nous devons seulement étudier les races les plus remarquables et les plus connues, parce qu'elles ont été introduites sur le continent à titre de facteurs de l'amélioration, en nous bornant à mentionner les autres. Nous ne parlerons donc particulièrement que du Dishley, du New-Kent, du Cotteswold et du Southdown. Le black-faced, ou mouton à tête noire des bruyères; le Cheviot rustique des montagnes froides qui séparent l'Angleterre de l'Écosse; le Somerset, etc., nous intéressent beaucoup moins, quoique le premier paraisse jouir maintenant d'une certaine faveur en Angleterre, ce qui tient sans doute à ce que l'on s'occupe beaucoup de son amélioration et à ce que, pour ce motif, des sujets perfectionnés en sont exposés dans les concours publics.

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race qui peuplait alors le comté de Leicester, où se trouvait située son exploitation de DishleyGrange. C'est de là que vient le nom qui fut, dès le principe, donné à la race perfectionnée par lui, et aussi celui de New-Leicester sous lequel elle est encore désignée aujourd'hui.

Il serait désormais superflu d'entrer dans de longs détails sur la méthode à l'aide de laquelle le fermier de Dishley-Grange a fait développer dans la race de Leicester l'aptitude à l'accumulation de la graisse, la précocité qui la caractérise. Nous savons à présent de la manière la plus positive que cette méthode n'a pu être que la sélection. De toutes les légendes forgées par l'imagination de ses contemporains, et que les auteurs nous ont trop complaisamment transmises, chacun suivant les prédilections de ses idées particulières, il ne doit maintenant plus rien subsister. Les accusations de mauvaise foi dont Bakewell a été l'objet parce que, durant la période d'amélioration de son troupeau, il ne livrait aux acheteurs que des individus cachectiques, sont une des meilleures preuves que l'on puisse invoquer en faveur de la conclusion qui vient d'être énoncée. Ces individus, en effet, ne pouvaient être que des animaux réformés pour ce motif que, dans leur productior, le but avait été dépassé. En gagnant, par la sélection, basée sur une gymnastique fonctionnelle outrée, l'aptitude à l'assimilation nutritive et à la formation de la graisse, ils avaient perdu de la vigueur native de la race, au delà des limites compatibles avec la conservation de la santé relative. Il y'avait eu abus des qualités acquises par l'usage de l'alimentation propre à développer l'aptitude graisseuse, et dont la puissance héréditaire était multipliée par la consanguinité.

Alimentation abondante et particulièrement composée de principes hydrocarbonés fortement aqueux, et fréquent usage d'accouplements consanguins telles ont été certainement les bases de la création du mouton dishley ou New-Leicester. Avec nos connaissances physiologiques actuelles, ces bases nous paraissent maintenant on ne peut plus simples et faciles à mettre en pratique. Mais quand on se reporte au temps des opérations de Bakewell, et lorsqu'on songe que l'illustre éleveur ne pouvait avoir pour se guider que la seule intuition de son génie, on est émerveillé de la grandeur de la tâche, et l'admiration s'augmente encore en présence des conséquences que ses résultats ont entraînées pour l'Angleterre et pour le monde entier. On a une idée des tâtonnements qu'il a fallu pour mener cette tâche à bonne fin, de la pénétration et du génie d'observation d'où est sorti l'art de façonner les animaux pour le but qu'ils doivent atteindre, dont Robert Bakewell est incontestablement le véritable créateur. L'humanité compte sans doute, avec les idées qui ont cours, des individualités plus illustres que le fermier de Dishley-Grange; nous n'hésitons point à penser, en ce qui nous concerne, qu'elle n'a pas encore eu de plus grand bienfaiteur. Quel qu'ait pu être le mobile de la conduite privée du créateur de la méthode zootechnique ; que les reproches adressés à ses actes par ses contemporains soient fondés ou non, il n'im

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de Leicester parmi ceux de l'Angleterre, vers le centre desquels il se trouve situé. Et tel fut le parti que Hakewell sut tirer de ces circonstances, que cinq ans après seulement, en 1760, il put déjà inaugurer une industrie qui a pris depuis dans les iles Britanniques une très-grande extension: nous voulons parler de la location des béliers. Le troupeau de Dishley-Grange avait acquis déjà une suffisante réputation pour attirer des preneurs. Les conditions de la location furent, il est vrai, fort modestes au début. Il n'en reçut pas au delà de 20 à 25 francs par tête, d'après ce que rapporte David Low; mais à mesure que ses animaux s'amélioraient davantage, la vogue leur fit acquérir une valeur de plus en plus grande, à ce point qu'en 1786 il se faisait déjà, du chef de l'industrie créée par lui, 25,000 fr., ou 1,000 souverains, de revenu annuel. En 1789, le prix de location de trois seulement de ses béliers s'éleva jusqu'à 1,200 souverains, ou 30,000 francs; c'était donc à raison de 10,000 francs en moyenne par tête. Cette même année, le revenu total s'éleva au-dessus de 170,000 francs. Alors comme à présent, la location des béliers se faisait aux enchères publiques. On peut avoir par les chiffres précédents une idée de l'empressement avec -lequel les éleveurs se les disputaient, et par conséquent du degré d'amélioration qu'ils avaient atteint. Il est permis aussi de voir par là quelle influence le troupeau de Dishley-Grange a pu exercer sur l'espèce ovine du comté de Leicester. Mais il est un enseignement que nous en voulons particulièrement faire ressortir.

De 1755 à 1789, c'est-à-dire dans une période de vingt-cinq ans, la première création de la méthode zootechnique avait acquis son plus haut degré de perfectionnement, malgré les tâtonnements inséparables d'une œuvre sans précédents. Cette remarque, qui n'avait encore jamais été faite, à notre connaissance du moins, montre

bien à quel point réfléchissent peu ceux qui s'ef frayent des difficultés d'une pareille tâche, et du temps qu'ils croient nécessaire pour l'effectuer. Les principes de la méthode étant connus et fixés comme ils le sont à présent, on peut affirmer sans crainte qu'il n'est aucune de nos races qui, dans des conditions agricoles favorables, ne pût en beaucoup moins d'années être conduite au même résultat par la sélection.

Quoi qu'il en soit, voici les caractères distinctifs du mouton Dishley ou New-Leicester.

Ce mouton présente, dans l'ensemble de sa conformation, le type de la beauté que nous avons précédemment décrit et que nous retrouverons par la suite dans toutes les races anglaises. Il a le corps cylindrique, court, de telle sorte qu'avec la foison il semble cubique. La laine, longue et rude, forme des mèches pointues et pendantes, à structure peu serrée, dont l'ensemble, malgré la longueur du brin, donne des toisons qui ne pèsent pas en proportion du volume des animaux. Le ventre, les membres et la tête en sont complétement dépourvus.

La tête du Dishley, unie au corps par un cou extrêmement court et mince, semble sortir directement du tronc lorsque l'animal est couvert de sa toison. Elle est petit, dépourvue de cornes, à chanfrein droit et à oreilles fines, minces et horizontales. Son volume est relativement un peu trop fort dans le dessin qui représente ici la race. Sur le chanfrein, autour des yeux et sur les oreilles, on observe le plus souvent des taches rousses ou brunâtres, qui sont caractéristiques.

Les membres, fins, sont allongés relativement à l'ampleur du corps. Mais la minceur des os, le peu de volume des cartilages, rendent néanmoins le squelette léger, malgré sa grande ampleur.

Une particularité anatomique dont M. Yvart paraît avoir fait le premier la remarque, c'est la présence d'une couche épaisse de tissu adipeux

sur toute la surface du corps, immédiatement audessous des muscles peauciers. Cette couche de graisse est du reste l'attribut de toutes les races anglaises améliorées, et elle est un des résultats de l'amélioration. L'habile inspecteur général des bergeries a fait à ce sujet des réflexions qu'il est bon de reproduire en ce moment.

« Couverts d'une couche épaisse de graisse, at-il dit, les animaux anglais supportent des températures plus basses que cela n'aurait pu avoir lieu sans cette condition de leur organisation; c'est un point important, puisque, par suite de l'économie rurale de l'Angleterre, les moutons passent tout l'hiver en plein air.

<< Mais cette couche de graisse gêne l'action des vaisseaux et des nerfs de la peau, et finit par altérer les fonctions de cet organe, je veux parler de la sécrétion de la laine et de la transpiration cutanée.

« Dans leur première année les moutons anglais ont la peau souple, rose, onctueuse, la laine douce et longue; mais à mesure que ces moutons vieillissent et que la graisse devient plus épaisse, la peau et la laine changent de caractères; la peau devient blanche et sèche, la laine moins longue, moins vivante et plus cassante. Chez de vieux béliers abondamment nourris, il arrive même quelquefois que la toison tombe par plaques. Dans tous les cas, la laine de la première tonte est tellement supérieure à celle des tontes suivantes, qu'elle est toujours vendue séparément. « Lorsque l'embonpoint est devenu excessif et que la vitalité de la peau est amoindrie, l'animal ne peut supporter l'effet de la chaleur par suite de la diminution de la transpiration cutanée. J'ai vu, ajoute M. Yvart, des cultivateurs anglais se trouver dans la nécessité de couvrir de vieux béliers récemment tondus; cette précaution avait pour but de les garantir de l'action directe des rayons solaires, qui serait devenue extrêmement pénible et même dangereuse. Les moutons anglais, transpirant difficilement, souffrent beaucoup de la chaleur; une des causes qui les font souffrir est toute physique; l'on peut même faire remarquer que, seuls, dans l'espèce du mouton, ils se trouvent couverts d'une sorte de lard répandu sur tout le corps (1). »·

Avec une telle constitution, on conçoit que le New-Leicester ne soit pas propre aux longs parcours des terres moyennement fertiles, sous un climat chaud. Il lui faut une vie facile, dans des parcs bien pourvus. En Angleterre, il vit principalement dans les champs de turneps et de raves. A la bergerie, les racines forment la base de son alimentation. Ce régime, joint à l'aptitude à prendre rapidement la graisse, rend l'animal peu vigoureux et lent dans ses mouvements. Il est aussi en général peu prolifique. Les femelles entrent en chaleur fort tard. Cela entraîne la nécessité de soumettre les reproducteurs à un régime substantiel et tonique, qui combatte leur tendance à l'engraissement; sans quoi l'agnelage se trouve retardé. Cet inconvénient est commun à toutes les

(1) Voy. Études sur la race mérinos à laine soyeuse de Mauchamp (Memoires de la Société nationale et centrale d'agri

culture). Paris, 1850.

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races précoces. Il est la conséquence physiologique de leur perfectionnement même. Produits de l'industrie humaine, elles ont besoin que cette industrie ne leur fasse jamais défaut. Toute médaille a son revers. La faculté de fournir la quantité de viande que donne le Dishley ne peut s'allier avec la rusticité.

Le poids vif des animaux varie beaucoup, suivant le régime auquel ils ont été soumis. Les brcbis sont toujours moins lourdes que les miles. Cependant les variations se maintiennent, en général, entre 60 et 80 kilogrammes, à l'état d'engraissement. On cite des poids beaucoup plus considérables, de 100 jusqu'à 150 kilogrammes; mais ces cas sont très-exceptionnels. Le rendement en viande nette ne varie pas moins. Il a été évalué jusqu'à 75 p. 100. Dans quelques cas, on a trouvé seulement 68,587, avec 9,219 de suif pour 100 du poids vif. C'est, comme on voit, bien peu de déchets. Weckherlin, dans son Traité des bêtes ovines, traduit par Adolphe Scheler, dit qu'on peut admettre de 100 à 135 livres de viande dans une brebis adulte et engraissée. Les moutons, d'après lui, dans les types les mieux soignés, en donnent 160 livres. Il ajoute que dans certains cas, rares à la vérité, on en trouve jusqu'à 250 livres par tête. Cette viande est longue, peu ferme, et le plus souvent trop grasse et manquant de saveur, au goût des gourmets. La qualité se compense par la quantité.

L'auteur que nous venons de citer donne les résultats d'une tonte de Leicesters à laquelle il a assisté en Angleterre. Dans cette circonstance, le troupeau a rendu par tête, en moyenne, de 6 à 7 livres de laine lavée à froid. La longueur du brin variait de 1 pied (chez les antenais, en y comprenant la laine d'agneau, qui n'avaient pas été tondus), à 4 pouces (chez les adultes). Nous ignorons s'il s'agit de la mesure anglaise. En tout cas, la différence avec la mesure française n'est pas assez grande pour qu'il soit nécessaire d'en tenir compte. On peut prendre les chiffres recueillis par M. de Weckherlin pour la moyenne exacte.

Les béliers de la race de Dishley ont été employés à des croisements effectués avec plusieurs de nos races françaises. En passant en revue ces races, nous en verrons les résultats.

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Race New-Kent. On à donné ce nom à la race améliorée d'une partie du littoral des contrées de Kent et de Sussex, encore connue sous celui de race du Romney-Marsh, pour cette raison qu'elle est originaire du marais ainsi nommé, qui borde le détroit du Pas-de-Calais. Parcourue par des canaux, la plaine du Romney est formée de riches alluvions qui ne dépassent guère le niveau de la mer, et protégée par des digues contre les inondations. Ce pays, au climat toujours humide et tempéré, a, par sa configuration et la nature de ses herbages, quelque analogie avec les watteringues de notre département du Nord.

Ce qui distingue le New-Kent du Dishley, c'est son corps en général plus volumineux, mais moins régulièrement conformé; c'est surtout sa tête longue et busquée, à oreilles larges et pendantes.

Ces derniers caractères sont ceux des bêtes de marais. Les membres sont plus gros, les pieds plus larges, et leurs aplombs moins réguliers. Les jarrets sont souvent rapprochés; la poitrine est moins ample, la ligne supérieure du corps moins droite et formant un plan moins large; le flanc est plus étendu et le ventre plus volumi

neux.

Les seules qualités de la race New-Kent, par rapport au New-Leicester, c'est d'avoir, comme ce dernier, une toison à laine longue et droite, mais plus lourde et plus douce, une taille plus élevée ; d'étre plus facile à entretenir, plus prolifique et meilleure laitière; enfin de rendre en moyenne plus de suif à l'abattage. Tous ces avantages sont dus au moindre perfectionnement de l'aptitude à l'engraissement. Ils sont estimables, en considérant la race au point de vue du parti qui peut en être directement tiré pour la consommation anglaise; mais ils la placent à un rang très-inférieur, comme agent d'amélioration des produits des autres races. C'est pour cela que nous ne devons pas davantage y insister. Nous ne lui avons donné place dans cette revue que parce qu'elle a cependant été introduite en France à ce titre, et qu'elle a pris part à la formation de métis dont nous aurons plus tard à nous occuper.

Race Cotteswold. - Cette race est à présent une des plus remarquables de l'Angleterre, et une de celles qui témoignent le mieux de l'excellence de la méthode d'amélioration créée par Bakewell Elle vit depuis un temps immémorial sur les collines du Glocestershire, où elle était anciennement abritée en hiver sous les cabanes de ce district pas

toral. C'est de là que lui vient son nom. Avant son perfectionnement, elle était réputée par sa rusticité et par la finesse et la blancheur de sa laine. Ces qualités lui ont été conservées, dans la mesure où elles sont compatibles avec l'aptitude à la précocité et au grand développement du corps qui distingue actuellement le mouton Cotteswold.

Un auteur qui écrivait au commencement du seizième siècle, Cambden, dit que sur les collines du comté de Glocester on élève de nombreux troupeaux de moutons à laine d'une blancheur éclatante, et que ces moutons ont le cou long et le corps carré. Leur laine, ajoute Cambden, de très-belle qualité, est très-estimée et très-recherchée des nations étrangères (1).

Le mouvement suscité par les travaux de Bakewell, en transformant l'économie rurale de l'Angleterre, s'étendit à la race Cotteswold comme à toutes les autres. Elle fut même plus qu'aucune autre l'objet de l'attention, en raison de la faveur dont elle jouissait déjà. Et, dès le début de ce siè cle, elle prenait rang parmi les races amélioratrices, puisqu'on vit alors apparaître des ventes publiques de béliers Cotteswolds. Cette race est maintenant répandue dans les comtés de Witt, d'Hereford, d'Oxford, de Worcester, de Glamorgan, de Norfolk, de Kent, de Somerset, etc., où sont entretenus de nombreux troupeaux purs. Non plus confinée sur les collines de son district originaire, elle forme donc maintenant une race usuelle, en même temps qu'elle fournit des ty pes améliorateurs pour les îles Britanniques et leurs colonies, ainsi que pour l'étranger. On estime que 3,500 béliers environ sont annuellement élevés dans ce but sur les collines de Cottes

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wold. Ce chiffre est par lui-même suffisamment | M. Flechter, de Shepton, en a même payé un, éloquent; mais on aura encore une idée plus nette cette année-là, 126 livres, ou 3,150 francs.

de la faveur dont jouit la race dont il s'agit, si nous ajoutons qu'en 1861 la moyenne du prix des béliers s'est élevée jusqu'à 40 livres (1,000 fr.).

On se demandera peut-être actuellement, dit (1) Voy. Cambden's Britannia, p. 223, cité par M. P. A. Je

la Nourais,

:

M. de la Nourais, quelle est la cause de la grande faveur dont jouissent les moutons Cotteswolds, et comment il se fait qu'ils soient si énormément propagés c'est qu'ils sont généralement entre les mains non des agriculteurs amateurs, ou de ceux qui font de l'élevage un objet d'amusement, mais bien dans celles des fermiers véritables, de ceux qui payent un fermage, dont ils composent presque exclusivement les troupeaux.

« Une des qualités que cette race ovine possède à un degré remarquable, ajoute notre collaborateur, c'est de s'accommoder de toutes les variétés de climat et de nourriture. Elle prospère sur son pauvre sol de Cotteswold, et en même temps supporte très-bien les riches pâturages du Leicester et du Buckinghamshire, car on en demande tous les ans des quantités considérables pour ces comtés (1). »

D'une conformation générale absolument semblable à celle du Dishley, le mouton Cotteswold est plus fort de taille dans son type perfectionné. Sa toison est plus tassée, plus étendue sur le corps, et par conséquent plus lourde. Elle s'avance jusque sur le front, en formant entre les oreilles une sorte de toupet. La mèche est toujours pointue, mais elle présente des ondulations prononcées qui donnent à la toison un aspect bouclé. La laine est lisse, douce, et d'une éclatante blancheur. La tête est un peu forte, légèrement busquée, et les oreilles larges, courtes et tombantes. Les membres sont plus forts que ceux du Dishley, mais les aplombs sont tout aussi réguliers, et l'aptitude à l'engraissement est également prononcée. M. Magne a vu chez un boucher de Paris un mouton Cotteswold ayant à la surface de la croupe et à celle du poitrail une couche de graisse épaisse d'un décimètre. La viande en est meilleure et plus estimée que celle du New-Leicester et du New-Kent.

On assure que les moutons de la race dont il s'agit, conduits au marché comme bêtes ordinaires de consommation, des moutons de fermiers par conséquent, atteignent fréquemment le poids de 40 kilogrammes par quartier. Dans un cas cité par l'auteur plus haut nommé, ce poids est allé jusqu'à 84 livres, ou 336 livres pour les quatre quartiers. Les toisons de 20 livres ne sont pas rares. «Très-souvent il arrive, dit M. de la Nourais, que des moutons d'un an se vendent tondus jusqu'à 60 sh., ou 75 fr. Dans les derniers jours d'avril, on en a vendu à Circenster 58 sh., et si l'on compte 12 livres de laine à 1 sh. 6 d. (1 fr. 875), on aura 4 livres ou 100 fr., tant pour l'animal que pour la laine. >>

Au concours international de Poissy, en 1862, les Anglais avaient amené quatre lots de Cotteswolds. L'un composé de cinq bêtes âgées seulement de 9 mois et 15 jours, pesait en totalité 532 kilogr., soit en moyenne 106kil, 400 par tête. Le lot des animaux les plus âgés, qui avaient 21 mois, pesait seulement 457 kilogr. ou 91kil, 400 par tête, en moyenne. Les deux autres lots, de 10 mois et de 10 mois 15 jours, pesaient: le premier, 387 kilogr., le second, 486 kilogr. La race ne laisse

(1) la Culture, t. III, 1861-1862; p. 632.

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donc rien à désirer, sous le rapport de la précocité. Mais son mérite principal, comme bête à viande, est d'avoir conservé de sa vigueur native une rusticité relative qui la rend plus disposée qu'aucune des autres races anglaises perfectionnées à s'approprier aux circonstances au milieu desquelles elle peut être transportée. C'est là le motif de la grande extension qu'elle a prise dans l'agriculture du Royaume-Uni. Il faut cependant faire une exception pour le Southdown, que nous allons décrire maintenant.

Race Southdown. - - Sur les collines calcaires du comté de Sussex, l'un de ceux qui occupent la partie la plus méridionale de l'Angleterre et qui forment le littoral de la Manche; sur ces élévations entourées de parties fertiles, et que l'on connaît sous le nom de dunes du Sud (Southdown), existait avant 1780 une race de moutons à laine courte et frisée, à la face et aux membres d'un brun plus ou moins foncé, et de la plus remarquable rusticité. « Cette race, dit David Low, était de la plus petite espèce de moutons, avec les quartiers antérieurs légers, la poitrine étroite, le cou long et les jambes de même, quoique non grossières. » C'est de cette race primitive qu'est sorti le mouton le plus remarquablement conformé que nous ayons, celui dont les formes sont les mieux harmonisées, et qui réunit dans la meilleure mesure la qualité et la quantité de la viande à la précocité.

Ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer à propos des races bovines des îles Britanniques, les perfectionnements dont le bétail de ce pays a été l'objet, offrent ce caractère profondément intéressant, d'être tous dirigés dans un unique sens, et de dater tous de la même époque, qui, lorsque l'histoire, mieux inspirée, s'occupera plus des progrès féconds de l'économie sociale que des faits et gestes des conquérants, portera le nom d'époque de Bakewell. Le dix-huitième siècle, dans l'histoire d'Angleterre, sera celui de cet homme illustre, comme le dix-neuvième portera le nom de Robert Peel, en souvenir de la liberté commerciale, dont les bienfaits ont été si grands pour l'industrie du monde entier.

Quoi qu'il en soit, l'amélioration de la race dont il s'agit procède, comme celle de toutes les autres, de la méthode inaugurée par le génie du fermier de Dishley-Grange. « C'est aux soins donnés à leur éducation, dans des circonstances favorables, dit l'habile professeur d'Édimbourg, que les Southdowns modernes doivent la supériorité qu'ils ont acquise sur tous les autres moutons à laine courte des comtés du centre et du sud de l'Angleterre. Avec les progrès de l'agriculture et la production plus considérable des turneps et autres plantes succulentes, les éleveurs de Sussex ont trouvé les moyens de traiter assez bien leurs animaux pour en håter la maturité, en même temps qu'une attention plus soutenue était donnée au choix des reproducteurs et au développement de toutes ces qualités qui indiquent une tendance à la précocité des muscles et de l'engraissement. »

Parmi ces éleveurs qui ont contribué au per

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