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ils dérangent leurs compagnons et mettent obsta-, cle à ce qu'ils utilisent complétement leurs consommations, indépendamment du faible parti qu'ils tirent eux-mêmes des aliments qu'ils absorbent. Pour eux l'engraissement de pouture et l'isolement complet sont indispensables. Ils ne doivent être achetés que pour cela. C'est aussi le cas des vaches taurelières. Mais pour ces bêtes la castration est un remède souverain. On a prétendu, il est vrai, que dans quelques circonstances l'état qui les caractérise n'en a pas moins persisté, malgré l'opération; mais il n'est pas certain que celle-ci eût été bien faite. En tout cas, les faits de ce genre, s'ils existent réellement, seraient très-exceptionnels.

Il n'est guère possible d'établir, même d'une manière approximative, le prix qu'il convient de payer les animaux d'engrais. Ce prix, on le comprendra sans peine, n'a rien d'absolu. Il dépend de circonstances économiques fort variables, notamment de l'abondance ou de la rareté de la marchandise sur le marché : déterminées l'une et l'autre par l'état général des affaires, par la situation des ressources fourragères et celle des récoltes en général. On ne peut que faire sentir aux engraisseurs combien il leur importe de se tenir au courant de toutes ces choses, et d'être toujours en éveil au sujet des fluctuations des cours. Ceux qui exploitent des herbages, et qui sont par ce fait sous la dépendance des considérations de saison, font leurs achats à des époques fixes, sur des foires déterminées où les vendeurs se rendent. Ils sont par conséquent obligés de subir jusqu'à un certain point la loi du marché. Mais comme ils appartiennent aux mêmes pays et se connaissent entre eux, ils se coalisent ordinairement pour résister aux prétentions exorbitantes. C'est ce que font les herbagers normands dans les foires qui se tiennent, durant le carême de chaque année, dans la région de l'Ouest.

Toutefois, le taux du kilogramme sur pied des animaux maigres ne varie guère au delà de 40 à 50 centimes; celui des animaux en chair, de 50 à 60 centimes. C'est ce dernier prix qui doit être considéré comme moyen, car les sujets en bon état dominent sur les marchés, et, ainsi que nous l'avons dit, ils doivent être préférés.

En passant en revue chacun des modes d'engraissement dont nous avons maintenant à indiquer la pratique, nous raisonnerons l'opération d'après cette base, parce qu'il nous faut bien prendre un point de départ.

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que nous avons vu en décrivant les races, les herbages existent surtout en Normandie, dans le Nord, dans le Nivernais et le Charolais, en Auvergne, dans la Franche-Comté et dans la Vendée. Ceux de la Normandie peuvent être considérés comme le type, au point de vue de l'engraissement. C'est là qu'en France il s'engraisse le plus de bœufs suivant cette méthode. Les embouches de la Nièvre et du Charolais viennent immédiatement après. Les herbages de cette contrée sont de création plus récente et moins riches, mais ils sont mieux soignés, mieux irrigués. Il importe en

effet que ces prairies soient fraîches, sans être humides, bien encloses pour éviter les frais de garde, et que les animaux puissent y trouver des ombrages et des abris sous de grands arbres, contre le soleil et la pluie. En Hollande, on y place des fanons de baleine, sur lesquels les bêtes à l'engrais viennent se frotter. Enfin, chaque embouche doit renfermer un cours d'eau ou une mare qui ne tarisse point, pour servir d'abreuvoir.

La valeur locative des herbages varie suivant leur qualité. M. Gustave Heuzé a fourni à cet égard des chiffres pour ceux de la Normandie, qu'il divise en trois catégories. La première qualité est évaluée à une location annuelle de 325 fr. par hectare. On estime qu'il faut 24 ares de cette herbe pour engraisser un boeuf de 600 kil. poids vif. Les herbages de deuxième qualité se louent à raison de 260 fr. l'hectare. 40 ares sont nécessaires pour l'engraissement d'un bœuf de 500 kil. poids vif. Ceux de troisième qualité ne valent que 240 fr. 32 ares suffisent à l'engraissement d'un boeuf de 400 kilogrammes.

De son côté, M. Moll a rapporté que dans le grand-duché du Bas-Rhin, district de Dortmund, on compte qu'il faut 45 ares d'herbages pour l'engraissement d'une vache du poids moyen de 160 à 190 kilog., chair nette. Dans ce petit district, il s'engraisse chaque année de cette façon, d'après M. Moll, plus de 3,000 vaches, qui sont ache-. tées maigres au prix moyen de 95 à 100 fr., et vendues grasses de 140 à 155 francs.

Dans les embouches du Charolais, du Nivernais, du Cher et de l'Allier, l'engraissement des vaches s'allie aussi avec celui des bœufs. On estime que les marchés de Paris et de Lyon en reçoivent annuellement environ 35,000 animaux gras. Le loyer de l'hectare d'herbages de première qualité, pouvant engraisser 3 bœufs pour une superficie de 2 hectares, est évalué à 120 francs. De calculs moyens, il résulte que dans ces conditions l'herbe a été payée 174 fr. 57 par hectare. Les bœufs gagnent de l'achat à la vente 140 à 150 fr. par tête. Dans les herbages de seconde qualité, dont la location est de 100 fr. l'hectare, la différence n'est que de 120 à 130 fr. entre le prix d'achat et celui de vente. Ce sont ces herbages qui servent à l'engraissement des vaches, à raison de 2 têtes par hectare. Dans ce cas ils produisent 167 fr. 20 pour cette étendue superficielle. La différence du prix d'achat au prix de vente des bêtes est, en moyenne, de 90 à 100 fr. par tête.

Ces chiffres peuvent donner une idée des bénéfices produits par l'engraissement d'embouche, dans les diverses contrées où il se pratique. On voit que c'est un bon moyen de tirer parti de l'exploitation du sol, lorsqu'il est exécuté avec intelligence.

Les herbagers de la Normandie se rendent, vers la fin d'avril ou les premiers jours de mai, dans les foires de la Bretagne, de l'Anjou, du Maine, du Berry, de la Manche, de la Touraine, du Poitou et de la Saintonge, pour acheter des bœufs maigres appartenant aux races bretonne, normande, parthenaise, de Salers, mancelle, et des

métis Durham-manceaux. Ces boeufs sont mis
d'abord dans les herbages de troisième qua-
lité, où ils se reposent et se rafraîchissent; puis,
à mesure que l'engraissement s'avance, ils pas
sent successivement dans ceux de deuxième et de
première qualité. Un quart environ sont en état
d'être vendus après trois mois, c'est-à-dire dans le
courant du mois d'août. Deux autres quarts quit-
tent l'embouche pour le marché, un mois après.
Le dernier quart peut être expédié en octobre. |
C'est donc environ quatre mois qu'a duré, en
moyenne, l'engraissement. Chaque boeuf vendu
gras est remplacé par un maigre, et lorsque l'her-
bage ne peut plus suffire aux bœufs il est occupé
par des moutons à l'engrais, à raison de deux têtes
par bœuf, de telle sorte qu'il ne cesse d'être oc-
cupé depuis le 1er mai jusqu'au 15 novembre en-
viron. A ce moment, on consacre les embouches
au système d'engraissement mixte dont nous par-
lerons plus loin, en y faisant rafraîchir des bœufs
maigres auxquels les herbagets donnent le nom
de trembleurs, parce qu'ils ont à supporter une
partie des intempéries de la saison.

Dans les embouches du Centre, la pratique diffère un peu. Les achats s'effectuent de janvier à mai. Les animaux achetés les premiers reçoivent, en attendant la pousse de l'herbe, des rebuts de foin, que l'on appelle rougeons dans le pays. Ces rebuts proviennent des foins récoltés l'année précédente dans les parties les moins rongées des prés qui n'avaient pas été surchargés de bétail. Les engraisseurs choisissent en général un tiers des bœufs achetés, parmi ceux qui ont terminé leur croissance et qui doivent par conséquent être gras les premiers. Un second tiers, composé d'animaux plus jeunes et qui ont encore à croître, demeure à l'herbage jusqu'à la fin de la saison. Entre ces deux extrêmes se place le troisième tiers, formé par les individus tout justement adultes. C'est vers la fin de mars qu'on commence à peupler les herbages, en continuant jusque vers le 15 mai, à mesure des progrès de la végétation. A la fin de la saison, vers le milieu de novembre en général, lorsque toutes les bêtes grasses sont écoulées, on fait tondre par des moutons ou, dans quelques cas, par des chevaux, les herbes qui n'ont pas été entièrement consommées par les bœufs. Certains herbagers en conservent une partie, au contraire, en vue des animaux qui seront mis dans l'embouche en mars suivant, afin que ceux-ci puissent trouver de quoi s'alimenter avec ces herbes séchées sur pied mêlées à celles qui commencent à pousser à ce moment. C'est alors aussi que se font les irrigations et que les bouses et les taupinières sont épandues, pour faire profiter l'herbage de leur action fécondante.

Dans ce système d'engraissement, comme on le voit, la main-d'œuvre est à peu près nulle. Elle

se borne à une surveillance, qui doit être cependant attentive, de manière à ce que les animaux soient en temps utile changés de lieu, pour que toutes les parties de l'herbage soient consommées, pour qu'ils passent successivement des parties les moins plantureuses dans celles qui le sont davantage. L'entretien des clôtures, des abreuvoirs, l'é

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aussi quelques soins. Il y a lieu quelquefois de faucher les parties auxquelles les animaux n'ont pas touché. On reconimande en outre de conduire ceux-ci, le soir, au moment où ils veulent se coucher, vers les points les plus maigres de l'herbage, afin qu'ils les améliorent avec leurs excréments. On a calculé que chaque bœuf en liberté couvre de ses bouses, en vingt-quatre heures, une surface de 1 mètre carré, soit environ 200 mètres par saison.

De graves inconvénients ont été reprochés à la méthode des embouches. Il a été avancé que le bétail au pâturage gâte avec ses pieds autant | d'herbe qu'il en consomme réellement. C'est à savoir si cet inconvénient réel n'est pas plus que compensé par l'entretien de la fécondité du sol qui en résulte. Des expériences comparatives ont été faites en fauchant l'herbe pour la consom mation au râtelier; mais elles n'ont pas été poussées assez loin pour qu'il soit permis de résoudre la question. Ce qui est certain, c'est que l'exploitation en herbages produit des résultats économiques très-frappants, dans toutes les contrées où elle s'est établie sous l'influence de conditions favorables. Nous en avons vu des exemples convaincants en décrivant la race charolaise. On a en général une tendance trop prononcée à séparer les entreprises zootechniques des considérations relatives à l'économie rurale. Il s'agit bien moins d'envisager l'engraissement d'embouche d'une manière absolue, que dans ses rapports avec le système de culture le plus rationnel dans les circonstances où il se pratique. Le système herbager étant donné et justifié par la nature du sol, le climat, l'état de la main-d'œuvre, les débouchés et toutes les circonstances enfin qui régissent ces sortes de choses, il y a lieu seulement d'examiner quels sont les meilleurs consommateurs des fourrages produits, au double point de vue des résultats immédiats de l'opération et de sa continuité.

Posée dans ces termes, la question n'est pas difficile à résoudre. Elle s'agite entre la spéculation de l'élevage et celle de l'engraissement, car il n'y a pas d'autre moyen de tirer parti des produits des herbages sur pied, si ce n'est toutefois l'entretien des vaches laitières. Or, de ces trois opérations, l'engraissement est celle qui comporte le moins de risques, qui procure un renouvellement plus fréquent du capital engagé, et qui exige le moins de travail. Elle est donc la plus avantageuse. Elle se concilie d'ailleurs avec les deux autres, et s'y confondra tout à fait lorsque l'espèce bovine aura chez nous atteint une pré

cocité suffisante.

On ne trouverait au reste guère d'opérations agricoles dont les résultats économiques puissent être comparés à ceux de l'engraissement d'embouche, tel qu'il existe dès à présent. Voici des comptes qui ont été établis pour les herbages de la Normandie et ceux du Charolais. Il sera facile de se convaincre, d'après ces comptes, de la vérité du fait que nous venons d'énoncer. Le premier a été dressé par M. A. Gobin.

On prend pour type un boeuf normand du poids pandage des déjections et des taupinières exigent vif de 500 kilogr., et acheté 250 fr., à raison de

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bénéfice dépend en effet tout entier de l'écart qui existe entre le prix d'achat et le prix de vente, par conséquent de l'exacte appréciation des bêtes maigres. C'est en propres termes une véritable spéculation, dont la partie commerciale est à beaucoup près la plus importante.

Les détails que nous avons donnés sur les embouches de la Normandie et du Centre s'appliquent, à de très-légères différences près, aux herbages de l'arrondissement d'Avesnes et de la lisière septentrionale de l'Aisne et aux Watteringues du pays flamand. Nous y ajouterons seulement les données économiques de l'opération, empruntées au travail de M. Lefour sur la race flamande. Le compte du bœuf est ainsi dressé dans ce travail :

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Divisés par 350, poids net de l'animal gras, ces 421 fr. donnent pour prix de revient du kilogr. acheté et livré dans l'herbage, 1 fr. 20 cent. Lorsque l'engraisseur fait conduire lui-même l'animal au marché, il y a lieu d'ajouter les frais de transport et de conduite. D'après ce calcul, il faut à l'engraisseur, pour se couvrir de ses frais et risques, une différence de 40 cent. selon M. Lefour. La vache s'engraisse aussi dans le Nord avec de meilleures conditions, à l'herbage, en raison de son prix d'achat moins élevé. L'estime dont jouit sa viande sur le marché de Lille, y est aussi pour quelque chose. Du reste, voici à son tour le compte qui la concerne :

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La spéculation des embouches, d'après ces calculs, serait dans le Nord inférieure à ce qu'elle est dans le rayon d'approvisionnement de Paris, quant au prix de revient de la viande. Mais il faut prendre garde que dans les villes du Nord le prix de vente a toujours été plus élevé. Pour une période de dix années, de 1846 à 1855, par exemple, il y a eu en moyenne une différence de près de 20 centimes entre Paris et Lille, et en faveur des engraisseurs qui approvisionnent cette dernière ville.

En somme, le système d'engraissement herbager est partout une bonne pratique. Nous n'avons plus besoin d'insister pour le démontrer, en nous plaçant au point de vue de l'économie rurale. Nous ajouterons seulement que la consommation accorde en outre sa préférence à la viande engraissée dans les pâturages. Elle est plus ferme, plus savoureuse et d'un aspect moins huileux que celle qui provient de l'engrais à l'étable.

Quant aux conseils qu'il nous reste à donner, qu'il s'expédie annuellement à Paris environ aux engraisseurs, en terminant sur ce point, ils sont exclusivement relatifs au soin qu'ils doivent prendre de proportionner toujours le poids et le nombre des animaux à l'étendue et à la fertilité de leurs herbages. De là dépend, outre la question commerciale sur laquelle nous nous sommes plusieurs fois appesantis, le succès de leurs spéculations. Nous n'avons point la prétention de leur enseigner celle-ci. C'est la pratique seule qui peut les éclairer à cet égard. Nous avons dû nous borner à en faire sentir l'importance capitale.

Engraissement à l'étable. Les procédés d'après lesquels les bœufs et les vaches sont engraissés à l'intérieur des habitations présentent maintenant une grande variété. C'est dans cette opération surtout que s'exerce l'art de tirer un parti avantageux de toutes les matières susceptibles de devenir alimentaires. La partie de l'hygiène qui s'occupe de la composition des rations s'est donné sur ce point une large carrière. Les industries agricoles annexées aux fermes, en créant des résidus qu'il importe d'utiliser, ont fait naître pour l'engraissement des bestiaux des conditions toutes nouvelles. En outre, les découvertes de la chimie et de la physiologie, et les ap- | plications qu'on a cherchées pour elles dans les choses de l'ordre économique, ont ouvert à cette partie de l'hygiène des animaux des horizons tout nouveaux. Il est résulté de ces circonstances un progrès réel, car des substances qui jusque-là avaient été complétement perdues, ont pu ainsi contribuer à la fabrication d'un produit de première nécessité.

20,000 bœufs, ainsi engraissés, de cette contrée. Ce procédé est principalement une opération d'hiver. Dans le Poitou et la Vendée, les cultivateurs y soumettent parfois eux-mêmes leurs bœufs réformés après les semailles d'automne; mais nous devons surtout envisager la question dans ses rapports avec l'industrie spéciale des engraisseurs de profession, et étudier les éléments de la spéculation dont il s'agit, telle qu'elle s'opère en grand.

Les engraisseurs vendéens parcourent constaniment les étables des petits cultivateurs du Bocage, de la plaine des Deux-Sèvres et de la Charente-Inférieure, pour acheter les bœufs qui peuvent être à vendre, et déterminer au besoin la vente de ceux dont on n'aurait pas jusque-là songé à se défaire. Les cultivateurs connaissent et désignent ces industriels sous le nom de marchands choletais et les estiment beaucoup, parce qu'ils font dans le pays une utile concurrence aux herbagers normands, qui viennent dans le carême de chaque année s'y approvisionner. Les Choletais, toutefois, donnent la préférence aux bœufs de Gâtine, tandis que les Normands n'emmènent guère que des bœufs rouges de Salers, qu'ils nomment bœufs de Poitou.

Les soins assidus dont les bœufs de travail sont l'objet, de la part du petit cultivateur du CentreOuest, qui n'exige d'eux qu'un travail très-modéré et les nourrit bien, font que ces animaux sont pour la plupart toujours en bon état et prêts à être soumis à l'engraissement. D'un autre côté, l'habitude à peu près générale de renouveler chaque année, au commencement du printemps, les Au lieu de formuler à cet égard des notions pu- attelages de bœufs, après les avoir soignés au rerement théoriques et générales, nous cherche- pos pendant l'hiver, pour en tirer un bénéfice; rons, suivant notre coutume, dans la pratique les cette habitude, disons-nous, a favorisé la tendance enseignements les plus complets et les plus fa- imposée aux engraisseurs choletais par les exicilement saisissables. Ce mode de procéder a gences de plus en plus impérieuses de la consonl'avantage de fournir un guide plus précis et plus mation, et qui consiste à enlever à la charrue le sûr, et d'éviter à ceux qui commencent l'écueil plus grand nombre possible d'animaux. Or, il en que l'on rencontre toujours lorsqu'il s'agit de pas- est résulté que le temps durant lequel les bœufs ser de la théorie à l'application. Les données de sont soumis au travail, dans le pays, s'est considé la science n'en ressortent pas avec moins d'évi-rablement réduit. Le moment n'est sans doute dence, d'ailleurs, parce qu'elles sont en quelque sorte ainsi mises en action.

Le procédé d'engraissement à l'étable, dit de pouture, est le plus ancien et le plus simple de tous. Nous commencerons par celui-là; puis nous passerons successivement en revue ceux dans les

quels les résidus d'usine, les aliments hachés et fermentés, les corps gras, forment la base principale de la ration.

pas éloigné, où l'on n'y rencontrera plus dans les attelages aucun animal ayant dépassé l'âge adulte. Par conséquent, la spéculation d'engraissement de pouture s'exercera dans des conditions d'autant plus favorables, que les bœufs n'ayant subi aucune fatigue seront toujours prêts, en toute saison, à y être soumis, en raison du bon état de leur embonpoint.

Quoi qu'il en soit, la méthode dont nous nous Engrais de pouture. C'est à la pratique de ce occupons commence à être mise en pratique mode d'engraissement que l'on doit les animaux en Vendée à partir du 15 octobre environ. Les les plus estimés sur les marchés d'approvisionne- bœufs étant achetés par paire, sont placés dans ment de Paris, par la saveur de leur viande, la l'étable d'engraissement à la même crèche et quantité et la qualité de leur suif. Il est exclusi-l'un à côté de l'autre, comme ils étaient sous le vement suivi dans toute la région dont la petite joug. Durant le premier mois, leur ration se comville de Cholet est le centre, sur les bœufs de la pose de 3 à 4 kilogr. de foin, 10 à 12 kilogr. de race parthenaise qui peuplent cette région, com- feuilles de choux moelliers ou branchus du Poiposée d'une partie de chacun des départements de la Vendée, de la Loire-Inférieure et de Maine-etLoire, où se cultive le chou branchu qui joue un si grand rôle dans l'opération. On estime

tou, et de la même quantité de raves, betteraves ou navets, pour le repas du matin. A midi, le repas se compose seulement de feuilles de choux, à raison de 10 à 12 kilogr. A trois heures, la ra

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qu'aucune plante ne saurait leur être comparée sous ce rapport. Et à ce titre, le temps que dure l'engraissement importe moins pour la liquidation finale de la spéculation, que le prix de revient des matières qui y sont employées. Quant à la main-d'œuvre, il faut absolument être tout à

tion complète du matin est donnée une seconde | fois. Enfin, vers neuf heures du soir, on renouvelle la distribution de feuilles de chou. Cela fait donc, pour le régime journalier, deux rations complètes, au repas du matin et à celui de trois heures, plus deux petits repas, à midi et à neuf heures du soir. En somme, les bœufs reçoivent ainsi, parfait étranger à la pratique de ces choses pour la jour, 6 à 8 kilogr. de foin, 20 kilogr. de racines et 40 kilogr. de feuilles de chou. L'inclémence de la température, la gelée ou la neige, qui compromet la végétation des chou, ne permet pas toujours de distribuer les feuilles de cette plante, vers les derniers mois de l'hiver. Elles sont alors remplacées dans la ration par des racines; mais ce cas est exceptionnel. En général, elles forment, comme nous venons de le voir, la partie la plus importante de l'alimentation.

A celle-ci vient se joindre un peu de son, à la fin de janvier. Dès le mois de mars, les choux et les navets nouveaux commencent à pousser, et leurs tiges entrent dans la ration comme fourrage vert. Du seigle mélangé de vesces, de l'avoine, du trèfle et de l'herbe de prairies naturelles, les remplacent bientôt. Mais avant ce temps, qui se présente dans le courant de mai, l'engraissement est terminé pour un certain nombre des sujets, et ils ont été déjà expédiés pour les marchés de Sceaux et de Poissy, ou vendus aux foires de Cholet, Baupréau, etc., pour la même destination. Les fourrages verts dont nous venons de parler ne sont employés que pour achever celui des retardataires, qui n'arrivent en état d'être livrés que vers le commencement de juin.

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Certains auteurs, en examinant la pratique des engraisseurs vendéens, y ont fait diverses objections. Ils ont fait remarquer d'abord que les fourrages verts étaient bons pour commencer engraissement, mais non pour le terminer économiquement. Ils ont ajouté, en outre, qu'au lieu des feuilles de chou, dont la récolte exige une main-d'œuvre assez importante, l'emploi des grains, farines et tourteaux ferait terminer l'opération plus tôt. Il leur a semblé que celle-ci ne pouvait guère s'effectuer dans des conditions économiques, étant si lentement conduite.

faire entrer en ligne de compte, car on saurait sans cela que si elle n'était employée à la cueillette des feuilles de chou, elle demeurerait entièrement perdue. C'est ainsi qu'on s'expose toujours à juger faussement les opérations zootechniques, lorsqu'on les sépare de l'économie rurale au milieu de laquelle elles s'effectuent.

Quant à cette considération que les fourrages verts conviendraient mieux pour commencer l'engraissement que pour le terminer, cela est fort bien; mais on ne voit point comment il pourrait en être fait cas dans des opérations qui commencent à l'entrée de l'hiver pour s'achever au commencement de l'été, c'est-à-dire précisément au moment où se présentent les fourrages verts. C'est absolument comme si l'on disait aux herbagers normands qu'il serait plus rationnel pour eux de se livrer à l'engraissement de pouture. Ils répondraient : - Et nos embouches? Et ils auraient bien raison.

En moyenne, les choux branchus du Poitou rendent de 80,000 à 100,000 kilogr. de fourrages verts par hectare. C'est, à beaucoup près, le rendement le plus élevé que l'on puisse obtenir d'une culture quelconque destinée à l'alimentation des animaux. Il est juste le double de celui de la betterave et du rutabaga. Cela juge la question, que les bénéfices des engraisseurs vendéens ne rendent d'ailleurs point douteuse.

Dans quelques contrées du midi de la France, notamment dans les départements de Tarn-et-Garonne et de Lot-et-Garonne, tout le long de la riche vallée dans laquelle coule le principal affluent de la Gironde, l'engraissement de pouture est à peu près exclusivement usité. Il se pratique en hiver avec une alimentation à base de foin, à laquelle s'ajoutent les fèves, dont la culture s'effectue sur une assez grande échelle. Un vétériOn trouve dans ces critiques une préoccupation naire distingué, M. Henri Beyrou, qui s'est occupé que nous avons déjà bien des fois signalée, dans des améliorations à introduire dans cette indusle cours de ces études zootechniques: celle de trie de son pays, a calculé qu'il se vendait annuell'absolu. La culture des choux branchus, dont lement en moyenne 2,445 animaux gras sur les l'extension est si considérable dans la région qui seules foires et marchés de Castelsarrasin. Un nous occupe, est la base fondamentale de la spé- relevé fait par lui sur les registres de la compaculation d'engraissement qui s'y pratique. Il est gnie des chemins de fer du Midi, a établi qu'il au moins douteux qu'aucune autre culture y pût était parti de cette localité dans le courant de fournir une masse d'aliments aussi considérable l'année 1858, seulement par la voie ferrée, que celle qu'on en obtient, et qu'il fût économi- 815 bœufs ou vaches à destination de la boucheque de changer à cet égard les conditions du sys-rie, dans la direction de Cette ou de Bordeaux, tème adopté, quand même l'usage des grains, farines et tourteaux dût hâter l'opération. Il ne paraît point que ceux qui tranchent ainsi, sous l'empire de vues purement théoriques relatives à la conduite de l'engraissement, une question d'économie rurale de cette importance, se soient bien rendu compte du rendement des choux moelliers en matières alimentaires, pour une surface de terrain donnée. Il est reconnu, par tous les praticiens qui ont examiné de près cette question,

les vaches comptant pour un tiers environ. Évalués, dit-il, au poids de 500 kilogr. chacun par les employés, ils donnent plus de 400,000 kilogr. de viande, poids vivant; mais cette moyenne est trop faible, suivant M. Beyrou, les bœufs du pays pesant 700 kilogr. au moins. Le reste du chiffre total est composé d'individus consommés sur place, d'après la mercuriale de la commune, et de ceux qui sont expédiés en bandes par les routes ordinaires. La répartition de ce chiffre

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