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quefort, Sainte-Affrique et Milhau, soit qu'elles viennent dans les prairies artificielles ou dans les herbages naturels, sont fermes, peu aqueuses, fortement nutritives, fournissent un sang riche en globules, en fibrine et en albumine, et contribuent puissamment à la formation d'un lait contenant beaucoup de beurre, beaucoup de principe caséeux, et remarquable par sa saveur et par son arôme. Le lait des brebis nourries avec ces plantes ne doit être chauffé que jusqu'au premier point de l'ébullition, point qu'il faut même se garder d'atteindre quand le vent du midi souffle.

« Dans ce cas, si l'on dépasse ce degré de chaleur, et dans l'autre, si l'on y arrive, le lait perd son arôme, et le fromage, la légèreté, la délica- | tesse qui caractérisent sa pâte. Il est bien vrai que le fromage sera plus pesant et que la maturité encore sera plus prompte; mais on ne doit jamais sacrifier à ces deux avantages pour le producteur et le négociant les deux qualités, légèreté et délicatesse de la pâte, qui sont si essentielles et si désirées par le consommateur.

« Le lait des brebis qui paissent sur les sols argileux et frais, et dans les pâturages naturels ou artificiels dont les plantes sont fades et aqueuses, doit subir une ébullition de douze à quinze minutes. Sans cette condition, le fromage, trop saturé d'eau, n'acquiert jamais la fermeté et la consistance nécessaires à sa conservation ; il prend peu de sel, bleuit moins et il est plus tardif en cave. Le lait des bêtes à laine abondamment nourries avec des substances aqueuses (betteraves, pommes de terre, carottes, navets), doit subir le même degré d'ébullition. »

Il convient donc de chauffer le lait graduellement et de tenir compte de l'état de l'atmosphère, de la saison plus ou moins humide, du sol et de la qualité de la nourriture donnée aux brebis. La légèreté et la délicatesse du fromage dépendent de l'observation exacte de ces précautions. Maintenant peut-on indiquer précisément le point d'ébullition qui doit être donné au lait dans ces diverses circonstances? Évidemment non. C'est à l'expérience du cultivateur à suppléer à l'insuffisance forcée de ces renseignements.

Le lait est ensuite déposé dans la fromagerie, exposé à une douce température, afin qu'il refroidisse lentement. Pendant ce temps-là, on l'écrème sans l'agiter.

La seconde traite se fait le lendemain matin. Le lait de cette traite n'est jamais ni chauffé, ni écrémé. Pendant les mois de mars, avril et mai, on fait chauffer le lait de la première traite avant de le mélanger avec celui qui sort du pis des brebis, parce que le mélange devient plus facile quand les deux laits sont à peu près à la même tempé

rature.

« Le meilleur fromage, dit M. Roche (Lubin), est celui qui est fabriqué avec du lait à moitié écrémé. Si la totalité du liquide est privée de crème, si l'on enlève ce produit à la traite du matin, on prive la masse de l'onctuosité nécessaire à la parfaite agrégation des molécules caséeuses, et l'on obtient un fromage dont la pâte sèche, après un mois de cave, ressemblé à de la sciure de bois.

« Si, au contraire, tout le liquide a conservé son principe butyreux, si celui du soir possède encore sa crème, on obtient plus de produit; car, en enlevant le beurre, on enlève aussi du caséum; mais le pain-fromage qui en provient, ne présente qu'une pâte compacte, dense, jaunâtre, ayant de l'analogie avec la colle; il est donc dépourvu de cette saveur piquante, de cette légèreté, de cette délicatesse qui, unie à une blancheur remarquable, parsemée çà et là de taches azurées, sont les principales qualités de notre fromage. »

Après le mélange des deux laits, on les agite au moyen d'une baguette en bois, et on versc dans la masse la présure, à raison d'une cueillerée de présure pour 50 litres de lait.

La meilleure présure provient de la caillette du chevreau, celle de l'agneau ou du veau vient après. Celle que l'on retire de l'estomac du porc tend à faire jaunir le fromage et à le faire noircir en cave. Les acides minéraux et autres ingrédients employés dans la présure, sont rigoureusement proscrits.

La présure ne doit pas être fermentée; elle détériorerait le fromage. On la renouvelle tous les quatre jours pendant les grandes chaleurs, ou on tâche de prévenir la fermentation au moyen d'un peu d'eau salée.

Aussitôt que la présure est mise en présence du lait, on tourne et on retourne en tous sens le caillé à l'aide de la baguette ou spatule de bois, en ayant bien soin d'éviter d'y mettre la main.

Peu d'instants après, on extrait le petit-lait. Cette opération se fait d'une manière lente et graduée; la pression opérée par un ou deux moules dans la marmite et celle qui résulte de la large bassine destinée à recevoir le petit-lait, posée sur le caillé, sont suffisantes. « Il ne faut. jamais extraire, dit M. Roche (Lubin), la totalité du sérum, car une partie de ce liquide contribue, comme la crème laissée sur une partie du lait, à donner de l'onctuosité aux molécules caséeuses. » On met ensuite le caillé, par trois ou quatre couches, dans des moules en terre vernissée. Sur chaque couche, on répand une pincée de pain moisi qui active la production du bleu, hâte la maturité du fromage et en facilite la vente. Le pain moisi doit être mis avec mesure; un excès détermine dans le fromage une fermentation qui désagrége les molécules caséeuses.

Autrefois, on n'ajoutait pas de pain moisi au fromage; il n'est pas indispensable pour le faire bleuir. Le fromage bleuissait très-bien au bout de deux mois de cave. Ce sont les expéditions prématurées auxquelles les négociants sont contraints de s'assujettir pour satisfaire la consommation, qui ont déterminé l'emploi de ce levain. Il vaudrait, sans doute, mieux qu'on pût ou qu'on voulût s'en passer; mais les exigences du commerce priment ici les bons procédés de fabrication.

Le pain destiné à activer la fermentation du fromage dans la cave est préparé avec une égale · quantité de seigle et de froment. On le prépare ordinairement avant Noël. La moisissure n'est complète que trois mois après; pendant l'été, un mois suffit; en hiver, on active au besoin cette

moisissuré par une douce chaleur. On moud la mie de ce pain, on la tamise, et puis on la conserve à l'abri de l'air.

Les fromages restent dans les moules pendant trois jours consécutifs, pendant lesquels on les retourne trois ou quatre fois par jour. Au sortir des moules, on les dépose sur du linge bien pro- | pre, et on les place dans le séchoir. C'est surtout à la propreté avec laquelle ils sont tenus que les fromages de Roquefort doivent la blancheur de la croûte qui les fait rechercher.

Sept à huit jours après que les fromages ont été mis de champ, il pousse sur toute leur surface une barbe, un duvet. C'est cette végétation cryptogamique qui, par sa blancheur éclatante, par sa longueur, par son épaisseur et par sa légère humidité, dénote les qualités supérieures du fromage et la bonté des caves. Si le duvet est sec, noirâtre ou d'une teinte rougeâtre, fromages et caves sont d'une médiocre valeur.

On enlève ce duvet quelques jours avant l'expédition en le raclant légèrement. La croûte est alors ferme; sa surface extérieure sèche rapidement et conserve sa véritable couleur rosée, tachetée de quelques points de bleu azur. Chaque fromage fournit des raclures qu'on appelle rhubarbe, évaluées à 7 ou 8 p. 100 de son poids. Ces ra

Pour favoriser cette qualité, le séchoir est placé à l'abri du vent du midi, éloigné des tas de fumier, ainsi que des granges où l'on met le foin nouveau. On y maintient au besoin une température uniforme en absorbant l'humidité au moyen de réchauds remplis de braise qu'on tient cepen-clures se vendent de 15 à 20 francs les 50 kilog. dant aussi éloignés que possible des fromages. La moindre quantité de sel ajoutée au fromage, en ce moment, épaissirait la croûte, la noircirait et nuirait à l'écoulement du petit-lait. Le fromage reste quatre ou cinq jours dans le séchoir, puis il est transporté à Roquefort avec le plus de précautions possible.

A son arrivée à Roquefort, chaque fromage est examiné et pesé. Le poids en est transcrit sur une feuille, qui demeure entre les mains du cultivateur, sur la main courante de la cave et puis sur le grand-livre.

Le prix du fromage frais est, en moyenne, de 50 franes les 50 kilog. Le plus souvent il est acheté par parties et pour plusieurs années d'avance, ou bien l'achat s'en fait aux foires de Milhau, SainteAffrique et Lodève, en février, mars, avril et mai. Le fromage reçu pour le compte du négociant reste toute la journée dans le magasin où il a été pesé; les pains qui ont été refusés sont mis à part et salés pour le compte du propriétaire qui les reprend, à la fin de la campagne, lors du règlement définitif, pour les faire consommer dans sa maison. Le lendemain, les pains sont descendus à un étage inférieur, appelé le saloir. On les sale sur les deux faces planes en les empilant par cinq. Deux ou trois jours après, on les frotte avec la main sur toutes les faces pour les bien pénétrer de sel.

Lorsque les débouchés manquent et qu'on est obligé de laisser le fromage séjourner cinquante ou soixante jours dans la cave, on le racle légèrement toutes les semaines et l'on obtient ainsi une rhubarbe rougeâtre qui, quoique moins chère que la blanche, est plus estimée. Quand les mauvaises qualités de fromages vieillissent en cave, cette seconde rhubarbe est noirâtre; cette couleur s'observe parfois, dans les mauvaises caves, sur des qualités supérieures.

Toutes ces manipulations n'élèvent pas le déchet du fromage à plus de 25 p. 100. Dans les caves qui activent la fermentation plus énergiquement, le déchet n'est que de 22 p. 100.

Le fromage peut, en général, être livré à la consommation quarante jours après son entrée en cave. Les meilleurs fromages sont ceux qui peuvent être mis en consommation en août, septembre et octobre.

On expédie les fromages de trois manières: dans des paniers, dans des gugets en bois, ou dans de grandes corbeilles d'osier. Les expéditions de l'automne pour Paris se font dans de longues caisses préparées spécialement pour ces envois. Dans les gagets, le fromage ne s'échauffe pas autant, l'air pouvant circuler sur toutes ses faces. Dans les caisses, ils sont enveloppés de paille de seigle et séparés par une planchette.

La dose de sel varie suivant les qualités du fro- Les fromages-primeurs destinés à Paris sont mage. Une pâte sèche et délicate en exige beau-mis par quatre ou cinq dans des paniers coniques. coup moins que les pâtes grossières et pleureuses. Les employés expérimentés indiquent, à première vue, la dose nécessaire.

Après un séjour de sept à huit jours dans le caloir, le fromage est raclé deux fois, descendu à la cave et empilé, toujours par cinq, sur des planches très-propres, où il reste jusqu'à ce qu'il

soit bien sec.

Quand le fromage est tout à fait sec, on le place sur champ; chaque fromage est ùn peu éloigné de l'autre. Les fromages restent ainsi pendant vingtcinq ou trente jours.

Les premières raclures prennent le nom de Rebélun, et sont destinées à la nourriture des pores. Les secondes raclures qui succèdent immédiatement aux premières sont composées d'une partie de la croûte du fromage, prennent le nom de rhubarbe blanche, et servent à la nourriture des domestiques et des ouvriers des villes.

Paris, Toulouse, Bordeaux, Marseille reçoivent les premières qualités de fromage de Roquefort; les qualités inférieures sont expédiées dans l'Hérault, le Gard, le Tarn, le Lot, l'Aude, etc.

Les fromages de Roquefort se fabriquent dans un rayon de 26 à 30 kilomètres autour de Roquefort, et la plus grande fabrication a lieu depuis le mois de mai jusqu'à la fin de septembre. Les propriétaires de caves les achètent en toute saison. Les caves de Roquefort sont adossées à un rocher calcaire auprès duquel le village est bâti. Quelques caves sont formées soit par des grottes naturelles, soit par des grottes creusées dans le rocher, closes par un mur du côté de la rue. Ces caves sont en général assez petites; elles sont aérées par des fentes pratiquées dans le rocher de manière à établir des courants d'air qui se dirigent du sud au nord, et déterminent un froid glacial; et c'est ce qui fait précisément leur mérite. Un petit nombre

de caves reçoivent le courant de l'est; mais, selon | tier mesure la quantité et la marque sur une M. Masson-Four, les meilleurs sont ceux du sud. taille particulière, comme font les boulangers ct Plus l'air extérieur est chaud, plus les courants les bouchers des villes; puis il le met dans la laisont froids et forts; ils sont toujours assez actifs terie. Aussitôt que votre taille indique que vous pour éteindre la flamme d'une bougie présentée avez apporté assez de lait pour fabriquer un froà l'ouverture de la crevasse. L'air introduit par les mage de grosseur ordinaire, votre tour de cuisson courants s'échappe par des ouvertures pratiquées est venu, le fruitier travaille pour votre compte, dans la porte des caves, de façon à ce que le cou- et au lendemain le tour d'un autre. Le fromage rant soit perpétuel. Ces courants produisent un fait, on le pèse, on le marque de votre nom et on froid très-vif. Chaptal a observé qu'au 21 août 1787, le porte dans la cave commune en compagnie de un thermomètre marquant à l'ombre et en plein ceux de tout le monde. Le fruitier les soigne tous; air 23o Réaumur, était descendu à 4o au-dessus la commission les vend deux fois par an, aux marde zéro après un quart d'heure d'exposition dans chands en gros, et, aussitôt payés, une affiche le voisinage d'un courant rapide. La température écrite à la main, et placardée le samedi dans le de ces caves varie suivant leur exposition, sui- village, annonce que la répartition de l'argent vant la direction des courants, suivant la chaleur aura lieu le lendemain dans la matinée. Pierre extérieure et suivant le vent qui souffle. Le vent avait en cave deux pains de 35 kilog. chacun; du sud semble toujours accroître leur fraîcheur. il touchera, je suppose, 60 francs; Jacques en VICTOR BORIE. avait le double, il touchera 120 francs.

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Fromage de Gruyère. Ce fromage, que l'on désigne encore sur différents points sous le nom de Vachelin, se fabrique en Suisse et en France, dans les départements du Jura et des Vosges. Comme la qualité dépend beaucoup du volume des pains et de la quantité de pains qui fermentent dans la fromagerie, il n'y a que les grands établissements et mieux encore les associations, qui puissent s'occuper de cette industrie avec succès. Ces associations existent sous la dénomination de fruitières, et nous devons les faire connaître avant de nous occuper du détail de la fabrication du produit.

Qui a vu une fruitière et lu un règlement, a vu cent fruitières et lu cent règlements. Eh bien, nous avons visité la fruitière de Champvaux, près de Poligny (Jura), et pris copie de ses statuts.

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Un membre de la commission nous accompagnait; nous engageâmes avec lui la conversation que voici : - Vous êtes associés pour la fabrication du fromage de Gruyère? — Oui, monsieur, tous les cultivateurs de la commune sans exception. - Depuis quelle époque existe cette assotion? Ma foi, je serais bien en peine de vous le dire; tout ce que j'en sais, c'est qu'elle dure depuis des centaines d'années; nos grands-pères ne se souvenaient pas du commencement. Si vous avez cinq minutes à perdre, expliquez-moi donc la pratique de la chose. Bien volontiers. Une supposition, si vous le permettez; nous sommes ici tous ensemble; nous discutons un règlement entre nous; la minorité suit la majorité; nous le signons tantôt en toutes lettres, tantôt avec une croix, quand on ne peut pas faire autrement. Après cela, nous nommons au scrutin une commission de plusieurs membres qui sont chargés de faire exécuter le règlement, et nous avons bien soin de choisir ceux de nous autres qui ont le plus d'intérêt à ce que l'association marche bien. La commission loue un local que nous appelons le chalet ou la fruitière; elle choisit ensuite son fruitier, c'est-à-dire l'homme qui doit fabriquer le fromage.

Une fois les meules posées, le grain peut venir. Donc, tous les matins, nos femmes de ménage apportent le lait de leurs vaches et le versent, chacune à son tour, dans un seau en sapin. Le frui

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Comment le traitez-vous?

Le mieux possible. Celui que nous avons aujourd'hui (1850), reçoit 300 fr. par an et le logement. Il reçoit en outre, des marchands de fromage, 3 fr. pour 500 kilog. vendus, et l'on vend à Champvaux 20,000 kilog. par année; il est nourri par les sociétaires pour le compte desquels il travaille. Aujourd'hui, il mange chez Pierre; demain il mangera chez Jean, et les meilleurs morceaux sont pour lui; aussi dit-on dans le Jura: gourmand comme un fruitier.

En fin de compte, c'est une triste vie que la

sienne.

Pas du tout, monsieur. Imaginez-vous que la fruitière est un véritable petit salon de campagne pour nous autres. Quand le temps est mauvais et puis encore en hiver, pendant les veillées, il y a foule ici ; c'est plein comme un œuf. On cause, on se chauffe, on lit, on se conte des histoires, on s'entretient de ses affaires. Sans la fruitière, chacun resterait chez soi; avec la fruitière, on vit tous ensemble. Il est bon d'ajouter que, sans la fruitière, nos femmes mettraient de l'eau ou de la fécule dans leur lait; avec la fruitière, cela n'est pas possible; il faut être honnête quand même on ne le voudrait pas. Nos fromages fabriqués par association sont tout aussi bons aujourd'hui qu'autrefois, tandis que les fromages fabriqués par des particuliers, et envoyés au loin, ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quinze ou vingt ans. C'est que chez les particuliers, il n'y a que la conscience pour retenir les gens, tandis que chez nous, il y a un règlement qui ne badine point. Si vous voulez le copier, le voici, prenez-le. Ce n'est pas écrit par des savants, ça laisse à désirer quant au bon français, mais c'est égal, c'est notre loi à nous autres. Quand un article ne nous convient plus, nous le changeons, voilà tout; mais tant qu'il reste sur le papier, nous lui obéis

sons.

Nous prîmes copie du règlement de Champvaux, et le voici tel qu'il était alors.

L'an

Règlement de la fruitière de Champyaux. mil huit cent quarante-six, le huit janvier, nous soussignés sociétaires de ladite fruitière de Champvaux, désirant donner à cette association toute la prospérité possible et prévenir les abus et fraudes, arrêtons ce qui suit:

Art. 1er. L'acte de société qui engage pour six années consécutives, qui commenceront le 8 janvier du présent mois, sera renouvelé de suite après ce délai, du 1er décembre au 10 janvier; toute personne non signataire qui aura, d'après la permission de la commission, porté une seule fois son lait à la fruitière, sera censée faire acte de société et adhérer à tous les articles.

Art. 2. Chaque associé apportera à la fruitière tous les jours, soir et matin, son lait à l'heure prescrite par le fruitier.

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ment défendu de s'en retenir pour vendre ou pour remettre à des personnes auxquelles il n'en est point dû, et tous ceux qui profiteraient de cet avantage seront tenus de payer 2 centimes par livre au comptable pour le bénéfice de la société, seulement sur les pièces de fromage fabriquées depuis le 1er mai au 15 octobre. Les contraventions au présent article seront punies de l'amende portée par l'article 7.

Art. 12. Chaque associé devra laisser à la fruitière, pour répondre de son engagement envers la société, des produits en valeur suffisante ou fournir une caution agréée par la commission.

Art. 13. Pour l'exécution de l'acte de société, il sera nommé au scrutin secret et à la majorité absolue, une commission composée de cinq membres et de deux suppléants, tous choisis parmi les sociétaires. Cette commission sera élue pour six ans et toujours rééligible. En cas d'absence dans le courant de ce laps de temps, par mort ou démission de plus de la moitié de ses membres, ceux restants les remplaceront par des membres pris parmi les sociétaires les plus intéressés au bénéfice de la société, et qui seront, comme les membres restants, et à la même époque, sujets à la réélection. Lors de la formation du bureau, le plus ancien des membres réunis présidera l'assemblée qui choisira, pour l'aider, deux scrutateurs et deux secrétaires. Les membres de la commission nommeront parmi eux un président et un secrétaire élus pour trois ans et rééli

Art. 5. Tout associé pourra réserver le lait nécessaire à son usage bien reconnu, mais sans jamais pouvoir vendre ce lait ou en fabriquer chez lui du beurre ou toute espèce de fromage. Outre cette réserve, tant qu'il pourra porter un litre de lait par traite, il sera tenu de le mêler à la frui-gibles. En l'absence du président, le plus âgé des tière. membres en remplira les fonctions.

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Art. 9. Nul associé ne pourra, sous aucun prétexte, refuser l'entrée de son écurie aux membres de la commission, lorsqu'ils se présenteront pour la vérification d'une fraude.

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Art. 14. La commission a pour fonction de condamner aux amendes, prononcer l'exclusion et la confiscation, surveiller le fruitier, l'engagerà faire les ventes et achats, toutes les dépenses prévues et imprévues, enfin généralement, tout ce qui concerne les intérêts de la société.

Art. 15. Tout associé, lors de la pesée des pièces de fromage, devra livrer sur la balance toutes celles fabriquées pour son compte.

Art. 16. - De même ceux qui se démembreraient de l'association pour quelque motif ou sous quelque rapport que ce soit, perdraient par là même tous les droits auxquels ils pourraient prétendre, soit à l'égard des ustensiles ou de l'argent qui pourrait se trouver en caisse.

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Art. 16 bis. Si le fruitier ou quelqu'un des associés s'apercevait de quelque fraude, il en avertirait la commission, et deux de ses membres au Art. 10. Les contraventions aux deux articles moins assisteront à la pesée du lait de chaque asprécédents seront punies par l'exclusion de la so-socié au moment où il sera présenté au mesurage, ciété et par la confiscation de tous les produits en lait, crème, fromage et serai que l'associé aurait en magasin. Art. 11. Tous les fromages se vendront en gros par les membres de la commission. Toutefois, chaque associé qui aurait à livrer cinq fromages ou davantage pendant l'année, pourra en réserver un seulement pour son usage particulier ou pour son propriétaire, s'il est fermier (étant bien convaincu qu'il le lui doit), et celui qui en fera moins pourra se réunir à d'autres propriétaires pour s'en réserver un. Il est expressé

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puis, lorsque l'heure de traire sera arrivée, ces mêmes membres se transporteront chez l'individu soupçonné, feront traire en leur présence le lait qu'ils compareront avec celui des mêmes vaches qui a été l'objet du soupçon, et dresseront procèsverbal du tout. Le prévenu sera appelé pour présenter ses moyens de défense devant la commission, sur un simple avertissement du président.

Art. 17. — Attendu que les terrains communaux livrés au parcours sont insuffisants pour la dépaissance des troupeaux, et que si l'on réduisait le nombre des bestiaux suivant la possibilité des

produits du parcours, ce nombre ainsi restreint | faut environ un demi-litre pour 250 litres de lait, ne permettrait pas de pouvoir retirer de la fro- un peu plus, un peu moins, selon la saison. Au magerie les avantages dont elle est susceptible, bout d'un quart d'heure approchant, le caillé est ce qui serait préjudiciable à tous les associés, pour entièrement formé. Le fruitier le divise de son remédier à cet inconvénient, le comité demeure autorisé à amodier (louer), chaque année, au compte de la société, soit sur soumission, soit autrement, le droit de parcours dans toutes ou partie des coupes, qui seront jugées défensables, des bois communaux de la ville de l'oligny, aux prix, charges, clauses et conditions que le susdit comité trouvera convenir. Les prix de ces soumissions ou amodiations seront prélevés avant distribution des produits annuels de la fromagerie, proportionnellement au nombre de têtes de bétail de chaque sociétaire, qu'il ait ou non profité du parcours affermé.

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Art. 18. Tous les sociétaires seront tenus, pendant la durée de la société, de mettre et faire garder leur bétail en troupeau commun et seront censés avoir expressément renoncé au bénéfice des dispositions de l'art. 12 de la loi du 28 septembre 1791, qui leur accorde la faculté de faire garder leur bétail par troupeau séparé. L'infraction au présent article sera punie de l'exclusion de la société.

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Il ne sera donné par le fruitier ni brèches, ni petit-lait, ni serai qu'à ceux qui seront désignés par l'associé pour lequel on fabriquera. Art. 20.

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Les membres de la commission ne répondent pas des pertes qui pourraient arriver par un marchand, soit qu'il fasse faillite ou de mauvais vouloir, ainsi que de tous les frais et pertes généralement quelconques, concernant ladite société.

Les associés déclarent renoncer à tous recours aux tribunaux, reconnaissant et acceptant sans appel les délibérations de la commission prises à la majorité absolue.

Maintenant que nous connaissons l'institution et que nous pouvons en apprécier les avantages de toutes sortes, parlons de la fabrication du fromage, non d'après ce que tels ou tels en ont dit, mais d'après ce que nous avons vu à Champvaux et publié dans le Dictionnaire d'agriculture pratique.

Ici, les fromages fabriqués ne sont pas divisés, comme ceux des chalets de la Suisse, en fromages gras, demi-gras et maigres; ils sont tous de même qualité et proviennent de lait dont le tiers de la crème seulement a été enlevé.

Imaginez sur le côté d'une large cheminée de village une sorte de petite potence en bois, composée d'un arbre vertical tournant sur lui-même et surmonté d'un bras horizontal, auquel on suspend une chaudière pouvant contenir jusqu'à 250 ou 300 litres. On y verse le lait au tiers écrémé, puis on chauffe jusqu'à 25° avec du bois de fagots parfaitement sec. Après cela, le fruitier saisit le bras de la potence, fait tourner l'arbre et amène la chaudière à lui, en l'éloignant du foyer. Alors, il exécute le détail le plus délicat de l'opération, qui consiste à coaguler le fromage au moyen de la présure qu'il essaye d'abord dans sa grande cuiller en bois, afin de s'assurer de sa force. Il en

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