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Mais cette loi, précisément pour le même motif, ne doit jamais être perdue de vue dans aucune entreprise zootechnique. Préconiser d'une manière absolue le taureau d'Ayr comme agent améliorateur de la race bretonne, ce serait commettre une faute impardonnable. Tant que cette race si précieuse par les aptitudes que nous lui avons reconnues, par sa faculté que l'on peut dire unique de tirer un parti extraordinairement avantageux des plus maigres pâtures, des landes et des bruyères les plus pauvres, tant que la race bretonne du Morbihan aura sa raison dans la situation agricole qui la produit, on ne pourra songer à l'améliorer autrement que par le perfectionnement des pratiques de sa production et de son élevage. Avec M. Bellamy, il faut conseiller aux domaniers du Morbihan de s'en tenir à la sélection, et de suivre à la lettre toutes les indications que ce vétérinaire distingué leur a données dans son excellente publication, sur l'exécution de cette méthode.

Nous n'avons pas à détailler, à l'occasion de la race bretonne, des principes et des préceptes qui ont été formulés précédemment en thèse génénérale, parce qu'ils sont applicables à toutes les races bovines. Nous nous bornerons à y renvoyer (voy. p. 642). Disons seulement en terminant qu'ici comme partout l'amélioration du type ne peut avoir pour base que les améliorations agricoles, et que celles-ci l'entraîneront d'autant plus facilement que la race bretonne est sans contestation possible la plus sobre, la plus rustique de toutes les races connues, celle qui sait le mieux se contenter de peu en donnant un produit relativement élevé. On a calculé qu'elle peut produire 1 litre de lait butyreux comme nous l'avons vu, pour l'équivalent de 1 kilogramme de foin consommé. Il n'en est pas un autre qui puisse donner ce même résultat à moins de 2 ou 3 kilogrammes de la même nourriture. Et elle produit ce riche lait, là où toutes les autres périraient d'inanition. C'est donc justement que M. Bellamy a pu donner à son livre ce titre: La vache bretonne, utile au riche, providence du pauvre. Et c'est la raison pour laquelle on la rencontre en France, dans les châteaux dont elle orne les pelouses par l'aspect charmant de son pelage, de sa petite taille et de sa finesse, choyée des dames à cause de sa douceur, et dans l'étable des petits cultivateurs auxquels elle fournit du lait et du beurre pour les besoins du ménage. Elle ne craint pas la marche. Aussi meurt-elle bien souvent, après avoir rendu ses précieux services, à des centaines de lieues de son pays natal.

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communauté d'origine, qui ne paraît pas douteuse, autant que l'identité de type, commande d'agir ainsi. Les modifications imprimées par les différences d'habitat, et qui n'ont agi que sur les formes du corps, en même temps que sur les aptitudes, peuvent bien justifier la reconnaissance de tribus particulières, qu'il est même nécessaire de décrire soigneusement à part; mais l'importance que la zootechnie doit attacher à la notion de race, ne permet pas de la faire intervenir indûment. C'est un point sur lequel nous avons suffisamment insisté en toute occasion, pour qu'il n'y ait pas lieu d'y revenir.

M. Magne a parfaitement décrit les diverses variétés que nous considérons comme appartenant à la race comtoise, et qui se trouvent dans les montagnes de l'Est, depuis les Vosges jusqu'aux Alpes, dans les plaines du bassin de la Saône, et dans la Dombes du département de l'Ain.

La première dont nous nous occuperons est celle des montagnes. «Elle se reconnaît, dit notre savant maître, à son corps épais, trapu; à ses membres courts, solides; à son encolure forte, courte, et à sa tête large et grosse; à ses cornes robustes, qui sont quelquefois bien plantées, mais qui, plus généralement, se dirigent d'abord en arrière et en bas et s'écartent ensuite l'une de l'autre en se relevant légèrement ; à sa peau épaisse, dure, formant un ample fanon. Son poil est presque toujours de diverses couleurs, blanc, rouge, ou jaune le plus souvent, et il forme au sommet de la tête une grosse touffe velue. Le développement de l'avant-train, remarquable même chez les vaches, a fait donner à la race le nom de tourache. »

Dans le Doubs et la Haute-Saône, de fréquents mélanges avec la race fribourgeoise du Simmenthal ont fait prédominer le pelage dit couleur caille. Ces mélanges l'ont rendue plus exigeante en augmentant son aptitude laitière. Elle fournit de 300 à 400 kilogr. de viande qui n'est pas, dit M. Magne, de première finesse. L'auteur ajoute : « Les bandes de bœufs comtois qui, de la HauteSaône et du Haut-Rhin, sont introduits dans nos départements du nord-est pour y être engraissés, appartiennent en grande partie à cette variété. »

Rustique et très-sobre dans le Jura, où elle donne un lait de bonne qualité qui alimente les fruitières ou associations fromagères, elle est plus petite, trapue, à croupe étroite et à ventre volumineux. On la rencontre ainsi dans les pâturages tourbeux et sur les plateaux maigres, où le grès vert domine, des Rousses, de Saint-Laurent Grandvaux, à l'ouest de Saint-Claude, à Moirans, à Arbaut, et à Oyonnax, de l'arrondissement de Nantua.

Elle acquiert plus de taille dans les vallées de Septmoncel, dans l'arrondissement de Gex et dans les environs où elle donne beaucoup de lait em

Il faut aller maintenant du côté de l'Est, pour achever la description des races laitières de la France, et parler en outre d'une population bovine nombreuse, mais non autochthone, qui peu-ployé à la fabrication des fromages façon Gruyère ple cette région.

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et des fromages de Septmoncel ou de Gex.

Plus bas, dans le Bugey, elle redevient de taille moyenne, bien membrée, rustique et plus travailleuse, aux formes plus élancées, au cornage relevé. C'est sous cette forme que la race comtoise se répand de là dans le Dauphiné, la Provence, les Alpes, où elle est employée aux travaux de l'a

En prenant ces formes dans la plaine, la race est devenue moins robuste, moins forte, mais plus laitière et plus propre à l'engraissement, en même temps que sa viande a acquis une meilleure qualité.

Ces caractères l'ont fait répandre dans les départements des Vosges et de la Haute-Marne, où l'absence de race locale, du moins pour le dernier, fait composer le bétail d'un mélange d'animaux venant des contrées voisines, de la Suisse et de l'Allemagne.

griculture concurremment avec des vaches suisses | trail serré, l'encolure grêle, la tête longue, et tarantaises. Le travail des vaches domine dans étroite, les cornes fines, le plus souvent mal concette région, en même temps qu'on en obtient du tournées, rejetées en dehors et quelquefois en lait. avant, les oreilles minces. Les membres sont Du reste, la variété dont il s'agit fournit du bé-grêles, les cuisses peu charnues; la peau est soutail à plusieurs contrées de la France, et notam- ple, le fanon peu développé. ment aux sucreries du Nord pour l'engraissement. Quant à ses qualités laitières, voici ce qu'en dit M. Magne: «Quoique considérées dans le pays comme bonnes, les vaches comtoises donnent beaucoup moins de lait que celles de plusieurs races relativement aux fourrages qu'elles consomment. >> On manque de documents pour évaluer au juste leur production moyenne. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'elle varie considérablement suivant les individus. A côté de quelques fortes laitières s'en trouvent souvent de très-médiocres. Les vachers portent à la fruitière les produits con- Enfin, dans la haute Bresse et dans la Dombes, fondus de toute la vacherie, et s'occupent fort peu se trouve la variété dite bressane, de taille moins du rendement moyen. L'association leur en fait élevée, au corps plus trapu. Les vaches sont exportirer de grands bénéfices. Ils ne se soucient guèretées en raison de leurs facultés laitières assez dédes moyens de les augmenter en conservant de préférence les vaches qui donnent le plus de lait. Dans les plaines de la Haute-Saône, en s'avançant dans les vallées de l'Amance et de l'Oignon, sur la rive gauche de la Saône, au nord, et en descendant jusqu'à la vallée du Doubs, vers Dôle, et au delà de la rivière dans les environs de Po- La race comtoise, que personne ne s'occupe d'aligny, la race comtoise prend des formes plus méliorer dans la région qu'elle habite, semble fines, et elle est connue, pour cette raison, sous aller en s'amoindrissant sous l'influence des fréle nom de fémeline. Là, ce type a le corps long, quents mélanges qui s'opèrent entre elle et la mince, élancé, le flanc large, la côte plate, le poi-race suisse fribourgeoise, dans nos montagnes

veloppées. « Les bœufs, dit M. Magne, sont estimés pour le travail, et, quoique déjà vieux quand on les engraisse, ils deviennent, s'ils sont bien nourris, d'excellentes bêtes de boucherie: ils donnent beaucoup de suif et de très-bonne viande. »>

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charolaise, sa voisine, sur les marchés de Lyon, ne | disparaître progressivement la petite race voisine, lui demeurant supérieure par ses qualités lai- des montagnes des Vosges, à laquelle nous allons tières. maintenant consacrer quelques mots, quoiqu'elle ne doive être bientôt plus qu'un souvenir.

Il en serait de même dans la Bresse, où l'on cherche à introduire des reproducteurs de la race d'Ayr. Cela paraît contraire à la tendance de cette partie de la région. L'industrie de l'engraissement y a plus de chances de réussite que l'industrie laitière, d'après les habitudes des cultivateurs.

Considérée dans son ensemble, l'exploitation du bétail des montagnes de l'Est nous semble au demeurant assez arriérée. Si elle donne depuis longtemps le salutaire exemple des bienfaits de l'association, par ses fruitières ou fromageries de société, elle paraît s'être immobilisée dans cette forme économique et abandonner du reste la production de la matière première aux seules forces naturelles. Il serait à désirer que les éleveurs des montagnes du Doubs, du Jura, se préoccupassent un peu plus du choix de leurs reproducteurs. En n'élevant en outre que des vaches bien douées sous le rapport de la lactation, ils obtiendraient, pour la même quantité d'espace pâturé, des produits plus élevés. Puisque dans leur variété tourache l'aptitude laitière est très-inégale, pourquoi ne pas réformer tout de suite les vaches médiocres pour ne conserver que les bonnes. Si cette pratique était adoptée, le niveau moyen de la production s'élèverait bientôt et la race s'améliorerait d'elle-même sous le rapport de son aptitude principale. Les génisses réformées pourraient être engraissées dans les parties basses de la région, où vivent les variétés fémeline et bressane. Celles-ci, plus directement par leur régime sous la dépendance de l'homme, sont dans de bonnes conditions pour être poussées dans la voie de la précocité. Elles n'ont pas d'emploi pour le travail, du moins la fémeline. La sélection leur ferait acquérir une conformation meilleure et un rendement plus considérable à la boucherie.

Quelques rares essais de croisement durham ont été faits, surtout avec la variété bressane. Là comme partout, ils ont donné de bons produits, à la condition que les mères et les élèves fussent abondamment nourris. Mais il s'en faut de beaucoup que la race comtoise soit nulle part assez avancée pour que l'on puisse considérer la production des métis durham comme susceptible d'être effectuée sur une échelle un peu étendue. La sélection a encore beaucoup à faire pour amener les diverses variétés de la race au point où elles pourraient être utilement croisées, car elle n'a encore commencé sur aucun point de la région. C'est donc à elle, et exclusivement à elle, qu'il faut dès à présent demander l'amélioration de la race comtoise. Cette méthode lui fera produire partout plus de lait et plus de caséum pour les fromageries, ainsi que des bœufs plus précoces, utilisant mieux les rations consommées, et meilleurs pour la boucherie. C'est ce dont les éleveurs intelligents de la région devraient douner l'exemple, au lieu de se diviser sur la question de savoir s'il convient nieux de s'adresser aux races suisses ou aux races anglaises, pour opérer des croisements.

C'est aussi cette même préoccupation qui fait

Race des Vosges. On ne rencontre plus guère cette race qu'au centre des montagnes du pays, dans les points les plus élevés. Plus has, dans les vallées, le désir de lui faire acquérir de la taille a donné lieu à des croisements de toutes sortes, qui l'ont fait disparaître. Il n'y a plus que des métis suisses et comtois, un mélange sans nom d'individus sans caractères précis. « Elle est, dit M. Magne, petite, mignonne, à os saillants, à poitrail large, à croupe étroite et à cuisses minces, à tête forte, longue, à cornes noires relevées à l'extrémité, à corps trapu, à jambes fortes, à peau ferme, à poil souvent noir, d'autres fois rouge ou pie, généralement blanc sur la croupe et la queue, comme la race du Morvan.»>

Comme toutes les races des sites élevés, celle des Vosges est nerveuse, agile et sobre. Excellente travailleuse, elle s'engraisse bien en donnant une viande de très-bon goût. Son aptitude laitière est, par rapport à sa taille, fort remarquable. « Pour les qualités, ajoute M. Magne, elle laisse peu à désirer; mais les formes en sont mauvaises et le poids peu considérable. »

Au point où elle en est réduite, il n'y a guère de chances pour qu'elle devienne l'objet d'une amélioration suivie, qui lui fasse reconquérir la région qu'elle a jadis habitée et où elle a été remplacée par les métis dont il vient d'être parlé. En tout cas, nous ne pouvons que répéter à son sujet, après M. Magne, que c'est par elle-même, ou mieux en elle-même, que la race vosgienne doit être perfectionnée, « en améliorant l'agriculture d'abord, pour mieux la nourrir, et en choisissant bien les reproducteurs. »

Au reste, toute la région du nord-est de la France, depuis les Vosges jusqu'à la frontière de Belgique, depuis le Rbin jusqu'aux plaines crayeuses de la Champagne, presque exclusivement peuplée de vaches laitières, est envahie par des métis ou des individus de races étrangères tirés de la Suisse, de l'Allemagne, de la Hollande, acclimatés dans le pays et y ayant reçu des noms locaux qui les font considérer à tort comme formant des races françaises. Nous ne devons pas, pour ce motif, les décrire comme telles. Afin d'éviter toute confusion, nous leur consacrerons, avant de terminer, un paragraphe à part ayant seulement pour but de les définir, sous le titre général de population bovine du Nord-Est. La région que nous avons en vue comprend l'Alsace, la Lorraine, les Ardennes et une partie de la Champagne, jusque dans les environs de Reims.

Population bovine du Nord-Est.- L'Alsace est un pays de petite culture, principalement industrielle. Il n'y a guère de contrée en France dont le bétail soit plus hétérogène. Le paysan alsacien n'a en général guère d'autre fortune que sa vache, qui lui est vendue par le marchand juif, lequel, pourrait-on dire, continue néanmoins

de l'exploiter et d'en tirer parti à son profit. La plupart des animaux de l'espèce bovine, en Alsace, sont donc assez misérables. Ce n'est que dans les parties de la province où se montrent quelques moyennes exploitations, que les vaches et les bœufs ont une certaine valeur. Le gros de la population est composé de métis de petite taille, venant des Vosges, et introduits par les maquignons juifs. Dans le Haut-Rhin, la race fribourgeoise domine; dans le Bas-Rhin, ce sont les métis. Les comices de Strasbourg et de Schelestadt introduisent depuis longtemps des taureaux du Simmenthal, qui impriment de plus en plus le cachet de leur race aux métis produits dans les plaines de ces deux circonscriptions. Plus haut, vers la frontière de la Bavière rhénane, c'est la race du Glane qui est entretenue.

La consommation du lait est fort importante en Alsace. On peut dire que le café au lait y forme la base de l'alimentation des plus pauvres ménages, et qu'il est un besoin habituel pour les plus riches. Les comices qui poursuivent l'acclimatation de la race fribourgeoise choisie dans son plus beau type du Simmenthal, sont donc dans la bonne voie. Il ne leur reste qu'à amener en même temps les cultivateurs alsaciens à mieux nourrir les vaches et leurs produits, et à se garder du maquignon juif qui guette toujours la venue du veau pour l'acheter à vil prix à peine né. Là comme ailleurs on ne songe pas assez que le bétail s'améliore avant tout par l'alimentation.

En Lorraine, où règnent à peu de chose près les mêmes errements, une variété distincte par l'uniformité de son type se détache des métis dont il vient d'être parlé. Cette variété est connue dans le commerce sous le nom de meusienne, parce qu'elle s'élève dans le bassin de la Meuse, dont les prairies produisent un foin d'excellente qualité. il convient par conséquent d'en donner une de

finition exacte.

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Vache meusienne. Les bêtes ainsi désignées appartiennent sans contestation possible au type hollandais. C'est le même pelage avec toutes ses particularités, la même physionomie et la même conformation. La différence porte seulement sur la taille, qui est en général moins élevée. Les vaches meusiennes sont moins fortes laitières que le type auquel elles appartiennent, mais en revanche leur lait est plus butyreux, ce qui doit être attribué à la qualité des plantes qu'elles consomment.

Une particularité caractérise en général la robe des vaches meusiennes. Sur le fond noir de leur peau, les poils blancs dominent. Le pelage régulièrement pie est moins commun que chez les bêtes du North-Hollande. Nous en avons vu qui étaient entièrement blanches, sauf le mufle et les oreilles, qui étaient noirs, ainsi que les sabots et le bout de la queue. Le plus souvent, cependant, on observe de petites taches noires disséminées sur le corps.

Vache ardennaise. Ce qui précède s'applique cxactement aux bêtes que les agriculteurs du département des Ardennes considèrent comme

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appartenant à leur pays, et que les marchands qualifient d'Ardennaises.

Ces bêtes, comme les meusiennes, forment une tribu de la race hollandaise, entretenue par de fréquentes importations, auxquelles poussent d'ailleurs avec raison tous les hommes éclairés du pays. La petite et la moyenne culture, qui dominent dans les Ardennes et qui sont pratiquées par une population aisée, intelligente et active, permettent de donner au bétail des soins qui augmentent son rapport. Dans l'arrondissement de Rethel surtout, les étables des cultivateurs sont peuplées d'excellentes vaches beurrières, dont il est tiré un bon parti.

On s'en tient, dans les Ardennes, à l'introduction de taureaux hollandais pour maintenir les qualités de l'espèce locale, et l'on fait bien. C'est, d'après ce que nous venons de dire, ne pas faire autre chose que de la sélection. Il faut seulement recommander de choisir ces taureaux dans les variétés les moins corpulentes, afin de ne pas communiquer aux produits des appétits qui dépasseraient les ressources de l'agriculture du pays. On en peut dire autant quant à ce qui concerne les bêtes meusiennes, qui ne se distinguent point d'ailleurs, sous le rapport de leurs caractères, des ardennaises dont il s'agit.

Les unes et les autres sont constamment introduites en Champagne, dans l'arrondissement de Reims. Quelques-unes y sont croisées avec des taureaux suisses que le comice importe depuis plusieurs années. Il en est de même dans la partie du département de la Meuse où se fabrique le fromage renommé sous le nom de fromage de Void. Dans la localité ainsi nommée, toutefois, où le bétail est extrêmement bien soigné et très-beau, c'est le type suisse du Simmenthal qui prédomine. Dans la Haute-Marne, la race de Schwitz semble obtenir la préférence. Nous avons visité en 1856, à Saint-Dizier, une vacherie composée d'une trentaine de belles vaches et d'un magnifique taureau appartenant à cette race.

Là se termine la description de l'espèce bovine de la France. On voit maintenant que nous n'exagérions point en disant au commencement que notre pays est sans contredit le plus riche de tous sous ce rapport. Il nous reste à compléter cette étude des races utiles par quelques détails sur celles de la Belgique et de l'Allemagne.

ESPÈCE BOVINE de la Belgique. On désigne généralement les prétendues races de ce pays sous la dénomination de hollando-belges. Cela veut dire que la Belgique n'a pas de races bovines propres. Toute la population de ce petit pays est constituée par des tribus de la race hollandaise, ayant pris dans ses diverses provinces des caractères particuliers, non pas de type, mais de conformation et de développement, suivant la fertilité du sol. Si l'on veut bien songer à la constitution de son agriculture, on n'en sera nullement surpris.

D'après cela, la Belgique possède trois variétés principales, indûment qualifiées par les auteurs belges de races, et qui sont celles de Bruges, de

Furnes-Ambach, et de Famenne ou du Condroz, encore qualifiée d'ardennaise.

Une description détaillée de ces variétés n'est pas nécessaire. Il suffit de savoir qu'elles appartiennent à la race hollandaise pour connaître leurs caractères typiques. Nous ajouterons seulement qu'elles laissent toutes beaucoup à désirer comme bêtes de boucherie, sous le rapport de la conformation. Hautes sur jambes, minces, au dos tranchant et à la croupe pointue, le plus souvent elles n'ont que le mérite de donner beaucoup de lait et de s'engraisser facilement. C'est le régime d'hiver qui est insuffisant et vicieux, et qui a produit cette dégradation du type hollandais en Belgique. C'est l'affaire d'une sélection intelligente de l'améliorer, et les zootechniciens du pays y poussent tant qu'ils peuvent.

Dans les parties ardennaises des provinces de Liége et de Namur, les moins fertiles du territoire et les plus voisines du Luxembourg, le type hollando-belge acquiert moins de taille. Il se confond sur notre frontière avec celui des Ardennes françaises, et tout ce que nous avons dit de ce dernier lui est également applicable.

On peut être surpris à bon droit qu'un pays dont l'agriculture est à quelques égards si avancée, n'ait pas donné plus d'attention à l'amélioration de son bétail. Cela tient peut-être à ce que les grands propriétaires, qui s'adonnent pour la plupart à la distillation, ne s'occupent point d'élevage, mais uniquement d'engraissement pour faire consommer leurs résidus. Il est remarquable, en outre, que dans le sein des associations agricoles, si nombreuses en Belgique, il ne se produit guère de travaux relatifs à l'amélioration du bétail. Toujours est-il que ce pays est au nombre de ceux qui sont les moins avancés, quant à l'industrie de l'élevage, et qu'il n'offre aux étrangers aucun sujet intéressant d'étude sous ce rapport.

La race du Glane est une race blonde. Les nuances les plus répandues de sa robe sont le rouge pâle et le jaune, avec mélange ordinairement de ces deux tons, et quelquefois avec la tête blanche. Le cornage est peu développé, dirigé horizontalement sur le côté et un peu relevé vers la pointe. Le corps est long, un peu fléchi dans la ligne supérieure, mais épais. La poitrine est profonde, la côte ronde, la croupe est courte, étroite, la queue plantée haut et à base saillante. Les membres sont forts, l'avant-train est prédon inant, la culotte bien fournie. En un mot, la conformation est celle du bœuf travailleur et l'aptitude aussi.

Les bœufs de la race du Glane s'engraissent facilement. Leur rendement moyen en viande nette est de 350 kilogr. Celui des vaches varie entre 200 et 280 kilogr. La race est exigeante sous le rapport de la nourriture.

M. F. Villeroy a conseillé de l'améliorer par sélection, et il y est revenu à plusieurs reprises. Il ne manque en effet à cette race qu'une mei!leure conformation, et il ne faudrait pas de grands efforts pour la lui faire acquérir dans les conditions où elle se produit. On l'a comparée à notre va: iété agenaise de la race garonnaise. Elle ne laisse pas que d'avoir avec elle quelques traits de ressemblance, en effet. En tout cas, ce qui est certain, c'est que les mêmes procédés d'amélioration que nous avons recommandés pour cette dernière race conviennent également de tous points à celle du Glane, qu'on la considère dans son pays ou dans les départements français où elle s'introduit.

HYGIÈNE DE L'ÉLEVAGE

Les développements qui ont été consacrés à l'exposition des procédés d'élevage usités pour les races les plus perfectionnées, nous dispenseESPÈCE BOVINE DE L'ALLEMAGNE. Nous n'avons ront d'insister beaucoup de nouveau sur cette pas l'intention de passer en revue les différentes partie de la zootechnie de l'espèce bovine. Il sera races qui appartiennent aux royaumes dont la réu- seulement nécessaire de résumer ici les préceptes nion forme la Confédération germanique. L'em- qui découlent des principes spéciaux de l'améliopire d'Autriche en possède plusieurs, notamment ration précédemment posés, et sanctionnés enla race hongroise aux longues cornes, qui ne nous suite par l'expérience résultant surtout de l'hisoffriraient qu'un intérêt de curiosité. Nous parle-toire des races anglaises. Ces préceptes, assis sur rons seulement de la race du Glane, qui peuple les contrées riveraines du Rhin, et qui est fréquemment introduite en France. Et encore nous nous bornerons à indiquer ses caractères, sans nous occuper de son élevage, qui ne diffère point de celui de la plupart de nos races françaises travailleuses des pays de plaine.

Race du Glane. Cette race tire son nom d'une petite rivière dans le bassin de laquelle son type le mieux caractérisé se produit, dans la Bavière rhénane. C'est surtout M. F. Villeroy qui a fait connaître ses mérites. Elle est assez forte laitière, puisqu'il n'est pas rare, d'après l'habile cultivateur du Rittershof, de trouver des vaches qui donnent jusqu'à 18 litres de lait par jour. Plusieurs faits cités par des témoins dignes de foi, montrent que le rendement s'élève parfois bien au-dessus de ce chiffre.

la double base que nous leur avons donnée, ont acquis maintenant le caractère de précision et d'exactitude qui constitue une véritable science. S'il s'en pénètre bien, l'éleveur peut, sans tâtonnements ni hésitation, atteindre le but qu'il se propose. L'amélioration de l'espèce bovine obéit à des lois qui sont trouvées. Et c'est l'ensemble de ces lois qui mérite véritablement à présent de recevoir le nom de science de l'élevage. La relation des faits entre eux, leur enchaînement logique, ne présente plus de lacune. Les effets se rattachent à leur cause par une liaison nécessaire; la succession des phénomènes peut être suivie en excluant toute espèce de doute; en un mot, la zootechnie de l'espèce bovine, pour ce qui se rapporte à la production des individus, est arrivée à la certitude scientifique, grâce à l'intervention de la physiologie dans la constatation purement empirique des faits d'observation. C'est là, répétons

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