Page images
PDF
EPUB

vaches cornées de la sorte ont moins de valeur | qu'elle manque de largeur. Si quelques vaches pour l'amateur, mais cela ne les empêche pas ont la croupe un peu avalée, on peut dire que le d'être de bonne nature. »> plus grand nombre l'ont horizontale.

« La vache bretonne est longue de la pointe de l'épaule à la fesse, comparativement à sa hauteur. Elle a l'encolure courte et mince, les oreilles petites; dans la pure race, la tête se trouve parfaitement détachée; on.ne remarque que peu ou point de fanon. Le garrot et le dos sont sur la même ligne; il y en a qui ont ces régions larges, mais le plus souvent elles sont un peu saillantes; cela tient surtout au peu de développement musculaire plutôt qu'à la bonne.situation des épaules et à l'attache des côtes.

« La bretonne a la côte ronde, bien descendue pendant le jeune âge; mais, par suite de l'ampleur que le ventre acquiert lorsque la bête avance en âge, le corps de quelques vaches prend la forme d'un coin dont la base est représentée par le train postérieur. Elle ne présente jamais de dépression à la partie inférieure de la poitrine, c'est-à-dire qu'elle n'est pas sanglée. »>

« Elle a le poitrail assez large, l'épaule droite et peu musculeuse. Les reins sont longs et suffisamment larges chez les jeunes bêtes; ils sont souvent sur la même ligne que le dos et le plan médian de la croupe; mais, après plusieurs vêlages, il n'est pas rare de les trouver plus bas que la partie antérieure de cette dernière région.

«La croupe est ordinairement courte, souvent saillante dans le plan médian, avec un assez grand écartement des hanches; mais elle est souvent défectueuse dans sa partie postérieure, parce

[ocr errors]

Il y a des vaches chez lesquelles la queue est un peu grosse à la base et paraît se détacher un peu trop en avant sur la eroupe; ces vaches laissent généralement à désirer sous bien d'autres rapports; mais chez le plus grand nombre la queue est fine à la base et bien attachée, ordinairement longue, mince, terminée par un fort bouquet de crins ondulés qui sont presque toujours de couleur blanche.

« L'ancienne race bretonne a les membres courts, les avant-bras longs, peu musculeux, le gigot peu descendu; elle a les articulations sèches et étroites, de beaux aplombs du devant, les jarrets souvent rapprochés, mais toujours la partie inférieure des extrémités d'une sécheresse et d'une finesse remarquables.

«La vache bretonne a les pieds petits, secs, noirs et pourvus d'une bonne corne.

« Dans le pays où l'on produit cette race, il est assez rare d'en trouver dans un état d'embonpoint satisfaisant. Elles ont le plus souvent les muscles un peu émaciés; mais cela tient au peu de nourriture qu'on leur donne. Cependant, si on fait attention que la race bretonne est celle qui, toutes choses égales d'ailleurs, a le système osseux le moins développé, il ressort évidemment de cette organisation qu'elle est facile d'entretien.

«La vache bretonne a ordinairement la peau très-fine, souple et libre; en même temps elle a le poil fin, court et lustré; lorsqu'elle a les poils

[graphic][merged small][merged small][ocr errors]

gros, longs et un peu piqués, sa peau est plus | Il n'y en a pas de méchantes pour l'homme. épaisse, comparativement à la précédente: on dit alors que la bête est dure. »

« Les vaches bretonnes ont une allure vive et décidée; elles supportent bien la marche. Quoique d'un tempérament sanguin, un peu nerveux, elles ont un caractère doux et agréable.

« La vache bretonne a les veines mammaires (vulgairement veines de lait) grosses et flexueuses, ce qui annonce un grand travail dans les glandes qui sécrètent le lait ; elle a le pis volumineux, souvent de couleur jaunâtre : il est placé en avant, a une forme ovalaire. Tandis que chez certaines

races le pis est souvent charnu, on peut dire que celui de la bretonne n'en impose pas par son volume, car il se réduit à presque rien après la traite il est pourvu d'une peau très-mince, souple, et recouvert d'un léger duvet. »

«Nous ne connaissons pas, ajoute M. Bellamy, de race française qui présente un aussi grand nombre de sujets si bien marqués pour le lait, d'après le système Guénon, que la race bretonne du Morbihan.

« La plupart des vaches bretonnes peuvent être classées dans les flandrines, quelques-unes dans les courbes-lignes, un petit nombre dans les lisières, souvent avec couleur jaunâtre et furfuracée de la peau du pis, à la queue et dans l'intérieur des oreilles (1). »

La quantité moyenne de lait fournie chaque jour, dans le pays même, calculée d'un vêlage à l'autre, est de 4 à 5 litres, soit annuellement de 1,460 à 1,825 litres. Cela paraît bien peu, considéré d'un point de vue absolu; mais si l'on songe à la petite taille de la race et à l'alimentation que peut lui fournir ce pays, on est forcé de convenir que l'aptitude laitière est ici portée au plus haut degré. Elle atteint même exceptionnellement, chez quelques sujets de la lande du Morbihan, jusqu'à une production journalière de 10 et 12 litres. Toutefois, c'est surtout par la qualité butyreuse du lait que cette production est remarquable. Lorsqu'on demande, dit M. Bellamy, aux ménagères du Morbihan si leurs vaches sont bonnes, elles vous répondent souvent Elle donne 4 livres, celle-là donne 6 livres, celle-ci donne 7 livres; elles veulent dire par là que telle vache donne 4 livres de beurre, telle autre 7 livres par semaine. » L'industrie beurrière est exclusive en effet dans cette contrée où manquent nécessairement les débouchés pour le lait en nature. Il n'est donc pas étonnant que les vaches y soient appréciées par leur rendement en beurre. Et si l'on prend la peine de rapprocher ce rendement de celui du lait, on aura tout de suite une idée de la richesse de ce liquide, puisque le minimum est de 2 kilogr. de beurre pour 28 litres de lait, produit d'une semaine à raison de 4 litres par jour. Or, nous avons vu que d'après les expériences de M. de Sainte-Marie, 33 litres de lait de vache normande sont nécessaires pour faire 1 kilogr. de beurre. Le lait des vaches du Morbihan est donc au delà du double plus riche.

Telle est la pure race bretonne primitive, qui s'entretient dans une partie de la région semblant bien peu propre, au premier aspect, à nourrir un bétail doué de qualités aussi précieuses. Le département du Morbihan, dont la superficie totale est de 699,641 hectares, compte en effet 271,191 hectares en landes ou bruyères, 3,600 hectares de dunes ou de falaises, 91,324 hectares de sol schisteux ou granitique, par conséquent peu fertile, et le reste sablonneux mis en culture par le déplorable système de baux à domaines congéables, si peu favorable aux améliorations, et basé sur la production du seigle et du sarrasin. Tout cela of

(1) Ouvrage cité plus haut.

| fre peu de ressources pour la nourriture du bétail; et pourtant le Morbihan possédait, en 1857, un total de 344,536 bêtes bovines, dont 163,237 bœufs, 5,439 taureaux, 161,911 vaches, et 83,949 génisses; plus 42,399 animaux de l'espèce chevaline, 254,948 moutons et 59,795 pores. 19,071 bêtes bovines en sont exportées en moyenne, et 67,778 consommées sur place.

Ces chiffres font voir à quel point peut être poussée la sobriété de la race dont nous nous occupons, et combien elle sait se contenter de peu pour produire comme nous l'avons vu.

Avant de parler du système d'élevage qui donne de semblables résultats, nous compléterons la description de la race par quelques considérations relatives aux caractères qui appartiennent au taureau des landes et au boeuf élevé dans ce même pays. Ces caractères sont ceux de la vache, comme ensemble typique; le cachet de masculinité y est moins accusé que dans la plupart des autres races. Les cornes sont toujours courtes, un peu grosses et légèrement contournées en avant; à la partie antérieure de la nuque; il existe une touffe de longs poils hérissés, formant un véritable toupet. L'encolure est courte, et ne devient pas ordinairement forte et rouée avant l'âge de deux à trois ans. La taille, à cet age, ne dépasse guère 1,06 ou 1,07, ce qui fait néanmoins que le taureau est toujours beaucoup plus fort que la femelle. Il se développe très-lentement.

Les bœufs bretons du Morbihan atteignent jusqu'à la taille de 1,25 à 1,30. Ils sont pourvus de cornes longues, luisantes et parfaitement égales sous le rapport de leur contour et de leur direction; « de moyenne grosseur à la base, dit M. Bellamy, elles vont en diminuant de plus en plus jusqu'à la pointe, qui est très-fine; portées un peu en avant, relevées vers la pointe, leur aspect impose par le danger qu'il pourrait y avoir, si ces animaux voulaient s'en servir; mais comme ils sont doués d'un bon caractère, il n'en résulte pas d'inconvénient. » Ils ont été privés de bonne heure de leurs testicules, ce qui fait qu'ils ont la tête sèche et mince, l'encolure courte, large de haut en bas, mais peu épaisse. Le poitrail est suffisamment large, la côte ronde et bien descendue, la ligne supérieure droite et assez large, la queue souvent attachée trop haut. Les épaules sont peu musclées, la cuisse est plate. Comme chez la vache, les aplombs du devant sont le plus souvent bons, mais les jarrets sont habituellement un peu rapprochés.

C'est vers l'âge d'un an à quinze mois que l'on commence à atteler les bœufs bretons. Il est d'usage de les faire travailler jusqu'à six et huit ans. Les cultivateurs du Morbihan les comblent de caresses, mais ils n'ont pas assez de ressources pour les bien nourrir. « La garde du troupeau, remarque M. Bellamy, n'est jamais confiée à des enfants; elle est la tâche la plus douce des femmes et des vieillards. » Pendant l'été, ces animaux sont mis dans des pâturages désignés dans le pays sous le nom de parcs à bœufs. En hiver, ils reçoivent un peu de foin, de la paille de froment ou d'avoine, de l'ajonc pilé parfois, et exceptionnellement quelques feuilles de choux; puis on

DE les envoie dans la lande pour y chercher le surplus de la nourriture qui leur est nécessaire, et qui est toujours très-parcimonieuse.

« Les bœufs bretons, ajoute l'auteur qui nous

fournit ces renseignements, rendent cependant de grands services; on ne peut contester leur énergie, ils produisent beaucoup plus de force que leur corpulence ne semble l'annoncer, et,

[graphic][subsumed][merged small][merged small][merged small]

vivant journellement de privations, il faut qu'ils aient beaucoup d'âme pour pouvoir soutenir aussi longtemps la fatigue.

« Cependant, ce sont ces bœufs qui jouissent d'une si grande réputation auprès des meilleurs bouchers de la capitale, lorsqu'ils ont été engraissés par les cultivateurs bretons; ils fournissent une viande entrelardée et à grain fin, que les gourmets trouvent très-bonne et très-savoureuse. « On engraisse, poursuit M. Bellamy, les boeufs dans toutes les parties du Morbihan, mais c'est surtout sur le littoral qu'on engraisse le mieux. Les bœufs maigres se rencontrent dans l'ouest et le nord-ouest du département où les cultivateurs des contrées nord et est vont les acheter à l'âge de deux à trois ans.

« Quant aux vaches vieilles et usées, elles sont généralement consommées dans un rayon peu éloigné; dans les grands domaines, il est d'usage de tuer annuellement une ou deux vaches; les autres sont vendues du côté de Napoléonville, Locminé et Ploërmel.

« Comme les vaches provenant du littoral sont ordinairement en bon état, elles sont plus recherchées, mais elles ne sont pas exportées bien loin.

« Il y a des domaniers qui engraissent des bœufs pendant l'hiver seulement, d'autres pendant l'été, mais la plupart le font indistinctement, suivant les ressources alimentaires qu'ils ont à leur disposition.

« Aussitôt les semailles faites, on commence à mieux nourrir les boeufs que l'on veut engraisser, afin de les vendre en février, mars ou avril; pour obtenir ce résultat, on leur donne du foin, de la paille, du son de froment, de l'avoine, parfois du froment et souvent du seigle en grain.

[ocr errors]

Lorsqu'on veut engraisser les bœufs à l'époque du printemps, on les met à pâturer dans des enclos réservés pour eux; on leur donne, en outre, des navets montés, du seigle en vert, du son de froment, un peu d'avoine et du seigle en grain.

« Par l'emploi de ces moyens, les bœufs bretons s'engraissent promptement; et nous pouvons ajouter, dit l'auteur, convenablement. Aussi les marchands normands et parisiens viennent-ils sur les principales foires faire concurrence aux gens du pays qui expédient un grand nombre de têtes par Dinan, Saint-Malo ou Granville, pour aller en Angleterre. On a remarqué que les marchands de Paris accordent la préférence aux boeufs les plus forts.

« Pour les personnes qui n'ont pas visité les foires du Morbihan, il peut paraître étonnant que, dans un pays où il y a tant de rochers et de landes, on s'occupe non-seulement de la production du bétail, mais même de l'engraissement des bœufs. L'on est en effet surpris quand on arrive un jour de foire, et surtout dans l'hiver, dans un petit village qui contient à peine quelques maisons, de voir une réunion de deux à trois mille bœufs, si près les uns des autres qu'on pourrait sans peine, en faisant des enjambées ordinaires, aller d'un côté de la foire à un autre en marchant

[blocks in formation]

quantité qu'on serait tenté de croire qu'ils ont l'âge de quatorze à quinze ou seize ans, qui est le été mis à dessein dans cet état (1). »

terme le plus long de sa vie. »

Les mâles sont émasculés à quelques mois, et l'on commence à les dresser pour le travail dès un an ou quinze mois, ainsi que nous l'avons vu. Au même âge, les génisses sont conduites au tau

Les taureaux sont rares dans le Morbihan. Les éleveurs envoient leurs vaches au plus près, sans se préoccuper du bon choix. Ce qui les préoccupe seulement, c'est qu'il soit pie noir. Le plus grand nombre de ces taureaux sont très-jeunes et épui-reau, et il n'est pas rare d'en rencontrer ayant un sés par de nombreuses saillies et une nourriture insuffisante.

On ne donne aux vaches pleines aucun soin particulier. Elles sont confondues avec le trorpeau et vont pâturer dans la lande ou dans les prés fauchés, les pâtures ou les chaumes. Elles ne rentrent à l'étable que pour être traites et peudant la nuit. Celles qui donnent du lait jusqu'à la mise bas, et c'est le plus grand nombre, n'ont pas un instant de répit. Durant l'hiver, on leur donne un peu de paille de froment, d'avoine ou de millet pendant la traite du matin, avant de partir pour la lande. Dans les fermes les mieux tenues seulement, elles reçoivent en outre deux litres de pommes de terre ou de courges mêlées avec un peu de son et d'eau.

Si la vache fait son veau à l'étable, lorsqu'elle l'a séché, s'il n'est pas assez fort pour teter tout seul, on lui fait avaler un peu du lait de sa mère; mais le plus souvent le vêlage s'effectue dehors; la vache est alors rentrée pour recevoir un peu de son dans de l'eau tiède, et du foin; puis, le lendemain, elle retourne dans la lande avec une petite couverture de toile, qu'elle garde pendant quelques jours.

veau déjà à l'âge de vingt mois.

Ce sont là des pratiques bien peu propres à améliorer la race, et qui expliquent facilement le peu de développement qu'elle acquiert. Il faut en effet que ses qualités natives soient bien solides pour qu'elle ait pu les conserver dans un pareil élevage. Cependant, pour être générales, il faut dire que ces pratiques ne sont pas absolument exclusives. Le progrès a pénétré quelque peu dans le Morbihan comme partout. Quelques exploitations plus avancées que les autres se sont préoccupées depuis un certain temps d'un meilleur choix des reproducteurs et soignent mieux les mères et leurs produits. Sous l'influence d'une nourriture moins parcimonieuse, ceux-ci ont acquis plus de développement et des formes meilleures. On rencontre assez souvent maintenant dans le pays des vaches ayant 1,10 à 1,30 au garrot, un corps plus long et plus épais, une physionomie moins vive, des allures plus lentes que celles qui caractérisent l'ancienne race.

Ce qui est arrivé dans le Morbihan s'est produit d'une manière bien plus générale et plus remarquable dans les autres parties fertiles et mieux cultivées de la région, notamment dans l'Ille-et-Vilaine. Dans les départements des Côtes

Tous les veaux provenant de bonnes laitières sont élevés, sans se préoccuper de leur confor-du-Nord et du Finistère surtout, à côté de la pure mation. I arrive assez fréquemment, suivant M. Bellamy, que tout le troupeau d'une exploitation a été produit par la même vache ou ses filles alliées avec des mâles de la même famille. C'est encore un exemple de consanguinité, qui dépose❘ bien éloquemment contre les inconvénients attribués à cette pratique.

« La manière dont on élève les veaux, dit le même auteur, est bien simple: en été, on les laisse teter pendant quinze jours à trois semaines, rarement un mois, puis on leur donne un peu de lait étendu d'eau tiède et quelques brins d'herbe. En hiver, ils sont nourris avec un peu de lait, de l'eau tiède, du son et quelques plantes dessé

[blocks in formation]

race bretonne pie noir morbihannaise, il se trouve des variétés pie alezan, dont la principale est la carhaisienne, ayant quelque ressemblance avec la race des îles de la Manche dite d'Alderney. La plupart de ces variétés résultent de croisements opérés avec les races normande, vendéenne et suisse, en vue d'élever la taille de la race locale. Ces variétés n'ont pas à beaucoup près les qualités que nous avons reconnues à celle-ci.

Dans ces derniers temps, des essais de croisement avec le Durham ont été tentés et suivis avec toute l'intelligence possible à l'école régionale d'agriculture de Grand-Jouan (Loire-Inférieure), par l'habile directeur de cette école, M. Rieffel. Dans les conditions où ces croisements ont été opérés, c'est-à-dire au milieu d'une agriculture avancée, pouvant nourrir suffisamment les élèves, et avec la précaution de choisir des mères déjà améliorées par l'alimentation, telles que celles des Côtes-du-Nord choisies par M. Rieffel, on conçoit que ces essais aient réussi dans une certaine mesure. Les produits durham-bretons ainsi obtenus ne peuvent manquer de donner plus de poids et un rendement supérieur à celui des bretons purs, pour la boucherie. A ce titre, en revenons toujours là, la production des métis dont il s'agit peut être une bonne industrie, à la condition qu'elle sera maintenue dans les limites de ce but spécial. Dans le département d'Ille-et-Vilaine, sous l'énergique impulsion de M. le préfet Féart, qui a été jusqu'à engager ses propres deniers dans cette entreprise, le croise

nous

[merged small][merged small][graphic][subsumed][merged small]

sont pas dangereuses; si elles prennent de l'extension, c'est que le bon sens de la masse leur a reconnu des avantages certains. Les améliorations, dans les choses agricoles, ont tant de peine à s'introduire, qu'une propagande, si active qu'elle soit, ne saurait suffire pour expliquer l'extension du croisement durham en Bretagne, en dehors des avantages qu'il doit nécessairement présenter dans les circonstances économiques où il se répand.

Mais il faudrait le juger tout autrement, s'il s'agissait d'une transformation radicale de la race bretonne du Morbihan. Il n'a point pénétré jusqu'ici dans son centre de production; et il y a lieu d'en féliciter les éleveurs du pays. Il n'y aura point d'efforts à faire sans doute pour les détourner de cette voie. En admettant que ce croisement ne fût pas de nature à altérer l'aptitude laitière de la race, il y aurait bien des améliorations à réaliser dans l'agriculture du pays, avant de songer à communiquer aux produits, par la génération, des aptitudes plus prononcées à tirer un meilleur parti des fourrages. Dans les conditions que nous avons vues, songer aux métis durham serait presque l'équivalent d'une folie.

La préoccupation de conserver à la race bretonne ses qualités laitières, tout en lui faisant acquérir une meilleure conformation et des aptitudes plus prononcées pour la boucherie. cette préoccupation a fait songer à l'introduction de types améliorateurs pris dans cette collection de métis que l'on appelle la race d'Ayr. C'est encore M. Rieffel qui en a fait les premiers essais, et qui

|

a donné sur les résultats de son expérimentation tous les détails circonstanciés que l'on devait attendre du directeur d'une école régionale d'agriculture. Ces résultats sont probants en faveur de l'opération, et peuvent sans aucun doute servir de modèle pour les conditions identiques ou même seulement analogues à celles dans lesquelles ils ont été obtenus et continuent de l'être. A leur suite, de même que le croisement Durham, le croisement Ayr a pris en Bretagne une certaine extension, notamment dans l'Ille et-Vilaine, où ils sont tous les deux menés de front. Les produits de ces croisements, qui au fond reviennent à peu près au même quant à la conformation, les sujets d'Ayr n'étant eux-mêmes, comme nous le savons, que des métis de Durham, ces produits donnent des individus dits améliorés dont nous plaçons des échantillons figurés sous les yeux du lecteur.

Le croisement ayr-breton est rationnel, dans toutes les parties de la Bretagne où l'agriculture est assez avancée pour fournir à des aptitudes plus prononcées, dans les deux sens de la laiterie et de la boucherie, des éléments suffisants pour leur exercice. Il ne peut qu'ajouter aux facultés laitières natives de la race locale. Ce n'est donc qu'une affaire d'alimentation. On n'améliore pas les races par le croisement, nous le savons bien, on les détruit; mais si les métis qui les remplacent donnent plus de bénéfices, il n'y a pas de raison pour tenir à leur conservation. C'est la suprême loi de toute industrie.

« PreviousContinue »