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développement et vicie le plus souvent l'aplomb des membres antérieurs, dont les genoux sont dejetés en dedans.

Une encolure puissante et épaisse sort de l'ample poitrine du garonnais et se termine par une tête forte, portant des oreilles larges, des cornes grosses, aplaties et le plus souvent dirigées en avant et en bas.

Taureau garonnais.

Le pelage est uniformément jaune froment, avec le tour des yeux plus clair, le bord des paupières et le mufle d'un rose pâle. Quelquefois on observe sur le milieu de la face une teinte brune, qui fait dire aux paysans de la contrée que les animaux sont enfumés ou charbonnés. Des taches de niême nature se montrent aussi, dans certains cas, sur les côtes, autour des onglons et au fouet de la queue. Mais il y a quelque raison alors de douter de la pureté du type garonnais. Celui-ci est absolument blond, avec les cornes entièrement blanches, ce qui lui donne une physionomie reniarquablement placide et une aptitude à l'assimilation des aliments qui en rend l'engraissement très-facile dès qu'il est soustrait à l'influence du travail.

Tels sont les caractères typiques que l'on rencontre invariablement dans tout le bétail de la région qui a été plus haut circonscrite. La conformation varie par quelques détails, le cornage

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change quant à la direction, mais la robe froment, la corne blanche, le mufle rose, les paupières pâles, tous les attributs du type blond, en un mot, se rencontrent invariablement.

C'est dans les environs d'Agen, que, sous l'influence de soins mieux entendus et d'une agriculture plus avancée, le type garonnais a acquis d'abord une conformation plus régulière et plus de précocité. Il s'est constitué là une tribu remarquable, à laquelle on donne généralement le nom de race agenaise. Dès que l'on s'est occupé de l'amélioration du bétail dans les départements méridionaux, les éleveurs des environs de Montauban et de Castelsarrasin sont venus demander aux familles agenaises des taureaux améliorateurs, si bien que la plupart des bêtes bovines engraissées maintenant dans le Tarn-et-Garonne appartiennent à la variété agenaise de la race garonnaise. Il en a été de même pour les cantons de la Haute-Garonne qui entretiennent cette race préférablement à la race gasconne.

Le bœuf agenais possède toutes les qualités propres à en faire un animal de boucherie accompli. De nombreux faits ont déjà prouvé qu'il suffit de lui administrer dans le jeune âge une forte alimentation, pour lui faire atteindre du premier coup un degré de précocité considérable.

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Son mode d'élevage le prédispose depuis longtemps à cette aptitude, et sous ce rapport sa conformation ne laisse rien à désirer. On peut donc le considérer comme très-avancé dans la voie du perfectionnement.

C'est pour ce motif que notre distingué confrère M. Goux, d'Agen, a dans le temps énergiquement repoussé pour le bétail de son pays le croisement Durham, et qu'il a constamment exhorté les élcveurs agenais à conserver leur précieuse race en l'améliorant par sélection à mesure des progrès agricoles. L'habile vétérinaire avait et a encore incontestablement raison contre les zootechniciens de fantaisie qui ne rêvent qu'absorption de toutes les races françaises par celle de Durham. Mais il ne faudrait pas repousser systématiquement des opérations de croisement qui n'auraient pour but que de produire des individus améliorés en vue de la boucherie, à côté et sans préjudice de la conservation et de l'amélioration de la race pure. La race garonnaise, par ses aptitudes natives, se prête merveilleusement au croisement industriel avec celle de Durham, et partout, dans sa région, où les produits peuvent être abondamment nourris, des faits maintenant assez nombreux ont prouvé qu'il y avait avantage à les obtenir par ce moyen. Les premiers métis Durham-garonnais, quand ils sont obtenus dans des conditions rationnelles, donnent sous le couteau du boucher des produits de première qualité. On n'en sera nullement surpris, si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur les détails suivants relatifs au rendement de deux jeunes bœufs agenais primés en 1850 au concours de boucherie de Bordeaux, détails déjà empruntés par M. le marquis de Dampierre au compte-rendu officiel.

Premier prix. Boeuf agenais, 3 ans et 10 mois, engraissé par M. Gramaudel, de Meilhan (Lot-etGaronne) :

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travaux agricoles dans la région qu'elle habite, et de plus la plupart des transports sur les quais de Bordeaux. Dans la partie de l'arrondissement de Cognac qui produit les eaux-de-vie si renommées sous le nom de fine champagne, il n'est pas rare de rencontrer attelé à une charrette un seul bœuf garonnais traînant une lourde charge qu'il mène avec une aisance parfaite. Mais aussi ces animeaux sont, de la part de leur bouvier et de sa famille, l'objet de soins et d'attentions de tous les instan's, et dont nous avons déjà parlé à l'occasion des autres races méridionales. Ces habitudes sont dans les mœurs du pays.

« Les vaches de la race garonnaise, dit M. de Dampierre, sont de haute taille et travaillent au moins autant que les bœufs, que l'on aime à ménager et à entretenir toujours dans un certain état d'embonpoint et prêts pour la vente; car une des meilleures spéculations des éleveurs garonnais est le dressage de beaux attelages que l'on vend pour les départements de la Gironde, de la Haute-Garonne, de Tarn-et-Garonne, du Tarn, de la Provence même, et pour le Périgord, où ils sont fort recherchés. Le commerce le plus considérable se fait cependant dans le pays même; car, pour le département de Lot-et-Garonne, il a été constaté que, sur 33,000 ventes annuelles, il n'y avait pas plus de 8,000 bêtes exportées. » Du reste, on peut prendre une idée tout à la fois del'importance de la production de cette race et du rôle qui revient aux vaches comme bêtes travailleuses, en songeant que d'après le dernier recensement, la population bovine du département de Lot-etGaronne était de 129,973 têtes, dont 29,163 bœufs, 10,090 taureaux, 26,437 veaux et 64,289 vaches. Dans le seul arrondissement de Marmande, on comptait 21,995 vaches contre 5,234 bœufs.

En s'éloignant des bords de la Garonne et en se répandant sur les collines du Quercy et du Périgord, la race garonnaise a pris un corps plus trapu mais un peu moins ample, tout en conservant la bonne conformation qui la distingue dans l'Agenais. Ces modifications sont dues à la constitution du sol arable, qui est léger, reposant sur des roches primitives ou de transition. Elles atteignent leur limite extrême dans l'ancienne province du Limousin, où cependant s'élèvent vilégiés, dont le granit presque entièrement des familles fort belles dans quelques cantons prifeldspathique donne une couche arable d'une trèsgrande fertilité. C'est à l'ensemble de ces familles que l'on a donné le nom de race limousine, parce qu'elles se reproduisent par elles-mêmes et fournissent à la contrée des boeufs de travail, que l'on rencontre aussi chez les petits cultivateurs de la Charente et d'une partie de la Charente-Infé rieure. Ces bœufs vont tous finalement concourir à l'approvisionnement des marchés de Paris, après avoir été engraissés sur les lieux ou dans les herbages de la Vendée et de la Normandie. Les engraisseurs de cette dernière province viennent les acheter à l'époque du carême, aux foires de l'An

Ces résultats comparatifs ne font pas honneur à l'appréciation du jury; mais ce n'est pas à ce point de vue qu'ils nous intéressent. Ils témoignent mieux que tous les raisonnements de la remarquable aptitude de la race garonnaise pour la boucherie, dans sa variété améliorée de l'age-goumois et de la Saintonge, en même temps que

nais.

Cependant cette race est essentiellement travailleuse. C'est par elle que sont exécutés tous les

ceux des races parthenaise et d eSalers, dont nous parlerons plus loin. On les appelle Saintongeais dans le commerce, mais c'est une erreur que ne

peuvent partager ceux qui, étant au courant des | Limousin, ou plutôt les petits cultivateurs chahabitudes de l'économie rurale de ce pays, savent ren'ais qui les tiennent de seconde ou de troique les cultivateurs de la Saintonge qui entre-sième main, suivant l'âge auquel ils sont arrivés. tiennent des bœufs blonds, vont acheter leurs at- Là est la raison de leur grande docilité, car chantelages aux foires de la Haute-Charente, à Vars geant de maitre chaque année, ils ont été l'objet notamment, où les conduisent les éleveurs du de beaucoup de soins de la part de chacun de

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partiennent à un type unique et arrivent à des formes et à des aptitudes identiques, lorsqu'elles sont soumises à la méthode d'amélioration que nous avons indiquée pour la famille agenaise, en constatant les résultats obtenus déjà.

Quant aux caractères de ces boeufs limousins, il serait bien impossible de les distinguer de ceux du type garonnais des environs d'Agen, pour peu surtout qu'ils aient été améliorés par un élevage bien entendu. On en jugera du reste sur les descriptions données par ceux-là même qui, parmi les auteurs, admettent l'existence d'une race limousine. Voici celle de M. Magne, par exemple: « Pelage jaune, plus pâle à la face interne des membres; yeux grands, doux et entourés, ainsi que le mufle, d'une auréole presque blanche ; peau généralement souple, douce, pour un boeuf de montagne; taille moyenne, corps long, plutôt grand qu'épais; côte souvent plate; garrot élevé, tranchant; train postérieur quelquefois mince: encolure un peu longue; tête moyenne, portant des cornes blanchâtres sur toute la longueur, ou un peu brunes au sommet, très-grosses, presque toujours aplaties à la base; elles sont rarement bien contournées dans le type de la race, mais dirigées en avant et souvent en bas. De même que dans le boeuf garonnais, on ampute une corne, quelquefois les deux, à 10, 12 centimètres de la têté, pour avoir plus de facilité à atteler les ani

maux. >>>

La race garonnaise, dans toutes les parties de la vaste région qu'elle habite, est, sous le rapport de la lactation, plus que médiocre. Il arrive souvent que les vaches ne fournissent même pas assez de lait pour l'entretien de leur veau. On doit tenir compte de cette circonstanc dans l'amélioration pour donner aux élèves pendant l'allaitement un supplément de nourriture. Il n'est pas rare de voir les éleveurs leur faire teter une nourrice appartenant à une de nos races laitières.

Il est visible que cette description s'applique tout aussi exactement aux boufs de Tarn-et-Garonne, du Quercy, du Périgord, qui sont du reste comme ceux du Limousin des variétés de la race garennaise. Toutes ces variétés, répétons-le, ap

En résumé, les bêtes bovines des bords de la Garonne, du Quercy, du Périgord, du Limousin, principaux centres de production des animaux qui concourent à peupler la région que nous avons circonscrite, loin d'appartenir aux races distinctes que l'on a admises, se rapportent toutes au type garonnais et constituent, dans leur ensemble, une seule race parfaitement homogène dans' son type, sinon dans sa conformation. Son caractère zootechnique fondamental est une disposition native à subir facilement l'amélioration en vue de la boucherie, dès qu'elle est soustraite à l'influence du travail, pour lequel son aptitude est cependant prononcée à un degré éminent. De toutes les races françaises, la race garonnaise est peut-être celle qui offre à cet égard le plus d'ave

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nir, parce qu'elle se prête le mieux, dans ses di- | terreau, produit de plusieurs siècles de végétaverses variétés agenaise, périgourdine et limou- tion. De ces deux circonstances résulte la grande sine, aux opérations de sélection qui la conduisent fécondité qui permet à des montagnes peu étenpromptement à la précocité. L'expérience est faite dues de fournir, indéfiniment et sans s'épuiser, à cet égard; il ne peut plus y avoir d'hésitation. des bestiaux à une grande partie de la France. »> Les concours de boucherie en ont fourni assez de Après cet aperçu des conditions de milieu dans preuves pour qu'il ne puisse venir à l'esprit d'au- lesquelles se produit la race, l'auteur en trace les cun homme compétent de le contester. caractères ainsi qu'il suit : « Jadis on pouvait donner la description suivante des bœufs de Salers: corps grand, souvent mince et haut monté sur jambes; saillies osseuses fort apparentes; fesses peu charnues ; cuisses minces, trop fendues; encolure moyenne; fanon grand; tête courte, forte; cornes grosses, lisses, noires au sommet et le plus souvent régulièrement contournées en se relevant et se jetant un peu en dehors; membres très-forts; genoux en dedans; épaules longues se rapprochant au sommet, ce qui rend le garrot mince; peau épaisse, dure; poil long et constamment d'un rouge foncé, quelquefois presque brun. Le bœuf de Salers présente assez souvent quelques plaques blanches à la queue, à la croupe et au ventre; les animaux qui ont un pelage bicolore sont moins estimés par les marchands du Poitou, probablement à cause de la ressemblance qu'ils ont avec la race pie du Puy-de-Dôme.

Race de Salers. Il convient de citer textuellement M. Magne, pour ne pas faire comme ceux qui, ayant écrit depuis notre savant maître sur le bétail français, se sont contentés de copier ses descriptions en se les attribuant. Il n'y a en effet, pour être exact sur ce qui concerne la race dont nous allons nous occuper, que l'un ou l'autre de ces partis à prendre, car M. Magne n'a rien laissé à dire après lui. Nous préférons le premier. « Propre au département du Cantal, dit-il, la race de Salers tire son nom d'une petite ville située dans l'arrondissement de Mauriac. Elle s'est produite sur quelques plateaux volcaniques dont la fertilité s'explique par leur grande altitude et par la composition chimique du sol. Les sommets du Cantal sont assez froids, en raison de leur élévation (1,857 mètres), pour condenser les vapeurs de l'atmosphère. En été, ils sont souvent voilés par d'épais brouillards et presque tous les matins couver's d'une abondante rosée; la terre qui les constitue présente les nombreux éléments chimiques qui entrent dans la composition des roches volcaniques recouverts par une forte couche de

« Cette description ne s'appliquerait plus qu'à une partie des bœufs de Salers. Aujourd'hui beaucoup de ces animaux ont un poitrail large, une poitrine ample, un garrot épais, l'épine dorsolombaire bien soutenue, des cuisses bien musclées, des épaules longues et fortement charnues,

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des membres, surtout les antérieurs, très-courts, | de sous-race proprement dite. Les innombrables et une peau douce et fine. Ce perfectionnement troupeaux qui émigrent des foires d'Auvergne, dans la race est une preuve de l'amélioration du d'Aurillac, de Fontanes, de Mauriac, de Salers, se régime auquel les animaux sont soumis. dispersent, croisent accidentellement les races de l'Allier, de la Creuse, du Limousin, de l'Angoumois, du Quercy, du Rouergue, du Languedoc, mais sans former race. »

« Comme le pays qui le produit, le boeuf de Salers est un. Quoiqu'il se répande des plateaux où il est né dans toutes les directions, il ne forme pas

Faisons remarquer, avant d'aller plus loin, combien les caractères typiques que nous venons de voir présentent de traits de ressemblance avec ceux de la race anglaise de Hereford, et aussi peut-être avec ceux de la race de Devon.

M. Magne s'occupe ensuite des particularités relatives à l'élevage de la race de Salers et du commerce auquel elle donne lieu. Il poursuit : « La haute Auvergne fait naître une quantité prodigieuse de bétail. Il y a bien quelques herbages qui servent à l'engraissement, mais la principale industrie du Cantal, c'est la production de génisses et de taureaux que l'on vend en automne. Les måles, et les plus beaux principalement, sont conduits dans l'Ouest » (notamment dans la Charente, la Charente-Inférieure et les Deux-Sèvres, où ils sont d'abord achetés par les propriétaires qui peuvent les entretenir pendant un an sans les faire travailler, puis par les petits cultivateurs qui les dressent et les vendent ensuite à d'autres dont les travaux sont plus importants, jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge adulte, passant ainsi de main en main et laissant dans chacune un bénéfice plus ou moins considérable). « Une grande partie des femelles vont vers le Midi, jusque dans l'Aude, et dans l'Est, où elles travaillent et donnent du lait.

« Après avoir traîné la charrue dans les départements de l'Ouest, les bœufs d'Auvergne sont engraissés selon les saisons, ou dans les étables du Poitou, ou dans les herbages de la Normandie, et conduits vers Paris qu'ils contribuent à alimenter pendant toute l'année. Les engraisseurs les tirent en grande partie des Charentes, des Deux-Sèvres et de la Vienne. On les appelle souvent bœufs du Poitou, bœufs mothois (parce que les Normands les achètent principalement aux marchés de la Mothe et d'Aunay).

« Les vaches et les petits bœufs sont engraissés quelquefois en Auvergne où ils reviennent après avoir travaillé dans les provinces voisines, d'autres fois dans le Bourbonnais, le Charolais, le Forez, ou encore dans le haut Languedoc et le Rouergue. Gras, ils sont conduits à Lyon ou dans les villes de la Provence et du Languedoc. >>

Voici maintenant l'appréciation que donne M. Magnie des qualités et des défauts des animaux dont il s'agit : « Très-rustique, le bœuf de Salers se contente d'une nourriture médiocre, pourvu qu'elle soit abondante. Il est fort et très-tenace au travail, mais convient mieux pour les pays de plaines à température douce que pour les contrées à pentes rapides où règnent en été de fortes chaleurs.

« Pour une race du Midi, celle de Salers est passable au point de vue de la lactation; il s'y trouve même quelques vaches qui donnent 18, 20 litres de lait par jour, à la vérité en consommant beaucoup.

« L'engraissement des bœufs de Salers, disait notre maître le professeur Grognier qui, né en Auvergne, en avait étudié le bétail avec prédilection, est long, peu économique, et leur viande n'est pas très-estimée. En effet, anciennement l'engraisseur les achetait moins cher que ceux de la race charolaise; ils étaient durs à l'engrais,

mais ce défaut tenait moins à la nature des animaux qu'à la manière dont ils étaient entretenus, à l'imperfection de la castration qu'ils subissaient et surtout au travail prolongé qu'en exigeaient les cultivateurs. Depuis que grâce aux progrès de la culture on nourrit mieux les bœufs de travail, depuis qu'on a. compris l'avantage de les renouveler plus souvent pour réaliser plus souvent les bénéfices qu'ils procurent, depuis qu'on les vend aussitôt qu'ils ont acquis tout leur développement, qu'on ne les fait travailler que deux, trois ans au lieu de sept, huit, neuf, il s'est produit une amélioration sensible dans la race de Salers au point de vue de la boucherie.

« Aujourd'hui, même après avoir fait de péninibles travaux, les bœufs de Salers s'engraissent bien, et au pâturage comme à la bouverie, ils fournissent beaucoup de suif et une très-forte quantité de viande ferme et sapide.

« Les concours ont souvent démontré qu'ils sont susceptibles de parvenir au plus haut degré d'engraissement, et, disent les engraisseurs, avec aussi peu de nourriture que les races les plus renommées pour leur aptitude à prendre la graisse. On peut même remarquer que les nombreux bœufs de Salers présentés au concours de Poissy, proviennent de différentes contrées, ce qui prouve que leurs qualités ont été reconnues dans tous les pays d'engraissement.

« Nous avons dit que la race de Salers avait éprouvé déjà de grandes améliorations quant à ses formes. Malheureusement ces améliorations sont encore loin d'être générales, et il est trèsordinaire de voir, sur les marchés, des bœufs de cette race à conformation très-défectueuse. Malgré leurs défauts, ces bœufs rendent beaucoup à l'abattoir, mais les acheteurs arguent de leurs os saillants, de leur corps étroit, pour les déprécier; généralement on ne veut pas les payer ce qu'ils valent. Nous avons remarqué que les boeufs de Salers mal conformés sont souvent achetés par de bons connaisseurs qui savent les apprécier. »

Nous ne dirons rien de l'exploitation de la race de Salers au point de vue de la laiterie. Ce sujet aura sa place ailleurs, quand on s'occupera de la fabrication des fromages du Cantal. Il faut faire remarquer seulement, à ce propos, que la race dont il s'agit est sans contredit celle qui réunit à la fois au plus haut degré les trois aptitudes de l'espèce bovine, et aussi la seule qui soit exploitée en même temps pour la triple destination qu'elles permettent. Pour avoir été de beaucoup exagérée pardes partisans enthousiastes, qui sont allés, dans leur irréflexion, jusqu'à préconiser le type de Salers comme agent universel d'amélioration de nos races françaises, en concurrence avec le Durham, il n'en est pas moins vrai que cette faculté mixte est assez remarquable. Ce qui doit en résulter pour nous, c'est la nécessité de s'en tenir strictement à la sélection pour ce qui concerne l'amélioration de la race de Salers, en assurant aux élèves, pendant l'allaitement et après le sevrage, une nourriture meilleure et plus abondante. Le yice capital de l'élevage, dans les montagnes, est la parcimonie de l'alimentation pendant la saison d'hiver. Bien que M. Magne semble admettre la possibilité de

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