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répandent une trentaine d'hectolitres de têtes et d'issues de morues et de merluches par mesure de 40 ares. Le prix de l'hectolitre est d'environ 1 franc 85 centimes. Ils conduisent de suite ces déchets sur les champs, les enterrent dans une tranchée profonde, les y laissent pourrir pendant deux ou trois mois, et les emploient ensuite en mélange avec la terre de la tranchée. Parfois on fume avec cet engrais les terres que l'on veut ensemencer en froment; mais on se loue surtout de ses effets sur les navets. Dans ce dernier cas, on jette l'engrais à la pelle dans le sillon que la charrue recouvre au retour; puis l'on répand la graine de navets au moyen d'un semoir à mains ou d'un semoir mécanique. L'engrais de poissons est trèsriche en phosphates et en matières azotées.

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Cette troisième catégorie comprend les fumiers de mouton, de chèvre, de cheval, d'âne, de mulet, de vache, de porc, les eaux de fumier et le bouillon des jardiniers.

Ces engrais sont désignés par un grand nombre d'auteurs sous le nom d'engrais mixtes, qui nous paraît impropre, en ce sens que la qualification de mixtes s'applique tout aussi bien à la plupart des composts qu'aux fumiers de ferme.

Les fumiers de ferme sont divisés par les praticiens en deux classes. La première comprend les fumiers chauds; la seconde, les fumiers froids.

Ils entendent par fumiers chauds ceux qui contiennent le moins d'eau et qui développent une chaleur intense par la fermentation. Ce sont les fumiers de mouton, de chèvre, de cheval, d'âne et de mulet. Ils entendent par fumiers froids, ceux qui contiennent le plus d'eau et développent beaucoup moins de chaleur que les précédents. Ce sont les fumiers de vache et de porc. Il va sans dire que le purin de basse-cour est dans le même cas.

Fumier de mouton. - Cet engrais est d'une grande énergie. S'il fermente lentement dans la bergerie, c'est à cause de la dureté des crottins, de la petite quantité des urines comparativement à la litière pailleuse, et aussi à cause du tassement qui est considérable; mais aussitôt que l'on expose le fumier aux influences atmosphériques, ou qu'on l'arrose dans la bergerie, la fermentation se développe avec rapidité.

-«Le fumier de mouton, dit Schwerz, est sans contredit le plus substantiel de tous les fumiers d'étables. Moins chaud que le fumier de cheval,

son action se fait sentir plus longtemps dans la terre que celle du fumier de cheval, et moins longtemps que celle du fumier de bêtes à cornes. Son action n'excède pas deux années et ne se manifeste très-sensiblement que pendant la première. Comme le fumier de mouton reste ordinairement jusqu'au moment de son application, dans les étables, où il est fortement tassé par les pieds des moutons et où il reçoit peu d'humidité, il ne présente que peu de symptômes de fermentation. Il ne se mêle que très-difficilement et trèsimparfaitement avec la litière; de là, la nécessité de le laisser longtemps dans les étables et l'inconvénient de donner trop de litière. Le fumier de mouton est propre à tous les terrains, mais, en comparaison avec le fumier de bêtes à cornes, il est plus propre aux terrains argileux, lourds et froids. Il est préférable à tous les autres fumiers pour la naveite et le colza. »

Van Aelbroeck considère le fumier de mouton comme étant le plus vigoureux de tous et comme précipitant la végétation plus que tout autre engrais. Il assure que, dans les terres humides et légères de la Flandre, six voitures de ce fumier en valent neuf de fumier de cheval; aussi recommande-t-il de ne l'employer qu'avec modération et de s'en abstenir dans les linières.

Notre collaborateur M. Fouquet constate que le fumier de mouton est très-profitable aux plantes oléagineuses, mais qu'il n'est guère estimé pour les betteraves qui, paraît-il, donnent moins de sucre que lorsqu'elles sont fumées avec l'engrais des bêtes bovines. Il ajoute que l'orge venue sur l'engrais de mouton est moins estimée des brasseurs parce qu'elle contient alors moins d'amidon et qu'elle germe avec irrégularité.

Nous dirons, à ce propos, que le froment produit dans les mêmes conditions, passe pour ne point valoir celui que l'on obtient avec le fumier de vache et de cheval. Des observateurs dignes de foi nous ont affirmé, en 1846, sur divers points du département de la Côte-d'Or, notamment à Genlis et à Vitteaux, que la farine d'un froment cultivé avec le fumier de mouton, fournissait une pâte d'une levée difficile, et que les pains s'aplatissaient et se fendillaient au four. Nous n'avons jamais eu l'occasion de vérifier l'exactitude de ces assertions que nous avons signalées pour la première fois, il y a quinze ans, et qui ont été reproduites par divers auteurs, à diverses reprises, mais toujours sans contrôle préalable.

Un mouton qui pâture ne fournit que de 400 à 500 kilog. de fumier par année.

Une fumure de 20 000 kil. par hectare est ordinairement suffisante, un mouton que l'on engraisse en fournit environ 800.

Fumier de chèvre.-Cet engrais se rapproche beaucoup du précédent par son énergie; cependant il est moins riche, parce qu'il ne contient pas de mèches de laine. Dans certaines localités des Vosges, pour obtenir de beaux radis d'été et d'hiver, cultivés sous le nom de raves, il est d'usage de prendre des crottes de chèvre, de les trouer une à une avec un morceau de bois effilé, de placer une graine de radis dans chaque trou et de

mettre ensuite les crottes dans la terre. Nous avons employé ce procédé et n'avons eu qu'à nous en louer. Il va sans dire qu'il n'est pas expéditif et qu'il ne convient réellement qu'à la culture potagère.

Fumier de cheval. La valeur de cet engrais chaud n'est contestée par personne, mais elle n'est pas la même dans toutes les écuries; elle est subordonnée à la qualité de la nourriture, à la qualité de la litière et à l'exercice que prennent les animaux. Plus la nourriture et la litière sont riches, plus les chevaux travaillent, plus leur fumier a de puissance. Alors que le roulage était florissant et que le service des postes avait une importance capitale, le fumier des maîtres de poste et des aubergistes de grandes routes passait, à juste titre, pour le plus chaud de tous les fumiers; venait ensuite le fumier des bonnes fermes et, en dernier lieu, celui des cultivateurs peu soigneux ou pauvres. Nous ne pouvons pas oublier qu'en 1844 ou 1845, la fermentation produisit une chaleur telle dans un tas de fumier appartenant au maître de poste de Beaune (Côte-d'Or), qu'il s'enflamma spontanément sur tous les points et que les pompes à incendie ne purent se rendre maîtresses du feu. Parmi nos campagnes, même dans les meilleures fermes, des accidents de cette nature ne sont pas à craindre.

Consultez Mathieu de Dombasle, Schwerz, Van Aelbroeck, tous les maîtres en fait d'agriculture pratique, et tous vous diront que le fumier de cheval est un engrais sec, chaud, agissant vite, durant peu, et convenant surtout aux terrains argileux. Pour notre compte, nous n'acceptons pas cette opinion sans réserve. Nous avons écrit dans le Dictionnaire d'agriculture pratique, et nous répétons ici: <«< Oui, le fumier de cheval convient aux terres argileuses et humides, mais il ne faut pas soutenir, comme on le fait journellement, qu'il ne convient pas aux terres légères sans distinction. Si vos terres légères appartiennent à des climats chauds et brûlants, vous avez raison; mais si elles appartiennent à des climats froids ou plus froids que chauds, à des climats brumeux ou exposés à des pluies fréquentes, vous avez tort. Nous ne connaissons pas de terres plus légères que les sables de la Campine et celles de la province de Luxembourg (Belgique), puisque les outils de labour entrent là dedans comme si c'étaient des cendres. Est-ce à dire pour cela que le fumier de cheval ne saurait leur convenir? Gardez-vous de l'écrire jamais! Pour rester dans le vrai, on doit poser en fait que le fumier de cheval est bon pour tous les terrains qui ne sont pas exposés à souffrir des effets de la sécheresse, et pour toutes les plantes qui gagnent à pousser rapidement, au risque, bien entendu, de communiquer à certaines d'entre elles, comme à nos primeurs de jardin, une saveur qui n'est pas du goût de tout le monde. »

Dans le jardinage, où les arrosements ne font pas défaut, le fumier de cheval est, avec raison, très-recherché, à cause de sa rapidité d'action. II ne sert pas seulement à la nourriture des légumes de pleine terre, il sert encore à former les couches et les réchauds.

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Lé mètre cube de fumier frais de cheval pèse environ 400 kilogrammes.

Le mètre cube de fumier consommé à demi pèse environ 550 kilogrammes en moyenne; le cheval qui reçoit, par jour, 2 kilogrammes et demi de litière, fournit par année de 8 à 9060 kilog. de fumier.

Une fumure de 20 000 kilogrammes de fumier frais de cheval, par hectare, n'est point une fumure copieuse; quand on peut l'élever au chiffre de 30 à 35 000 kilogrammes, on ne s'en trouve que mieux.

Fumier d'âne et de mulet. · Ce fumier est tout aussi estimé que le précédent ; quelquefois même, il l'est davantage. Ainsi, les anciens horticulteurs et beaucoup d'horticulteurs modernes le préfèrent pour les couches au fumier de cheval. Nous consignons ce fait purement et simplement.

Cet en

Fumier de vache ou de bœuf. grais, plus aqueux et moins fermentescible que les précédents, appartient à la catégorie des fumiers froids. Les agronomes et les cultivateurs s'accordent tous à en conseiller l'emploi sur les terrains secs et brûlants et le recommandent pour la culture de toutes les plantes avides d'eau ou aimant la fraîcheur. Sa qualité dépend nécessairement de celle de la nourriture des bêtes. Les vaches qui broutent de maigres pacages ou qui vivent de paille en hiver, ne fournissent pas un fumier comparable à celui des bêtes de trait et des bêtes soumises au régime de l'engraissement.

Cet engrais a l'immense mérite, à nos yeux surtout, lorsqu'il se trouve dans un état de décomposition avancée, de ne pas altérer la délicatesse des produits. C'est le seul des fumiers de ferme qui soit accepté, sans protestation, dans la culture des vignes fines.

— « Ce fumier, dit Schwerz, possède plusieurs propriétés particulièrement utiles: la première, de se maintenir longtemps dans le sol, ce qui compense bien la lenteur de son action; la seconde, d'être propre à tous les terrains et à toutes les cultures; la troisième, de se lier très-facilement, à cause de son état presque fluide, avec toute espèce de litière, propriété que n'ont pas les fumiers de cheval et de mouton; la quatrième, d'opérer une action toujours uniforme; la cinquième, la masse plus considérable de déjections, et la proportion plus forte d'engrais produit. Et, s'il est vrai qu'un animal ne peut rendre plus qu'il ne consomme, il est plus vrai encore que les déjections des bêtes à cornes permettent, à raison de leur fluidité, une addition plus considérable de litière que celles des moutons et des chevaux. »

La première qualité, dont parle Schwerz peut être contestée dans bien des cas. Si parfois il est avantageux d'avoir affaire à des engrais d'une action lente, le plus souvent, il y a profit à obtenir des effets rapides.

Le mètre cube de fumier de bœuf nourri pour la boucherie, et convenablement décomposé, pèse environ 800 kilogrammes.

Un boeuf de travail peut produire par année de 10 à 11 000 kilogrammes de fumier.

Une vache en stabulation donnera 12 ou 13 000 kilogrammes et plus, selon que l'on augmentera la litière. On dépasserait aisément les 20 000 avec beaucoup de nourriture fraîche et 3 kilogrammes de litière par jour. On l'emploie à raison de 35, 40 et même 50 000 kilogrammes à l'hectare.

Fumier de porc. · En général, cet engrais ne jouit pas d'une bonne réputation. Les uns le disent trop froid, les autres lui attribuent des propriétés nuisibles aux récoltes; quelques-uns lui reprochent de n'avoir pas de durée. Ces appréciations, plus ou moins fondées dans les pays où les porcs reçoivent une mauvaise nourriture, une nourriture très-aqueuse, ne sont pas exactes partout. Ainsi, les Anglais ne partagent point cette mauvaise opinion; Schwerz ne la partage pas non plus. - «Ma propre expérience, dit-il, m'a fait reconnaître que le fumier des porcs à l'engrais produit, pendant deux années, un effet plus grand dans les mêmes terres et sur les mêmes plantes que le fumier des vaches. »

On reproche avec raison à cet engrais d'introduire beaucoup de mauvaises herbes dans les récoltes; mais il n'en serait pas ainsi si l'on prenait la précaution de ne l'employer qu'après une longue fermentation.

En écrivant sur l'Agriculture dans la Campine, nous avons dit : - En Campine, les porcs ne sont pas les animaux les mieux nourris de la ferme. Il n'est donc pas étonnant que leur fumier soit considéré comme étant de médiocre qualité. Cependant, ceux qui nourrissent fortement élèvent des doutes à cet égard, et vont même jusqu'à affirmer le contraire. Ceci nous rappelle une conversation qui s'engagea à Hoogstraeten, entre deux habitants de cette commune; l'un contestait le mérite du fumier de porc; l'autre, un échevin de l'endroit, soutenait la thèse opposée, et disait : Je n'emploie d'autre engrais que celui provenant des six ou huit porcs que je nourris continuellement, et cependant je ne connais pas de cultivateur dans la commune qui ait, à cette heure, une récolte sur pied meilleure que la mienne. Le fait était exact ; il n'y avait pas à nier; donc, dans ce cas particulier, la cause du fumier de cochon était gagnée.

On assure que cet engrais a une action trèsmarquée sur le développement du chanvre. Dans quelques contrées, on le prône pour les prairies naturelles; le plus ordinairement, on ne l'emploie pas isolément, on le mêle aux autres fumiers de la ferme.

Le fumier de porc passe pour éloigner les taupes. C'est à vérifier.

Le poids du mètre cube de fumier de porc ne nous est pas connu. Nous savons seulement qu'un porc peut rendre environ de 800 à 1400 kilogr. d'engrais par an, et que l'hectare de terre n'en exige pas moins de 40 000 kilogrammes.

Eaux de fumier et bouillon des jardiniers.—Les eaux qui descendent des tas de fumier, en temps de pluie, et forment des mares infectes dans les cours de nos fermes, sont un engrais plus

complexe et par conséquent meilleur que l'urine de bétail, recueillie isolément dans les citernes. Ces égouts, produits aux dépens des masses de nos fumiers doivent être conservés avec soin et utilisés sur les récoltes qu'il convient de développer rapidement. Un grand nombre de cultivateurs ne s'en servent que pour arroser les tas à l'époque des sécheresses et les laissent le plus ordinairement se perdre dans le sol par infiltration ou courir par les rues. Ce gaspillage d'un engrais précieux est bien regrettable; c'est plus qu'une atteinte par ignorance à la richesse des particuliers, c'est une atteinte permanente à la richesse publique, en même temps qu'une infraction aux prescriptions hygiéniques. Chose étrange et digne de remarque! tandis que les hommes de la grande culture, dans la plupart des contrées, dédaignent le purin de fumier, les hommes du jardinage le recherchent et en fabriquent au besoin pour rétablir ou relancer leurs plantes maladives ou endormies. Et, en effet, le bouillon des jardiniers n'est autre chose que de l'eau qui a séjourné pendant quelques semaines en tonne sur du fumier.

Quand nous disons aux cultivateurs: - Ces égouts de fumier de basse-cour, dont vous ne tirez aucun parti, constituent pourtant la quintessence de ce fumier; ils répondent : C'est possible, ça doit être, nous n'en disconvenons pas; mais ils sont trop forts, trop brûlants; ils tuent les végétaux au lieu de les faire vivre.

C'est, en effet, ce qui arrive souvent, faute de savoir s'en servir. Ce n'est pas quand il pleut que les cultivateurs songent à arroser, c'est quand il fait sec et chaud, et alors, l'eau de fumier se trouve très-réduite et presque à l'état de sirop. Or, dans cet état, elle est trop dense et ne saurait monter dans le corps des plantes. En outre, elle est chargée d'alcalis qui désorganisent les feuilles. Voulez-vous qu'elle fasse bon effet, affaiblissez-la, étendez-la avec quatre ou cinq fois son volume d'eau ordinaire, répandez-la, par un temps pluvieux ou couvert, sur des prairies naturelles ou artificielles, au départ de la végétation, et vous reconnaîtrez ensuite qu'elle ne brûle pas, mais qu'elle nourrit bien.

Litières.

La qualité des fumiers n'est pas seulement subordonnée à la nourriture que reçoivent les animaux et à leur état de santé ; elle dépend encore des litières qui reçoivent les déjections. Ces litières sont de diverses sortes et ne se valent pas indistinctement. Tantôt, elles consistent en substances terreuses, sur lesquelles on éparpille quelques poignées de paille, pour que la robe des bêtes ne se salisse point; tantôt, elles consistent uniquement en pailles de céréales; d'autres fois, ce sont des roseaux desséchés, des joncs, des fougères, des fourrages avariés, des feuilles mortes, de la mousse, de la bruyère, du genêt, etc.

Mieux elles absorbent les déjections liquides et mieux elles se lient aux excréments, plus elles valent. Les bons observateurs donnent la préférence aux pailles de froment, de seigle et d'a voine. Les substances ligneuses, coriaces, d'une décomposition difficile, comme la bruyère, sont

est impossible de fabriquer des quantités considérables d'engrais. On en convient, mais on nous invite à remarquer que le fumier ainsi conservé se trouve à l'abri des eaux pluviales, d'une part, ce qui est un avantage incontestable, que, d'autre part, il reçoit plus de déjections liquides que les fumiers enlevés deux fois par semaine ou tous les huit jours. On ajoute, en troisième lieu, que la litière est constamment foulée, ce qui l'empêche de moisir, autrement dit, `de prendre le blanc.

mal notées et ne sont adoptées que dans les cas d'absolue nécessité; la mousse ne figure qu'au dernier rang, parce que, en raison de sa nature, elle se décompose plus difficilement encore que la bruyère. Les pailles de colza et de navette ne conviennent qu'aux bergeries, parce que les moutons les broient à merveille sous leurs pieds; les tiges de sarrasin ont mauvais renom; les fourrages avariés épongent mal les liquides; les roseaux ne sont guère estimés; les joncs le sont encore moins; les feuilles mortes ne sont point à dédaigner; celles du chêne sont préférées à celles du hêtre; celles que l'on ramasse à l'automne sont préférées à celles que l'on ramasse à la sortie de l'hiver. Enfin l'on s'accorde à dire quelque bien du genêt, dont on ne prend que les sommités au moment de la floraison, de l'airelle myrtille qui contient beaucoup de potasse, et de la fougère. Seulement, il convient de faner ces litières avant de s'en servir, sans quoi, elles n'absorbent pas les urines et four-fuse. Or, il en est de même pour la litière ; quand nissent un fumier très-pauvre.

Il résulte d'expériences, faites par M. Boussingault, qu'après vingt-quatre heures d'imbibition:

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écuries.

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de terre végétale sèche.

Séjour des fumiers dans les étables et Soit dit entre nous, et sans offenser la science qui nous a rendu et nous rendra de grands services, le plus habile cultivateur est celui qui sait produire les plus grosses masses de bon engrais au plus bas prix possible. Les petits tas de fumier ne mènent à rien, les gros mènent à tout; c'est dans les gros tas que sont cachés nos secrets, c'est de là que sortent nos merveilles. Ce sont eux qui transforment les terres de mauvaise qualité en terres de premier ordre, qui font pousser deux épis où il n'en poussait qu'un, cuire deux pains où l'on n'en cuisait qu'un, qui chassent les disettes et en préviennent le retour. C'est à la fois le remède et le préservatif. Le fumier, c'est le succès, c'est la vie des champs, l'explication des bonnes récoltes, la providence des fermes. On ne saurait donc lui donner trop d'attention.

Sur ce point, n'en doutez pas, tous les cultivateurs seront de notre avis, tous sans exception; et, cependant, nous avons des contrées où les fumiers séjournent plus que de raison sous les animaux, dans les étables et les écuries. En procédant de la sorte, en renouvelant à peine la litière, il

Il n'est pas absolument nécessaire de laisser le fumier sous les bêtes pour le soustraire aux eaux pluviales. On peut facilement l'abriter au moyen d'un hangar ou de paillassons mobiles. Quant aux déjections liquides qui passent pour enrichir d'autant plus le fumier qu'il en reçoit davantage, nous ferons observer qu'il y a des limites à toutes choses. L'éponge ne prend pas l'eau indéfiniment; une fois bien gonflée et bien pleine, elle la re

elle a pris tout ce qu'elle peut prendre, elle laisse aller le reste; tantôt, les urines surabondantes s'en vont dans les ruisseaux; tantôt, elles s'infiltrent dans le sol ou dans les murs, et c'est autant de perdu. Vous mettricz tous les jours de fortes brassées de litière fraîche sur du fumier trèspourri, que vous n'arrêteriez pas au passage la meilleure partie des urines qui ruisselleraient parmi les brins de paille, d'ajonc, de genêt ou de bruyère, gagneraient les couches basses, puis le sol. Puisque la place est prise en dessous, que l'éponge est pleine, les déjections liquides ne sauraient plus s'y loger; donc elles passent et se perdent.

Avec des écuries où des étables, parfaitement pavées en pente légère, les infiltrations dans la terre ne sont pas à craindre; les urines surabondantes s'en vont dans une rigole et de là jusqu'au puisard, d'où on les retire avec une pompe ou des seaux, pour arroser directement les récoltes ou fabriquer d'excellents composts.

Ceux qui ne sont pas assez riches pour faire les frais d'un puisard en pierres de taille, reliées avec du mortier hydraulique, peuvent fort bien se servir d'une tonne cerclée en fer, que l'on enfouit au fond de l'écurie ou de l'étable, et au-dessus de laquelle on place un large couvercle.

Si nous condamnons le séjour des fumiers sous les bêtes dans les étables et les écuries, quand il se prolonge des mois entiers, comme dans l'Ardenne, nous n'approuvons pas, croyez-le bien, la méthode qui consiste à enlever ces fumiers tous les jours ou au plus tard tous les deux ou trois jours. Nous reconnaissons que si, par cette méthode, on gagne sur le volume, on perd sur la qualité. Il est clair que la litière expédiée et renouvelée si fréquemment, n'a pas le temps de s'imprégner à point des déjections liquides.

En ce qui concerne la moisissure, le blanc, comme l'on dit, rappelez-vous qu'il suffit, pour l'éviter, de tasser les engrais avec soin, de les piétiner vigoureusement au sortir de l'étable ou de l'écurie. Quelle que soit cependant notre opinion sur le séjour prolongé des litières dans les étables, nous ne pouvons nous empêcher de constater que les fumiers formés de litières coriaces s'y décomposent mieux qu'autre part, et que les engrais expo

sés ainsi pendant longtemps à une température douce y deviennent de meilleure qualité qu'à l'air libre, ou sous un simple hangar. Cette amélioration des fumiers est-elle due à la formation des nitrates et du chlorure de sodium, ou à d'autres causes? Nous ne savons; mais qu'elle provienne de ceci ou de cela, l'essentiel pour nous, c'est de savoir que l'amélioration est un fait incontestable. Nous ajoutons que les étables campinoises, dites flamandes, où le fumier séjourne non sous les bêtes, mais derrière les bêtes, et où la litière est renouvelée souvent et abondamment, ont le mérite de donner la quantité et la qualité. Du moment où il nous serait démontré que l'hygiène n'a pas à se plaindre de ce système, et du moment aussi où l'excédant de purin serait reçu dans une citerne, nous n'hésiterions pas à le recommander de préférence à tout autre.

- «Il est certain, écrit M. Fouquet, dans son excellent Traité des engrais et amendements, que la conservation des fumiers dans les bâtiments présente de précieux avantages. Non-seulement, par ce moyen, on réalise sur les frais de maind'œuvre une économie notable, non-seulement, les fumiers ainsi préparés jouissent de propriétés supérieures à celles des fumiers traités par les procédés généralement usités, mais on obtient encore une quantité d'engrais plus élevée. »

Schwerz assure, de son côté, que quelles que soient les dispositions que l'on puisse prendre pour la préparation du fumier à ciel ouvert, les résultats ne sont et ne peuvent jamais être d'une qualité égale à celle des fumiers séjournant à l'étable. Notre vénérable M. de Dombasle ayant appris que, par ce procédé, chaque vache, nourrie à l'étable, pouvait produire dans l'année, de 32 500 à 39 000 kilogrammes, voulut en faire l'essai à Roville. — « J'ai fait disposer, écrivait-il, deux étables à la manière belge, l'une pour douze bœufs à l'engrais et l'autre pour douze vaches. Cette disposition consiste à pratiquer, en avant des bêtes, un passage pour leur donner la nourriture, et derrière elles un espace large et un peu enfoncé, dans lequel se rendent toutes les urines, et où l'on jette tous les jours le fumier qu'on enlève sous les bêtes (fig. 39). »

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peut donner au bétail une grande abondance de litière. Si je suis resté au-dessous de cette quantité, je l'attribue uniquement à ce que le sol de mes étables n'étant pas cimenté, il se perd nécessairement une partie des urines par des infiltrations. Au reste, la quantité de fumier que j'ai recueillie dans les étables disposées de cette manière, a été constamment presque double de celle que me donnaient le même nombre de bêtes suivant la même nourriture, et placées dans une autre étable construite à la manière ordinaire, de sorte que le fumier s'y évacuait tous les deux jours; le fumier était aussi plus gras et de bien meilleure qualité dans la première. »

Un dernier mot sur ce sujet : gardons-nous bien de confondre la méthode des cultivateurs arriérés qui laissent leurs bêtes, chevaux et vaches, sur un fumier boueux pendant trois, quatre mois et plus, et qui épargnent la litière de leur mieux, avec cette méthode belge qui consiste à retirer le fumier de dessous les bêtes très-souvent pour le jeter en arrière dans l'excavation, méthode dans laquelle la litière neuve n'est point donnée avec parcimonie. Dans les étables flamandes la propreté règne et les pieds sont à sec; dans les étables ardennaises, la propreté fait défaut et l'on marche dans le purin et les bouses jusqu'à la cheville, et la quantité de l'engrais ne s'y obtient pas en même temps que la qualité.

Fumiers couverts. Du séjour dans les étables au séjour dans les caves ou sous les hangars, il n'y a qu'un pas. Si la Belgique nous fait la leçon pour les fumiers conservés à l'étable, la France la lui fait à son tour pour les fumiers de caves. Le procédé dont nous allons vous entretenir est fort étrange et très-peu répandu.

Dans l'ancienne province de Poitou, aujourd'hui dans le département des Deux-Sèvres, se trouve la petite ville de Melle, que vous ne connaissez peutêtre ni de vue ni de nom. Les chercheurs d'antiquités vous diront que ses environs sont assez riches en ruines romaines et en ruines celtiques; les maquignons vous diront, de leur côté, qu'aux foires de Melle, on rencontre les plus beaux mulets de l'Europe et qu'on se les arrache comme des raretés; mais on oubliera probablement de vous dire qu'au commencement de ce siècle, les cultivateurs de l'endroit jouissaient, à juste titre, de la réputation de fabriquer les meilleurs fumiers de la province, et qu'on les payait sans marchander le double du prix des autres. Cette réputation s'estelle soutenue? nous l'ignorons et en doutons, car depuis l'invasion du choléra dans nos contrées, on a pris toutes sortes de mesures de salubrité qui améliorent la santé des gens, mais qui n'améliorent pas la qualité des engrais.

Il était d'usage à Melle, comme il est encore d'usage chez quelques bouchers d'une petite ville étrangère où nous avons passé plusieurs années, de mettre les fumiers en cave et de les y laisser fermenter pendant sept à huit mois avant de s'en servir. Or, c'était là tout le secret de la perfection de leurs engrais d'écurie et d'étable. N'ayant à souffrir ni des pluies, ni du soleil, ils devaient être nécessairement plus riches que ceux abandonnés en

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