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du mulet pourront, du reste, lui être appliquées, en les réduisant à la proportion de son poids.

Il ne faudrait pas prendre exactement à la lettre tous les chiffres de ce tableau. On ne peut pas admettre, par exemple, que dans le climat de Paris, qui est pris pour type de celui de la France, et à plus forte raison dans celui des pays du Nord, l'équivalent de l'orge soit d'un chiffre moins élevé que celui de l'avoine. Tout le monde sait que la valeur alimentaire de cette dernière est au contraire supérieure. M. Magne a fait remarquer, avec raison suivant nous, à propos des grains précisé–

on n'avait pas assez tenu compte de leur richesse en principes gras. C'est par la plus forte proportion de ces principes dans la constitution de l'avoine, par rapport à celle de l'orge et de la plupart des autres grains, qu'il explique sa plus grande valeur au point de vue de la production de la force. Quoique cette explication ait été fort contestée, on n'a pu lui opposer aucun fait capable d'en démontrer l'erreur.

1o Cheval.- La nourriture du cheval de travail se compose essentiellement de foin, d'avoine et de paille. Quel que soit le genre de service, les proportions relatives de ces trois bases d'alimentation peuvent varier, mais elles font toujours partie intégrante de la ration. Sous le nom de foin, il faut entendre le produit sec ou vert des prairies naturelles ou artificielles, temporaires ou seulement annuelles. Les plantes qui compo-ment, que dans l'établissement des équivalents, sent ce produit se substituent les unes aux autres dans la ration, équivalent pour équivalent, le bon foin sec de prairie naturelle étant pris pour unité ou type, suivant les convenances de la culture, le service des chevaux et leur état particulier, et d'après des bases établies par l'expérience. Avant d'aller plus loin, nous indiquerons ces bases pour les principaux fourrages qui peuvent être em ployés à la nourriture des chevaux de travail. Il est nécessaire de faire remarquer auparavant que La ration totale nécessaire à un cheval de cull'on appelle titre d'une matière alimentaire, le ture de bonne force moyenne, du poids vif de chiffre représentant sa valeur absolue d'après sa 450 à 600 kil., est évaluée en foin à 3a,30 par composition chimique et ses effets sur l'économie quintal de ce même poids. Sauf modifications dans animale, et équivalent sa valeur relative à celle du la composition des rations, cette évaluation protype ou de l'unité, c'est-à-dire la quantité qu'il portionnelle convient pour tous les services. Pour faut pour équivaloir à celle que représente ce le cheval de culture, la ration se décompose de la type. D'où l'on voit facilement que l'équivalent manière suivante, et peut être fixée au prix de red'un fourrage, par rapport au type, doit être d'au-vient moyen adopté par M. Édouard Lecouteux (1) tant moins élevé que son titre l'est davantage, et et que nous allons indiquer. réciproquement.

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Ce qui fait une dépense d'environ 1,56 par jour, en supposant que l'animal soit constamment nourri au sec.

Pour les travaux de charrois opérés par des chevaux de première force, la ration d'avoine doit être augmentée, sauf à diminuer de 2,500 celle de foin. On la porte ordinairement jusqu'à 20 litres, ou 9 kil., au poids moyen de l'hectolitre.

Quant aux chevaux de selle ou d'attelage faisant un service régulier, ils ne peuvent être entretenus en bon état à moins d'une ration variant, suivant leur taille et leur poids, de 4 à 5 kil. en foin, de 5 kil. en paille pour tous, et de 4 à 5 kil. ou 8 à 10 litres en avoine. Ce sont à peu près les rations réglementaires pour la cavalerie des diverses armes, augmentées seulement quant à la proportion d'avoine, qui est notoirement insuffisante dans l'armée.

Il faut ajouter que la première condition à remplir pour tirer du cheval de travail tout le parti possible sans altérer sa constitution au delà de la mesure naturelle déterminée par le temps et les progrès de l'âge, c'est d'observer dans l'administration de sa nourriture une complète uniformité. Rien n'est plus irrationnel que de ne faire entrer par exemple l'avoine dans la ration

(1) Principes économiques de la culture améliorante, 2e édit., p. 102.

On s'est beaucoup préoccupé, dans ces derniers temps, de l'efficacité plus grande que pouvaient ajouter aux rations des chevaux divers modes de préparation des fourrages et des grains qui entrent dans la composition de ces rations. Suivant une habitude trop commune en France, où l'on ne procède guère, en toutes choses, que par engouement suivi bientôt d'une indifférence complète, les fourrages hachés et les grains concassés, ou plutôt aplatis, ont été présentés tout d'abord comme devant assurer par leur emploi la réali

que durant les jours d'occupation. Si le complément qu'elle apporte à l'alimentation peut être utile, c'est précisément avant l'emploi des forces et pour y préparer l'économie. La ration d'avoine doit être calculée sur la somme de travail que l'on exige du cheval; mais quelque irrégulière que soit la répartition de ce travail sur les jours de l'année, il n'en est pas moins nécessaire d'administrer une quantité journalière égale. L'absence de travail rend nécessaire la diminution de cette quantité, calculée sur la moyenne d'un emploi supposé pour chaque jour, mais non pas la sup-sation d'économies considérables dans l'alimenpression d'une ration distribuée seulement pendant l'usage des forces. La ration journalière peut être ainsi réduite à la moitié et même au tiers d'une ration ordinaire, si le cheval, dans le courant de l'année, ne travaille que la moitié ou le tiers des jours; des périodes régulières d'occupations pénibles et de repos complet pourraient seules justifier une augmentation de ration pendant les premières, sans qu'il soit permis de sup- | primer totalement l'avoine dans la période de repos. Ces alternatives sont une cause fréquente d'accidents souvent mortels, de maladies qui occasionnent des frais de traitement et altèrent la constitution, et tout au moins elles abrégent la durée des services que l'on peut attendre des chevaux. Toutes les questions qui se rattachent à l'ali- | mentation de ces animaux, difficiles à bien apprécier par de simples observations individuelles, ont pu être étudiées sur de grandes masses depuis qu'il existe à Paris des compagnies industrielles qui utilisent les chevaux de travail sur une large échelle. Des statistiques rigoureuses sont établies chaque année par les administrations de ces compagnies, et l'on y peut suivre pour ainsi dire pas à pas les traces de l'influence du mode de distribution des aliments, de la composition des rations et de leur quotité, non-seulement sur la mortalité et sur les jours d'incapacité de travail observés dans chaque groupe, mais encore sur la durée totale des services obtenus. Le fait le plus saillant qui ressort des documents dont nous parlons, et le seul qu'il y ait lieu de consigner ici, c'est la corrélation qui se montre toujours entre la plus forte somme de travail obtenu et la plus forte ration d'avoine.

L'avoine est bien, en effet, la base essentielle de l'alimentation du cheval de travail. Sa quotité peut varier dans la ration, suivant le mode d'après lequel cet animal est utilisé. Elle peut baisser à mesure que celle du foin s'élève, lorsqu'il s'agit d'un labeur plus soutenu qu'énergique, comme c'est le cas pour un grand nombre de travaux de culture; mais inversement elle doit s'accroître, dès qu'au contraire l'animal a pour fonction de déployer ses forces à des allures rapides et de les dépenser en abondance, même durant un temps plus ou moins court. On trouverait facilement, - dans ce qui se passait pour les anciennes postes et diligences, des preuves à l'appui de cette recommandation; mais elles existent bien plus éclatantes, parce qu'elles sont chiffrées, dans les archives de la Compagnie générale des Omnibus de Paris et dans celles de la Compagnie des voitures de place.

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tation des chevaux de travail. Des expériences ont été faites, quelques-unes fort mal et sous la direction de gens qui, ayant à cet égard des opinions préconçues, en ont obtenu, suivant qu'ils le désiraient, des résultats avantageux ou funestes. Des nombreuses polémiques qui ont été engagées à ce propos, il est ressorti cette vérité que l'expérience avait réussi toutes les fois qu'elle avait été bien faite, c'est-à-dire à la condition qu'on se fût moins préoccupé de réduire la ration que de lui faire produire des effets meilleurs. Cette conclusion est conforme aux prévisions de la physiologie, qui permettent d'affirmer à priori qu'un aliment sera d'autant mieux digéré et absorbé par les organes de la nutrition, qu'il aura subi des préparations capables de rendre sa mastication et sa digestion, par suite, plus complètes. Cela peut surtout s'appliquer aux fourrages un peu grossiers, quoique fortement nutritifs, que l'on fait consommer dans les fermes, et qui proviennent de cultures annuelles nécessitées par la rotation. On ne parle plus autant des fourrages hachés et des grains aplatis, depuis quelque temps, mais nous savons que bon nombre de cultivateurs et d'industriels s'en servent pour la nourriture de leurs attelages, et que ceux-ci s'en trouvent fort bien, de même que la caisse de ceux qui les enploient.

Il faut établir ici, à propos de la nourriture qui en est le principal élément, la dépense journalière et annuelle de chaque cheval de travail employé dans les entreprises de grande culture, où plus qu'ailleurs les bases de comptabilité sont nécessaires. Nous avons déjà plus haut fait le compte de la ration, évaluée au maximum, comme cela doit être, à 1,56. Après cela vient l'amortissement annuel, que M. de Gasparin estime à 16 ou 17 p. 100, soit 1/6 de la valeur, chiffre adopté depuis par M. Lecouteux. Il faut y joindre l'intérêt du prix d'achat, qui ne peut dépasser 5 p. 100, ainsi que le fait judicieusement remarquer ce dernier auteur, attendu que tous les risques sont couverts par la prime d'amortissement. Intérêt et amortissement peuvent donc être confondus et calculés à raison de 21 p. 100 de la valeur. Comme il faut un charretier par deux chevaux, et comme tous les économistes s'accordent à porter au compte des attelages ses gages, sa nourriture et autres frais qu'il entraîne, évalués ensemble à 800 fr. par an, c'est donc de ce chef 400 fr. de dépense par chaque cheval. En outre, on. doit ajouter à son débit les frais de vétérinaire, de ferrure, de médicaments, d'éclairage de l'écurie, que M. Lecouteux estime à 25 fr., dont 15 pour la

ferrure scule (1). Mais il est d'habitude aussi de qu'ils consomment. Si l'on s'en rapporte, touteporter à son crédit la valeur du fumier qu'il pro- | fois, aux faits observés dans les services de l'arduit, et que le même auteur, d'après des calculs mée, qui ont adopté depuis longtemps le mulet, dont la justesse est incontestable, puisqu'ils sont concurremment avec le cheval, pour la traction basés sur une production annuelle de 10 000 kil. des équipages, le train des subsistances et le transcomptés à 0,10 le quintal métrique, dit être de port des blessés aux ambulances, on est amené 60 fr. par an, ou 0o,16 par jour. à conclure que ces différents travaux sont exécutés dans des conditions tout aussi bonnes et avec une dépense moindre. Pour un déploiement de force égal, le mulet offrirait donc une résistance plus grande, tout en consommant incomparablement moins.

Avec ces données, nous pouvons établir le compte d'un cheval de bonne taille, dont nous admettrons le prix d'achat au taux moyen de 600 francs, en négligeant, toutefois, un élément que nous ne croyons pas devoir y faire entrer. Cet élément, admis cependant par les économistes à la charge des attelages, se rapporte à l'entretien et à l'intérêt du matériel auquel les chevaux sont attelés. Nous avons donc :

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Le prix de revient de la journée de travail serait, par conséquent, pour chaque cheval et la part qu'on lui impute dans les frais de conduite, de 2,80, si l'année se composait de 365 jours ouvrables. Mais il convient de n'en compter au moins que 265, et au plus 280. Dans le premier cas, la journée de travail réel ressort à 4 francs, et dans le second à 3,80.

M. de Gasparin a établi, de son côté, le comple de six juments de travail employées dans un domaine du Midi. D'après ce compte, conçu sur les mêmes bases, le prix de revient de la journée ressort, déduction faite de la valeur du fumier, à 3',50 environ.

Mais nous devons bien faire remarquer qu'il ne s'agit ici que des chevaux employés dans les grandes exploitations, où le travail est en rapport avec les frais qu'il occasionne, et où cela est nécessaire pour l'exécution des opérations de culture et de transport. Dans la plupart des cas, nos chiffres seraient trop élevés, si nous voulions les comparer à ce qui est partout où le cheval est employé comme moteur agricole ; mais aussi nous verrions pour toutes les récoltes des rendements moindres, et à la balance finale peut-être un compte débi

teur.

20 Mulet. En général moins corpulent que le cheval et toujours plus sobre, le mulet n'exige pas une alimentation aussi abondante que celle qui est indispensable à ce dernier. C'est une des raisons pour lesquelles cet animal obtient partout la préférence, dans les contrées du Midi où le bœuf n'est pas employé comme moteur pour les travaux agricoles. Il n'a jamais été fait d'expériences bien précises pour déterminer la question de savoir jusqu'à quel point le travail des mulets, comparé à celui des chevaux, peut présenter des différences en rapport avec la ration moindre

(1) Traité des entreprises de grande culture ou Principes généraux d'économie rurale, t. II, p. 18.

La ration alimentaire de cet animal n'est, en effet, sur le pied de guerre, que de 5 kil. de foin, 4 kil. de paille et 3,80 d'avoine, tandis que celle du cheval employé au même service est de 7 kil. de foin, 4 kil. de paille et 4kil,20 d'avoine. La différence est, comme on voit, très-notable.

C'est cette ration, ou à très-peu près, qui est donnée dans le Midi aux mulets bien nourris qui sont employés aux travaux agricoles, si l'on s'en rapporte aux évaluations de M. de Gasparin. Le savant agronome estime, en effet, la nourriture d'un mulet entretenu dans une ferme du Midi à la somme de 365,40, ou 1 franc environ par jour. Or, au prix moyen des denrées qui composent la ration, on arrive par le décompte aux chiffres que nous venons d'indiquer. Cela peut donc être considéré comme de nature à constituer une alimentation largement suffisante, qui ne s'éloigne pas sensiblement de la base plus haut établie de 3,30 par quintal métrique du poids vif de l'animal, ramenés à l'équivalent du bon fein sec. Les mulets supportent plus facilement que les chevaux la pénurie, et font preuve d'une plus grande énergie constitutionnelle et d'une résistance plus grande aux causes de destruction; mais il n'en est pas moins vrai que, toutes proportions gardées, leurs services sont également en raison directe de leur alimentation. A part donc l'exigence moins impérieuse de leurs besoins naturels, tout le reste, dans leur hygiène, ne peut qu'être avantageusement calqué sur ce que nous avons dit au sujet de la nourriture des chevaux de travail.

A quel prix de revient, d'après cela, faut-il évaluer la journée de travail réel d'un mulet régulièrement occupé dans l'agriculture? M. de Gasparin, qui fait entrer dans son compte des éléments étrangers que nous avons déjà éliminés par rapport au cheval, et qui porte trop haut, évidemment, la part du personnel, estime la dépense annuelle à 1 182,90, soit 3, 24 par jour moyen. Or, cela ferait, pour 275 jours de travail réel, 4,30. Ce prix est à coup sûr exagéré. Voici d'après quelles bases nous l'établissons, même au plus

haut:

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31,10 par journée, ou une économie journalière de 70 centimes par rapport au travail du cheval. Les substitutions opérées dans la nourriture font varier notablement, suivant les circonstances, les prix de revient que nous venons d'établir, en raison de la valeur différente des denrées que nous avons toutes ramenées au type du foin sec. La plus considérable de ces circonstances est celle qui se rapporte au régime vert auquel sont habituellement soumis, durant la saison favorable, les animaux de l'agriculture. Nous aurons à la considérer tout à l'heure d'une manière spéciale; mais il nous faut auparavant parler des boissons qui, pour n'avoir pas la même importance au point de vue de l'économie rurale, méritent une grande attention sous le rapport de l'hygiène.

BOISSONS.-L'eau est exclusivement employée pour abreuver les animaux. Les qualités qu'elle doit présenter pour constituer une boisson agréable et salubre ne sont pas faciles à indiquer d'une manière absolue. Ce n'est guère que l'expérience qui peut fixer sur sa, valeur. On considère généralement que la meilleure est inodore, d'une saveur franche et peu marquée, presque nulle, limpide et transparente. Cependant ce dernier caractère, qui, toutes choses égales d'ailleurs, est recherché par les animaux, ne les empêche pas, dans certains cas, de boire de l'eau de mare trouble: de même qu'ils recherchent assez souvent celle qui est sapide et surtout un peu salée. Il est permis de dire, toutefois, que la bonne eau potable, pour les animaux comme pour l'homme, est celle qui, ayant une température à peu près invariable au delà de 10 à 15°, paraît fraîche en été et chaude en hiver; celle qui dissout bien le savon, cuit bien les légumes, adoucit la peau, laisse dégager beaucoup de bulles d'air avant d'entrer en ébullition, et ne laisse qu'un faible résidu minéral quand on l'évapore à siccité. Avec ces caractères elle constitue ce que l'on appelle en hygiène une eau douce et légère. Qu'elle provienne d'une rivière ou d'un fleuve, d'une fontaine, d'un lac, d'un étang, d'une mare, d'une citerne ou d'un puits, elle n'est bonne qu'à cette condition. Mais il n'est pas toujours possible de la réaliser, et l'on doit alors se contenter de ce que l'on a, sauf à tâcher d'améliorer l'eau par filtration, aération, repos. Ces diverses opérations la débarrassent des matières étrangères qu'elle peut contenir en suspension ou en dissolution. Ces matières étant le plus ordinairement des sels de chaux dissous à la faveur d'un excès d'acide carbonique, elles se déposent avec le temps par le dégagement d'une partie de ce gaz. Les eaux séléniteuses des puits, contenant une forte quantité de sulfate de chaux ou plâtre, se débarrassent également de ce sel par voie de dépôt.

Quoi qu'il en soit, on abreuve les animaux de travail en les conduisant eux-mêmes vers les abreuvoirs naturels qui fournissent de l'eau, ou bien vers les vaisseaux artificiels que l'on a disposés pour cela, ou bien enfin en leur apportant à l'écurie la boisson qui leur est destinée. Le choix entre ces divers moyens dépend des conditions dans lesquelles on se trouve. Il faut seulement, quand on peut choisir, donner la préférence à celui

qui dérange le moins les animaux et le personnel, tout en comportant l'usage d'une eau bonne et salubre. Ce qu'il est principalement important d'éviter, c'est de disposer les abreuvoirs dans l'intérieur même des écuries. Lorsque la boisson est extraite d'un puits, surtout si elle provient d'une grande profondeur, il faut la faire consommer en hiver aussitôt après son extraction, et la laisser au contraire exposée à l'air pendant un certain temps en été. Le motif de cette prescription est que sa température étant uniforme dans les deux saisons, elle deviendrait trop froide dans la première, si elle avait le temps de se mettre en équilibre avec la température extérieure, et le serait également trop dans la seconde, si on ne lui laissait pas ce temps.

«En voyant les Arabes voyager des journées entières, aux plus fortes ardeurs du soleil, sans boire et sans laisser boire leurs chevaux, même quand ils avaient de la bonne eau à leur disposition, nous nous sommes demandé, dit M. Magne, si le besoin de boire, qui tourmente si puissamment, en Europe, l'homme et les animaux, n'est pas l'effet d'une habitude. Il est vrai que la nourriture sèche, volumineuse et trop peu alibile que nous faisons consommer à nos animaux nécessite des masses de liquide pour être délayée et dissoute; mais nous n'en sommes pas moins convaincu, et des observations et des recherches nous l'ont démontré, que l'habitude exerce une trèsgrande influence; qu'il importe, en élevant les chevaux, de les habituer à boire peu, et qu'il faut toujours les faire boire avec modération. » Personne, assurément, ne saurait contester la justesse de cette remarque. Mais, à notre point de vue actuel, nous devons prendre garde qu'il s'agit d'animaux ayant les habitudes généralement répandues, et qui, par conséquent, doivent recevoir à chacun de leurs repas une certaine quantité d'eau. Il faut donc s'occuper des prescriptions hygiéniques à suivre dans l'administration de leurs boissons.

A cet égard, le même auteur formule des préceptes que nous ne pouvons qu'approuver et reproduire. «Surtout, écrit-il, on aura soin de dis tribuer les boissons régulièrement, de faire boire les chevaux habitués à prendre beaucoup d'eau, trois fois plutôt que deux : une grande quantité d'eau prise à la fois peut produire, lors même que cette eau est bonne, des maladies mortelles. Les accidents sont surtout à craindre lorsque les animaux ont à boire à discrétion, après avoir souffert longtemps de la soif. On ne saurait, dans ce cas, donner l'eau, surtout si elle est froide, avec trop de précautions. Il faut encore faire boire avec ménagement après un fort repas de nourriture sèche, de son et de grains.

«Lorsque les chevaux sont rentrés à l'écurie étant en sueur, on doit ne les faire boire qu'après qu'ils ont mangé; s'ils paraissent très-pressés par la soif, on leur donnera seulement quelques gorgées d'eau dégourdie pour les engager à prendre leur repas; on les abreuve définitivement quand ils se sont reposés. »

Le moment du repas auquel les boissons sont permises varie. En général, le repas des chevaux

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On a discuté la question de savoir laquelle valait le mieux de ces deux pratiques. Nous n'avons pas vu qu'il se soit produit, ni d'une part ni de l'autre, des faits bien démonstratifs sur lesquels on puisse asseoir une solution scientifique de cette question. Chacun formule, à ce sujet, l'opinion qu'il s'est faite, et il invoque à son appui des considérations qui auraient grand besoin d'être justifiées. La vérité est, à ce qu'il nous semble, que cela est sans doute indifférent. On ne voit point de motif physiologique pour qu'il vaille mieux donner l'avoine après boire plutôt qu'avant; car on ne peut pas s'arrêter, apparemment, à cette idée qui a été produite et d'après laquelle l'avoine ingérée dans l'estomac serait entraînée par les boissons. Si cela était vrai pour l'avoine, il en serait bien de même à coup sûr pour le foin, car ils arrivent l'un et l'autre dans le même état de mastication et d'insalivation. Or, c'est à quoi l'on n'a pas songé.

Il convient donc de laisser aux convenances particulières à décider dans cette circonstance, parfaitement indifférente pour l'hygiène. Toutefois, en songeant aux impressions que peuvent ressentir les animaux, et si nous devons nous en rapporter à nos propres sensations, il nous paraît préférable de suivre la pratique la plus répandue partout ailleurs que dans l'armée, où elle n'a d'autres raisons que les commodités du service, et de faire prendre la boisson entre les deux parties de la ration solide. Le contraire semble devoir être préféré dans le cas où le foin sec est remplacé par une alimentation composée de plantes vertes, auquel cas la soif est nécessairement moins intense.

nous nous occupons facilite la mue du poil d'hiver, donne du lustre à la robe, fait prendre de l'état aux animaux, mais il ne convient pas à ceux qui travaillent.

Il importe avant tout, pour établir la proportion d'après laquelle chacune des plantes qui peuvent être utilisées dans le régime du vert doit se substituer au foin qui entre dans la composition de la ration ordinaire, de dresser la liste des équivalents de ces plantes à l'état frais. Rien ne sera plus facile, après cela, que de déterminer la quantité pour laquelle elles pourront intervenir sans diminuer sensiblement la valeur nutritive de la ration. Dans le tableau de ces équivalents, nous devons encore prendre pour types, nécessairement, le titre et l'équivalent du foin sec.

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On voit par les chiffres ci-dessus que la plupart des fourrages verts les plus habituellement donnés aux chevaux ont à peu près une valeur nutritive équivalente. Les différences sont assez sensibles, toutefois, pour qu'il ne soit pas permis de fixer une ration égale pour tous. Il est nécessaire de la calculer, relativement à chacun, en prenant pour base la ration normale de foin et par rapport à l'équivalent de cet aliment. On arrive nécessairement à des quantités assez fortes, qui donnent un volume considérable, et qui nécessitent par là même, dans certains cas, des modifications dans le mode de distribution de la nourriture. On est souvent obligé, pour ne pas trop surcharger l'estomac, de multiplier le nombre des repas.

En outre de cette précaution, il en est d'autres encore plus importantes, en ce qu'elles ont pour but et pour effet d'éviter les accidents que pourrait entraîner sans elles le régime du vert.

REGIME DU vert. Nous n'entendons pas envisager ici ce régime au point de vue où s'est placé Grognier, lorsqu'il a comparé son action à celle des eaux minérales employées en médecine, et comme s'il était uniquement appliqué aux animaux malades ou convalescents, ou même dans le but de prévenir l'apparition de maladies imminentes. A ces divers titres, on en a durant longtemps trop abusé. L'idée d'une sorte de diète qui dominait dans ce cas a été funeste à l'hygiène des chevaux, et elle s'en va, fort heureusement, avec la doctrine qui l'avait amenée. Nous devons seulement considérer la substitution des plantes vertes au foin, durant un certain temps, dans l'alimentation des animaux de travail, comme un moyen économique de les nourrir, tout en rafraî-gestions gazeuses, lorsqu'elles ont été adminischissant ceux qu'une forte nourriture peut avoir un peu excités, et en nous préoccupant d'en prévenir les effets débilitants. En somme, il s'agit de la nourriture verte distribuée au râtelier, non pas de celle prise dans les pâturages, et qui ne convient qu'aux jeunes animaux qui ne travaillent pas et qui jouissent en même temps des bénéfices de la liberté. Dans ces conditions, le régime dont

La première de toutes se rapporte à l'état dans lequel les plantes qui le constituent doivent être administrées. Ces plantes fraîches sont dans les meilleures conditions pour fermenter, et c'est ce qui fait qu'elles déterminent si souvent des indi

trées d'une manière irrationnelle. Et il en est ainsi surtout lorsqu'elles sont demeurées exposées au soleil après avoir été coupées et se sont un peu flétries et échauffées, ou bien même lorsqu'elles ont séjourné en tas à l'ombre au delà de quelques heures. On a cru pendant longtemps à tort qu'il fallait les laisser se ressuyer un peu lorsqu'elles étaient couvertes de rosée. Il vaudrait, au con

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