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utilisée dans des conditions qui rendent aussi nulles que possible ses déperditions. De là la nécessité de réunir autour des animaux de travail des circonstances capables d'entretenir toutes leurs fonctions dans l'état normal, de remédier dans la plus large mesure aux inconvénients de la domesticité, de réduire aux moindres proportions la gêne causée par les instruments nécessaires à l'exécution de leurs services, et de réparer les dépenses de force dont ceux-ci sont l'occasion. Ces considérations embrassent toute l'hygiène du travail, dont nous avons à nous occuper maintenant pour ce qui concerne particulièrement les animaux solipèdes. Or, elles se rapportent à leur logement, à leur alimentation, aux soins dont leur peau doit être l'objet, à la ferrure de leurs pieds, à leur harnachement, enfin aux modes d'emploi de leur force mécanique.

Nous allons successivement examiner ces différents objets, en posant les principes qui doivent, dans la pratique, diriger le bon entretien des animaux dont il s'agit.

soit respirable, en ne tenant compte que des altérations produites par la fonction pulmonaire. Mais la proportion diminue encore par le fait d'autres causes, au nombre desquelles les excrétions de la surface cutanée, celles des appareils digestif et urinaire, sont les principales.

Il suit de là que la bonne exécution des fonctions si importantes auxquelles l'air atmosphérique prend une part directe, ne peut être obtenue qu'au prix d'une masse énorme de ce fluide, difficile à calculer exactement, et qui a été évaluée cependant à environ 30 mètres cubes par heure et par cheval. On conçoit fort bien que ces conditions ne peuvent être réalisées que grâce à un renouvellement constant de l'air qui entoure les animaux dans leurs logements. S'il en était autrement, il leur faudrait pour vivre des espaces trop considérables, et l'on ne comprendrait point qu'ils pussent subsister dans ceux où ils sont habituellement enfermés. Il s'établit dans les écuries, si insuffisantes qu'elles soient, une ventilation naturelle qui atténue dans une certaine mesure les inconvénients de la viciation de l'air. C'est ce qui explique comment les effets de leur insuffisance même, sous ce rapport, ne se traduisent pas immédiatement par des accidents qui puissent être évidemment rattachés à leur cause véritable. Ce qui aurait pour conséquence certaine l'asphyxie dans un espace restreint et confiné, amène des altérations d'un autre genre, sous l'influence d'une aération incomplète. Pour être moins saisissants, les inconvénients n'en sont pas

Logement. La disposition des écuries dans lesquelles sont logés les animaux dont nous nous occupons, doit être considérée à divers points de vue. Il y a lieu de concilier dans leur construction l'intérêt de la santé et du bien-être de ces animaux avec celui du service. Nous n'avons pas à nous arrêter ici, bien entendu, sur ce qui est du ressort de l'architecture rurale. Nous dirons seulement que les écuries des fermes, comme toutes les constructions agricoles du reste, nous parais-moins inévitables. sent devoir être à cet égard conçues d'après les lois de la plus grande simplicité. Notre objet est d'indiquer les conditions hygiéniques qu'elles doivent remplir, pour n'être pas un obstacle à la conservation de la santé des individus qui les habitent.

Un premier point, et de tous le plus important, est celui qui se rapporte à la quantité d'air pur à mettre à la disposition de chaque animal, pour le bon entretien de ses fonctions. Les physiologistes ont calculé, en ne tenant compte que de l'air qui agit par son introduction dans les poumons, pendant l'acte de la respiration, qu'un cheval de taille moyenne respire, dans les vingtquatre heures, environ 120 mètres cubes d'air. Il ne s'ensuit point, quand même les organes pulmonaires seraient les seules voies par lesquelles l'air agit sur l'économie animale, qu'un cheval de taille moyenne pût vivre, durant vingt-quatre heures, dans un espace hermétiquement fermé contenant 120 mètres cubes d'air. On sait que ce fluide exerce son action en brûlant ou oxydant les matériaux combustibles de l'économie, carbone, hydrogène, etc., au moyen de l'oxygène dont il est formé pour une cinquième partie environ. Or, l'air pur qui entre dans les poumons à chaque inspiration en sort chargé des produits de la combustion, et notamment d'acide carbonique, dans des proportions telles, qu'une quantité de cet air altéré suffit pour rendre irrespirable une autre quantité quatre fois égale, en s'y mélangeant; en sorte que véritablement il n'y a que la cinquième partie de l'air contenu dans une habitation qui

Le principe fondamental de la construction des écuries est donc que les animaux y puissent toujours respirer un air pur. Ce principe se réalise par des dispositions qui permettent un renouvellement prompt et facile de celui qui a été altéré, au moyen de la ventilation naturelle du local. Des calculs faits pour d'autres circonstances par les savants qui se sont occupés de l'aération des habitations de l'homme, des salles de spectacle en particulier, pourraient être, sans difficulté sérieuse, appliqués à l'objet dont il s'agit ici. Mais il n'est pas nécessaire d'y faire intervenir les mathématiques. L'expérience a permis d'établir les conditions qui atteignent approximativement le but que l'on doit se proposer, à savoir d'assurer à chaque individu la quantité d'environ 30 mètres cubes d'air par heure de séjour dans une écurie. Et ces conditions sont relatives tout à la fois à la capacité du local et au mode suivant lequel son aération s'effectue.

Celle-ci, nécessairement, est la conséquence de la sortie de l'air vicié et de son remplacement par de l'air pur venu du dehors. L'aérage ne peut s'opérer, pour ce motif, qu'à la faveur de courants qui balayent pour ainsi dire l'atmosphère viciée, en entraînant avec eux les produits de la respiration et les autres causes d'altération. La nécessité de ces courants compliquerait la difficulté, n'était une circonstance que nous allons dire, s'il était absolument nécessaire que les animaux eussent à subir directement leur influence. Tout le monde sait les inconvénients graves des refroidissements produits par l'action de l'air en mouvement sur

le corps des animaux au repos. Mais, par cela même qu'au contact de ceux-ci l'air, à mesure qu'il s'altère, tend à se mettre en équilibre de température avec eux et gagne par là quelques degrés au moins, par cela même, disons-nous, il se dilate et devient plus léger que l'air pur qui les environne; il gagne dès lors, en vertu de cette légèreté, les régions supérieures de l'atmosphère du lieu, et s'échappe par les ouvertures qu'il y rencontre avec d'autant plus de facilité que des courants horizontaux ont été établis sur son passage. C'est en raison de ce fait que, pour la bonne aération des écuries, il convient mieux d'obtenir l'augmentation de l'espace en hauteur que dans tous les autres sens, de manière à opérer l'aérage au moyen d'ouvertures percées à une assez grande distance au-dessus du niveau du corps des animaux qui y sont logés. Nous donnerons tout à l'heure, à cet égard, des chiffres qui fixeront l'attention d'une manière plus précise que ne le peut faire l'énoncé de ces préceptes hygiéniques, qu'il est nécessaire de ne point perdre de vue cependant.

La condition d'un air pur à respirer n'est pas la seule qu'il faille assurer dans la disposition des écuries. Les animaux y doivent, en outre, être logés de façon à prendre en paix leurs repas et à se livrer commodément au repos dont ils ont besoin. Ces deux nécessités correspondent à la manière dont ils sont séparés les uns des autres, et à l'espace superficiel qui est accordé à chacun d'eux.

Quant à ce dernier point, il est régi par une loi aussi simple que naturelle, et qui consiste à donner à chaque animal, en étendue superficielle ou en courant de mangeoire, comme l'on dit, un espace égal à la hauteur de sa taille. Il faut que tous les chevaux d'une écurie puissent se coucher à la fois et étendre leurs membres sans être dérangés par leurs voisins. Cet espace est, en outre, nécessaire pour assurer la libre circulation de l'homme qui les panse et leur administre la nourriture. D'après cela, on ne peut pas fixer à moins de 1,50 pour les petits animaux, et de 1,75 pour les grands, le courant de mangeoire accordé à chacun. Ce sont les dimensions déjà données par M. Magne, et il est regrettable qu'elles ne soient que bien exceptionnellement adoptées.

Dans les écuries destinées à loger un certain nombre d'animaux, la mangeoire et le râtelier sont ordinairement communs, c'est-à-dire qu'ils se continuent d'une extrémité à l'autre de la longueur de la muraille. Dans ce cas, il convient que la mangeoire soit construite en pierre dure, creusée d'une auge ovoïde pour chaque place et supportée par un pied rentrant en maçonnerie, dont l'élévation doit être d'environ les trois quarts de la taille de l'animal. Le meilleur de tous les systèmes d'attache à y adapter est une tige de fer verticale scellée en haut et en bas du pied rentrant près du sol, avec un anneau glissant sur elle dans toute son étendue. Ce système permet de faire usage d'une longe tout juste assez longue pour que l'animal puisse, lorsqu'elle est fixée à l'anneau, atteindre au râtelier, ce qui ne l'empêche pas de reposer sa tête sur le sol lorsqu'il est couché,

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| puisque dans ce cas l'anneau retombe au même niveau. Il n'est pas possible, avec cela, quelque mouvement que se donne un cheval, que ses membres s'embarrassent dans la longe et le forcent à conserver des attitudes qui les blessent ou déterminent d'autres accidents souvent encore plus graves. C'est ce qui arrive lorsque l'attache s'effectue au moyen d'un anneau fixé à la mangeoire même, ou, comme on le pratique quelquefois, au moyen d'un simple trou percé obliquement dans son épaisseur, qu'elle soit en pierre ou en bois, mode de construction peut-être moins coûteux, mais qu'il faut autant que possible éviter. Là seulement où la pierre est très-rare, les mangeoires en bois sont admissibles à la rigueur; mais partout ailleurs les autres sont à tous égards préférables.

Les râteliers, dans les fermes surtout, sont en général mal disposés et mal construits. Leur plus grand défaut est d'avoir trop d'inclinaison, d'exiger par là même des attitudes fatigantes pour en tirer le foin, et de laisser tomber sur la tête et la crinière des chevaux des parcelles de celui-ci. Pour être bien fait et bien établi, un râtelier doit être composé de barreaux cylindriques, ayant environ 0m, 60 de longueur et laissant entre eux un écartement d'une dizaine de centimètres. On a recommandé de les ajuster dans les montants de manière à ce qu'ils puissent tourner sur leur axe au moment où l'animal tire le foin avec ses lèvres. Cela ne nous paraît avoir que des avantages bien minimes, si tant il y a que ces avantages existent. Le point véritablement important, c'est que le fond du râtelier soit plein, à plan incliné en avant, de manière à ce que les dernières portions de la ration de fourrage viennent d'ellesmêmes se présenter devant la partie inférieure de barreaux, et que les planches qui forment ce fond soient bien jointes en avant avec le montant inférieur du râtelier, en arrière avec la muraille munie d'un crépissage bien uni, ou mieux plâtrée. Avec cela, les barreaux peuvent être tout à fait verticaux, ou n'être que très-légèrement inclinés. Ce qui est à la fois plus commode pour les animaux, pour l'homme qui leur distribue la nourriture, et incomparablement plus facile à entretenir en état de propreté.

On fabrique maintenant des mangeoires et des râteliers en fonte ou en fer, d'un prix assez peu élevé, qui, étant disposés pour un seul animal et on ne peut plus faciles à poser, finiront sans aucun doute par être universellement adoptés. Le râtelier en forme de hotte et la mangeoire formant bassin allongé ont le grand avantage d'isoler complétement les repas de chacun des animaux, et d'éviter par là ces luttes si souvent suivies d'accidents qui s'engagent dans les trop nombreuses écuries où les voisins tirent au même tas le foin amoncelé devant eux et empiètent, quand ils sont les plus forts, sur les rations d'avoine distribuées dans l'auge commune, ce qui est peut-être encore plus grave. On voit dans bien des cas des chevaux dépérir et devenir morveux ensuite, pour cet unique motif que, tout aussi ardents au travail que leurs voisins d'écurie, ils le sont moins au repas, et s'y trouvent frustrés chaque fois d'une partie de

leur ration, parce qu'ils n'ont pas pu la consommer durant le temps qu'y mettent ceux-là. C'est ce qui est évité sûrement par les auges et les râteliers individuels.

On arrive au même résultat par les stalles ou séparations, fort peu usitées ailleurs que dans les écuries de luxe. Une hygiène bien entendue commande pourtant d'y avoir recours, et nous voudrions les voir répandues dans toutes les écuries de ferme. Ces stalles peuvent être construites avec économie, et elles sont d'un incomparable avantage pour le bien-être des animaux et pour prévenir les accidents de toute sorte. Elles doivent régner dans toute la longueur de la place occupée par chaque cheval et le séparer entièrement de ses voisins, au moins jusqu'au niveau de la moitié du corps, en se relevant ensuite pour gagner en avant le sommet du râtelier. Ces stalles sont d'habitude formées par un poteau solide qui est fixé dans le sol en arrière, et par une barre épaisse assemblée avec ce poteau et fixée en avant dans le mur, puis par des planches de champ qui remplissent l'espace compris entre la barre et le sol. Les planches sont souvent articulées à charnière entre elles et avec la barre pour pouvoir se déplacer un peu sous les pressions qu'elles ont à supporter, soit lorsque l'animal les touche en se couchant, soit lorsqu'il lui arrive d'y lancer des ruades. Cette disposition évite les ruptures.

La simple barre et le bat-flancs ne remplissent qu'incomplétement le but de la séparation des animaux à l'écurie. Ils ne mettent obstacle qu'aux coups de pied, et encore pas dans tous les cas. D'un autre côté, ils ont l'inconvénient d'être euxmêmes la cause de fréquents accidents, que l'on observe surtout dans les régiments de cavalerie. Souvent les animaux se mettent à cheval sur ces séparations et s'y blessent plus ou moins grièvement. Lorsqu'ils les ont une fois entre leurs jambes, il serait difficile, sinon impossible, de les en retirer, si la corde ou la chaîne qui suspend en arrière la barre ou le bat-flancs fixé en avant à la mangeoire, ne portait ce que l'on appelle une sauterelle, petit instrument qui permet, par le glissement d'un anneau, de faire basculer un levier et de rompre la continuité de la corde ou de la chaîne. Malgré leurs inconvénients, toutefois, la barre, et surtout le bat-flancs (forte planche placée de champ), rendent des services et doivent être employés quand on ne veut pas faire construire des stalles, qui sont toujours préférables cependant. Le sol de l'écurie doit être ferme, imperméable et uni. On obtient ce résultat par un pavage, un béton bien tassé, ou mieux quand on le peut par une couche de bitume. De la mangeoire vers le côté opposé doit régner une pente tout juste assez sensible pour permettre l'écoulement des liquides, et qui se combine avec une autre disposée dans le sens longitudinal, de manière à ce que ceux-ci puissent être facilement entraînés par les eaux de lavage du couloir qui se trouve en arrière des chevaux, vers l'une des extrémités de l'écurie, où le tout est recueilli ou dirigé par un canal dans la fosse à fumier. En général, ou ces pentes n'existent pas, non plus que le pavage d'aucune sorte, ou quand elles existent elles sont trop pro

noncées. Dans le premier cas, les litières toujours trop humides incommodent les animaux et salissent leur peau; dans le second, l'équilibre de leur station est faussé, les membres postérieurs portent au delà du poids qui leur est normalement réparti, et leurs aplombs, ainsi que la conservation de leur intégrité normale, en souffrent nécessai

rement.

Suivant le nombre des animaux qui doivent y être logés, l'écurie peut être simple ou double, c'est-à-dire disposée de manière à contenir ces animaux sur une seule ou sur deux rangées. La facilité du service et de la surveillance commande, au delà d'un certain nombre, de donner la préférence à la seconde disposition. Le plus qu'on puisse convenablement loger dans une écurie simple ne dépasse pas dix chevaux. La configuration du terrain sur lequel la construction s'élève peut du reste imposer à cette règle des modifications. Quoi qu'il en soit, la seule considération qu'il nous reste à ajouter à tout ce que nous venons de dire est relative à l'espace ménagé entre les deux rangées placées en regard l'une de l'autre, de manière à ce que les animaux ayant la tête au râtelier aient la croupe tournée vers cet espace. Pour les commodités du service, celui-ci ne peut guère avoir moins de 3 mètres de large, si 2 mètres sont suffisants pour l'espace libre des écuries simples. Il doit être légèrement bombé, de manière à former une sorte de ruisseau derrière chaque rangée, et présenter dans l'un des sens une pente légère suivant la longueur. Il faut qu'on puisse librement y circuler avec la civière, avec les harnais, etc.; que les chevaux puissent être sortis de leur place sans atteindre leur voisin de face par les ruades qu'ils lancent quelquefois. Enfin, les causes d'insalubrité d'un lieu se multipliant avec le nombre des individus qui l'habitent, il est bon d'augmenter d'autant plus l'espace pour chacun que ce nombre est plus grand.

Cela nous amène à faire remarquer qu'indépendamment de cette considération, il en est une autre qui est de nature à faire préférer les écuries petites ou moyennes, c'est-à-dire peu peuplées, aux grandes agglomérations. Il est bien reconnu en hygiène que l'agglomération est par elle-même une cause de maladie, encore bien même qu'il n'y ait point d'encombrement. Ce ne serait pas ici le lieu d'insister sur ce fait. Il suffit de le mentionner. Nous en profiterons aussi pour dire que dans toute ferme bien organisée il doit y avoir une petite écurie spéciale ou infirmerie pour les malades, une boxe par exemple, attenante à l'autre, de manière à mettre à la fois ceux-ci dans de meilleures conditions pour le traitement qu'ils ont à subir, et les autres à l'abri des émanations, toujours nuisibles pour des animaux bien portants, qui s'échappent de ceux dont la santé est altérée.

Voyons maintenant à évaluer en chiffres les dimensions totales à donner aux écuries, pour que leur bonne aération et par conséquent leur salubrité soit toujours assurée, puis nous nous occuperons de leur orientation.

M. Magne pense que les petites écuries simples doivent avoir 4 mètres d'élévation, entre le sol et le plafond, pour assurer à chaque cheval, avec

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Dans ces dimensions, en admettant que l'air se renouvelle convenablement, on voit que l'aération des écuries peut remplir les conditions voulues par une bonne hygiène. Cette aération est obtenue par des ouvertures percées autant que possible en regard les unes des autres et à une petite distance du plafond, de manière à ce que les courants qui s'établissent passent à une hauteur suffisante audessus des animaux. La meilleure forme à donner à ces ouvertures est celle d'un carré long, et le mode de fermeture préférable, une fenêtre à pivot qui peut basculer sur son axe longitudinal au moyen d'une corde ou d'une chaîne passée sur une poulie fixée en haut. De cette façon, il est possible de graduer l'ouverture, et par là l'aérage, suivant les nécessités. On conçoit que le nombre d'individus par lesquels l'écurie est occupée peut faire varier ces nécessités, au point de vue de la température surtout. Plus il reste de stalles incccupées, moins la température intérieure s'élève, et moins par conséquent il est nécessaire d'introduire de l'air froid du dehors.

Autant les fenêtres doivent être placées de façon à rendre les courants faciles, autant il faut éviter cela pour les portes. Rien n'est funeste, dans une écurie, comme les courants d'air froid s'introduisant au niveau du corps des animaux. A moins d'impossibilité, il est donc nécessaire de se contenter d'une seule porte extérieure. Cette porte doit être spacieuse, mais fermée à deux battants et percée au centre de la longueur, plutôt qu'à l'une des extrémités du couloir. Il est toujours avantageux que ses dimensions soient telles que deux chevaux harnachés puissent y entrer de front facilement et sans se blesser.

La meilleure orientation, pour les écuries, est celle du levant. Elle évite aux animaux les alternatives trop fortes de température. L'orientation du nord doit être toujours évitée, à cause des froids de l'hiver; celle du midi, si elle est avantageuse dans cette saison, devient nuisible en été, en raison de la persistance du soleil. Les écuries percées de fenêtres à l'est et à l'ouest se maintiennent au contraire toujours, en toute saison, dans un état de température moyenne, favorable à la santé et au bien-être des chevaux.

Avec les ouvertures que nous venons d'indiquer en nombre suffisant et disposées d'après les principes posés, les barbacanes, les cheminées d'appel, ne sont point nécessaires. Ces moyens de ventilation qui sont, comme on le sait sans doute, des huis de 20 à 25 centimètres de hauteur sur 30 à 35 de largeur établis presque au niveau du sol et se fermant à coulisse, et des sortes d'entonnoirs renversés en planches, qui font communiquer l'intérieur de l'écurie avec le dehors au-dessus de la toiture, ces moyens de ventilation peuvent être réservés pour les anciennes constructions insalubres, qu'il n'est pas possible d'aérer autrement. Les fenêtres sont toujours préférables.

Enfin, quand nous aurons dit que la paroi supérieure de l'écurie doit être formée par un plancher bien joint, supporté par des solives bien équarries, ou mieux encore par un plafond plâtré, il ne nous restera plus rien à ajouter quant à la bonne disposition intérieure du logement des animaux dont nous nous occupons. Cette précaution est surtout désirable lorsque des fourrages sont emmagasinés au-dessus. Les émanations qui traversent un plancher mal joint nuisent plus ou moins à la conservation de ceux-ci.

C'est une mauvaise coutume de déposer les harnais dans l'intérieur des écuries. Ils s'y altèrent plus vite et répandent une odeur de cuir désagréable. Mieux vaut à tous égards leur affecter un local spécial attenant au logement des chevaux. C'en est une autre non moins blâmable de faire coucher les charretiers dans les écuries, autant pour leur propre hygiène que pour celle des animaux qu'ils soignent et conduisent. On ne peut disconvenir que cela ne rende leur surveillance et leur service plus faciles; mais les mêmes résultats peuvent être obtenus en plaçant à côté une chambre pour eux. La santé du serviteur est un capital pour le maître. Il serait donc intéressé à la soigner, quand même l'humanité ne lui en ferait pas une loi.

Ces principes établis, quant à la construction et à l'aménagement des lieux destinés à loger les animaux de travail, nous avons encore à dire quelques mots de leur bon entretien, au point de vue de l'hygiène. Nous nous trouvons ici en face d'un problème complexe, dans la solution duquel les nécessités de celle-ci doivent être conciliées avec les exigences de l'exploitation agricole. S'il ne s'agissait, en effet, que de l'hygiène, il suffirait de dire d'une manière absolue que le bon entretien des écuries s'entend avant tout de leur plus grande propreté, qui ne peut être obtenue qu'à la condition de ne laisser séjourner ni sur leurs murs, soigneusement revêtus d'un crépissage uni

et blanchi à la chaux, ni sur le plafond, ni sur
leurs mangeoires, râteliers et stalles ou sépara-
tions, ni sur leur sol, aucune matière susceptible
de laisser dégager des émanations de nature à vi-
cier l'air. Ces prescriptions hygiéniques, sauf la
dernière, ne présentent pas de difficultés; mais
la bonne confection des fumiers s'oppose, dans
une certaine mesure, à ce qu'elles puissent être
exécutées à la lettre quant à ce qui concerne le
sol, du moins pour la place garnie de litière oc-
cupée par l'animal. Il est indispensable, à ce point
de vue, que les litières séjournent pendant un
temps pour s'imprégner des défécations qui leur
communiquent des propriétés fertilisantes. Les
écuries dans lesquelles les déjections et la paille
mouillée par les urines sont soigneusement enle-
vées plusieurs fois par jour, — celles de la cava-
lerie, par exemple, ne produisent que des fu-
miers médiocres. Il est donc nécessaire de conci-
lier autant que possible les exigences de l'hygiène
avec celles de l'agriculture, en prévenant le dé-
gagement des gaz qui s'échappent du fumier
laissé sous les animaux, et qui, tout en altérant
l'atmosphère, sont autant de perdu pour les pro-
priétés utiles de l'engrais. On y arrive en les fai-
sant absorber, à mesure qu'ils se présentent, par
une couche de litière fraîche qui recouvre les
parties en fermentation. C'est un soin facile, cha-
que matin, que les animaux restent à l'écurie ou
qu'ils partent pour le travail, de remuer la litière
de façon à ramener sur les parties humides celles
qui sont demeurées sèches, et de faire rentrer
dans la stalle les déjections solides mêlées ou non
de paille qui débordent sur le couloir. Celui-ci
doit être balayé et même lavé pour entraîner plus
facilement au dehors les urines qui, en y séjour-
nant, se décomposent et imprègnent l'air de cette
odeur ammoniacale piquante que l'on sent avec
tant d'incommodité dans les écuries mal tenues.

des animaux de travail, et pour fournir les bases qui doivent présider à leur bonne construction. Il sera facile, en partant des chiffres que nous avons donnés, de calculer leurs dimensions totales d'après le nombre de places à y disposer. On comprendra sans peine, si l'on veut bien songer à l'importance de l'air pur et de l'espace pour la conservation de la santé et de la vigueur, qu'il serait toujours préférable de dépasser ces chiffres, plutôt que de demeurer en dessous. Les services des animaux qui nous occupent sont supputés par le travail qu'ils fournissent, comparativement à la nourriture qu'ils consomment. Or, le rapport n'est exact entre ces deux données qu'autant qu'il s'agit d'individus dans un état de santé parfaite, et, toutes choses égales d'ailleurs, la santé ne saurait s'entretenir sans une hygiène irréprochable du logement.

Nous allons maintenant passer à une partie non moins importante, et dont les écarts produisent des effets immédiats même plus prompts et plus facilement saisissables. Nous voulons parler de l'alimentation, qui est à l'animal de travail ce que le combustible, bois ou charbon de terre, est à la locomotive du chemin de fer ou à la machine motrice des roues ou de l'hélice du navire à vapeur. Ici comme là, on peut dire que le travail utile produit est en raison du combustible consommé; mais il y a de plus cette considération, que la conservation de la machine y est ellemême intéressée, car la machine animée jouit d'une activité propre, résultant de l'organisation vitale, et cette activité peut se dépenser au détriment de l'organisation qui la produit.

Nourriture. En étudiant ce sujet d'un si grand intérêt pour l'hygiène, nous saisirons l'occasion d'y joindre quelques considérations d'économie rurale relatives à l'évaluation de la dépense des attelages, qui ne trouveraient pas facilement leur place ailleurs dans ce livre. Ces considérations sont d'une utilité telle, cependant, qu'elles ne pourraient être sans inconvénient négligées.

Pour ce qui concerne le logement, nous avons pu considérer ensemble tous les animaux solipèdes de travail. L'influence des agents hygiéniques qui s'y rapportent est pour eux également absolue. A l'égard de la nourriture, il y a des distinctions à établir. Bien que les principes de l'ali

Il est bien rare que le fumier séjourne moins de huit jours sous les pieds des animaux. Quelques précautions qu'on prenne, c'est là une limite qui ne peut guère être dépassée. Il serait bon que l'on s'arrangeât toujours de manière à l'enlever pendant l'absence de ces derniers, en ayant soin de laver ensuite à grande eau le sol de la place occupée par chacun d'eux, puis de laisser toutes les portes et fenêtres ouvertes aussi longtemps que cela est nécessaire pour le sécher et entraîner en même temps au dehors les vapeurs et les gaz mal-mentation soient les mêmes, la constitution difféfaisants dont l'atmosphère a été imprégnée par suite de l'opération. Cette façon d'agir s'oppose au séjour des matières fermentescibles dans les interstices du pavage ou à la surface du sol, et elle permet en outre de les conduire dans la fosse à fumier où elles deviennent utiles, au lieu de nuire à la santé des animaux.

rente des sujets comporte des exigences plus ou moins impérieuses; et comme il s'agit ici non pas seulement d'une question d'hygiène exclusivement, mais aussi d'une opération économique dans laquelle les dépenses doivent être réduites au strict nécessaire, il importe de tracer autant que possible d'une manière précise pour chacun les limites qui ne peuvent pas être dépassées, tant au point de vue de la conservation de l'instru

Le sol nettoyé et séché est ensuite recouvert d'une couche de litière ayant déjà servi, mais non assez longtemps, et qui étant elle-mêmement de travail qu'à celui d'une économie bien sèche a dû être mise de côté préalablement à l'opération de l'enlèvement du fumier.

En somme, les indications sommaires que nous venons de donner seront suffisantes, pensons-nous, pour faire sentir la nécessité d'établir d'une façon conforme aux nécessités de l'hygiène les écuries

entendue. Il faut donc envisager à part le cheval et le mulet, qui n'ont pas sous ce rapport des aptitudes égales. Quant à l'âne, il n'est pas utilisé en agriculture d'une façon assez régulière et assez importante pour que nous nous en occupions spécialement. Les bases posées pour l'alimentation

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