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donc être prise, dans ses individus les mieux | conformés, comme le type du cheval de trait léger. Les besoins nouveaux créés par les chemins de fer, pour le transport des marchandises et des voyageurs sur les voies de terre collatérales qui alimentent les lignes ferrées, en augmentent chaque jour la consommation, encore plus que ceux de la remonte de notre artillerie, dont la nécessité, il faut du moins l'espérer, ira toujours corrélativement en diminuant.

Le beau percheron, tel que nous allons le décrire et tel que nous l'avons fait dessiner dans la figure 497, est par conséquent le type parfait du cheval de trait léger. Il réunit tous les éléments de la beauté zootechnique, par une appropriation exacte et complète à la fonction qu'il doit remplir constitution osseuse et musculaire propre au tirage; allures libres et rapides, nécessaires au degré de vitesse que l'on en doit exiger.

elle s'y rencontre assez rarement; cette attache est le plus souvent un peu empâtée; toutefois, il n'en faut pas moins rechercher une tête libre et surtout exempte d'un chanfrein étroit ou de ganaches épaisses et serrées, cause la plus ordinaire du cornage, qui est fréquent chez les chevaux de trait léger.

Ce qui caractérise principalement le type dont nous nous occupons, c'est, outre les qualités absolues de conformation qui appartiennent également aux deux précédents, un certain cachet de distinction dans une forte corpulence. Ce cachet s'emprunte à la tête, à la physionomie par conséquent, et à des membres relativement fins et peu chargés de crins. Cela suffit pour en donner une idée précise, à l'aide surtout du dessin très-réussi que nous plaçons sous les yeux du lecteur.

Cheval de gros trait. Répétons qu'il s'agit ici du cheval destiné à tirer à l'allure du pas. Dans ce cas encore, notre type pourrait être un portrait, car la France possède, pour cette spécialité de service, le plus beau cheval de l'Europe, sans contredit. On rencontre assez souvent dans notre race boulonaise, des individus qui sous ce rapport ne laissent absolument rien à désirer.

Ce cheval a une taille de 1,55 à 1m,60, un corps trapu, une croupe droite, mais arrondie par des masses musculaires bien développées, une encolure plutôt courte que longue, dont la ligne supérieure, un peu arrondie, se confond avec un garrot épais et bien sorti : ce qui, avec une épaule bien oblique et fortement musclée, donne à la place du collier une grande étendue. Chez le cheval de trait léger, l'attache élégante de la tête est moins indispensable que pour les Les caractères du cheval de gros trait sont ceux autres types que nous avons déjà vus. En raison du cheval de trait léger, seulement avec un dévedu fort développement de l'encolure en épaisseur,loppement plus considérable de toutes ses régions.

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Sa taille peut varier entre 1,60 et 1m,70; mais | nécessairement en raison de sa masse, il ne sausa puissance, comme machine motrice, étant rait être considéré comme tout à fait beau, si la

taille est au-dessous de la moins élevée de ces mesures. Ses masses musculaires sont énormes; elles forment, par leur proéminence, un sillon sur sa croupe, et sur ses reins qui doivent être larges et courts, en vue des secousses si violentes qu'ils ont à supporter, chez les chevaux employés à la fonction si pénible du limonier. Un poitrail volumineux et ouvert, des membres et des articulations en rapport avec le volume du corps, et surtout des jarrets irréprochablement conformés, pour soutenir sans dommage les efforts de traction ou les mouvements de recul dans lesquels tout le poids de la charge vient en définitive aboutir sur eux voilà les mérites de premier ordre qu'il faut d'abord rechercher dans le cheval de gros trait.

L'aspect de ce type spécial du beau a quelque chose d'imposant par sa masse, par sa taille, par la puissance qu'il fait supposer. C'est la grâce dans la force, sous ses dehors les plus saisissants. Avec son encolure forte, ornée d'une crinière double et abondante, et terminée par une tête relativement petite et à la physionomie intelligente et douce, le type de la beauté du cheval de gros trait est le vivant emblème de la bonté débonnaire des forts. L'habile crayon de notre dessinateur l'a représenté très-heureusement dans la figure 498, qui nous dispensera d'y insister davantage. On peut considérer ce dessin comme le modèle exact et fidèle de la belle conformation, dans l'espèce, et y rapporter comme à un point excellent de comparaison, tous les chevaux de gros trait dont on veut apprécier les qualités.

Les quatre types spéciaux que nous venons de passer en revue résument, avons-nous dit, toutes les beautés qui appartiennent à l'ensemble de l'espèce chevaline, beautés absolues et beautés relatives. Ils témoignent à la fois de ses aptitudes générales et de ses aptitudes spéciales, en se traduisant par la santé, la force, la vigueur, conditions premières de l'utilité du cheval pour les besoins de notre civilisation.

En outre de ces qualités de fond, qui doivent passer partout et toujours en première ligne, il en est d'autres qui relèvent exclusivement du goût, et du caprice de la mode, et dont nous ne nous sommes pas encore occupés. Nous voulons parler de la couleur de la robe et de ses particularités, qui ont surtout une certaine importance pour les chevaux de luxe, pour ceux de selle, et particulièrement ceux d'attelage.

en relief de bien singulières méprises de la part des hippologues les plus renommés, comme celle qui consiste, par exemple, à considérer la robe baie comme résultant d'un mélange de poils rouges et de poils noirs, qui cesse seulement à la crinière et à la queue; à quoi l'auteur auquel nous faisons allusion aurait pu ajouter sans inconvénient les rayons inférieurs des membres et les fanons.

Nous nous bornerons donc à indiquer d'abord les quelques couleurs simples qui se rencontrent le plus ordinairement dans la robe du cheval, puis les mélanges qu'elles forment entre elles et les particularités qu'elles caractérisent, pour signaler ensuite celles qui sont le plus généralement estimées. C'est par-dessus tout affaire de goût, et par conséquent variable. En pareil cas, la beauté ne peut, pour ce motif, avoir aucune base précise et fixe.

Quatre couleurs fondamentales suffisent, par les nuances diverses qu'elles peuvent présenter et par leurs mélanges, à constituer toutes les robes qui se rencontrent dans l'espèce chevaline. Ces couleurs n'appartiennent point à la peau, mais seulement aux poils qui la recouvrent. Ce sont: 1° le noir; 2o le blanc; 3o le rouge, et 4o le jaune. Voyons d'abord les robes simples, formées par des poils uniformément colorés, et distinguées seulement par leur nuance ou par la couleur des crins; nous parlerons ensuite des robes composées, constituées par des mélanges de poils diversement colorés.

Le noir comporte trois nuances, qui sont le noir franc, ou mat, le noir jais ou jayet, à reflet brillant, et le noir mal teint, qui tire sur le

roux.

Le blanc proprement dit est excessivement rare, hormis dans la vieillesse. On admet cependant des robes de cette couleur, avec les nuances du blanc mat, du blanc sale et du blanc porcelaine, ou à reflet bleuâtre.

Le rouge forme deux robes fondamentales, avec des nuances diverses, le bai et l'alezan. Ces deux robes ne diffèrent entre elles que par la couleur des crins. Dans la robe de l'alezan, ils sont de la même nuance que celle des poils; dans la robe baie, ils sont noirs. Voilà toute la différence.

On distingue principalement l'alezan doré dans les tons clairs et l'alezan brûlé dans les tons foncés; le bai clair ou lavé, le bai cerise, à la nuance vive, le bai marron et le bai brun, à la nuance foncée et marquée de tons plus clairs, ou de feu, au nez, aux flancs et aux fesses.

Le jaune donne la robe isabelle ou café au lait, que quelques auteurs distinguent par la couleur des crins, qui sont blancs ou noirs, et par la présence ou l'absence d'une raie plus foncée ou

ROBES.-Nous ne croyons pas nécessaire de faire ici une étude détaillée des diverses nuances que peut présenter la robe du cheval. Cette étude sera mieux à sa place dans le chapitre relatif au choix commercial du cheval. Au point de vue du zootechnicien et de l'éleveur, cela est de peu d'impor-même noire le long de la colonne vertébrale. tance. Il règne d'ailleurs à cet égard de trop grandes dissidences parmi les auteurs, pour qu'il puisse entrer dans notre cadre d'exposer l'état de nos connaissances sur ce point fort accessoire, ne devant point discuter les opinions et démontrer l'erreur de celles qui ne sont pas fondées. Cela ne pourrait que nous conduire sans aucun profit pour le but que nous voulons atteindre, à mettre

Un mélange en proportions diverses de poils noirs et de poils blancs donne les différentes nuances de la robe grise, une des plus répandues. On distingue dans cette robe, comme principaux types, le gris clair, le gris argenté, le gris foncé, le gris ardoisé, le gris de fer, suivant que dominent les poils blancs ou les poils noirs; la répartition des mélanges a fait reconnaître en outre le gris

étourneau et le gris pommelé, qui se définissent par leur nom même.

Lorsque le mélange a lieu entre le rouge et le blanc, il donne la robe aubère, dont les crins sont également mélangés ou entièrement de l'une ou de l'autre des deux couleurs élémentaires. La robe aubère est claire ou foncée, suivant la prédominance du blanc ou du rouge. Lorsqu'elle reflète une teinte rosée, elle est dite fleur de pêcher.

, Trois des couleurs primitives se trouvent assez souvent mélangées en diverses proportions. Le noir, le blanc et le rouge forment alors ce que l'on appelle le rouan, soit que ces trois couleurs se montrent sur les poils, soit que l'une d'elles, le noir, existe seulement sur les crins ou les extrémités. On a le rouan clair ou le rouan foncé, si le blanc ou le noir domine; si c'est le rouge, on a le

rouan vineux.

il importe de signaler exactement le nombre et le lieu des balzanes. Lorsqu'il n'y en a que deux, on dit, pour abréger, bipède antérieur, ou postérieur, latéral ou diagonal, droit ou gauche, en prenant toujours le membre antérieur pour point de départ.

Les marques de la tête sont aussi constituées par des poils blancs, qui occupent le front et se prolongent parfois sur le chanfrein et jusque sur le bout du nez.

Si ces poils sont peu nombreux et disséminés, ils se signalent eux aussi par quelques poils en tête; réunis et formant au centre du front une tache arrondie, ils constituent la pelote; la tache ayant des contours anguleux forme une étoile ; lorsqu'elle envoie sur le chanfrein une ligne plus ou moins prolongée, celle-ci est une liste, et l'on indique le point où elle s'arrête. La liste élargie de ma

donne la belle face. Ces particularités, comme les balzanes, peuvent être dentelées, bordées, mouchetées, etc.

Cette dernière couleur se trouve parfois dissé-nière à occuper toute la surface du chanfrein minée assez uniformément sur le corps, dans de petits bouquets de poils qui forment autant de points circonscrits et étroits. La robe rentre, en ce cas, dans la couleur grise, et constitue ce que l'on appelle le gris truité. Des points noirs disposés de cette façon sur la robe grise donnent le gris moucheté. On trouve parfois ces deux dispositions sur le même individu.

Enfin le blanc et une autre couleur, noir ou alezan, distincts par larges surfaces sur le corps, forment la robe pie, qui comporte dès lors les trois variétés de pie-noir, pie-alezan et pie-bai, cette dernière étant caractérisée par des crins noirs. Indiquons maintenant les principales particularités qui peuvent se rencontrer avec toutes les robes que nous venons de voir. Ces particularités ont surtout de l'importance pour l'établissement des signalements.

Celles qui méritent le plus d'attention sont les balzanes et les marques-en-tête.

On nomme balzane la particularité résultant de la présence de poils blancs à l'extrémité inférieure du membre, dans toutes les robes autres que la blanche ou la gris clair. Ces poils blancs y sont plus ou moins nombreux et y occupent, lorsqu'ils constituent exclusivement la robe à cet endroit, une étendue plus ou moins considérable. Dans ces différents cas, ils sont signalés diversement.

Si les poils blancs sont disséminés autour de la couronne, on les signale ainsi : quelques poils blancs; réunis en un point, ils forment la trace de balzane; un peu plus étendus, mais sans embrasser cependant la totalité du contour de la couronne, cela devient la trace incomplète de balzane; lorsque, tout en embrassant ce contour, ils ne dépassent pas la couronne en hauteur, c'est un principe de balzane; arrivant au niveau du boulet, on les nomme petite balzane; au milieu du canon, grande balzane; près du genou ou du jarret, balzane haut-chaussée. Quelle que soit son étendue, la balzane peut être dentelée ou bordée suivant que son contour présente des dentelures ou se confond avec le fond de la robe en s'y mélangeant. Elle peut être mouchetée, truitée, ou herminée, si elle porte des taches étendues ou des points noirs, ou rouges. Avec ces particularités de forme et d'étendue,

On observe parfois, dans les parties du corps où la peau est fine, telles que les bourses, le fourreau, la face interne des cuisses, le pourtour des yeux et surtout des lèvres, des places dépourvues de pigment (matière qui colore la peau en noir); ces places, d'un blanc rosé, sont connues sous le nom de tache de ladre. Elles doivent être soigneusement indiquées et caractérisées. Lorsqu'elles existent aux deux lèvres dans une grande étendue, on dit que le cheval boit dans son blanc, complétement ou incomplétement, suivant que la totalité ou seulement la plus grande partie des lèvres est tachée de ladre; à une seule, l'inférieure ou la supérieure, on dit qu'il boit complétement ou incomplétement dans son blanc de l'une ou de l'autre.

Une tête entièrement noire, quelle que soit d'ailleurs la couleur ou la nuance de la robe, est dite cap de maure. Elle se rencontre ordinairement chez les chevaux gris ardoisé ou gris de fer.

Un cheval alezan ou bai, absolument dépourvu de toute particularité, est dit zain; ce qui indique l'absence complète de poils blancs dans sa robe.

Lorsqu'il en existe quelques-uns disséminés en plus ou moins grand nombre sur la surface de son corps, il est considéré comme légèrement, ou fortement, rubican.

Nous négligeons les autres particularités qui ont été reconnues pour caractériser le signalement du cheval; celles qui précèdent paraissent plus que suffisantes. Il ne nous reste plus qu'à examiner en peu de mots la question de savoir si, parmi les robes qui viennent d'être passées en revue, il en est une ou quelques-unes qui méritent d'être préférées pour les types de la beauté que nous avons établis. On serait vraiment embarrassé, dans une pareille recherche, s'il fallait se baser sur quelque chose d'exact et de précis. Cela est, ainsi que nous l'avons déjà dit, avant tout une question de goût. Cependant, le sentiment universel s'accorde à donner la préférence aux robes de nuance foncée, que l'on croit à tort ou à raison appartenir plus communément à une

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A part cela, il ne nous paraît vraiment y avoir aucune raison physiologique ni expérimentale pour que le tempérament, la vigueur et par conséquent la résistance, soient liés en aucune façon à la couleur ou à la nuance de la robe. Les chevaux anglais, généralement alezans ou bais, ne sont ni plus ni moins vigoureux ou résistants que les chevaux africains, généralement blancs ou gris, que nos chevaux français de trait, offrant ces robes dans la plus large proportion.

La mode, l'habitude, fait estimer davantage les robes baies, noires ou alezanes, pour la selle et l'attelage, les robes grises pour le trait; l'isabelle, l'aubère et le rouan ont été tour à tour recherchés et repoussés sans autre motif que le caprice de la mode.

Il faut donc conclure que si les types de la beauté, dans l'espèce chevaline, ont des caractères fixes et invariables sous le rapport de la conformation, il n'en peut point être ainsi quant à la robe. L'éleveur, en conséquence, doit à cet égard s'inspirer uniquement du goût de l'époque, et produire non ce que des préférences sans fondement scientifique pourraient lui faire supposer meilleur, mais bien ce qui lui est le plus demandé par la consommation.

Il faut pourtant faire remarquer que, quelle que soit la nuance de la robe, l'éclat du ton, le luisant du poil, est toujours l'indice d'une constitution énergique et d'une bonne santé.

ESPÈCE CHEVALINE DE LA FRANCE.

La description complète des nombreuses variétés sous lesquelles se présente l'espèce chevaline dans notre pays n'est pas une entreprise facile à réaliser. C'est même une question pour nous de savoir si elle est bien réellement utile. Dans la situation où cette espèce a été conduite par les tentatives d'amélioration poursuivies depuis une cinquantaine d'années sous la direction de l'État, il s'est établi une sorte de confusion qui rend nécessairement périlleux, à ce point de vue, tout essai de classification. Si nous possédons encore quelques bonnes races, bien caractérisées, c'est que leur aptitude spéciale les a garanties contre ces tentatives d'amélioration. Aussi n'est-ce pas au sujet des chevaux de trait, que se présente la difficulté. Ceux-ci possèdent des caractères assez tranchés, dans nos diverses provinces, pour qu'il soit permis de les grouper autour d'un type local constituant bien une race véritable. Mais c'est en vain que l'on voudrait en faire autant pour les individus légers. Ici, les caractères de famille ont disparu sous le niveau du croisement; cela ne compose plus qu'une population de bâtards, et cela se désigne par le nom de demi-sang. Il n'y a plus en France de races légères, à proprement parler; on y rencontre seulement des individus

| plus ou moins aptes aux services de la selle et de l'attelage, qui se ressemblent à peu près partout. Cependant, il est exact de dire que sous cette ressemblance des produits croisés, certains caractères des anciennes races persistent, qui peuvent les faire reconnaître par des zootechniciens éclairés. Il y a peu d'importance à cela, toutefois, et ce n'est pas à ce point de vue, à coup sûr, qu'il pourrait être utile de les décrire. Nous considérerions comme absolument oiseux d'entreprendre ici de mettre le lecteur en mesure de distinguer, dans un groupe de chevaux de selle ou d'attelage, l'origine de chacun, du côté de la mère, s'entend, car du côté du père elle est toujours la même. Il convient seulement que nous donnions une indication sommaire des localités qui sont des centres de production pour ces chevaux, et qui leur impriment leur cachet sous le rapport du volume et de la taille, en raison des conditions d'élevage qu'elles peuvent leur fournir. Dans la doctrine que nous professons, c'est là le point important de la zootechnie, qui a toujours été à peu près entièrement négligé par les hippologues. Ceux-ci n'ont vu jamais dans l'amélioration de l'espèce chevaline autre chose qu'une affaire de génération; les dissidences n'ont porté que sur le choix du type supérieur destiné à la régénérer.

Ayant moins en vue de décrire de prétendues races, qui n'existent plus ou sont sur le point de disparaître, que d'exposer les éléments de notre principal sujet, qui est l'indication des moyens d'améliorer l'espèce, nous devons faire connaître d'abord les facteurs de l'amélioration qu'il s'agit de réaliser, dans chacun des centres de production. En d'autres termes, nous devons faire d'abord un rapide inventaire de l'industrie chevaline de la France, pour être en mesure ensuite de formuler les préceptes des progrès qui peuvent et doivent y être introduits.

Pour le même motif, il convient d'établir entre les divers services la distinction qui nous a guidés déjà dans la recherche des types de la beauté. L'exploitation de l'industrie chevaline comporte au moins deux branches bien distinctes. Il n'y a rien de commun entre l'élevage du cheval de trait et celui du cheval léger, au point de vue économique surtout. L'état actuel des deux variétés, leurs situations respectives, commandent de ne point les confondre dans une même thèse.

Nous considérerons donc, d'une part, les chevaux de selle et d'attelage, improprement nommés chevaux fins, d'autre part, les chevaux de trait, non moins improprement appelés communs.

CHEVAUX DE SELLE ET D'ATTELAGE.

Dans le plus grand nombre des localités qui font naître ou élèvent des chevaux appartenant aux variétés légères, les deux aptitudes à la selle et à l'attelage se trouvent ordinairement confondues dans le groupe des produits ; c'est-à-dire qu'on y rencontre le plus souvent des individus propres à l'un et à l'autre des deux services, dans les diverses gradations de taille et de volume qu'ils

Cette industrie pourtant, comme toutes les autres, est soumise à la loi de la division du travail. Plus qu'aucune autre même, elle subit l'influence de la spécialisation et ne peut être exercée avec avantage que dans les circonstances qui lui sont propres.

Si donc nous voulions faire un inventaire complet de son état actuel, il nous faudrait nous occuper tour à tour de chacun de nos départe

présentent. En un point de ces gradations, se trouve le cheval à deux fins, qui est le véritable | cheval de service de l'époque, dans cette catégorie, et qui est malheureusement le plus rare, pour les motifs que nous verrons. Ce cheval, qui convient à la fois au service de la selle et à celui de la voiture, non pas pour le luxe, bien entendu; qui convient aussi le mieux pour monter la cavalerie de ligne; ce cheval ne s'élève pas au delà d'une certaine latitude de notre pays. Il est néces-ments. Mais cela n'aurait aucune utilité. Bornonssairement inconnu dans notre zone méridionale. Quoi qu'il en soit, les chevaux de selle et d'attelage présentent pour nous ce caractère important, du point de vue où nous les considé-naturel, et à ceux où du moins leur élevage a rons en ce moment, que leur élevage s'achève sans qu'ils aient fourni aucun travail, sans qu'ils aient été utilisés d'aucune façon. Cela suffirait pour faire sentir la nécessité de les confondre dans l'étude que nous allons en esquisser, si d'ailleurs les mêmes procédés zootechniques ne convenaient également à leur production et à leur élevage.

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nous par conséquent aux centres de production où de temps immémorial des chevaux de selle et d'attelage ont été élevés pour ainsi dire à l'état

acquis un certain caractère de généralité. Nous les indiquerons en procédant du nord vers le centre et le midi, en commençant par la Normandie, qui est, sous le rapport de l'étendue et de l'importance, le principal.

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Chevaux de la Normandie. Nous comprenons sous cette appellation les chevaux originaires Nous passerons donc d'abord en revue les di- des herbages du Calvados, de la Manche et de verses variétés, propres aux services dont il s'agit, l'Orne. Il existe encore à l'état de souvenir une que l'espèce chevaline présente sur la surface de race bien caractérisée par sa conformation, surnotre pays, y compris l'Algérie, et cela en ne nous tout par la forme busquée de sa tête, connue japréoccupant que bien secondairement d'indiquer dis sous le nom de race normande, et qui a des caractères de race devenus très-rares mainte-longtemps traîné les lourds carrosses de nos pères. nant. Il importe davantage de faire connaître les C'est en vain qu'on en chercherait maintenant, le ressources que chaque centre peut offrir à la moindre vestige. Il ne faut point regretter sa disproduction et les caractères généraux que ces parition, amenée par les croisements successifs ressources impriment à l'ensemble des individus. dont elle a été l'objet avec le cheval anglais dit Nous indiquerons ensuite les procédés qu'il con- de pur sang. vient de mettre en pratique pour améliorer l'espèce, au point de vue des aptitudes spéciales en question, d'après les principes généraux posés précédemment. Cette façon d'envisager notre sujet nous évitera de nombreuses répétitions, et ménagera par cela même l'attention du lecteur, tout en lui traçant avec plus de netteté, s'il est éleveur, la voie qu'il doit suivre pour chaque cas particulier.

On trouve des chevaux de selle et d'attelage disséminés sur presque tous les points de la France. Sous l'empire des idées absolues qui règnent dans les esprits, et qui font envisager la production du cheval propre à la cavalerie comme une question de patriotisme, en même temps qu'elles portent à considérer abusivement cette production comme tout à fait indépendante du milieu dans lequel elle s'effectue, il n'est pas difficile de s'expliquer ce fait. L'administration des haras embrasse tout le pays par les nombreuses circonscriptions de ses dépôts d'étalons ; elle obéit à une doctrine absolue, sans s'occuper assez des nécessités physiologiques ou économiques; elle pousse avant tout à la production du cheval de troupe; et les notions d'économie rurale ne sont pas tellement répandues parmi les agriculteurs, que ceux-ci puissent s'en étayer pour résister à son impulsion. Il s'en rencontre donc partout un certain nombre pour se faire, coûte que coûte, éleveurs de chevaux de selle ou d'attelage, sauf à ne les produire que médiocres ou mauvais, faute des conditions nécessaires au succès d'une semblable industrie.

A cette ancienne race locale a donc succédé une population fort mélangée, que les hippologues qualifient improprement de race anglonormande, et qui n'est qu'une collection d'individus plus ou moins remarquables, suivant l'intelligence qui a présidé aux opérations de croisement dont ils sont le résultat. Nous n'avons plus à discuter ici cette assertion, pour en démontrer le bien-fondé. Des hippologues de la Normandie, notamment M. le comte d'Osseville, affirment que le prétendu demi-sang anglo-normand constitue bien une race véritable, désormais fixée et constante; c'est aussi l'avis de M. Gayot; mais les uns et les autres ne paraissent pas suffisamment éclairés sur la portée physiologique de la loi d'hérédité, non plus que sur les conditions qu'il faut, en histoire naturelle et en zootechnie, pour mériter aux collections d'individus les attributs qui constituent la race. Les faits qu'ils invoquent à l'appui de l'opinion qu'ils soutiennent, sont précisément les meilleurs arguments à leur opposer, et il n'est aucun zootechnicien véritablement compétent, véritablement pénétré des notions de la saine physiologie et exempt des préoccupations causées par le dogme du pur sang, qui puisse partager une telle opinion. Au reste, comment se fait-il que ces mêmes hippologues, qui affirment l'existence d'une race anglo-normande de demi-sang, n'en indiquent pas moins les opérations savamment combinées de croisement, de prétendu métissage ou croisement alterne, à l'aide desquelles seules elle peut être maintenue? le croisement continu devant infailliblement, d'après eux, la

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