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morille; nous pensons que sur les marchés, soumis à une inspection spéciale, on ne livre jamais à la vente des champignons vénéneux; nous pensons enfin, que, dans nos campagnes, les bergers, les pâtres, les forestiers sont de meilleurs connaisseurs que les botanistes.

Nous ne conseillons pas une confiance trèsétendue en ce qui regarde les champignons, mais nous ne voulons pas qu'on les proscrive trop généralement, et que, par peur de la mort, on laisse perdre des variétés comestibles précieuses. Dans le doute

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qu'on s'abstienne, rien de mieux; que même avec les champignons mestibles, on prenne la précaution de les mettre dans de l'eau salée ou de l'eau vinaigrée avant de les faire

cuire, rien de mieux encore; mais il y a de l'injustice à soutenir que certaines espèces trèsinoffensives Fausse oronge.

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vent être rejetées de la table comme nuisibles. C'est ainsi que la chanterelle comestible ou girole, si commune dans la forêt de Fontainebleau et ailleurs, passe pour une plante vénéneuse dans le Hainaut et l'Ardenne belge, même parmi les forestiers. Un vieillard du vil

lage de Grandrieux (Hainaut), à qui nous montrions un panier plein de chanterelles, nous demanda ce que nous voulions en faire, et quand nous le lui eûmes dit, il ajouta : — Mais, malheureux que vous êtes, vous ne savez donc pas que c'est du poison, et que, pour tout l'or du monde,

Fig. 450.

Bolet pernicieux.

les gens de ce pays n'y toucheraient point; nous n'avons vu manger de ces champignons jaunes que par les Russes en 1815.

Toutes les fois qu'on nous raconte que les Russes mangent impunément des champignons qui nous empoisonneraient nous autres Français, nous nous rappelons les paroles du vieillard de Grandrieux et les chanterelles du bois de l'Escaille.

Ne-grossissons pas le chiffre des champignons vénéneux; il est déjà trop fort.

Nous n'en finirions pas si nous voulions dresser la liste de ces champignons nuisibles. Nous nous contenterons d'en figurer deux des plus communs et des plus dangereux, le bolet pernicieux (fig. 450) et la fausse oronge (fig. 449).

CHARDONS ET CIRSES (CARDUUS ET CIRSIUM). Plantes de la famille des Composées et de la tribu des Cinarocéphales. Ces deux espèces dis

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Fig 451.- Chardon.

tinctes sont confondues sous le nom de chardons par les cultivateurs de tous les pays. Elles ont tant de points de ressemblance que cette confusion s'explique aisément. Le cirse d'ailleurs ne diffère du chardon que par son aigrette plumeuse, caractère fort peu saillant et qui parfois embarrasse même les botanistes.

Les chardons font le chagrin du cultivateur; leurs feuilles très-piquantes rendent le javelage et la mise en gerbes fort pénible. On ne se soucie point non plus de botteler des fourrages infestés de chardons, et les animaux ne se soucient pas davantage de les consommer. Nous avons vu des pâturages littéralement interdits au bétail par les chardons nains.

Dans les cultures négligées, les chardons se propagent avec une effrayante rapidité, et lorsqu'ils ont pris pied dans un terrain, il n'est pas facile de s'en débarrasser. On doit les attaquer par différents moyens. Tantôt, on les arrache à l'aide de tenailles en bois; tantôt on les coupe entre deux terres à l'aide d'un couteau à long manche ou d'une lame fixée au bout d'un bâton. Le premier procédé vaut mieux que le second, mais il est moins expéditif et plus fatigant. Les chardons bien arrachés ne repoussent pas; les chardons coupés entre deux terres dans le courant

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d'avril, donnent des rejets et l'opération de- |
mande à être renouvelée dans le courant de mai.
On ne gagne donc rien à trop se hâter. « Ce n'est
guère qu'en mai, écrit M. de Dombasle, lorsque
le blé est déjà un peu grand et en tuyaux qu'on
peut réussir à détruire les chardons. Lorsqu'à cette
époque, on les coupe entre deux terres, ils ne
repoussent plus, tandis que si on les coupe plus
tôt, ils sont bientôt aussi grands qu'ils l'étaient. »
On nous permettra d'ajouter que les chardons ne
résistent pas longtemps aux labourages profonds
et aux cultures sarclées.

Les chardons enlevés des champs de céréales forment une bonne nourriture pour les vaches et les porcs. On les leur donne cuits.

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Le chiendent est de tous les pays et en quelque sorte de tous les terrains; cependant il se plaît mieux dans les argiles qu'autre part; il veut avoir le pied frais; il a peur de la sécheresse et du soleil. Voilà le défaut de la cuirasse; c'est par ce point qu'il faut l'attaquer et le saisir; autrement les plus habiles n'en viendraient pas à bout. Une terre est-elle infestée de cette plante, laissez-la en repos, en jachère ; labourez en temps sec pour déraciner le chiendent et l'amener près de la surface. Ne hersez pas de suite après le labourage, attendu que la terre hersée se dessèche moins vite que celle qui ne l'a pas été et que plus la dessiccation est prompte, plus la mort des racines l'est aussi. Un peu plus tard, à la veille d'un second labourage, vous ferez passer votre herse à dents de fer sur le champ. Ce second labourage sera donné au moment de la repousse du chiendent et toujours par un temps sec. Voilà la méthode recommandée par M. de Dombasle. Selon lui, elle est plus énergique, plus efficace et moins coûteuse que celle qui consiste à faire suivre le coup de charrue d'un coup de herse immédiat, à former des tas de racines et à y mettre le feu. M. de Dombasle trouvait de l'avantage à laisser pourrir en terre, à titre d'engrais, les racines desséchées de la plante; cependant son mode d'opérer ne sera pas adopté promptement. En voici la raison : Le cultivateur n'aime pas à jouer avec son ennemi; il sait que les morts seuls ne reviennent pas, et aussi longtemps qu'il n'a pas les racines de chiendent sous la main, aussi longtemps qu'il n'a pas mis l'allumette sous le tas, il a peur que ces racines ne lui échappent et ne repoussent.

Au lieu de brûler les racines de chiendent, on ferait bien, à notre avis, de les emporter à la ferme, de les laver avec soin et de les donner aux vaches et mieux aux porcs qui en sont trèsavides.

On a recommandé de s'en servir pour faire litière aux animaux; mais nous croyons savoir que la recommandation est mauvaise. Cette racine ne se décompose pas toujours convenablement.

Dans quelques localités, on forme des prairies artificielles avec cette plante, parce que jeune, elle est recherchée du bétail. Quoi qu'il en soit, nous ne conseillerons pas à nos lecteurs de suivre cet exemple. Si l'on sait au juste quand elle entre dans un champ, en retour on ne sait jamais au juste quand elle en sortira.

et difficilement, que la patience se trouve à rude épreuve, que l'on se dépite et frappe du pied, que les mauvaises choses reviennent au fur et à mesure que l'on croit s'en défaire, on se dit : -C'est le chiendent! Ce mot exprime le comble de l'embarras et de l'ennui. On ne pouvait mieux choisir le point de comparaison. Le chiendent est l'une des herbes exécrées par les cultivateurs. Nous n'en voulons pas à ses feuilles, nous n'en voulons qu'à ses racines qui courent sous terre, Dieu sait comme, s'entrelacent, s'enchevêtrent, CHRYSANTHÈME DES MOISSONS (CHRYSANTHEMUM

mangent notre engrais, salissent nos champs, gênent nos charrues et nous font damner tant que les attelées durent. Nous n'en avons pas fini avec le chiendent d'un côté que c'est à recommencer de l'autre; il s'empare si vite et si complétement du sol, qu'il en devient pour ainsi dire le propriétaire, et qu'à le déloger, on dépense souvent la valeur de plus d'une récolte.

En médecine, on se sert des racines du chiendent pour faire une tisane rafraîchissante et diurétique.

SEGETUM).

Plante de la famille des Composées. Il y a parfois de bien laides choses sous de charmantes enveloppes; et de même que vous pouvez trouver de mauvais coquins sous de beaux masques, vous pouvez trouver aussi de détestables herbes sous les plus jolies fleurs. Ainsi, ne vous tiez pas trop

à la mine des plantes. En voici une, par exemple,, aussi drue qu'au temps passé; on commence à la chrysanthème des moissons, qui, au premier voir clair dans ses massifs; mais elle est trop abondante encore, beaucoup trop, et nous croyons que pour s'en défaire sûrement, à la longue, on ne ferait pas mal de lui appliquer les ordonnances sur l'échenillage. En Allemagne sur certains points au moins, les seigneurs qui out de grands domaines affermés, se tiennent à l'affût de la chrysanthème des moissons et font payer une amende aux fermiers pour chaque pied qu'ils rencontrent parmi les récoltes. Jadis, en Belgique, au temps de la domination de Marie-Thérèse, on procédait de la même manière et avec la même rigueur à l'endroit des fermiers du Luxembourg. Les vieux en ont parlé, les jeunes le redisent comme s'ils s'en souvenaient; c'est affaire de tradition.

abord, inspire toute confiance et fait plaisir à voir. Autrefois, quand nous n'avions ni la reine marguerite, ni la chrysanthème à couronnes, nous la cultivions sous le nom de marguerite dorée, parce qu'elle a une certaine ressemblance avec la grande marguerite des prés (Pyrethrum leucanthemum); seulement sa fleur est jaune au lieu d'être blanche. Aujourd'hui, les jardins n'en veulent plus, on ne la rencontre, par ci par là, que dans les moissons, les seigles, les avoines, les froments, parmi les bluets et les coquelicots. La flore des environs de Paris et celle de Namur lasignalent comme assez commune; la flore du centre de la France la dit rare, et M. Boreau lui assigne pour patrie les terrains argileux. Cependant, nous savons de ces terrains où vous passeriez des mois et des années sans la découvrir. Nous n'avons jamais rencontré de chrysanthèmes des moissons dans les terres argileuses des environs de Beaune (Côte-d'Or), tandis que nous en avons rencontré dans les terres argileuses du département de l'Orne. Mais c'est surtout dans les schistes de l'Ardenne belge que nous l'avons vue par milliers d'exemplaires sur des surfaces restreintes. Là, adressez-vous au premier venu et demandez à voir la zizanie, comme qui dirait la peste, et, au beau milieu de l'été, alors que ses belles fleurs jaunes sont ouvertes, on vous en montrera tant et tant que vous en serez stupéfait. La chrysanthème des moissons, la zizanie, est la bête noire de l'Ardennais elle étouffe ses récoltes, mange son engrais et a l'air de se moquer de lui. Il a beau l'arracher par brassées, la faire sécher au soleil, y mettre le feu, il en repousse tous les ans plus que de raison, comme s'il y avait une provision de graines en réserve dans le sein de la terre pour la ressemer des siècles durant. On est presque tenté de le croire, après avoir lu ces quelques lignes de M. de Gasparin : — « On a trouvé sous un bâtiment qui sûrement avait existé deux cents ans, une terre noire qui fut transportée avec des plâtras dans un jardin; bientôt, il poussa à cette place une quantité de marguerites dorées (Chrysanthemum segetum), quoique auparavant on n'y en eût jamais vu. »

Fig. 453. Chrysanthème des moissons.

Voilà une éternité qu'on fait la guerre à cette plante, qu'on la maltraite, qu'on l'arrache, qu'on la brûle, et toujours elle revient, sans doute parce que d'aucuns se sont lassés à la besogne, se sont découragés à l'oeuvre. Cependant elle n'est plus

Rien que d'après cela, ceux de nos lecteurs qui ont le bonheur de ne pas connaître la chrysanthème des moissons, se feront une idée à peu près juste de son importance et de ses inconvénients.

Il est rare qu'une plante soit complétement mauvaise; presque toujours elle a son bon côté. Celle-ci paraît faire exception: nous ne lui connaissons que des défauts. Une fois dans un champ qui lui convient, elle l'envahit si bien, s'en empare si lestement qu'il n'y a bientôt place que pour elle. C'est le loup dans la bergerie, la peste dans l'endroit.

C'est ici le cas d'appeler de nouveau l'attention des cultivateurs sur la nécessité des déchaumages, c'est-à-dire sur l'utilité de faire germer les mauvaises graines aussitôt après la récolte. Cela vaudrait mieux que de les enterrer par un labourage plus ou moins profond et de les conserver pour ainsi dire en silos.

CIGUE (GRANDE), (CONIUM MACULATUM).

Notre grande ciguë est la ciguë tachée des botanistes; elle appartient à la famille des Ombelliferes. Elle habite ordinairement les haies, les fossés, les lieux frais et les décombres; sa hauteur varie entre 0,80 et 1,20. Tout le monde la connaît de nom, mais beaucoup ne la connaissent pas suffisamment de vue et la confondent, lorsqu'elle est jeune, avec le cerfeuil ou le persil. Or, comme cette erreur-là est une de celles que l'on paie de sa vie, il importe que nos ménagères sachent bien à quoi s'en tenir sur les principaux caractères distinctifs de la grande ciguë. La tige de cette plante est parsemée de taches d'un pourpre violacé qui n'existent ni sur la tige du persil ni sur celle du cerfeuil, mais il peut arriver que, par mégarde, on cueille des feuilles de grande ciguë avant que la tige soit développée. Dans ce cas, il suffit pour la distinguer de froisser les feuilles cueillies qui répandent une odeur vireuse et nauséabonde, tandis que l'odeur des feuilles de persil et de cerfeuil est agréable. Si les ménagères s'approvisionnaient de ces plantes condimentaires pendant le jour et avaient la précaution de les couper brin à brin, de les froisser entre leurs doigts, de les sentir, nous n'aurions plus à craindre

les empoisonnements par la grande ciguë; malheureusement, il est rare qu'elles procèdent avec

d'un beau vert; les fleurs de l'æthuse sont blanches, tandis que celles du persil sont jaunâtres; l'odeur de l'æthuse est vireuse, tandis que celle du persil est agréable.

Les folioles du cerfeuil sont plus larges et plus courtes que celles de l'æthuse; il suffit d'ailleurs de froisser ces deux plantes entre les doigts et de les sentir pour bien les distinguer.

La petite ciguë ou æthuse est tout aussi vénéneuse que la grande.

COLCHIQUE D'AUTOMNE (COLCHICUM AUTUMNALE).

Plante de la famille des Colchicacées de de Candolle, vivace, herbacée et très-commune dans les prairies fraîches.

Vous connaissez tous une jolie fleur lilas tendre

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toute la prudence désirable et fort souvent, elles vont prendre persil ou cerfeuil au potager à la nuit tombante et à la hâte pour condimenter le repas du soir. S'il ne se trouve point de grande ciguë mêlée aux condiments, tant mieux; mais en retour, s'il s'en trouve, et cela s'est vu, la mort des convives est à peu près certaine, à moins de secours très-prompts qui consistent à provoquer les vomissements et à administrer des purgatifs.

La grande ciguë, qui est un si violent poison pour l'homme, peut être mangée impunément par les chèvres, et presque impunément par les chevaux et les lapins. Pour ce qui regarde les vaches, les observateurs et les auteurs ne s'accordent pas : les uns assurent qu'elles peuvent en manger beaucoup sans inconvénient, les autres affirment le contraire.

La grande ciguë est employée en médecine. Cette plante est bisannuelle: il suffit donc de l'empêcher de fleurir pendant quelques années consécutives pour s'en débarrasser, ou mieux de l'arracher avant qu'elle porte ses graines.

CIGUE (PETITE), (ETHUSA CYNAPIUM).

Cette plante, que nous nommons petite cigué, appartient, comme la précédente, à la famille des Ombellifères, et n'est autre que l'athuse à feuilles de persil des botanistes.

Elle est plus dangereuse que la grande ciguë, car elle croît dans les lieux cultivés, et il n'est pas rare de la rencontrer parmi les bordures de persil et de cerfeuil. Il faut y regarder d'assez près pour ne pas la confondre avec l'une ou l'autre de ces deux plantes condimentaires. Les feuilles de l'æthuse sont plus luisantes et plus finement découpées que celles du persil; la tige de l'æthuse est d'un vert pâle, tandis que la tige du persil est

-Fleurs du colchique.

Fig. 456. coupé transversale

Fruit

ment.

Fig. 455. qui n'a point de feuilles et qui se montre en automne sur nos prairies. On la nomme, dans les campagnes, veillotte, vieillotte et voillerotte: c'est la fleur du colchique. Fouillez la terre, et vous trouverez le bulbe ou oignon qui la produit. Vous connaissez tous aussi de belles feuilles vertes qui poussent au printemps dans les prés, qui ressemblent un peu à celles de nos poireaux, feuilles qui ne donnent pas de fleurs, mais qui rapportent dans des bourses ou carpelles, soudés entre eux, une quantité considérable de petites graines rondes, d'abord blanches, puis noires à la maturité. Ce sont les feuilles et les graines du colchique d'automne. On les appelle langues de boeuf et langues de chien. Fouillez la terre, et vous trouverez le bulbe ou oignon qui produit ces feuilles.

Le colchique est une herbe vénéneuse; le bétail n'en veut pas ; il est par conséquent nécessaire d'en délivrer les prairies où il occupe la place des bonnes plantes fourragères. Le moyen le plus expéditif, à cet effet, consiste à rompre le gazon et à le mettre en culture pendant quelques années; mais, comme d'habitude, on recule devant ce moyen énergique, nous allons en indiquer un autre. Celui-ci consiste à arracher les feuilles deux ou trois années de suite. La mutilation fait souffrir la plante; les caïeux ne se produisent plus et le vieil oignon meurt. Seulement, il convient de ne pas arracher ces feuilles lorsqu'elles sont encore très-tendres, car elles se rompent rez terre et peuvent repousser; il faut attendre

qu'elles offrent une certaine résistance, et alors, on les saisit à pleine main et on les tire à soi, perpendiculairement, de manière à extraire une partie de la tige enterrée. Des enfants de dix à douze ans peuvent fort bien exécuter cette besogne. Nous connaissons plusieurs propriétaires intelligents qui la font exécuter ainsi et qui s'en félicitent.

CUSCUTE (CUSCUTA).

Plante annuelle, parasite, de la famille des Cuscutacées. On en signale trois espèces qui sont :

Fig. 457. Cuscute d'Europe.

la cuscute d'Europe, la cuscute à fleurs serrées et la petite cuscute. Les cultivateurs ne s'occupent guère de ces distinctions et appellent les cuscutes le rougeot, la teigne, les cheveux du diable, etc. La cuscute d'Europe, dont nous avons le plus à nous plaindre, a la tige très-menue et ronde comme un fil; ses fleurs sont rougeâtres et disposées de loin en loin en faisceaux arrondis; elle n'a pas de feuilles; celles-ci sont remplacées par de toutes petites écailles, et il faut y regarder d'assez près pour les découvrir. La cuscute s'attache à la luzerne, au trèfle, au houblon, etc., les enlace, les suce, les ronge et cause ainsi de vives inquiétudes au cultivateur.

On évite la cuscute en ne ramenant pas trop souvent les mêmes récoltes à la même place, en ne semant que de la graine bien pure; et quand on ne sait pas l'éviter, le mieux, pour la détruire, c'est d'arroser les places qu'elle occupe dans les fourrages artificiels, avec une dissolution de sulfate de fer ou couperose verte, à raison de 12 kil. par hectolitre d'eau.

EUPHORBE (EUPHORBIA).

Genre de la famille des Euphorbiacées et comprenant un certain nombre d'espèces. Dans nos campagnes, toutes les euphorbes sont confondues

sous le nom de réveille-matin. Ces plantes contiennent un suc laiteux qui, appliqué sur les paupières, les irrite et détermine une douleur qui empêche le sommeil. Nous engageons fortement nos lecteurs à ne point faire l'essai de cette détestable recette.

EUPHRAISE (EUPHRASIA).

Plante parasite de la famille des Scrophularinées. Nous connaissons l'euphraise officinale et l'euphraise odontite : la première se trouve sur les pelouses, dans les prairies et les bois ; la seconde se trouve dans les moissons et les lieux cultivés. L'une et l'autre sont inconnues de la plupart de nos cultivateurs; ce sont des ennemis modestes auxquels ils ne prennent point garde. Les descriptions que nous pourrions en faire, ne leur apprendraient rien; le crayon serait aussi impuissant que la plume, en pareil cas, et le mieux, c'est de s'adresser à un botaniste de la localité, en attendant que la nécessité de vulgariser la botanique dans nos villages ne soit plus contestée. M. Duchesne applique à l'euphraise officinale les noms vulgaires de brise-lunettes, casselunettes, herbe à l'ophthalmie, langeôle et luminet. M. Moquin-Tandon ne la cite que pour mémoire.

Ce qu'il importe de bien se rappeler, c'est que les euphraises s'attachent aux racines des graminées et vivent de leur substance. Si nos souvenirs nous servent fidèlement, c'est à M. Decaisne que nous devons la constatation de ce fait intéressant. Depuis des siècles, ces plantes vampires poussaient sous nos yeux, et personne ne songeait à s'en plaindre; aujourd'hui que nous connaissons leur manière de vivre, il s'agit d'y prendre garde. Vraisemblablement, les euphraises sont ainsi que les autres parasites le résultat des abus de la culture; les champs et les prés où on les rencontre sont usés ou fatigués de porter les mêmes récoltes. Nous nous souvenons d'avoir vu un vieux gazon de prairie, incapable de produire de l'herbe fauchable, et couvert d'euphraise officinale; on le rompit, et l'on fit bien.

FOUGÈRES.

Les fougères et entre autres le Pteris aquilina sont communes dans les pays de landes et de bruyères. Ce ptéris résiste aux premières opérations de défrichement et persiste à se reproduire pendant de longues années parmi les céréales. Bien souvent, on nous a demandé le moyen de le détruire, et nous avons toujours répondu : Arrachez ou faites arracher la fougère trois et quatre ans de suite, où bien encore servez-vous de la charrue fouilleuse pour remuer profondément le sous-sol derrière la charrue ordinaire. De cette façon, vous tourmenterez et mutilerez les racines de fougères au point d'en triompher complétement. On devrait se rappeler que les fabricants de salin détruisaient vite les fougères à leur grand regret; et l'on devrait remarquer qu'il n'existe pas de fougères dans les terres bien cultivées.

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