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mille des Résédacées, une sorte de réséda sauvage, tantôt à tige simple, tantôt à tige ramifiée, et dont les fleurs d'un jaune verdâtre sont disposées en longs épis. Cette plante, que la plupart de nos lecteurs connaissent, n'est autre que la gaude à l'état spontané. Où que l'on aille dans le Midi, dans le Centre, dans le Nord, en Belgique, en Allemagne, etc., on est à peu près sûr de l'y voir. Donc elle n'est pas difficile quant au climat. Cependant, comme on la cultive pour en extraire une belle couleur jaune, il est bon de noter en passant qu'elle est plus riche en matière tinctoriale dans les contrées chaudes que dans les contrées déjà froides et humides.

Terres propresà la gaude. Les terres de médiocre qualité lui conviennent mieux que les terres riches ou absolument pauvres. Sur un sol riche, la récolte devient abondante, mais la couleur y perd; sur un sol très-maigre, la récolte se réduit à des proportions trop chétives. Il faut se placer, pour bien réussir, entre ces deux si tuations extrêmes, dans une terre sablonneuse, ou mieux de nature calcaire.

Place de la gaude dans les assolements.

On sème assez ordinairement la gaude parmi les féveroles, les maïs, les cardères, après le dernier binage de ces plantes; on la sème encore après les pommes de terre, le colza, après les vesces fauchées en vert et même avec le trèfle dans une

céréale de printemps. « La gaude, dit Schwerz, cause peu de frais par ce dernier procédé, et n'endommage pas le trèfle, qu'elle dépasse d'ailleurs bientôt; seulement il faut, quand le moment de couper le trèfle est venu, le faire au moyen d'une faucille, afin d'épargner la gaude, que l'on arrache à peu près vers l'époque de la seconde coupe du trèfle. La gaude se plaît surtout à croître de compagnie avec le trèfle blanc. »

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Engrais, labours préparatoires et choix des semences. La gaude n'a pas besoin de fumure; elle se contente très-bien de ce que les récoltes précédentes ont laissé dans le champ. II n'est pas absolument nécessaire de donner au sol des façons parfaites, puisque la plante prospère après un simple binage; cependant on doit admettre qu'une terre bien ameublie par la charrue et par la herse porte toujours de meilleures récoltes qu'une terre négligée.

La graine de l'année doit être préférée à de la graine de deux et de trois ans, attendu qu'elle produit des tiges vigoureuses et bien fournies de feuilles. Lorsque la semence est déjà vieille, il est utile de l'humecter un peu avec de l'eau tiède deux ou trois jours avant de s'en servir.

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Soins à donner à la gaude pendant sa vé

gétation. Ces soins consistent en un sarclage ou deux au plus. Avec la gaude d'hiver, on sarcle en mars avec une houe et l'on éclaircit la récolte de façon que les tiges soient à 15 ou 16 centimètres à peu près les unes des autres. Quelques jours plus tard, quand les mauvaises herbes repoussent, on donne un second sarclage à la main. Avec la gaude de printemps, on sarcle et l'on éclaircit de même dès que les tiges commencent à marquer.

Récolte de la gaude. Puisque la semaille se fait à deux époques différentes, il doit en être de même pour la récolte; et, en effet, la gaude d'hiver mûrit vers la fin de juin ou en juillet dans nos climats du Nord-Est, plus tôt dans le Midi, tandis que la gaude de printemps ne mûrit qu'en septembre. Du moment où les tiges jaunissent et où l'épi a donné toutes ses fleurs, il convient de se tenir sur ses gardes. Quelques graines de la base de l'épi sont déjà noires, les feuilles de la tige ou des rameaux sont encore vertes; il est temps de procéder à la récolte et d'arracher ou de couper tous les pieds de gaude, à l'exception des porte-graines qui doivent rester en place quinze jours ou trois semaines en

core.

Dans les terres argileuses, il vaut mieux couper les tiges que de les arracher, parce qu'on ne beau temps five pour cette opération. On laisse salit pas les feuilles. I importe de choisir un

les tiges en javelles sur le terrain pendant 7 à 8 jours, avec la précaution de les retourner de temps en temps, ou bien, ce qui vaut mieux, on les dresse contre un mur ou une haie. On en forme ensuite des bottes d'une quinzaine de kilos chacune, en ayant soin d'entre-croiser les tiges, c'est-à-dire de les arranger de manière qu'une moitié des racines se trouve à l'un des bouts et la seconde moitié à l'autre bout. Schwerz conseille cette disposition afin de perdre moins de feuilles, de fleurs et de graines qui toutes possèdent des matières colorantes. Les pluies persistantes au temps de la récolte sont très-redoutées, car elles peuvent la compromettre sérieusement. C'est la crainte de cette mauvaise chance à courir, ainsi que l'inconstance des prix qui sont sujets à de brusques variations, qui refroidit le zèle des cultivateurs à l'endroit de cette plante. Si le bénéfice de 375 fr. établi par MM. Girardin et Dubreuil était assuré tous les ans, la culture de la gaude aurait pris de grandes proportions; malheureusement, il ne l'est pas.

On estime à 2 500 kilos environ de tiges sèches la récolte d'un hecfare de gaude. Elle peut s'élever à 3000, mais aussi elle peut descendre à 1 000.

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Sol.

Engrais. Culture. La culture du pastel est aujourd'hui, à quelques détails insignifiants près, ce qu'elle était il y a un siècle et plus. Sous ce rapport, le Languedoc était cité entre toutes nos anciennes provinces, et le Journal économique, du mois de juillet 1757, traite en ces termes de la culture du pastel dans cette contrée :

« Les meilleures terres pour semer le pastel sont les fossés des villes et châteaux, et les champs les plus près des maisons, parce qu'ils sont engraissés. On doit d'abord jeter du fumier sur le champ, bêcher la terre, la disposer en planches de 3 pieds de large, et les unir avec le râteau. 1° Semer le pastel au mois de février, préférer la graine violette, parce que le pastel qu'elle produit a les feuilles lisses et unies, au lieu que la graine jaune les a velues, ce qui fait qu'elles se chargent de poussière. 20 Semer la graine fort épaisse sur les planches, et la couvrir avec le râteau; sarcler le pastel quand il commence à lever, et arracher les herbes étrangères. Les feuilles que pousse le pastel sont longues

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terre et on les coupe en les tordant. On doit sarcler de nouveau le pastel, ce qu'on fait à chaque récolte on en fait une seconde en juillet et une troisième en août, une quatrième à la fin de septembre, et la cinquième et dernière vers la SaintMartin (11 novembre). On destine pour graines les deux dernières; ensuite on abandonne le pastel, et il forme des tiges hautes de 4 à 5 pieds dont la fleur est jaune. La graine n'en est mûre qu'au mois de juin de l'année suivante. On ne doit cueillir le pastel que par un temps serein, et labourer la terre après la dernière récolte, et la préparer pour de nouveau pastel ou du blé si l'on veut : à chaque récolte, porter les feuilles au moulin pour les y réduire en pâte. Ces sortes de moulins sont comme ceux à huile : puis on fait des piles de cette pâte au dehors du moulin; on presse bien la pâte avec les pieds et les mains ; on la bat et on l'unit, de peur qu'elle ne s'évente; quinze jours après on ouvre le monceau, on le broie entre les mains, et on mêle avec le dedans la croûte qui s'était formée dessus; on fait de cette pâte de petites pelotes rondes, qui doivent peser cinq quarterons (625 grammes), poids de table, et après les avoir bien pressées, on les allonge par les deux bouts opposés : c'est le pastel en pile. »

Aujourd'hui, la culture du pastel est presque abandonnée dans le Midi; on ne le rencontre plus guère qu'aux environs d'Albi et sur des surfaces qui, chaque année, tendent à se restreindre, car, tout bien compté, sa culture n'est pas avantageuse. Là, dans le département du Tarn, on lui consacre les riches terres d'alluvion, les terres argilo-calcaires et les terres siliceuses a fois. On les prépare avant ou pendant l'hiver par un labourage à la bêche, on fume copieusement, puis, au moyen de l'araire, on dispose les champs par petits billons. On sème le pastel en novembre ou en février, à raison de 150 litres environ de graines nouvelles avec leur enveloppe et l'on recouvre avec le râteau. Si la température est froide, la plante ne lève qu'au bout de trois ou quatre semaines; mais dans le cas où les altises détruisent le pastel, on se voit forcé de faire un nouveau semis en mai, et dans ce cas la levée a lieu dans la quinzaine.

On sarcle le pastel dès que la plante a quatre ou cinq feuilles ; l'on s'y reprend, trois ou quatre fois pendantl'année, et l'on éclaircit de façon à laisser entre les pieds des intervalles de 8 centimètres à peu près. On commence la première récolte de feuilles vers le 24 juin, alors que celles de la base se dessèchent déjà; d'ailleurs, en pareille matière, le praticien est seul bon juge du moment le plus opportun. A partir de la seconde quinzaine de juin jusqu'en octobre, on fait cinq récoltes, comme au temps pasɛé. La seconde année, on laisse les tiges de pastei aller à graine. Nous pensons que si on laissait un coin aux semenceaux et que si l'on ne touchait pas aux feuilles la première année, la graine n'en vaudrait que mieux. Les cultivateurs n'y ont point songé, et il est un peu tard pour leur donner ce conseil.

La récolte se fait à la main; on rompt les

feuilles avec le pouce et l'index, on les jette dans des sacs, puis on les porte au moulin pour les y broyer sous les meules. On prend la pâte; on la place sous un hangar; elle s'y égoutte, fermente et s'y nourrit, pour nous servir d'une expression locale. Pendant le premier mois, on défait et l'on refait le tas avec une bêche tous les quatre jours. Pendant le second mois on ne la retourne que lorsque le tas se crevasse et qu'une croûte se forme à la surface. Le plus ordinairement, au bout de ce second mois; on met la pâte en coques,autrement dit, on la moule avec la main en forme de poires ou de gros œufs et l'on range ces coques sur des claies établies sous le hangar. Un mois plus tard, on les emporte au magasin. Le pastel bien réussi doit être brun; quand il a souffert de l'humidité, il est jaunâtre ou roux.

Fig. 426. Pastel en fleurs.

L'hectare de pastel, selon l'Agriculture française, rend environ 20 000 coques pour les cinq récoltes.

Depuis que la fraude a jeté de la défaveur sur les coques, le commerce achète souvent le pastel en feuilles desséchées.

Dans nos contrées du nord de la France, on ne rencontre le pastel que sur quelques points de la Normandie. La variété à feuilles lisses et à graines violettes est la seule cultivée ; celle à feuilles velues et à graines jaunes est loin d'être aussi riche en matière colorante.

M. de Dombasle a cultivé le pastel à Roville en 1818, mais il renonça bien vite à cette culture, parce que les débouchés lui faisaient défaut, et aussi parce que cette plante lui prenait trop de temps. Il la semait en mars et en rayons espacés de 40 à 48 centimètres, afin de faciliter les sarclages et binages. Il faisait deux cueillettes de feuilles avec la faucille, pas davantage, les étendait en couche un peu épaisse sur le sol, les retournait de temps en temps et ne les envoyait au moulin que lorsqu'elles étaient flétries. Il obtenait ainsi environ 3000 kilos de pastel en coques par hectare.

SAFRAN (CROCUS SATIVUS).

Iridées. Comme plante tinctoriale, elle a fort peu d'importance; la belle couleur jaune orangé que fournissent ses stigmates manque de solidité. On cultive le safran surtout pour l'usage des médecins, des parfumeurs, des confiseurs, des distillateurs et des cuisinières. Cette culture, fort restreinte, n'a lieu qu'aux environs d'Angoulême, de Nemours, sur quelques points de la Beauce et dans le département de Vaucluse. Elle ne saurait fixer long, temps notre attention; nous. nous bornerons donc à un résumé rapide en ce qui la con

cerne.

Le safran demande une terre propre, bien ameublie et convenablement enrichie par d'anciennes fumures. On multiplie cette plante au moyen de ses bulbes ou oignons. A partir de la fin de juillet jusqu'aux premiers jours de septembre, on s'occupe de la plantation de ces oignons; à cet effet, on ou- Fig. 427. Safran. vre des rigoles de 16 à 18 cen

timètres de profondeur et l'on.y place les bulbes à 3 ou 5 centimètres l'un de l'autre. A 16 centimètres de la première rigole, on en ouvre une seconde, dont la terre sert à remplir la précédente, et ainsi de suite.

Lorsque la température est douce, les fleurs du safran qui se présentent avant les feuilles, ne tardent pas à poindre. C'est le moment de sarcler. Dans les premiers jours de l'automne, ces fleurs se développent irrégulièrement pendant dix, quinze ou vingt jours, et l'on procède à la récolte de grand matin ou le soir. Toutes les familles, hommes, femmes, enfants se mettent à la besogne, rompent les fleurs de la main droite, les placent avec soin dans un panier qu'ils tiennent de la main gauche. Aussitôt de retour à la maison, on épluche ces fleurs, autrement dit, on enlève les stigmates sur lesquels se trouve la couleur. Le produit de la première année est faible, mais celui de la seconde et de la troisième est considérable.

La récolte ainsi faite, on laisse la safranière en repos jusqu'à la fin de mai. A cette époque, on coupe ou l'on arrache les feuilles que les vaches mangent avec plaisir. En juin et en août, on donne un labour, en septembre un binage, puis on attend une nouvelle récolte. Après la troisième récolte, on relève les oignons, on enlève les caïeux et on refait des plantations à d'autres places.

Les mulots sont avides des bulbes de safran et commettent parfois des dégâts considérables dans les safranières. Ces bulbes ont à souffrir aussi de plusieurs maladies. Une sorte d'excroissance, en forme de corne, se développe parfois sur les oignons, les fait périr ou en diminue le produit. C'est le fausset ou la luette. Une autre affection,

C'est une plante bulheuse de la famille des qui est appelée tacon, commence sur l'oignon par

une tache rouge qui jaunit, noircit, pénètre au cœur du bulbe et le détruit. Cette affection est redoutable dans les terrains frais et dans les années pluvieuses. Quand on découvre cette sorte d'ulcère, on l'enlève et l'on plante à part les bulbes opérés. Enfin le safran est exposé encore à une maladie plus terrible que les précédentes, et son nom le prouve. On la nomme la mort. Elle consiste dans le développement d'un cryptogame de couleur rousse qui se ramifie dans tous les sens et ne tarde pas à envahir toute la safranière. La

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cette maladie.

D'après MM. Girardin et Dubreuil, 1 hectare de safran rend ordinairement, dans le Midi, 10 kil. la première année et 40 kil. la seconde; dans les terres de premier ordre, ce chiffre est doublé. Dans le Gâtinais, on obtient un peu plus de 11 kil. la première année, 26 kil. la seconde et autant la troisième. En Angleterre, cette récolte n'est que de 2,50 la première année; elle s'élève la seconde à 25 kil., et la troisième année à plus de 32 kil. On peut, d'après ces chiffres, juger de

l'influence des climats.

CARTHAME DES TEINTURIERS OU SAFRAN BATARD

(CARTHAMUS TINCTORIUS).

Le carthame, plante annuelle, appartient à la grande famille des Composées; il s'élève de 60 centimètres à 1 mètre et fleurit en juillet dans les climats méridionaux et en septembre dans le climat de Paris. Il est à la fois tinctorial, fourrager et oléagineux. C'est de ses fleurons, c'est-àdire des petites fleurs qui forment ses têtes d'un jaune orangé, que l'on extrait une couleur trèsrecherchée, malgré son peu de solidité, pour teindre la soie, le coton et le lin en rouge et en rose. Il y a dans cette fleur deux matières colorantes, l'une jaune et se dissolvant bien dans l'eau; celle-là ne sert à rien; l'autre rouge, insoluble

dans l'eau et l'alcool, soluble seulement dans les alcalis; celle-ci est la seule employée par les teinturiers. Cette couleur rouge, broyée avec de l'eau et du talc très-finement pulvérisé, donne un fard qui a le mérite de ne pas altérer la peau des personnes qui tiennent à se rajeunir. Avec les étamines du carthame, on fabrique encore une espèce de laque, appelée rouge végétal ou vermillon d'Espagne.

Les graines de carthame sont connues et vendues sous le nom de graines de perroquet, parce qu'elles servent à la nourriture de ces oiseaux. Elles servent également à fabriquer une huile douce, de bonne qualité, qui peut être employée dans les lampes et pour les salades.

Les vaches, les moutons et les chèvres s'accommodent très-bien des feuilles du carthame.

La culture de cette

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plante tinctoriale n'offre aucune difficulté. Les terres marneuses, où le calcaire domine, c'est-àdire plutôt légères que consistantes, bien découvertes, bien exposées au soleil, assez profondes et convenablement nettoyées, sont celles qui lui conviennent le mieux. Il n'est pas nécessaire de fumer si la terre est en bon état et riche en vieil humus.

On donne à cette terre un labourage profond à l'automne; on laboure à la profondeur ordinaire au printemps, puis on herse.

On sème le carthame en mars ou avril, selon les climats, à la volée ou en lignes distantes de 25 à 32 centimètres. Cette seconde méthode est

préférable au semis à la volée. Comme la graine est fort dure, on se trouve bien de la mouiller vingt-quatre heures avant de s'en servir, et plutôt avec du purin qu'avec de l'eau claire. Les soins d'entretien consistent simplement en sarclages et en binages.

La floraison du carthame est très-irrégulière et se prolonge pendant plusieurs semaines. La récolte est longue par conséquent, ce qui est un gros inconvénient en temps de pluie, puisqu'il convient de la faire en temps sec. Les fleurons recueillis sont étendus à l'ombre par couches minces et remués par moments, afin de conduire la dessiccation d'une manière convenable. Une fois desséchés, on les met en sacs pour les conserver, ou bien on les pile et on les met en pâte de la forme et du poids de pains d'un kilo à un kilo et demi.

On estime le rendement moyen du carthame à environ 250 kil. de fleurs sèches par hectare et le rendement des graines à plus de 1 400 kil. Pour

s'expliquer cette double production, il convient de remarquer que la récolte des fleurons n'a lieu qu'après la fécondation, lorsque la couleur a atteint tout son éclat.

Il va sans dire que la graine destinée à la reproduction ne doit être prise que sur des pieds intacts et réservés à cet effet.

RENOUÉE TINCTORIALE (POLYGONUM TINCTORIUM).

Cette plante est originaire de la Chine, où on la cultive de temps immémorial pour retirer de ses feuilles une belle couleur bleue. Elle a été introduite en France il y a plus de vingt-cinq ans (en 1835); on a essayé de la propager dans le Midi; des essais de culture ont eu lieu notamment du côté de Montpellier; les résultats ont paru assez satisfaisants, et cependant

Fig. 430. Renouée tinctoriale.

nous n'en sommes toujours qu'aux essais.

La renouée tinctoriale se plaît dans les riches terrains frais et à une chaude exposition. Par cela même que le début de sa végétation est fort lent, elle se trouve sujette à être

fait passer le buttoir entre les lignes; puis, au bout de quelque temps, lorsque les herbes adventices se représentent, on bine de nouveau, soit à la main, soit à la houe à cheval. « La récolte, disent MM. Girardin et Dubreuil, dans leur Cours élémentaire d'agriculture, commence dès que les tiges se sont élevées à 30 centimètres au-dessus du niveau du sol et que les feuilles sont bien marbrées de bleu. On fauche les tiges à 8 centimètres environ au-dessus du sol, afin de réserver un certain nombre de boutons hors de terre, puis on pratique un léger buttage, lequel couvre seulement 4 centimètres de la portion des tiges réservées. Un mois après, on fait une seconde récolte, et ainsi de suite de mois en mois. Sous le climat de Paris, on peut obtenir trois coupes successives; sous celui du Midi, le nombre peut en être porté à cinq. L'irrigation, surtout dans le Midi, est un puissant moyen d'activer la végétation et d'augmenter le nombre de ces coupes.

« Immédiatement après chaque coupe, on sépare les feuilles des tiges, on les sèche et on les livre aux industriels qui procèdent à l'extraction de l'indigo.

« Le rendement moyen de la renouée s'élève à environ 12 000 kil. de feuilles fraîches par hectare. Les 1 000 kil. de feuilles fraîches donnent environ 7kil,50 d'indigo; d'où il suit qu'un hectare produirait 90 kil. de matière colorante commerciale. »>

Le livre auquel nous venons d'emprunter ces lignes estime à 594 fr. 15 cent. le produit net d'un hectare de renouée tinctoriale. Nous ne savons si les cultivateurs de renouée ont approuvé ce compte, mais s'ils l'ont approuvé, ils ont bien tort de ne pas se livrer résolûment et largement à cette culture. Près de 600 fr. par hectare! Ne serait-ce pas un peu trop beau?

TINCTORIUM).

envahie par les plantes adventices, toujours très- TOURNESOL OU CROTON DES TEINTURIers (croton communes et très-vigoureuses en terrain frais. Il s'ensuit que les sarclages et les binages doivent être fréquents: premier obstacle à sa propagation. D'un autre côté, la renouée nécessite un repiquage, ce qui pourrait bien être encore un second obstacle.

Dès que les gelées ne sont plus à craindre, on sème la renouée tinctoriale en pépinière, sur une terre approvisionnée de vieux fumier. On la sème en lignes plutôt qu'à la volée, afin de pouvoir plus aisément se rendre maître des herbes envahissantes; puis, lorsque les jeunes plantes ont quatre ou cinq feuilles, on les enlève de la pépinière et on les repique en rayons distancés de 60 centimètres et de façon à ce que sur les rayons les pieds se trouvent à environ 50 centimètres l'un de l'autre. Les souches émettent des tiges rameuses vertes ou rougeâtres qui s'élèvent jusqu'à 80 centimètres et 1 mètre. Les feuilles, d'un beau vert, sont luisantes, épaisses, bordées de poils et de forme ovale; ses fleurs purpurines sont en épis arrondis.

Aussitôt la reprise faite, au bout d'une semaine environ, il faut biner, afin de tenir la couche arable meuble et propre; un mois plus tard, on

Le tournesol ou croton des teinturiers appartient à la famille des Euphorbiacées. On le nomme encore maurelle, herbe de Clytie. On en retire une couleur bleue qui sert à la coloration des conserves, des gelées, de quelques liqueurs, de la croûte du fromage de Hollande, du faux sirop de violettes, du papier à sucre, des grosses toiles, etc. En somme, c'est une plante très-utile que l'on rencontre à l'état sauvage dans nos départements méridionaux, et que l'on a pris le sage parti de cultiver dans le département du Gard. Cette culture ne remonte qu'à un petit nombre d'années.. En 1839, un naturaliste, M. Thiébaut de Bernéaud, écrivait encore ces lignes : « Ce sont les habitants du Grand-Callargues, village du département du Gard, qui font presque seuls la récolte de cette plante sauvage; au lieu de la cultiver, ils préfèrent aller la ramasser depuis le pied des Pyrénées orientales jusqu'aux rives du Var; s'ils calculaient les fatigues du voyage, l'incertitude de leurs recherches et les embarras qu'elles entraînent, ils aimeraient mieux se livrer à une culture des plus simples et des plus importantes. Ils au

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