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Terres propres à la culture des choux. Du moment où la fraîcheur ne leur fait pas défaut, les choux réussissent dans tous les terrains. Si nous les voyons prospérer plus sûrement dans les terres fortes que dans les terres légères, sous nos climats tempérés, c'est tout simplement parce que les premières conservent mieux leur humidité que les secondes. Il est à remarquer que les terres défoncées depuis peu, sont assez généralement favorables à la culture des choux. Plus nous allons vers le nord, moins nous avons à compter avec les terrains; mais en retour, plus nous descendons vers le midi, plus nous devons nous attacher à placer les choux sur des terres fraîches, riches en fumier, ou sur des terres de nature argileuse.

Place des choux dans les assolements. Il est rare que les choux prennent place dans un assolement régulier, mais quand ils doivent y entrer, c'est parce qu'ils peuvent ouvrir la rotation. Leur culture prépare très-bien le terrain, et rien n'empêche de les faire suivre d'une céréale de printemps avec mélange de trèfle. Il serait peut-être d'une bonne pratique d'associer les choux aux pommes de terre. En Belgique, il n'est pas rare de rencontrer cette association. On espace les touffes de pommes de terre un peu plus que de coutume; puis, à l'époque du buttage, on met des plants de choux entre ces touffes. Dans le principe, ils souffrent un peu du voisinage des fanes; mais dès que celles-ci sont mortes, ils ressaisissent bien vite le temps perdu, et quand les pommes de terre sont arrachées, une belle récolte dérobée occupe le terrain. Cette méthode nous a si bien réussi que nous n'hésitons pas à l'offrir en exemple.

Engrais qui conviennent aux choux. Sous les climats chauds, les meilleurs engrais pour ces plantes sont les fumiers d'étable et les boues d'étangs, de fossés ou de mares, convena

blement ressuyées, ou bien encore les composts de fumier de ferme, de boues de rues, de plâtras et de mauvaises herbes. Sous les climats humi

des, le fumier de moutons, les matières fécales, ou bien encore les composts formés de terre, de fumier, de chiffons de laine et arrosés de purin salé, sont, à notre avis, les engrais qu'il faut pré

férer.

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son, que l'on transplante à la sortie de l'hiver et dont on laisse bien mûrir les siliques. La graine la meilleure est celle de la tige, puis celle des rameaux qui s'attachent directement à la tige. Au lieu d'achever la dessiccation des siliques au soleil, comme c'est souvent l'usage, on l'achèvera à l'ombre, sous un hangar ou dans un grenier. La graine d'un an est préférable à celle qui a vieilli; toutefois, il est bon de savoir qu'elle conserve plusieurs années la faculté de germer.

Semailles des choux. — On sème les choux à deux époques différentes vers la fin de l'été et au printemps; on les sème ou à demeure, c'est-à-dire à la place qu'ils occuperont tout le temps de leur végétation; ou bien en pépinière, pour les y prendre sept ou huit semaines après le semis et les repiquer. La première méthode ne donne que de médiocres produits; la seconde est la seule qu'on doive suivre. Ainsi donc, vous formerez une pépinière de plant de chou et vous vous rappellerez que 250 grammes de graines fournissent assez de plant pour le repiquage d'un hectare. Le jardin de la ferme est la meilleure place à prendre pour établir cette pépinière. Vers le 1er août, on commence par labourer la terre avec la bêche; puis on la divise en planches de 1,15 de largeur que l'on nivelle bien avec le râteau. Cinq ou six jours après cette opération, on râtelle de nouveau chacune des planches et l'on procède au semis à la volée. On recouvre avec le râteau; on répand après cela sur la pépinière un peu de compost préparé avec deux tiers de fumier de ferme très-pourri, un tiers de bonne terre et quelques poignées de sel de cuisine, et là-dessus on arrose légèrement. La levée ne se fait guère attendre. Dès que l'on peut saisir les jeunes plantes avec la main, on les valles de 2 à 3 centimètres. Ce détail, en appaéclaircit de façon à laisser entre elles des interrence futile, a plus d'importance qu'on ne le croit, qui ne s'y étiolent pas faute d'air et de lumière, car les plantes qui n'étouffent pas en pépinière, se développent mieux dans la suite, résistent les plantes provenant de pépinières négligées. On mieux aux intempéries et produisent plus que

deux fois, et au bout de deux mois environ, vers ne se borne pas à éclaircir, on sarcle au moins la fin de septembre ordinairement, les plants sont assez forts pour être enlevés et transplantés. On saisit donc une fourche de fer à trois dents, et à mesure qu'on soulève la terre de la pépinière pour détruire l'adhérence des racines, on enlève les jeunes choux, et toujours au moment même de la transplantation. Il ne faut pas que l'air dessèche la racine et flétrisse la feuille.

Il n'y a qu'une bonne manière de repiquer ou transplanter les choux. Elle consiste à se servir du plantoir et du long cordeau. Une personne ouvre les trous à 60 ou 80 centimètres de distance, selon le développement que prennent les races cultivées; une seconde personne met le plant dans le trou, de manière à ne pas recourber le pivot, et remplit l'ouverture à l'aide d'un plantoir qu'elle manœuvre de la main droite, tandis qu'elle tient le chou de la main gauche.

Avec le repiquage d'automne, on prend nécessairement de l'avance, et dans le courant de l'été suivant, on peut déjà demander de la feuille aux choux pour la consommation du bétail.

S'agit-il de la consommation d'hiver, on se hâte moins; on attend le mois de mars pour établir la pépinière et l'on repique dans le courant de mai, toujours dans un terrain bien préparé et copieusement fumé. Ou, ce qui vaut encore mieux, on sème en avril et on repique vers la fin de juin.

Soins à donner aux choux pendant leur végétation. - Ces soins consistent en sarclages et binages souvent renouvelés. Mieux le terrain est nettoyé et plus il est remué, plus aussi les choux prospèrent. Dans les temps de sécheresse prolongée, le buttage des choux est une excellente opération. Elle empêche les tissus de la partie inférieure de la tige de se durcir, elle conserve un peu de fraîcheur dans le voisinage des racines et entretient par conséquent la circulation de la séve. Nous ajouterons que le buttage est de rigueur pour le chou-rave, qu'il contribue à son développement, qu'il empêche son renflement de se crevasser, de se diviser et de durcir. Il faut butter le chou-rave quand le renflement de sa tige a atteint le volume d'une bille de billard. Ajoutons encore, à propos de cette espèce, qu'elle se met souvent à fleur la même année lorsqu'on la repique avant l'hiver et que l'on doit la réserver pour le printemps.

Maladies des choux, insectes et animaux nuisibles. Au moment de la levée, les altises ou puces de terre s'attaquent souvent aux feuilles séminales, et l'avenir de la jeune plante peut être compromis. Au moment du repiquage, quand des hâles surviennent, ces mêmes altises sont encore à craindre quelquefois, mais exceptionnellement. On cherche à les éloigner avec de la cendre, de la chaux fusée, avec de la vieille urine humaine dans laquelle on a délayé un peu de suie et d'aloès, avec de la sciure de bois ou de la terre fine que l'on a brassée avec du goudron de houille. Après le repiquage, dans l'intervalle qui s'écoule entre cette opération et la reprise des racines, les larves jaunâtres de l'élater et d'autres petites larves d'un gris sale sont à craindre; les parties de racines malades les attirent, et elles coupent le plant vers le collet. Nous ne connaissons aucun moyen de combattre ces larves; le mieux, c'est d'en prévenir la venue en hâtant la reprise des jeunes choux. Or, on la hâte toutes les fois que l'on repique du plant bien frais, qu'on ne tord point les racines en le repiquant, et que l'on choisit pour faire cette besogne un temps humide. Nous devons faire remarquer, en passant, que les altises ne sont pas à craindre vers la fin de l'été et que les larves dont nous parlons ne nous inquiètent sérieusement qu'en été. S'il survient de grandes chaleurs et qu'elles se prolongent, des aphis ou pucerons d'un vert tendre s'attaquent parfois aux feuilles des choux en pleine végétation et les font beaucoup souffrir. Des enfants pourraient les en débarrasser par le moyen que voici ; on fait dissoudre une poignée de sel marin dans deux litres d'eau, et avec

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un tampon de ouate que l'on trempe dans cette eau salée et que l'on presse avec la main, on humecte les places occupées par les pucerons. Nous avons eu souvent recours à ce procédé qui nous a réussi. En été, nous avons à redouter les chenilles qui, fort heureusement et pour des raisons qui nous sont inconnues, sont moins.à craindre parmi les champs que dans le voisinage des habitations. De tous les moyens proposés pour s'en défaire, nous ne connaissons d'efficace que l'échenillage à la main. On a recommandé dernièrement de répandre sur les choux en proie aux chenilles les débris qui restent après le vannage du chènevis. Si nous signalons la recette, nous ne la cautionnons pas, attendu que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'en user. Dans les temps de sécheresse prolongée, ainsi que nous l'avons déjà dit, les feuilles de chou sont sujettes à la pourriture qui se déclare à leur point d'attache sur les tiges et sur les rameaux, mais cette affection, très-commune sur les choux du potager, est rare sur les choux fourragers. Enfin, dans le voisinage des bois, des haies, des céréales en herbe et des prairies, les limaces font de fréquentes visites aux choux. On pourrait, à peu de frais, établir le cordon sanitaire qu'emploient les Suisses pour barrer le passage aux escargots qu'ils élèvent. Ce barrage des escargotières consiste tout simplement en une ligne de sciure de bois qui se pelotonne sous la bave de ces animaux et les empêche d'avancer.

Récolte des choux. — Avec les choux transplantés avant l'hiver, la consommation des feuilles commence vers la fin de l'été; avec ceux que l'on transplante au printemps, - et ce sont les plus nombreux, on ne commence à prendre les feuilles qu'en octobre ou en novembre, et la récolte continue jusqu'à la fin d'avril. Il y a une exception toutefois à l'égard des choux-raves qu'il faut arracher vers la fin de septenibre ou dans les premiers jours d'octobre, et mettre en cave après avoir dépouillé de ses feuilles la partie renflée. Il est essentiel de ménager les plantes, de ne pas leur ôter trop de feuilles à la fois, parce qu'on abrégerait leur durée, parce qu'on les affaiblirait au point de les rendre trop sensibles aux rigueurs du froid. Il faut se contenter de prendre à chaque chou deux ou trois feuilles principales. Quand l'emblave est très-étendue, comparativement au chiffre du bétail de la ferme, on revient moins souvent au point de départ qu'avec de petites emblaves; les plaies par conséquent ont plus de temps pour se cicatriser et les jeunes feuilles pour bien se développer. La première plantation souffre donc moins que la seconde et résiste mieux à l'hiver.

Dans les contrées à climat uniforme, comme celui de la Grande-Bretagne et de notre littoral de l'Océan, la végétation des choux d'hivernage ne s'arrête guère, mais autre part, elle serait souvent suspendue par le froid, et les avantages de cette culture se trouveraient réduits. Dans les départements que comprend l'ancienne Normandie et dans celui du Nord, la culture des choux est déjà moins riche qu'en Angleterre ; sous les climats du

PASTEL (ISATIS TINCTORIA).

Centre et de l'Est, elle irait encore en déclinant; | de 10 kil. par hectare. La levée et la croissance ne cherchons pas à la sortir de ses limites; à cha- de la moutarde sont rapides. On assure qu'elle que contrée ses hôtes. Les choux fourragers, augmente la richesse butyreuse du lait, et que placés dans de bonnes conditions, sont d'un rap- les noms vulgaires qu'elle porte viennent de là. port considérable; on l'estime par hectare à en- On pourrait également semer la moutarde noire viron 80 000 kil. de fourrage vert, c'est-à-dire au (sinapis nigra), mais on cultive surtout cette esdouble du maïs vert et au quadruple du trèfle in- pèce en vue d'en récolter la graine et de s'en sercarnat. Quant à la valeur alimentaire des feuilles vir pour la préparation du condiment recherché et tiges de chou, on assure qu'elle l'emporte sur sur nos tables. tous les fourrages verts, la betterave exceptée. Avec les choux non pommés, tantôt crus tantôt cuits, mais plus souvent crus, on nourrit les vaches, les porcs et les moutons, les vaches principalement. Ces choux ont la réputation de bien engraisser le bétail; seulement, on leur reproche, et avec raison, de communiquer au lait une saveur désagréable. Les enthousiastes nient le fait et prétendent que les feuilles gâtées du chou ont seules cet inconvénient. Notre opinion, fondée sur l'expérience, est que toutes les feuilles sans exception y participent, et qu'il vaut mieux les distribuer en mélange avec d'autres fourrages que séparément. Les habitants des campagnes où l'on cultive les choux fourragers, ont l'habitude de couper les parties supérieures des tiges au milieu de l'hiver, alors qu'elles sont attendries par la gelée, et de les employer à leur profit. Elles ne sont pas délicates, mais enfin elles sont mangeables.

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Il n'est personne dans nos campagnes qui ne sa che que l'on cultive le navet pour sa racine et quelquefois pour sa graine; il n'est personne non plus qui ne sache très-bien aussi que la navette et le colza sont cultivés comme plantes oléagineuses; mais fort peu soupçonnent l'emploi de ces trois crucifères, à titre de fourrage vert. Vous saurez donc que les navets, que la navette d'été et le colza d'été, semés dans le courant du mois d'août sur une terre propre et convenablement fumée, produisent un fourrage vert très-précoce et d'autant plus précieux qu'il arrive au premier printemps, quand les provisions de la ferme tirent à leur fin.

Dans la Picardie, où l'on fait de ce fourrage, on le livre aux moutons dès que les fleurs se montrent; sur quelques points de la Belgique, on arrache les plantes et on les fait manger à l'étable. On sème ces crucifères à raison de 8 ou 9 litres par hectare.

MOUTARDE BLANCHE (SINAPIS ALBA).

Cette plante de la famille des Crucifères que l'on désigne, dans certaines localités, sous les noms d'herbe à beurre, de graine de beurre, peut fournir un très-bon pâturage d'arrière-saison. Aussitôt les premières céréales enlevées, on donne un léger coup de charrue ou d'extirpateur aux éteules, et l'on y sème cette moutarde blanche, à raison

Le pastel n'est pas seulement une plante tinctoriale, avec laquelle on a essayé de remplacer

Pastel.

Fig. 325. l'indigo sous le premier empire; c'est de plus une plante fourragère, sur le mérite de laquelle les praticiens ne sont pas d'accord. Les appréciations, tantôt favorables tantôt défavorables, dont il a été l'objet, prouvent en définitive que ce n'est pas un fourrage de choix. Les vaches et les moutons ne sont pas avides de pastel; ils le mangent seul ou en mélange; voilà tout. Ce fourrage a deux grandes qualités : il est précoce, il est robuste; on pourrait en ajouter une troisième : il se contente des plus mauvais terrains.

On sème le pastel fourrager en juin, à raison de 9 ou 10 kil. de graines par hectare, et par un temps calme, car cette graine est si fine que la moindre agitation de l'air s'opposerait à la régularité du semis. A la sortie de l'hiver, on peut compter sur un fourrage vert qui arrive fort à point, mais qui ne dure pas longtemps. Le pastel est une plante bisannuelle.

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prédilection marquée pour les terrains marneux, et elle recherche les bonnes fumures. On la sème au printemps, à la volée, dans l'orge ou l'avoine, à raison d'une douzaine de kilos de graines par hectare. Quand cette graine a été achetée chez les marchands, on doit préférer celle de deux ou trois ans à celle d'un an, parce que, ainsi, on est sûr que la plus chétive a eu le temps de mourir en magasin et qu'il n'y a plus à craindre les sujets maladifs qui montent à fleur la première année. Au contraire, quand on fait sa graine et que l'on peut en répondre, il y a de l'avantage à semer celle d'un an, attendu qu'elle fournit un fourrage très-vigoureux. Cette graine ne doit être recouverte que très-légèrement.

L'année suivante, on prend trois coupes; la seconde année, on peut en prendre autant. Quelques cultivateurs maintiennent la chicorée en place pendant trois ans, non compris l'année du semis; mais c'est un abus; il faut la rompre à la fin de la seconde année et mettre les racines de côté pour la nourriture des porcs. On doit les faire cuire et y ajouter du son et du lait. Les premiers jours, ils ne s'en soucient guère, mais ils s'y habituent vite.

La chicorée verte n'est pas un fourrage de grande qualité. Si l'on soumettait longtemps les vaches à ce régime, elles maigriraient et leur lait acquerrait de l'amertume et des propriétés laxatives. On doit donc la mélanger avec d'autres plantes. Certains cultivateurs font pâturer les champs de chicorée par les moutons et tiennent cette nourriture pour très-hygiénique.

Il est essentiel de ne pas ramener souvent la chicorée à la même place.

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La spergule, ou spargoute, ou spargoule, ou espargoule, ou sporée, est une plante des terrains sablonneux siliceux, très-peu cultivée en France. En retour, les Campines belges la recherchent et lui doivent leur beurre renommé à si juste titre. Voici ce que nous en avons dit de visu dans un livre écrit sur la culture de ce pays : « Après le trèfle, la spergule occupe une place importante dans les cultures, et jouit chez les Campinois d'une estime méritée, car c'est la plante par excellence des terrains sablonneux et

Fig. 329.

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Spergule.

le fourrage le plus précieux pour les vaches laitiè

res. On sème la spergule dans tout le pays, de- | C'est une erreur très-pardonnable en France, où puis un temps immémorial; aussi, à l'arrière-sai- la culture de la spergule est peu connue, mais son, les champs ressemblent-ils à de vastes prai- enfin, c'est une erreur. ries. Toutes les terres qui ont porté des céréales d'hiver, sont emblavées en spergule, et c'est bien à regret que le cultivateur en réserve quelques parties pour faire ses semis de navets. Encore arrivet-il souvent qu'il mêle navets et spergule, tant il lui en coûte de rompre avec l'ancien usage.

ROSACÉES.

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PIMPRENELLE (POTERIUM SANGUISORBA).

La pimprenelle est une plante bisannuelle qui sert à former d'excellents pâturages pour les

moutons. Elle ne redoute ni beaucoup le froid, ni beaucoup la sé

« La spergule naine, habituellement cultivée, met environ deux mois à prendre son entier développement. On la sème à raison de 45 litres de graines à l'hectare, et un bon rendement peut être évalué de 13 000 à 15 000 kil. de fourrage vert, qui perd les quatre cinquièmes de son poids par la dessiccation. Mais, le plus ordinairement, on ne fane point cette plante; on la fait pâturer sur place, au piquet, à partir de midi environ, c'està-dire lorsqu'elle n'est plus chargée de rosée, jusque vers le soir. Parfois aussi, quand le fourrage manque à la ferme, on en arrache une certaine provision pour subvenir aux besoins pres- calcaire lui con

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sants.

« La spergule géante est très-peu connue en Campine; celle que l'on a cultivée pour graines en 1848, au dépôt d'Hoogstraeten, a atteint un mètre de hauteur et a produit à l'hectare 32 000 kil. de fourrage vert, 6 400 kil. de fourrage sec et 24 hectolitres de graines ; cette variété géante est moins estimée que la naine, parce qu'elle perd en délicatesse ce qu'elle gagne en volume; on lui reproche de devenir trop vite coriace.

« Quand on sème la spergule naine, en vue d'en récolter la graine, on s'y prend dans la dernière quinzaine d'avril et la maturité a lieu vers le 1er août. Le produit en graine d'une bonne spergule est d'environ 12 hectolitres à l'hectare.

«Cette même spergule, semée vers la fin de l'été, en récolte dérobée, et pour fourrage d'automne, est souvent attaquée par des chenilles ou fausses chenilles noires qui envahissent les champs emblavés en premier lieu, et en nombre si considérable, qu'en peu de jours toute la récolte est dévorée. Pour empêcher les ravages de s'étendre, les cultivateurs ouvrent des sillons d'une trentaine de centimètres de profondeur sur autant de largeur, et à parois perpendiculaires, autour et au travers des emblaves. Les chenilles qui tombent dans ces sillons ne peuvent plus en sortir et y meurent de faim. Quand la spergule est très-jeune, on peut détruire la majeure partie de ces chenilles au moyen du rouleau; mais le rouleau n'empêche pas celles du voisin de faire invasion. >>

Des cultivateurs se sont dit parfois: - Puisque la spergule se contente de terrains très-maigres, à plus forte raison s'accommoderait-elle des riches terrains. Il en est ainsi, en effet, pour beaucoup de plantes, mais pas pour la spergule. Elle n'est bien à son aise que dans le sable, le schiste, le granit. MM. Girardin et Du Breuil ont écrit dans leur Cours élémentaire d'agriculture: « La spergule des champs s'élève à peine à 30 centimètres; aussi n'est-ce pas elle que l'on soumet habituellement à la culture, mais bien une de ses variétés, considérée par quelques botanistes comme une espèce distincte et qu'ils ont nommée spergule géante. »>

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cheresse. On la cultive d'ordinaire sur de maigres terrains; ceux de nature

viennent mieux que ceux de nature siliceuse. On

sème la pimprenelle au mois de

mars ou au mois d'avril, à raison de 30 kilos de graines par hectare. On ne la fait point pâturer à l'automne afin de l'avoir plus belle à la sortie de l'hiver. Quelquefois, dans les climats doux, on la sème en septembre.

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Fig. 330. Pimprenelle.

GRANDE ORTIE (URTICA DIOICA).

Bosc a dit que les Suédois cultivent l'ortie comme plante fourragère de temps immémorial. Nous le croyons sur parole, et d'autant plus volontiers que quantité de pauvres gens la prennent dans les haies, sur les décombres, partout où elle se trouve, pour en nourrir leurs veaux, leurs vaches ou leurs porcs. La grande ortie est incontestablement une bonne plante, et c'est parce que le fait est établi qu'à diverses reprises, sa culture a été vivement conseillée. Comment se fait-il donc qu'une herbe excellente, connue de tous pour telle, précoce, promettant plusieurs coupes, et devant avoir une longue durée, ne se soit point répandue. Nous l'ignorons. Pour notre compte, nous avons formé une plantation d'orties dans l'Ardenne belge avec de beaux pieds enracinés, et le rapport nous a si peu satisfait que nous l'avons fait rompre à la fin de la seconde année. La récolte en plein champ est loin de répondre aux promesses de la grande ortie qui pousse dans nos haies. Il est à remarquer aussi que l'ortie est fort sujette aux ravages des chenilles. Somme toute, nous n'osons pas en recommander la culture.

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