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coupe ordinairement après la défloraison, alors que les gousses se montrent. Si on ne le fait pas consommer de suite, on le fane pour les besoins de la consommation d'hiver.

En Angleterre et sur quelques points de notre littoral, on cultive sous le nom de pois-perdrix un pois fourrage d'automne et de printemps, qui ne diffère du pois gris ordinaire, selon nous, que parce que sa graine a été faite avec plus de soins.

FÉVEROLE (FABA VULGARIS EQUINA).

Nous avons déjà parlé de la féverole au chapitre des légumineuses farineuses destinées à la nourriture de l'homme. Si nous y revenons, c'est pour dire que cette plante est assez souvent cultivée comme fourrage vert et qu'elle devrait l'être davantage, notamment dans les contrées où elle n'arrive pas régulièrement à maturité. Le fanage en est long, mais les feuilles tiennent solidement aux tiges, ce qui n'est pas un médiocre avantage. Ce fourrage, et surtout lorsqu'on l'a récolté en pleine fleur, est fort du goût des vaches. et des chevaux. Il y a lieu de croire que sous les climats du nord et dans les terrains frais des climats doux on pourrait, sinon toujours, au moins souvent, compter sur une seconde récolte, c'està-dire sur un regain qui vaudrait la récolte principale. Nous n'affirmons rien, parce que nous ne voulons rien donner au hasard, mais il nous semble que du moment où la fève de marais dépouillée de ses jeunes gousses au tiers de leur développement et coupée, repousse du pied, fleurit et rapporte d'autres gousses encore pour les besoins de la cuisine, il devrait en être de même de la féverole, et d'autant plus sûrement qu'on la couperait en fleur, c'est-à-dire dans toute sa force.

Nous conseillons aux cultivateurs d'associer les vesces aux féveroles vertes, comme on les leur associe, ainsi que les pois gris et les lentilles, dans le Warats du nord de la France.

ERS (ERVUM ERVILIA).

L'ers, que l'on appelle aussi ervillier et comin, est une espèce de lentille que l'on cultive en Algérie, dans le midi de la France, et assure-t-on, sur quelques points de la Normandie. Elle n'est pas difficile sur le terrain. Dans le Midi, on la sème à l'automne, à raison de 50 kil. de graines par hectare; dans la Normandie et dans le Gâtinais, on ne la sème qu'au printemps. En petite quantité son fourrage convient aux chevaux ; on affirme qu'il y a du danger à le distribuer en vert aux porcs. Sa graine abondante est recherchée des pigeons, mais il faut leur en donner très-pe 1 et en mélange. On ne doit pas s'en servir pour l'alimentation de l'homme.

LUPINS BLANC ET JAUNE (LUPINUS ALBUS ET LUPINUS LUTEUS).

Les lupins ont un grand mérite, celui de croitre dans les plus mauvais terrains, et de donner

un engrais vert précieux. Leurs graines, macérées dans l'eau et dégagées d'une partie de leur amertume, sont une bonne nourriture pour les bœufs, mais, en fourrage, ils sont d'une médiocrité incontestable. Quand il est jeune, le lupin blanc sert de pâturage aux moutons, dans le Midi. Sous le climat de Paris, on le sème en avril, à raison de 100 litres par hectare. Le lupin jaune, très-recommandé dans ces derniers temps, réussit à merveille en effet sur les terres sablonneuses; mais nous ne pouvons pas, quoi qu'on en ait dit, le classer parmi les fourrages de quelque valeur. Les vaches ne s'y habituent que sous forme de mélange avec d'autres plantes. D'ailleurs, ses tiges succulentes sont d'un fanage très-difficile.

AJONC (ULEX EUROPEUS).

Cet arbrisseau, si commun en Bretagne, en Normandie et dans la Beauce, est considéré comme un excellent fourrage vert pour les chevaux, pendant la saison rigoureuse. On en forme des champs et des haies de cloture qui restent toujours verts. Au fur et à mesure des besoins, on coupe les rameaux d'ajoncs, on les écrase pour émousser les piquants dont ils sont couverts, puis on les distribue aux chevaux, souvent on le cultive aussi pour le chauffage du four. Dans le Centre, l'Est et le Nord, l'ajonc ne résiste pas toujours à l'hiver. P. J.

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Fig. 319.

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Ajone.

CÉRÉALES FOURRAGÈRES.

Les Céréales, cultivées de temps en temps pour servir de fourrage vert au bétail, sont le plus ordinairement le seigle, l'orge d'hiver, le maïs et les millets. On cultive bien l'avoine quelquefois aussi, à cet effet, mais c'est rare. Lorsque nous avons vu moissonner des avoines en vert, c'est qu'elles étaient versées et roulées, ou que l'avoine en graine manquait à la ferme pour les chevaux ; dans ce dernier cas, l'avoine que l'on coupait avait ses épis développés.

Vous ne verrez cultiver les céréales pour fourrage que dans les contrées riches par leur agriculture, que par des éleveurs de bétail à l'étable ou par des nourrisseurs, dans le voisinage des principaux centres de population. Les cultivateurs arriérés des contrées pauvres frémiraient à la pensée de faacher en feuilles des récoltes destinées à fournir du grain.

Nous avons dit, en traitant des céréales, ce qu'elles exigent en fait de climat, de terrain, d'engrais, de labours et de soins d'entretien; il. n'est donc pas nécessaire d'y revenir. On soigne lè seigle et l'orge d'hiver comme s'il s'agissait de les récolter en pleine maturité; quant au maïs et aux millets, on les sème plus épais que de coutume; voilà tout. Nous ajouterons que les semis de céréales fourragères sont trèslimités pour chaque exploitation, attendu qu'il n'est pas d'usage d'en faner l'herbe. On fait consommer cette herbe chaque jour, au fur et à mesure des besoins du bétail, et il est rare que cette consommation dure longtemps.

Les céréales vertes, comme toutes les plantes qui ne grainent point sur place, ont le grand mérite de ne pas fatiguer le terrain. Quand le seigle et l'orge sont enlevés, on a la ressource de les remplacer par des betteraves repiquées, par des rutabagas repiqués

glais; les houlques laineuse et molle (holcus lanatus, holcus mollis); le sorgho et divers mélanges.

Les ivraies ou ray-grass sont précieuses par leur précocité, soit que l'on en forme des prairies artificielles

sans mélange, soit qu'on leur associe le trèfle des prés, le trèfle rampant ou la luzerne lupuline. Il est donc essentiel que les cultivateurs connaissent bien les divers ray-grass et sachent bien les distinguer l'un de l'autre.

L'ivraie vivace (lolium perenne) est le ray-grass perpétuel perpétuel d'Angleterre qui se soutient bien pendant quatre ou cinq ans et mérite d'être préféré aux autres dans les climats rudes.

L'ivraie d'Italie (lolium Italicum), ou ray-grass d'Ita

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L'ivraie multiflore (lolium multiflorum), ou raygrass de Rieffel, donne de beaux et bons produits dans de maigres terrains; mais elle ne dure qu'un an. C'est une graminée indigène, désignée en Bretagne par le nom de Pill et cultivée pour la première fois, vers 1835, par l'habile directeur de l'École d'agriculture de Grand-Jouan, M. Rieffel.

Cette ivraie multiflore a produit une variété, appelée Ray-grass Bailly, du nom du cultivateur qui l'a semée le premier. Elle diffère de la précédente en ce qu'elle n'a pas ou presque pas de

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ce que notre climat n'est plus celui de nos voisins. Elle donne une excellente prairie dans les contrées et les terrains humides et s'y prête à plusieurs coupes; mais dans les contrées sèches, elle rend peu et son fourrage est de qualité médiocre. Elle convient à quelques parties de la Belgique, au nord de la France, au voisinage du littoral; elle ne convient ni au centre, ni à l'est, et encore moins au midi. La terre que l'on destine à l'ivraie vivace doit être bien labourée, bien hersée. On peut la semer dès le mois de juin, aussitôt après les pluies, mais le plus souvent, en France, nous la semons à la fin de l'été ou en automne. Il s'ensuit qu'elle n'est pas toujours solidement enracinée pour résister à l'hiver. En Belgique, nous la semions au printemps et la faisions pâturer à l'automne. On répand environ 50 kilos de cette graminée par hectare; on la recouvre avec la herse

de bois et on la roule fortement dans les terres légères. Nous obtenions deux bonnes coupes par année. Le plus souvent on associe cette ivraie à une céréale.

L'ivraie d'Italie convient mieux que la précédente aux climats tempérés de la France; elle peut y donner trois coupes. On la sème en automne ou au printemps, plutôt seule que dans une céréale, et à raison de 50 kil. de graines par hectare.

On sème l'ivraie multiflore en septembre ou en octobre, à raison d'une trentaine de kilos de graine par hectare; 20 ou 25 kilos de graines de raygrass Bailly suffisent pour la même étendue de terrain, parce que cette semence est plus fine que celle du type.

L'arrhénatère élevée, ou fromental, est une graminée vivace, très-productive, propre aux prairies élevées, précoce, donnant un bon regain et demandant un semis dru, à raison de 100 kil. de graines par hectare. On lui associe souvent la luzerne lupuline. Le foin d'arrhénatère est d'assez bonne qualité quand on la fauche hâtivement, mais quand on la fauche tardivement, il devient dur et les bêtes ne s'en soucient pas. Ceci nous rappelle que vers 1858, au printemps, nous fimes ensemencer à Saint-Hubert (Belgique) une partie de terrain avec un mélange de graines où dominait le fromental. L'herbe fut vendue sur pied à divers cultivateurs de la localité qui n'entendirent pas la faucher plus tôt que leurs prairies ordinaires. Ils eurent donc un fourrage coriace, dont ne voulaient ni les chevaux ni les vaches. Là-dessus, ils se promirent bien que l'année d'après on ne les y reprendrait plus; mais dans l'intervalle, il y eut un beau regain qui fut récolté en temps convenable et que le bétail rechercha avec avidité. Ils n'eurent pas de peine, après cela, à reconnaître que si la première coupe ne valait pas le regain, c'est qu'ils avaient trop attendu pour la faner (fig. 317).

La fléole des prés constitue parfois, à elle seule ou associée au trèfle rampant ou à la luzerne lupuline, une prairie artificielle d'un rapport considérable. Cette fléole des prés, que nous figurons ici, est presque partout désignée sous le nom vulgaire de queue de rat, mais le vulpin des prés partage souvent le même nom. Elle convient aux terres et aux climats humides et rend par hectare de 6 à 8 000 kil. de gros foin d'assez bonne qualité. On commence à la cultiver avec succès dans l'Ardenne belge; en France, on l'a cultivée dans le Loiret, mais nous ne savons si les essais ont été poursuivis, quoique avantageux au début. On sème la fléole des prés en septembre, octobre, mars et avril, selon les contrées, à raison de 7 à 8 kil. de graine par hectare. C'est une espèce tardive (fig. 319).

Les houlques molle et laineuse sont deux graminées très-précoces réussissant partout dans les terrains frais, alors même que ces terrains ne sont pas de première qualité, comme, par exemples, les schistes. On les sème à l'automne ou au printemps; on emploie une vingtaine de kilos de graine par hectare. Le fourrage que donnent les houlques ne vaut pas celui des espèces dont il

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Fig. 320. Houlque laineuse. vant nous à Toulouse par des hommes compétents. Quelques cultivateurs composent avec diverses espèces de graminées des mélanges qu'ils font pâturer trois ou quatre ans, ou qu'ils fauchent régulièrement. Nous traiterons de ces mélanges dans un autre chapitre, à l'occasion des pâturages.

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Les choux non pommés, destinés le plus souvent à l'alimentation des vaches, sont: 1° Le chou cavalier (Brassica oleracea vaccina), très-commun dans la Bretagne et la Normandie; 2o le caulet de Flandre, qui se rapproche beaucoup du précédent sous plusieurs rapports, mais qui s'en distingue par sa couleur rouge, ou par des veines rouges; il est répandu du côté de Lille et sur divers points de la Picardie; 3o le chou branchu du Poitou, qui n'a pas l'élévation du chou cavalier, qui a les feuilles d'un vert plus pâle et qui, se ramifiant dès la base, forme une sorte de buisson très-productif; 4o le chou vivace de Daubenton, très-proche voisin du précédent, dont les ra

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Fig. 324. Chou-rave.

recherché pour sa tige que pour ses feuilles, car cette tige se renfle extraordinairement en forme de boule plus ou moins régulière et atteint souvent le poids de 3 à 4 kil.; 8° les choux frisés du Nord, verts ou rougeâtres, dont les feuilles découpées plus ou moins finement offrent un aspect tout particulier; 9° enfin les choux prolifiques anglais, dont les feuilles d'un vert glauque, sont ondulées, et semblent se dédoubler par places.

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Origine. On retrouve encore le chou à l'état sauvage; il est indigène et originaire des bords de la mer. Il doit aimer les climats humides et les engrais salés; or, ce que la théorie avance, la pratique le confirme. Les contrées plus humides que sèches, plus froides que chaudes, voisines ou peu éloignées de la mer, sont, en effet, celles qu'il préfère. Vous remarquerez que les années chaudes sont funestes aux choux, qu'ils pourrissent plutôt faute d'eau que par excès d'eau, et que la plupart des races qui n'ont pas été trop affaiblies par la culture résistent assez bien à de rudes hivers; vous remarquerez aussi que les plus beaux choux nous viennent de l'Angleterre, de Jersey, de l'Allemagne, de la Belgique, et en France, des côtes de la Bretagne et de la Normandie, du département du Nord, des Ardennes et de l'Alsace. Le Centre et le Midi ne sauraient soutenir la lutte. C'est à Jersey que l'on rencontre ces gigantesques choux cavaliers, dont les tiges de 1,30 à 1,50 servent à faire des cannes; c'est dans l'Ardenne belge que nous avons obtenu exceptionnellement des choux-cabus rouges, dont les tiges les plus courtes mesuraient plus d'un mètre et dont la grosseur était proportionnée à l'élévation. Les choux-frisés du Nord, les choux prolifiques, le chou vivace de Daubenton sont ceux qui résistent le mieux aux rudes hivers; vient ensuite le chou cavalier de Bretagne; puis le chou branchu du Poitou et de la Vendée qui ne résiste pas toujours, et enfin le chou de Lannilis et le chou-rave qui sont les moins résistants parmi ces races fuorragères robustes.

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